Présentation

Depuis son lancement en Juillet 2014, l'ancien Aeroad offrait une combinaison sans équivalence d'aérodynamisme, de confort, de rigidité et de légèreté, le tout autour d'une géométrie agressive. En résumé, c'était l'un des vélos de route les plus aboutis jamais développés et il faisait partie des vélos les plus appréciés par les amateurs et professionnels.

Ce nouvel Aeroad (qui a déjà quasiment deux ans !) a été largement revu au niveau de sa géométrie mais aussi de son aérodynamisme, largement retravaillé avec les experts de chez Swiss Side. Canyon affirme avoir gagné jusqu’à 7 watts de trainée à 45 km/h avec ce nouvel Aeroad.

Et pourtant, visuellement, cet Aeroad ne change pas drastiquement par rapport à la première version, les retouches sont légères. Les tubes sont un peu plus conséquents, dans la limite de ce que permet le règlement UCI. Tous ont été optimisés bien sûr, que ce soit la douille de direction, le tube diagonal, tube de selle ou encore les haubans.

Avec ces roues DT Swiss ARC 1400 Dicut de 62 mm à l'arrière et 50 mm à l'avant, le profil de cet Aeroad CF SLX en jette et affiche clairement la couleur, le vélo est taillé pour la performance.

Si la vue de face fait clairement penser à une lame de rasoir, la vue de côté met en avant de larges surfaces qui devraient avoir l'effet d'une voile. Ce qui aura forcément des avantages (vent 3/4 dos) et des inconvénients (vents de côté en rafales).

Ce modèle est proposé en 3 coloris. Noir mat / noir brillant, blanc / noir et, comme ici, un original vert foncé / vert pâle.

Sur le tube horizontal, on constate la présence de 3 points de fixations, permettant de fixer le porte-bidons plus ou moins haut. C'est là aussi une question d'aéro... ainsi que de souplesse du cycliste versus la taille du cadre. Certains cyclistes auront sans doute du mal à attraper le bidon facilement sur la position la plus basse.

La tige de selle a été allégée de 10 grammes, malgré une largeur plus grande qu'avant, grâce à une découpe en L à l'intérieur, sur la partie dans le tube de selle. Une tige de selle qui a elle aussi connu quelques déboires avec une usure prononcée, mais le problème est désormais réglé grâce à l'ajout d'une pièce en plastique.

Cette conception en L permet aussi à la tige de selle d'être légèrement plus flexible, ce qui devrait accroître la filtration et donc le confort. Le serrage se fait à l'arrière au niveau de la jonction des haubans.

La géométrie a été revue avec une douille de direction plus haute et un reach plus court. Par la même occasion, puisque cet Aeroad a dès l'origine été conçu pour des freins à disques, les bases reviennent à 410 mm (contre 415 mm), avec un dégagement autorisant des pneumatiques jusqu'à 28 mm de section. Canyon livre ses vélos avec une monte asymétrique, 25 mm à l'avant pour l'aéro, 28 mm à l'arrière pour le confort. Sans surprise, la câblerie est totalement intégrée.

Cet Aeroad CF SLX 8 Disc Di2 est ici essayé en taille S (pour rappel, je mesure 1.78 m et j'ai une hauteur de selle de 74.5 cm) et équipé du groupe Ultegra Di2 12 vitesses et de ses roues pas particulièrement légères, il pèse 7.55 kg. C'est environ 300 grammes de plus que la version CFR.

Un poids plus qu'honorable pour un vélo aéro dont la priorité n'est pas la légèreté, même si Canyon, comme tous les fabricants, tente bien sûr de faire un vélo aéro le plus léger possible. Avec notamment des roues annoncées à plus de 1750 grammes la paire, ces 7.55 kg ne sont finalement pas rédhibitoires pour un vélo affiché 6499 €.

Poste de pilotage CP0018

L'Aeroad CF SLX dispose du tout nouveau et révolutionnaire Aerocockpit CP0018, réglable en hauteur sur 15 mm sans avoir à altérer la longueur du pivot de fourche. Le coureur peut donc relever ou abaisser son cockpit selon les besoins du moment ou le profil de la course.

De plus, le CP0018 est également réglable en largeur, jusqu'à 20 mm par rapport à la largeur d'origine. Sur mon vélo en taille S, le cockpit peut donc se régler de 37 à 41 cm de large. Il suffit juste d'avoir une clé allen pour dévisser les deux vis présentes de chaque côté.

 

Cette caractéristique unique, en plus des bénéfices en termes de réglages de position, offre un autre avantage : pour ranger le vélo en vue de son transport, les deux extrémités du cockpit peuvent simplement être pliées sans avoir à démonter le cintre. Seule une section centrale de 23cm de large reste et les câbles restent toujours attachés. On gagne près de 20cm en largeur pour le transport.

Equipement

Ce modèle est donc équipé du tout dernier groupe Shimano Ultegra Di2 à 12 vitesses, dont vous pouvez retrouver l'essai détaillé ici. Un groupe qui fonctionne à la perfection, tout comme son grand frère Dura Ace.

En revanche, l'arrivée de ce nouveau groupe permet aussi de constater l'inflation des tarifs, puisque sur ma présentation de l'Aeroad en 2020, ce modèle était affiché 4999 € quand celui-ci monte à 6499 €. 30% d'augmentation, qui ne sont pas à mettre que sur le compte de la transmission, mais d'une augmentation généralisée sur tous les composants ainsi que les coûts de transports.

Néanmoins, il est honnête de préciser que le vélo est ici équipé d'un capteur de puissance 4iiii qui ajoute environ 400 € sur la facture.

Mais revenons-en à l'équipement de ce vélo. Côté développements, Canyon a opté pour des plateaux en 52/36 et une cassette 11-30, un choix cohérent avec le positionnement du vélo mais qui ne l'empêchera pas d'aller gravir des cols.

Les roues sont des DT Swiss ARC 1400 Dicut qui font normalement 62 mm de haut aussi bien à l'avant qu'à l'arrière. Mais mon vélo était fourni avec une roue de 62 mm arrière et une version 50 mm à l'avant, toutes deux avec une largeur interne de 20 mm.

Des roues dotées des moyeux 240 DICUT ultra-léger et de son système Ratchet EXP pour un enclenchement direct et fiable. Elles sont annoncées à 1750 grammes la paire.

Canyon a opté pour une monte pneumatique à la hauteur, avec des Continental GP 5000s TR de 25 mm à l'avant et 28 mm à l'arrière. Mon seul regret, c'est que ces tubeless soient par défaut montés avec une chambre !

Les disques sont sans surprise d'un diamètre de 160 mm à l'avant et 140 mm à l'arrière. Enfin, la tige de selle est montée avec une selle Selle Italia SLR Boost Superflow S manganese.

Sur la route

Par défaut, j'ai réglé le cintre au plus étroit... et de cette façon, les 37 cm de large surprennent au début, mais finalement, on s'y fait assez vite.

Commençons par parler du confort. Malgré les roues assez hautes, cet Aeroad se distingue par une excellente filtration. A l'arrière, aucun doute, la tige de selle et le pneu de 28 mm jouent ce rôle à plein. Sur la partie avant, il ne faudra pas trop gonfler le pneu de 25 mm sous peine d'avoir des remontées sèches au niveau du poste de pilotage. Mais en se limitant à 6 bars, ça passe bien, même si on constate que le cintre est légèrement flexible quand on a les mains au creux.

Un manque de rigidité étonnant pour un cockpit carbone, mais qui vient sans doute de la possibilité d'élargir ce cintre. Entre l'étroitesse du cintre et sa souplesse, cela demande quelques kilomètres pour s'y faire. J'avais peur que ce cockpit "démontable" avec ses longues durites génère du bruit, mais c'est le silence total. Canyon a parfaitement conçu son système pour ne pas avoir de vibrations des durites à l'intérieur du cockpit.

Les roues font preuves d'une belle fluidité au niveau des roulements et les pneus Continental GP5000s TR ne consomment pas trop de watts. En revanche, comme nombre de roues de la marque, en roue-libre, ces DT Swiss ARC 1400 Dicut ne passent pas inaperçues.

Dès les premiers tours de roue, je constate que cet Aeroad n'est pas aussi dynamique que ce que je pensais, il ne jaillit pas réellement et demande un peu de temps pour prendre de la vitesse. Peut-être que le CFR est, sur ce point, plus incisif.

Non pas que ce soit un vélo "pataud", mais il lui faut des watts pour accélérer. Il préfère rouler au train, même très vite, que d'être bousculé et de subir des relances incessantes. Par exemple, les critériums ne seront pas son fort. Il faut dire que les roues de 50 et 62 mm n'aident pas en ce sens. Vous le verrez un peu plus bas, avec des roues plus basse, cet Aeroad reprend du poil de la bête.

Même constat, forcément, dans les bosses. Jusqu'à 6%, on arrive à maintenir un bon rythme, mais il faudra si possible rester au moins à 250 watts VOIRE 300. Si la bosse est courte et pas trop pentue, on arrive à bien grimper. La transmission Shimano Ultegra Di2 permet même de rouler en 52x27 voire 52x30 si la bosse n'est pas trop longue pour conserver du couple.

La chape du dérailleur arrière a beau être à l'horizontale, aucun bruit ne se fait entendre, c'est assez étonnant pour ceux qui ont connu les anciennes transmissions où même sur 9 vitesses, il ne fallait pas monter sur les deux derniers pignons avec le grand plateau.

En revanche, si la pente s'accentue, l'Aeroad perd de sa superbe, sans doute peu aidé par ses roues de 50 et 62 mm qui ont du mal à travailler correctement, sauf à pouvoir envoyer plus de 300 watts pour les relancer, mais pour un cycliste moyen, ça ne durera pas longtemps. Si on doit passer sur le petit plateau et rester entre 200 et 250 watts, le vélo n'est plus dans sa zone d'efficacité optimale et le cycliste devra prendre son mal en patience. En troquant les roues pour un modèle plus bas (36 mm), le vélo récupère un peu de dynamisme et de facilité pour les parcours les plus accidentés.

En descente, pas de mauvaise surprise, l'Aeroad CF SLX sait descendre vite en toute sécurité. Il n'y a que si le vent s'en mêle qu'il faudra être plus attentif avec les roues hautes et la large surface offerte par les tubes de côté, cela peut surprendre au détour d'un virage ou en sortie de forêt par exemple.

Ce qu'affectionne le plus ce vélo, ce sont les longs bouts droits, plats voire légèrement descendants, avec si possible le vent de dos. Dans cette configuration, on prend rapidement de la vitesse et on peut la maintenir longtemps, l'inertie des roues aidant. Attention en revanche, si le vent est fort et que vous devez changer de direction. Cela m'est arrivé deux ou trois fois sur une sortie avec des rafales latérales à plus de 60 km/h, mieux vaut bien tenir le cintre.

Sur les sprints, il se débrouille bien, mais demandera a être déjà lancé, pour ne pas être pénalisé par l'inertie des roues. Si le cadre ne montre aucun signe de souplesse, en revanche, le cintre donne toujours des signes de légère flexion. Une sensation qui se ressent aussi sur les passages en force dans les petites bosses. Mais finalement, cette légère flexion du cintre est plus étonnante que réellement gênante.

Bilan

Même si mon essai du précédent Aeroad CF SLX date de 2017, il me semble bien que cette nouvelle génération se montre en effet plus rigide. Difficile de dire si le chiffre de 14% est vérifiable.

Une rigidité supplémentaire qui fera le bonheur des cyclistes puissants, mais qui rend cet Aeroad légèrement moins polyvalent à mon avis. Là où l'ancienne génération pouvait passer presque partout avec des roues de 62 mm, cette version 2022 demandera sans doute à opter pour des roues de plus ou moins 40 mm pour lui redonner un peu de peps dans les longs cols et le rendre moins exigeant.

Mais Canyon réussi encore à proposer un vélo performant sur le plan aérodynamique et confortable. Reste le tarif, de 6499 €, qui reste à mon avis élevé pour un vélo équipé en Ultegra, bien que Canyon propose toujours un rapport qualité / prix plus intéressant que bien des grandes marques.

 

 

Photos : Céline & Guillaume pour Matos Vélo - Sonam.cc