Présentation

C'est dans son coloris UAE Emirates que j'ai pu tester ce vélo. Une version relativement sobre, noir mat, avec un rappel sur le bas de la fourche, le marquage Emirates sur le tube horizontal et les logos dorés.

Chose "amusante", un marquage Campagnolo est présent sur la base (équipementier de l'équipe UAE jusqu'à cette fin d'année) alors que le vélo est équipé en Shimano Dura-Ace Di2. Voilà qui n'a pas fini de faire hurler les fans de "vélo italien = Campagnolo".

Passé ces considérations quasi philosophiques, passons à ce cadre, sa fabrication, ses innovations.

Le V3RS, c'est un cadre monocoque aérodynamique mais qui du fait de sa relative "ancienneté" dans le monde actuel, conserve des formes assez traditionnelles. On a certes une intégration de la câblerie et des tubes légèrement profilés ainsi que des haubans surbaissés, mais tout ceci ne tombe pas dans l'excès.

D'ailleurs, le prochain modèle qui pourrait bien être le V4R, actuellement surnommé Prototipo par Colnago, reste dans la même veine.

Par rapport à son prédécesseur, le V2R, ce V3RS dispose de plus d'espace pour les pneus, pouvant sans problème digérer des sections de 30 mm (voire un peu plus). Malgré la réduction du poids, le nouveau V3Rs est 12 % plus rigide à l'arrière et 6 % plus rigide sur l'avant grâce aux fibres de carbone de haute qualité et à certaines optimisations de conception.

Pour autant, le confort a semble-t-il été amélioré, car cela fait aussi partie de la demande des coureurs qui doivent parfois pendant plusieurs semaines rouler plus de 4 heures par jour sur leur vélo.

Colnago a aussi revu le système de serrage de selle, qui est à la fois plus compact mais aussi plus efficace. Chose que j'ai pu apprécier sur mon essai, en serrant au couple, jamais la selle n'est descendue.

Le bas du tube de selle fait apparaître un léger creux pour laisser passer les pneus de grosses sections. Avec des pneus de section 26 mm comme sur mon modèle de test, il y a largement de la place !

790 grammes, c'est le poids annoncé pour ce cadre en version freins à disques. La fourche n'est pas en reste, avec 390 grammes non coupée. De quoi arriver assez aisément sous les 7 kg. Pour preuve, ce modèle d'essai ne pèse que 6.9 kg en taille 52S avec des roues Fulcrum Wind 40 DB affichant 1620 grammes sur la balance.

Ainsi équipé, ce modèle est facturé 12899 €.

Equipement

Ce vélo est donc équipé du tout dernier groupe Shimano Dura-Ace Di2. Un choix qui horrifiera certains, mais n'oublions pas que Ernesto Colnago fut l'un des premiers cadreurs italiens à démocratiser les transmissions nippones sur ses vélos.

Et il se dit même que le Team UAE pourrait rouler ainsi l'an prochain, Colnago + Shimano. Mais au-delà des querelles entre pro et anti, ce choix est à la hauteur du rang du cadre. Du haut de gamme pensé pour la compétition et la performance. Le choix ne se discute pas, chacun choisira en fonction de ses préférences.

Avec un pédalier 50x34 et une cassette 11-30, aucune inquiétude à avoir pour passer des cols. De même, les disques de 160 et 140 mm apportent la puissance nécessaire (et en silence) pour s'arrêter en toutes circonstances.

L'une des nouveautés sur ce V3RS, c'est son cintre Colnago R41 associé à la potence Colnago SR9, les deux permettant le routage de la câblerie vers la douille de direction grâce à un méplat présent sur le pivot de la fourche.

Une solution simple pour la maintenance tout en restant parfaitement fluide. Colnago s'est délibérément abstenu d'utiliser un combiné monobloc. La potence séparée vous permet d'ajuster facilement le cintre à votre guise et vous pouvez même choisir un tout autre cintre.

La tige de selle est aussi un produit maison Colnago, en carbone, en forme de D. Ici montée avec une selle SLR de Selle Italia, un modèle que j'affectionne particulièrement pour son confort.

Pour être complet, terminons par le train roulant. Des roues Fulcrum Wind 40 DB sont de mises. Des roues de 40 mm de haut donc, un profil moyen qui se veut polyvalent sur tous les terrains. Elles sont compatibles tubeless.

Des roues à 1620 grammes la paire, avec une largeur interne de 19 mm pour 27 mm en externe. Moyeux en aluminium et 24 rayons aussi bien à l'avant qu'à l'arrière.

Les pneumatiques sont des Pirelli P Zero Race de 26 mm de section montés ici avec une chambre à air. Ce ne sont pas les pneus les plus rapides mais cela reste de bons pneus.

Sur la route

Vous qui me lisez depuis sans doute longtemps, vous le savez, j'ai plus le profil d'un cyclosportif moyen que d'un compétiteur de premier plan. Je m'attendais donc à subir ce V3RS.

Facile, c'est sans doute l'adjectif qui m'est venu en premier à l'esprit. Il faut dire que j'avais tellement entendu dire que ce vélo était raide.... mais non, le V3RS est accessible. A vrai dire, je l'ai même trouvé plus agréable encore que le C68, pourtant plus orienté endurance et cyclosport.

Peut-être pas aussi confortable, pourtant, la filtration reste de très bon niveau. Un vélo à l'aise sur tous les terrains. Que la route soit plate et granuleuse ou avec un revêtement parfaitement lisse abordé à plus de 45 km/h ou que ce soit pour grimper ou descendre, le V3RS ne semble jamais être pris en défaut.

Peut-être que des données aéro chiffrées, réalisées en soufflerie, afficheront des données en retrait par rapport aux meilleurs vélos aéro, mais cela est difficilement perceptible sur la route.

Reste que c'est un vélo développé pour la compétition, cela ne fait aucun doute. Avec une rigidité présente à tous les étages. Et pourtant, même dans une bosse, on n'a jamais l'impression de se battre avec le vélo, même dans les plus forts pourcentages. Que ce soit pour monter au train ou pour placer des attaques franches, le V3RS répond toujours présent. Assis ou debout, il est efficace, agile et rapide.

Et ce n'est pas une fois arrivé au sommet que ce vélo perd de sa superbe.

Car même en descente, on reconnaît toute l'expertise de la marque italienne. Un véritable vélo chirurgical, que l'on place au millimètre d'un simple regard. Il suffit de regarder la corde du virage pour que le vélo s'y place naturellement.

Et le mariage de ce vélo avec des roues relativement basses de 40 mm n'est pas étranger à ce bon confort et ses excellentes aptitudes en descente où il reste parfaitement stable quelles que soient les conditions de vent. Même si je dois l'avouer, les Fulcrum Wind 40 ne sont pas les roues les plus dynamiques du marché. Il faut dire qu'à 1620 grammes la paire (mais seulement 999 €), elles ne peuvent pas être bonnes partout. A près de 13000 € le vélo, j'aurai aimé des roues un peu plus haut de gamme comme des Fulcrum Rapid Red par exemple.

Sur les sprints, là encore, le V3RS se montre plus qu'à la hauteur, avec une rigidité parfaite. C'est notamment le cas du cintre Colnago R41très rigide qui ne montre aucun signe de faiblesse. Un cintre qui propose une belle ergonomie aussi bien mains en haut qu'au creux du cintre. En revanche, c'est peut-être à ce niveau que les vibrations sont les plus présentes, même si cela reste très convenable pour un vélo de cet acabit. Tout dépendra surtout de la pression appliquée sur le pneu avant et de sa souplesse.

Si vous avez lu mon test des roues Bikebeat Überflieger 2.0 Premium Disc 47 mm, vous avez pu voir que j'ai équipé ce Colnago V3RS avec ces roues, plus hautes de 7 mm mais aussi plus légères de près de 100 grammes.

Grâce à ces roues à profil plus haut, le vélo semble encore plus à l'aise sur le plat à haute vitesse tout en étant légèrement plus efficace sur les relances. Le V3RS garde son côté à la fois nerveux et facile. Même dans les bosses, il sait rester tranchant, preuve que les Bikebeat Überflieger proposent un bon dosage en termes de rigidité et que ce V3RS a su trouver le bon dosage niveau rigidité.

Et le tout, en restant toujours très confortable, preuve que le cadre, à ce niveau, est parfaitement conçu et que Colnago a voulu soigner les cyclistes qui feront l'acquisition de ce V3RS. Un vélo qui n'est ainsi pas uniquement réservé aux courses rapides de quelques heures, mais qui pourra aussi sans aucun problème être utilisé pour des épreuves de plus de 6 heures.

Un avis partagé par un ami qui, après avoir possédé notamment des modèles comme un S-Works Aethos, des Pinarello F12, F10 et F8, a fait l'acquisition de ce V3RS en coloris Frozen White. Si l'Aethos était pour lui parfait en montagne, il était nettement moins performant sur le plat. Le contraire pour les Pinarello, parfaits sur le plat, mais en retrait en montagne. Il a pourtant testé sur ses vélos de nombreuses roues comme les Lightweight Obermayer Weiss, Lightweight Meilstein ou encore Lightweight ventoux Obermayer.

Le Colnago V3RS réussi selon lui la performance d'être performant et facile sur tous les terrains. Comme vous pouvez le voir, un cadre qu'il a marié avec de magnifiques Princeton CarbonWorks PEAK 4550 à 1350 grammes la paire.

Pour moi c’est LE vélo que j’ai eu jusqu’à présent qui est capable d’exceller quel que soit le terrain et qui est moins exigeant qu’un F12 voir pire une Dogma F encore plus rigide à amener en montagne notamment pour un gabarit comme le mien (1.71m pour 62 kg).
J’adore vraiment ce V3Rs en tous points et pas parce que c’est mon dernier vélo actuel.

Bilan

Je pensais le V3RS réservé aux coursiers et le C68 aux cyclosportifs, erreur. Non, j'ai même, au final, trouvé ce V3RS encore plus plaisant que le C68.

Et pourtant, j'avais aimé ce C68, mais clairement, le V3RS est un cran au-dessus. Certes, on perd la noblesse du fabriqué en Italie (le V3RS est fabriqué à Taïwan), mais est-ce bien important, au final ?

Si ce V3RS sera prochainement amené à être remplacé par l'officialisation du Prototipo, espérons que Colnago n'aille pas trop loin en rigidité (comme ce fut le cas du tout dernier Canyon Aeroad par exemple), ce qui lui fera perdre de cette polyvalence.

Photos : Guillaume pour Matos Vélo - Sonam.cc