Présentation

Ainsi équipé "100% italien", beaucoup seraient quasiment à se prosterner devant ce vélo. Car Cinelli tient une place à part sur la planète vélo, avec des choix qui sortent souvent des sentiers battus, pour toujours mêler vélo et design.

Le cadre est construit en fibre de carbone T800 extrêmement rigide et dispose de tubes au profil particulièrement aérodynamique. C'est principalement le profil Kamm Tail (tronqué sur la partie arrière) qui a été choisi, que ce soit pour le tube diagonal, la douille de direction ou la tige de selle.

On trouve un tube de selle aérodynamique et les haubans abaissés, ce qui devrait garantir une excellente rigidité globale. Les bases courtes de 410mm devrait faire de ce Pressure un vélo nerveux.

La géométrie globale conduit à une position la plus compacte et aérodynamique possible pour atteindre les performances les plus élevées possibles. Tout cela avec un cadre dont le poids, en taille M, n'est que de 990 grammes, plus 390 grammes pour la fourche monocoque (avec douille conique) en carbone Columbus pour freins à disques. Le dégagement permet de monter des pneus jusqu'à 700 x 30c.

Le serrage de selle se fait au moyen d'un système dissimulé sous le tube horizontal. Le boîtier de pédalier est au format PressFit BB86.

Un seul coloris disponible « Rock the white », qui est majoritairement blanc, mais chez Cinelli, tout est dans les détails, avec des touches de couleurs parsemées sur le cadre et rappelant les couleurs du logo Cinelli créé en 1979 par Italo Lupi : rouge vert et jaune. Et puis ce blanc n'est pas vraiment blanc, il s'agit d'une version légèrement nacrée du plus bel effet au soleil.

L'ensemble des câbles et durites a été intégralement passé en interne afin de minimiser la trainée aérodynamique grâce notamment au combo cintre et potence Vision Metron 5D ACR.

Cinelli propose son Pressure en 5 tailles : XS (46) - S (49) - M (52) - L (55) - XL (58). Côté tarif, il faut compter 3490€ pour le kit cadre. Un large choix de vélos montés sont proposés à partir de 4690€.

Côté poids, j'ai pesé ce modèle Pressure équipé Campagnolo Super Record à 7.38kg en taille M, sans pédales mais avec deux porte-bidons.

Equipement

Pour ce vélo d'essai, j'ai eu droit à un montage spécifique qui, par la même occasion, m'aura permis de tester la transmission Campagnolo Super Record EPS et les roues Campagnolo Bora Ultra WTO 45.

Un montage 100% italien donc, qui ne laisse pas de place à l'à-peu-près. Difficile de trouver plus esthétique et plus luxueux que ces composants. Tout est profusion de carbone et d'élégance. Et même si je ne suis pas un inconditionnel fan de la marque Campagnolo - pas plus qu'une autre marque en fait -, il faut avouer que l'esthétique du pédalier est  fabuleuse.

Il s'agit ici d'une version "semi compact" avec plateaux 52/36, qui semblent tout à fait en adéquation avec la destination du cadre.

Les groupes Campagnolo sont aussi dotés de poignées de freins à l'ergonomie unique. On aime ou pas. Pour ma part, j'adore l'ergonomie du levier en carbone qui permet de serrer très facilement les freins même du bout des doigts.

Je suis par contre moins fan de la forme de la cocotte et du levier de descente des pignons et plateaux situé au niveau de la cocotte justement. Mais on est là dans une histoire d'ergonomie et de préférence qui ne remet nullement en cause les qualités indéniables de cette transmission équipée d'une cassette 12 vitesses.

Les dérailleurs sont aussi largement pourvus en carbone et titane.

LMe fonctionnement de la transmission électronique EPS est largement paramétrable avec l'application MyCampy. Il est par exemple possible d'utiliser la fonction Sequential Shift. La fonction Sequential Shift pour le permet d'utiliser le groupe de transmission avec la fonction d'activation du dérailleur avant en mode automatique. En actionnant les leviers Ergopower, qui permettent de déplacer le dérailleur arrière vers le haut ou vers le bas sur les différents pignons, le système effectue le choix le plus judicieux, en passant si besoin le grand plateau et remontant quelques pignons (ça marche aussi dans le sens inverse) pour avoir une gestion optimale du saut du rapport de transmission.

Nous sommes ici en présence d'un freinage à disques avec rotors de 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière. Du commun donc, même si le système Campagnolo est, à ce jour, le plus agréable à utiliser à mon avis, du fait qu'il ne provoque aucun bruit parasite grâce au retour des plaquettes via un système magnétique.

Le toucher est en revanche légèrement différent de ce qui se fait avec SRAM ou Shimano, avec une attaque du freinage plus douce. Mais la puissance du freinage est bel et bien là. Avec toujours ce côté dosable du freinage hydraulique très appréciable, notamment quand il pleut ou qu'on a les mains gelées. Si cela s'accompagne forcément d'une augmentation de la hauteur des leviers de freins pour loger le maître-cylindre, c'est ici relativement contenu.

Pour accompagner la transmission et ces freins à disques, les fabuleuses et luxueuses roues Bora Ultra WTO 45, montées avec des tubeless Vittoria Corsa de 25mm de section.

Rayonnage G3, roulements céramiques, écrous cachés dans la jante et finition exclusive, tout y est.

Pour la présentation technique détaillée, je vous laisse lire ou relire mon test de ces roues Campagnolo Bora Ultra WTO 45. Là encore, Cinelli confirme avec ce montage qu'aucun compromis n'a été fait, ce vélo est à la fois luxueux et totalement orienté vers la performance et la compétition, d'où mon titre de pur sang italien.

La tige de selle est spécifique, surmontée ici d'une Selle Italia SLR, un modèle très apprécié.

Je ne pouvais pas finir cette présentation sans passer par le poste de pilotage. Il s'agit ici du très connu combo cintre et potence Vision Metron 5D ACR, tout en carbone.

Le cintre Metron 5D est le système de cintre et potence le plus rigide de la gamme Vision, mais aussi un des combo les plus rigides de la production actuelle.

Avec une légère élévation au niveau de la fixation de la potence et un angle avant de 10°, le 5D s’adapte à la position naturelle de vos bras pour "un meilleur confort et une respiration plus facile", tandis que le haut du cintre en forme d’aile facilite l’aérodynamisme. Cette partie haute est assez large et surtout très lisse. Dommage que Vision ne propose pas encore de texture silicone par exemple sur cette partie pour une meilleure accroche sous la pluie ou quand on transpire.

Le 5D ACR permet un acheminement interne des câbles, avec des guides qui prennent en charge le câblage pour la transmission électronique ainsi que les durites.

Ce combo ACR permet d'avoir un vélo totalement dépourvu du moindre câble pour une ligne hyper fluide. Si sur le plan aérodynamique, ce n'est sans doute pas un câble qui va générer beaucoup de pertes, sur le plan visuel, c'est un plus.

Sur la route

Cinelli présente ce vélo comme un modèle où seule la performance compte, sans compromis. Eh bien je ne peux que confirmer cela. La position est déjà orientée compétition, car même si mon modèle était équipé de quelques entretoises sous la potence, la position est relativement couchée.

Le Pressure offre une rigidité exceptionnelle et en tous points. Boîte de pédalier, douille de direction, triangle arrière.... et même le cintre font montre d'une rigidité à toute épreuve. Et ce ne sont pas les roues Bora Ultra WTO 45 qui vont venir assouplir l'ensemble, bien au contraire.

Le Pressure aime qu'on le violente, il ne sera sans doute pas le compagnon le plus adapté pour un gabarit léger, mais sera en revanche tout à fait destiné à des coureurs plutôt lourds et puissants, adeptes des critériums ou sorties nerveuses où ce vélo donnera tout son potentiel.

Dans ce cas, le vélo réagit à la moindre sollicitation, réagissant de façon nerveuse et plus on accélère, plus il donne l'envie d'en remettre...jusqu'au moment où ce n'est pas l'envie qui manque, mais les forces. Tant que l'on reste sur du plat ou légèrement montant et que le rythme reste honorable (plus de 28km/h), le Cinelli reste agréable.

En revanche, si votre vitesse diminue, c'est plus le côté "sanction" que l'on retiendra, notamment avec une filtration des vibrations... anecdotique. Même en diminuant la pression des Tubeless Vittoria Corsa à 6 bars, les secousses sont bien présentes. Il faut dire que la rigidité de la fourche, des roues et aussi du poste de pilotage n'offrent pas beaucoup de possibilités pour disperser ces vibrations.

Dans les pentes supérieures à 6%, comme beaucoup de vélos orientés aéro et très rigides, tout va bien si on peut passer la bosse en injection rapidement. Si c'est plus long, vient le moment où il vaut mieux diminuer le développement pour monter à un rythme régulier. Par contre, le Pressure s'accommode bien d'une montée en puissance à faible cadence de pédalage. Mais bien sûr, pour une montée de cols, cela sera compliqué.

En descente, on retrouve le côté nerveux du vélo. Les bons descendeurs apprécieront son comportement incisif et précis. Par contre, sur mauvais revêtements, il faudra rester concentré, car tous les défauts de la route remontent aux mains. On peut descendre très rapidement avec des virages qui s'enchaînent et les changements d'angles se font aisément.

Le freinage procuré par les freins Campagnolo reste hyper puissant et sécurisant, même si l'attaque du freinage est un peu moins franche que chez Shimano je trouve. Mais une fois appréhendé, on trouve facilement le bon dosage. Comme évoqué plus haut, la grande force des freins à disques Campagnolo, c'est de ne pas faire de bruit même après avoir beaucoup sollicité les freins. Là où d'autres freins peuvent parfois générer des bruits de frottements, là, rien, silence absolu.

Bien sûr, les freins couinent un peu sous la pluie, mais là, c'est un problème inhérent à tous les disques.... et même les patins.

Bilan

Si ce test pourrait sembler très "critique", ce n'est pas le cas. Il faut simplement être conscient que ce Cinelli Pressure respecte sa promesse de performance sans concession.

On a donc un vélo hyper rigide que les coureurs puissants sauront apprécier à sa juste valeur. Mais si vous chercher un vélo passe-partout, apte à passer des cols et confortable, il faudra sans doute vous orienter vers un autre modèle.

Ce n'est pas un défaut, mais un parti pris de la part de Cinelli, à qui l'on ne pourra pas reprocher de faire dans la demie-mesure.