Essai du CMT RS2, le titane artisanal pur sang
Par Test matériel - Commentaires : 10 .
le mardi 18 avril 2017 08:15 -Depuis plusieurs années maintenant, je teste de très nombreux vélos. Majoritairement du carbone, un peu d'alu et d'acier.
Mais jusqu'à présent, l'occasion de tester un vélo en titane ne s'était pas présentée. Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manquait, tant je vois des commentaires dithyrambiques de la part de tous ceux qui sont passés sur un vélo taillé dans ce noble matériau.
C'est désormais chose faite, puisque suite à ma visite au sein de l'atelier de CMT situé du côté d'Aix les bains, j'ai pu rouler sur le modèle RS2, le modèle taillé pour la course de la marque.
Présentation
Ce qui plait souvent aux cyclistes qui s'orientent vers un cadre titane, c'est le fait d'avoir un cadre discret par ses formes et bien souvent, un cadre brut, avec l'aspect très spécifique offert par la couche d'oxyde de titane.
Ce RS2 ne fait pas exception. On se trouve face à des tubes en titane Grade 9 3/2.5 spécifiquement conçus pour CMT et qui viennent d'un fournisseur travaillant dans l'aéronautique. Les tubes offrent des diamètres assez proches de ce qui se faisait sur les cadres acier des années 80 ou quelques alus. On est loin des formes des tubes carbone. 42mm pour le tube diagonal, 35mm pour le tube supérieur, voilà des mensurations plutôt inhabituelles de nos jours.
Des tubes ronds et un aspect brut du plus bel effet. Seuls les marquages CMT et RS2, en noirs, se font remarquer. Si vous choisissez un cadre titane chez CMT, il vous sera possible de choisir une couleur spécifique (bleu, violet ou doré) pour ces marquages, voire une déco spéciale.
La douille de direction est conique, la tige de selle 31.6mm et le routage des câbles se fait en interne. Si vous voulez un groupe sans fil SRAM Red eTap, il sera possible de n'avoir que les trous nécessaires aux gaines de freins.
En option, il est possible d'opter pour un routage externe des câbles et même des freins à disques. Et si vous avez d'autres envies, n'hésitez pas à les soumettre, Bastien, le cadreur, se fera une joie de tenter de relever tous les défis !
Ce dernier a choisi de ne pas poncer les soudures qu'il réalise, afin de ne pas fragiliser la jonction. Néanmoins, les soudures sont très fines et pas du tout grossières. On sent que c'est un professionnel de la soudure qui opère.
CMT propose des géométries de base, très sloping, mais il sera tout à fait possible pour le client d'opter pour le sur-mesure. Côté prix, compter 2816€ pour une version de série et 3416€ pour du sur-mesure, le tout étant garanti à vie. Une version plus "endurance", le GT2, est aussi disponible.
Si vous recherchez un vélo ultra-light, passez votre chemin. Le cadre affiche 1400g environ. Mais le secret du titane est, dit-on, ailleurs, dans son comportement.
Le vélo testé ici atteint 7.6kg équipé d'un groupe Shimano Ultegra Di2.
Pour en savoir plus sur CMT, retrouvez le reportage complet chez cet artisan du titane.
Equipement
Je ne vais pas m'étendre très longtemps, le groupe Ultegra Di2 étant connu. Pour le poste de pilotage, du Deda en alu, léger et résistant et pour la tige de selle, du 3T.
La fourche est en carbone.
Seules les roues méritent que l'on s'y attarde un peu, puisqu'il s'agit de roues italiennes URSUS en carbone de 36mm, les Miura C37.
Affichées à 1769€ la paire, elles pèsent 1530g la paire. 36mm de haut donc et 24mm de large avec un profil en U. Elles sont montées avec 20 rayons droits à l'avant et 24 rayons à l'arrière. Les moyeux en alu reçoivent des roulements en acier de haute qualité de chez SKF.
Sur la route
Une fois en selle, je découvre le comportement si spécifique du titane. Tout d'abord, du confort, même si ce RS2 a tout de même été pensé pour être rigide et dynamique. Malgré des roues carbone montées avec des Continental GP4000S en 25mm de section dont le confort n'est pas la première qualité, ce titane filtre bien les aspérités de la route. Et sur mauvaise route, pas de résonance dans les tubes contrairement à du carbone, là, c'est nettement plus silencieux.
Si vous avez entendu parler de titane "mou", ce n'est pas le cas de ce RS2. Au même titre que le Véloce Inox de Victoire testé l'an dernier, ce modèle a été taillé pour la course. Rigide, il se montre nerveux, même en relances ou dans de forts pourcentages.
Mais le comportement reste tout de même différent d'un cadre carbone. Là, on sent le cadre vivre entre ses jambes avec une sensation d'élasticité, de coup de raquette à chaque coup de pédale appuyé. Difficilement descriptible, mais très agréable. C'est surtout en montée, avec de gros braquets, que j'ai ressenti que le cadre accompagnait le mouvement et revenait, comme pour prendre son élan.
Conséquence, le RS2 se montre beaucoup plus tolérant en cas de manque de force que nombre de cadres carbone. On ne se sent jamais planté, collé au bitume. On n'avance pas plus vite qu'avec un carbone, mais la sensation est très différente.
En descente, ce CMT est imperturbable. Pas de mauvaise surprise, ni même du côté du freinage des Ursus Miura C37. Elles n'offrent pas le mordant des meilleures roues carbone, mais ça freine honnêtement.
Ayant eu ce vélo à ma disposition sur plusieurs semaines, j'en ai profité pour tester son comportement avec deux autres paires de roues totalement opposées.
Les Zipp 404 NSW et un montage "vintage" sur base de jante Mavic SSC N°4 CRD 36 rayons et moyeux Hope (test à venir).
Avec les Zipp 404 NSW, le RS2 gagne un joli look, mais surtout, son comportement est encore plus nerveux.
On ne perd pas trop en confort, en revanche, les roues semblent "brider" un peu le cadre, on perd de son comportement "élastique" notamment dans les bosses.
Cela n'en fait pas un mauvais vélo, bien au contraire, mais on perd tout de même un peu de l'intérêt du titane, ce qui est dommage.
Sur le plat, c'est en revanche un régal. Le vélo incite à rouler vite et garde sa vitesse plus facilement grâce au fabuleux travail des ingénieurs Zipp. Si ce type de roue permet d'exacerber un peu plus le côté sportif de ce titane, ce n'est à mon avis pas le choix le plus judicieux, puisque l'on perd un peu de l'âme et du comportement du titane.
Sur une partition totalement différente, voici le RS2 monté avec les roues à boyaux Mavic SSC N°4 CRD avec moyeux Hope et roues 36 rayons ligaturés. Je remercie au passage Ferdinand de FMFC.
On retrouve du confort, même plus qu'avec les roues Ursus. Il faut dire que les jantes plates imposent de longs rayons, d'où une certaine souplesse verticale. Ceci conjugué aux boyaux en 23mm, le RS2 devient très confortable sans pour autant perdre en dynamisme. Esthétiquement, on aime ou pas, mais ainsi équipé, ce CMT RS2 semble tout droit sorti des années 80.
Sans aller jusqu'à cet extrême, on voit que ce cadre titane s'apprécie surtout avec des roues pas trop raides qui d'une, conserveront du confort, et de deux, permettront de garder le côté vivant et élastique du cadre.
Bilan
Une bien belle surprise que ce CMT RS2. Je rejoins les nombreux cyclistes qui louent les qualités d'un vélo titane. Il concilie à merveille dynamisme et confort. CMT propose le GT2, une version avec une géométrie encore plus typée confort qui devrait régaler les cyclistes adeptes des longues sorties. Pour les coursiers, ce RS2 s'avèrerait être un bon choix. Ceux qui ne jurent que par la performance pourront l'équiper de roues carbone, ils conserveront tout de même plus de confort que nombre de carbone tout en ayant un cadre en général nettement plus solide (en cas de chute pas exemple).
A 2816€ pour une version de série et 3416€ pour du sur-mesure, cela peut paraître cher, mais vous avez accès à un matériau durable, inaltérable et surtout, une garantie à vie. En cas d'éventuelle casse accidentelle non soumise à garantie, une réparation est toujours possible.
Bien souvent, un cadre titane est le dernier cadre acheté par un cycliste et je les comprends. Car quand on a goûté à ce type de cadre, difficile de revenir en arrière, surtout lorsque on avance dans l'âge et que l'on recherche un vélo moins exigeant.
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