Présentation

Sans surprise, c'est principalement au niveau du poids de l'ensemble du groupe que se situe la différence avec le grand frère Dura-Ace. Ce dernier est annoncé à 2438 grammes contre 2717 grammes pour cet Ultegra R8100 12 vitesses, soit une masse supérieure de 280 grammes environ.

Par exemple, les dérailleurs avant et arrière DURA-ACE R9200 pèsent respectivement 215g et 96g, alors que les dérailleurs ULTEGRA R8100 pèsent 262g et 110g, soit une différence de 61 grammes.

Alors que le Dura-Ace est intégralement de noir brillant vêtu, l'Ultegra arbore lui une robe anthracite matte. Le pédalier est finalement la pièce qui, esthétiquement, est la plus différente par rapport au Dura-Ace, avec un dessin plus doux, moins anguleux. Un pédalier proposé avec et sans capteur de puissance avec des plateaux 50-34 dents ou 52-36 dents. C'est ici le couple 52-36 que j'ai eu à l'essai, associé à une cassette 11-34.

Le nouveau Dura-Ace et le nouvel ULTEGRA partagent la même plateforme ainsi l'ULTEGRA bénéficie de :

  • La même nouvelle plateforme Di2 qui améliore le design du moteur dans les dérailleurs, réduit la vitesse de traitement (c'est-à-dire le temps de déplacement entre le moteur et les mécanismes d'engrenage) et les performances de transmission pour permettre un changement de vitesses plus rapide jamais réalisé par Shimano. Cela se traduit par un changement de vitesses arrière dont le temps de traitement est réduit de 58% et de 45% à l'avant par rapport au précédent dérailleur arrière.
  • Une seule batterie interne permet une solution de charge simple et assure une connexion stable aux dérailleurs, contribuant ainsi au changement de vitesses le plus rapide jamais réalisé par Shimano. La batterie BT-DN300 peut tenir 1000 km entre deux charges. Les boutons de changement de vitesse STI sont alimentés par des piles CR1632 de type bouton qui durent environ 1 an et demi.
  • Un circuit intégré développé par Shimano, à traitement rapide et à faible consommation d'énergie, qui réduit considérablement les risques d'interférence avec des dispositifs externes.
  • Le nouveau dérailleur arrière ULTEGRA est désormais le point de chargement du système (en remplacement du chargeur SM-BCR2) et il assure la connexion sans fil aux manettes STI et autres dispositifs tiers (en remplacement de l'unité sans fil EW-WU111).

Les dérailleurs sont beaucoup plus compacts que les générations précédentes. Un véritable tour de force, surtout quand on sait que par la même occasion, Shimano a augmenté la force des moteurs pour des changements de vitesses encore plus véloces.

Le dérailleur arrière est proposé avec une chape unique, qui accepte aussi bien la cassette Dura-Ace 11-28 que les cassettes 11-30 et 11-34. Plus besoin de se poser la question de la compatibilité de son dérailleur avec telle ou telle cassette, il accepte toutes les cassettes proposées par Shimano en 12 vitesses.

C'est sur ce dérailleur arrière que l'on trouve la prise qui permet de recharger la batterie interne qui alimente les deux dérailleurs, au moyen d'un nouveau connecteur qui est le même que celui utilisé pour le capteur de puissance. On y trouve également une LED

C'est aussi à ce niveau que l'on trouve le seul bouton de réglage du groupe, permettant d'activer le bluetooth pour connecter l'application smartphone, pour effectuer de micro-réglages ou encore pour changer de mode (manuel, synchroshift ou semi synchroshift). Deux appuis sur le bouton pour passer en Semi-Synchronized (validé par deux clignotements bleus), deux nouveaux appuis pour passer en Synchronized (validé par trois clignotements bleus), et enfin, idem pour repasser en mode manuel, validé par un clignotement bleu.

C'est par ce même bouton que l'on aura accès à l'information de la charge de la batterie. Que ce soit pour changer de mode de changement de vitesse, effectuer un micro-réglage ou vérifier l'état de la batterie, il faut donc désormais s'arrêter et descendre du vélo.

Les leviers adoptent une nouvelle ergonomie, mais celle-ci semble tout de même moins prononcée que sur les Dura-Ace.

Les cocottes bénéficient d'un tout nouveau revêtement, à la fois doux mais aussi plus adhérent, ce qui sera un plus sous la pluie ou quand on transpire beaucoup. Ces cocottes sont aussi un peu plus longues qu'avant pour une meilleure prise en main. On constate que la forme reste compacte, contrairement aux concurrents dont les leviers pour freins hydrauliques sont assez imposants en raison de la présence du réservoir de liquide. Ici, comme sur la précédente version, Shimano a réussi à faire un levier harmonieux.

Les palettes de changement de vitesses ont été revues, avec un décalage entre les deux palettes de quelques millimètres, ce qui permet de mieux les sentir sous les doigts, même avec des gants longs et ce qui devrait éviter quelques fausses manipulations.

Si ces leviers peuvent être câblés jusqu'à la batterie pour obtenir environ 50% d'autonomie en plus (1500km), ils seront surtout utilisés en version sans fil. Dans ce cas, chaque levier est équipé d'une petite batterie CR1632 (dont le coût est de 5€ la paire) prévue pour durer environ 1 an et demi. Le changement se fait très facilement au moyen d'une seule vis en ayant relevé la cocotte.

On retrouve toujours sur le dessus du levier un bouton permettant par exemple de piloter les écrans du compteur et ce, sans besoin d'ajouter un module supplémentaire puisque les leviers intègrent les protocoles ANT+ et Bluetooth. On peut ainsi très facilement avoir sur l'écran de son compteur des champs de données spécifiques au Di2 comme on peut le voir ci-dessous. Champ visuel des développements, mode de changement de vitesses, (M, S1 ou S2), combinaison et encore capacité de la batterie.

Dès lors, on peut se passer d'un compteur avec écran tactile et piloter son compteur (tout au moins une bonne partie des fonctions) depuis les boutons situés sur les leviers.

Enfin, du côté des freins, les disques adoptent le même dessin que les Dura-Ace mais avec un coloris différent. Plus légers, ils ont tendance à moins se voiler.

Selon Shimano, la réduction du bruit des freins a été améliorée grâce à une augmentation de 10 % de l'espace entre les plaquettes et le disque. L'étrier n'est en revanche pas monobloc comme c'est le cas de la version Dura-Ace, ce qui ne devrait pas jouer sur la puissance de freinage ou le bruit, simplement sur le poids.

Comme vous pouvez le constater, les différences sont mineures entre cet Ultegra R8100 et la version haut de gamme R9200. En revanche, côté tarifs, la différence n'est pas mince, puisque si le groupe Dura-Ace est proposé en prix public à 3999,99€ sans capteur et 5199.99€ avec capteur, ce groupe Ultegra Di2 R8100 12 vitesses est bien moins cher : 2499,99€, version avec capteur de puissance : 3499,99€

Plus de 35% moins cher (1500 € de moins) pour seulement 280 grammes de plus sur la balance. Voilà de quoi peser le pour et le contre au moment de l'achat et qui pourrait bien vous permettre, soit d'économiser 1500 €, soit d'investir dans d'autres roues plus légères par exemple. Mais après avoir analysé ce groupe sur le plan statique, que vaut-il sur la route ?

Sur la route

Après plus de 600 kilomètres, aucun doute, cet Ultegra R8100 12 vitesses bénéficie exactement du même fonctionnement que le Dura-Ace R9200.

Les changements de vitesses sont hyper rapides, aussi bien au niveau des pignons que des plateaux. Comme sur le Dura-Ace, la différence de rapidité au niveau des changements des pignons n'est guère mesurable. Il faut dire qu'il était déjà très rapide, donc, gagner même plus de 50% de pas grand chose... ça ne fait pas grand chose. Mais on aurait pu s'attendre à perdre en immédiateté avec des leviers sans fil, qui sont forcément pénalisants par rapport à une solution câblée. Mais ce n'est pas le cas.

Il n'y a que lorsque vous partirez rouler après quelques heures sans avoir touché le vélo qu'il faudra presser les palettes 3 ou 4 fois pour réveiller le système qui s'est mis en veille pour économiser la batterie. Le changement de pignons se fait sans bruit et même en force, à plus de 800 watts dans une bosse, ça passe sans aucun problème. Vous n'aurez pas à relâcher votre effort !

Mais c'est clairement lors du passage du petit au grand plateau que le saut générationnel avec les groupes Di2 11 vitesses est le plus flagrant.

La chaîne monte en un clin d'oeil sur la grande couronne à la moindre impulsion sur la palette. Et là encore, même en force, ce changement de plateau se fait sans aucun problème.

C'est fluide et précis, un tour de pédales suffit à hisser la chaîne sur le grand plateau là où sur d'autres groupes, un tour et demi voire deux tours de pédales sont nécessaires. Sur ce point, Shimano reste fidèle à sa tradition de souplesse et de silence de fonctionnement.

Et on peut sans aucun problème aller jusqu'au croisement extrême de chaîne (50x34 ici) sans que ça ne frotte nulle part. Bien sûr, c'est déconseillé, mais de temps en temps, pour éviter de passer sur le petit plateau et descendre 2 ou 3 pignons, cela permet de gagner un peu de temps.

Là où j'attendais aussi ce groupe Ultegra Di2 R8100 12 vitesses, c'est sur son freinage. Pas sur sa puissance ou modularité, mais sur l'absence de bruits parasites dont étaient victimes la génération précédente. Le Dura-Ace R9200 a résolu ce problème, mais les étriers de l'Ultegra étant différents au niveau de leur construction, est-ce que ces bruits parasites ont disparu ?

Et bien oui. Comme pour le Dura-Ace, il n'y a vraiment que dans des situations vraiment extrêmes de chauffe de disques que l'on peut parfois entendre le disque frotter contre les plaquettes. Sur 600 kilomètres, ça m'est arrivé une seule fois..... sur 20 mètres. Autant dire, rien par rapport à avant.

Enfin, on a droit à un fonctionnement silencieux sans l'impression de perdre des watts à cause de plaquettes qui frottent sur les disques sur une relance après un gros freinage !

Le reste des prestations est à la hauteur du Dura-Ace. Des manettes ergonomiques avec une prise en main facilitée. Bon point aussi pour les palettes décalées l'une de l'autre, ce qui évite les erreurs et facilite le fonctionnement avec des gants d'hiver.

Les boutons présents sur le dessus des cocottes permettent de piloter son compteur compatible sans avoir à rajouter un module Bluetooth optionnel, c'est largement appréciable. On peut ainsi changer d'écran sans lâcher son cintre.

Et on a droit à des champs de données spécifiques au Di2 comme on peut le voir ci-contre. Champ visuel des développements, mode de changement de vitesses, (M, S1 ou S2), combinaison et encore capacité des différentes batteries.

Dès lors, on peut se passer d'un compteur avec écran tactile et piloter son compteur (tout au moins une bonne partie des fonctions) depuis les boutons situés sur les leviers.

Dommage par contre que le bouton de réglage spot désormais positionné sur le dérailleur arrière, donc, inaccessible en roulant (contrairement à avant où il était situé en bout de cintre). Je n'ai pas eu à refaire de réglage sur ces 600 kilomètres d'essai, mais si ça arrive en course par exemple, cela oblige à s'arrêter sur le bord de la route.

Bilan

Meilleure ergonomie, fonctionnement identique au Dura-Ace et un freinage puissant mais ENFIN silencieux, vous l'aurez compris, cet Ultegra R8200 ne diffère du Dura-Ace que par sa finition grise, un pédalier aux formes un peu plus rondes et un poids en hausse.

En dehors de ça, on a vraiment l'impression d'avoir un Dura-Ace et le fonctionnement de la transmission est rapide (la plus rapide actuellement si l'on compare à SRAM et Campagnolo) et silencieuse. Et vous pouvez vous permettre de changer de plateaux et de pignons en force sans crainte, les ingénieurs nippons semblent avoir prévu ce groupe pour cet usage qui était jusqu'alors déconseillé.

Même les croisements de chaîne ne lui font pas peur (mais ce sera bien sûr au détriment du rendement et de la durabilité de la chaîne).