Interview de Romain Lemarchand côté matériel vélo
Par Interviews - Commentaires : 1 .
le mercredi 27 novembre 2013 13:47 -Après 3 mois sans aucune interview, voilà que Romain Lemarchand a bien voulu répondre aux questions de Matos Vélo. Après avoir été professionnel chez Big Mat-Auber puis AG2R La Mondiale en 2011 et 2012, il est depuis 2013 coureur au sein de l'équipe Cofidis.
Un rouleur qui apprécie les classiques et qui fut champion de France contre-la-montre espoirs en 2009.
Malgré un père cycliste professionnel (François), Romain n'arrive sur le vélo en compétition qu'en 2006, à 19 ans (espoir première année), après avoir longtemps joué au football.
Un coureur qui a donc changé d'équipes..et de matériel. Un profil qui me semblait intéressant donc, pour voir comment notamment un coureur arrive à s'adapter à du nouveau matériel.
1. Quelle est ta relation vis-à-vis de ton vélo ? Simple outil de travail ou passionné de technique ?
On ne peut pas dire que je suis un passionné de technique, mais je reste attentif aux nouveautés concernant mon outil de travail. En revanche, je suis très maniaque vis-à-vis de mon vélo. Je le nettoie après chaque sortie, le « bichonne » le plus possible.
2. Te tiens-tu au courant des dernières nouveautés dans le domaine du matériel ? Par quel biais ; magazines, internet, autre ?
Dans l’équipe, nous discutons pas mal de matériel lors des stages ou même en course. A part ça, je regarde des temps en temps les dernières évolutions sur internet.
3. Côté matériel, qu’est-ce qui a changé pour toi depuis que tu es professionnel par rapport à tes années amateur ? Meilleur équipement, confort de ne pas avoir à s’occuper de l’entretien ?
J’ai toujours aimé m’occuper de l’entretien de mon vélo. Chez les amateurs (Elite notamment), il y a la plupart du temps un mécano pour s’occuper de l’entretien du vélo. De ce côté-ci je n’ai pas eu de grand changement. La plus grosse différence se situe au niveau de la diversité du matériel : Choix des roues, de la selle, du cintre, du braquet, de la potence et dorénavant du cadre (rigide ou plus souple). C’est à partir de ce niveau que l’on est obligé de s’intéresser au matériel. Trouver LA selle ou LA paire de roue qui nous correspond le mieux.
4. Tu as souvent changé d’équipe depuis ton arrivée chez les professionnels (BigMat-Auber 93, AG2R La Mondiale et maintenant Cofidis). Comment se passe les changements de matériel dans ce cas ? Il y a-t-il un temps d’adaptation ? N’est-ce pas difficile de retrouver ses marques ?
Je n’ai pas eu de soucis d’adaptation lors des changements de matériel. Je suis toujours resté avec Look pour les pédales, ce qui aide énormément, quand on voit comment il est souvent difficile de les régler correctement. L’avantage chez les professionnels est d’avoir le nouveau matériel très rapidement. En novembre nous avons, en général, notre nouveau vélo, selle, ou pour certains les pédales.
5. Pneus, boyaux, quelles sont les forces et faiblesses de chacun selon toi ?
Pour moi, les pneus ont une bonne accroche mais un rendement légèrement inférieur aux boyaux. En course les boyaux sont presque toujours utilisés. Mais il commence à y avoir un retour des pneus, où leur rendement serait quasiment identique aux boyaux.
6. Lors de tes entraînements tu es plutôt pneus, boyaux ou tubeless ? Pour quelles raisons ? Quelles pressions utilises-tu en général ?
A l’entraînement je préfère utiliser les pneus. Nous utilisons ceux de Mavic. Ils sont solides et ont une longue durée de vie. Pour nous, il est très important de ne pas crever toutes les semaines !
Concernant les pressions, sous temps sec je suis à 7 bars. Lorsqu’il pleut je descends à 6.
7. Quel a été ton plus gros braquet utilisé en CLM ? Et le plus petit braquet utilisé en course (sur quelle course ?) ?
J’utilise généralement le 54, mais il m’est arrivé de mettre le 55 lors d’un CLM. En course, il nous arrive de mettre un 39x27 pour mieux passer les bosses.
8. Durant toute l’année, un ou plusieurs mécaniciens s’occupent de ton vélo pour les courses. Mais qu’en est-il pour ton vélo d’entraînement ? Entretien par toi-même ou tu passes par un vélociste près de chez toi ? Le changes-tu chaque année ?
Pour mon vélo d’entraînement, j’aime l’entretenir moi-même. Je passe de temps en temps chez un vélociste s’il y a besoin, ou alors, si je me rends à un stage, j’amène mon vélo aux mécaniciens pour changer certaines pièces.
9. Roulements céramiques, plateaux ovales. As-tu un avis sur ces produits ? Les as-tu testés ?
J’ai eu l’occasion de tester, il y a quelques années, les plateaux ovales. J’ai été agréablement surpris. Après, je pense qu’ils ne conviennent pas à tout le monde. A chacun son opinion !
10. Es-tu sensible au poids de ton vélo ou est-ce plutôt le confort et la réactivité qui sont recherché ?
Bien évidemment le poids est très important, mais nous avons la chance d’avoir le top du matériel, et à ce niveau on parle de quelques grammes à gagner… Donc je préfère privilégier le confort. Après tant d’heures passer sur les routes …
11. Côté textile, que conseilles-tu pour de longues sorties aux cyclistes ? Utilises-tu de la crème appliqué sur la « peau » ? Car de nombreux cyclistes souffrent parfois du fessier après une très longue sortie….comment gérez-vous cela sur un grand tour ?
Pour la crème je ne suis pas sujet aux irritations. Lors des courses à étapes nous mettons un nouveau cuissard le plus souvent possible pour que la peau soit toujours un peu épaisse (un cuissard « vieux » à tendance, au lavage, à diminuer l’épaisseur de la peau). Autre point important : que le cuissard remonte le plus possible ! Car une peau de cuissard qui ne colle pas à la peau irrite le fessier !
12. Pour l’hiver, comment t’habilles-tu pour les journées les plus froides ? Multiplication des couches ?
Tout dépend de la température extérieure. S’il fait froid, j’utilise un cuissard long et une veste thermique avec seulement un sous-maillot dessous. Inutile, avec ces matières de mettre 3, 4 couches. Sous le froid, sous la pluie, à l’entraînement ou en course j’utilise des gants de plongée (on en trouve dans un grand magasin de sport). C’est vraiment le top ! Lorsqu’il fait bon, cuissard court ou éventuellement des jambières avec un maillot court et manchettes voir une veste manche longue. Et évidemment des gants courts qui sont très important en cas de chute !!!
13. Ton avis sur les textiles de compression pour la récupération ? Adepte ou non ?
Depuis mon passage chez les professionnels, j’ai connu pas mal de textiles de compression. Cette année nous allons être sponsorisés par BV Sport qui est une marque connue, si ce n’est la plus. Les professionnels utilisent énormément les textiles de compression pour récupérer, pour les voyages mais aussi dans la vie de tous les jours. Mais attention, il faut choisir LE modèle qui vous correspond ! Les manchons, par exemple, ne servent pas pour la récupération. J’utilise les chaussettes de récupération dès la fin de la course dans le bus de l’équipe ainsi qu’après le massage jusqu’au couché. Pour les chaussettes de confort je les utilise en voyage (avion, train, voiture). C’est un réel plus pour la récupération.
14. Quel est ton kilométrage annuel moyen ?
Je tourne aux environs des 30.000kms par an.
15. Travailles-tu avec un capteur de puissance seulement depuis ton entrée chez les pros ou en utilisais-tu avant ? Ce dernier a-t-il modifié ta façon de t’entraîner ?
J’ai utilisé le capteur de puissance en 2008 lors de ma deuxième année de vélo chez les amateurs. Depuis j’ai toujours travaillé avec. Il m’est très important et me permet de travailler au millimètre dans une zone de puissance précise. Il me permet aussi de comparer mes valeurs avec celles des années précédentes. Un atout dans la progression !
16. Une semaine d’entraînement type pour toi, ça ressemble à quoi ? Plutôt du matin ou l’après-midi ? Entraînement seul ou avec d’autres coureurs ?
Si la course a eu lieu le dimanche, je fais un entrainement léger le lundi. Le mardi, tout dépend de la récupération. Si la course a laissé des traces il m’arrive de faire un jour de repos, sinon je m’entraîne entre 3 et 5h et ce jusqu’au vendredi. Puis le samedi matin, généralement nous prenons l’avion pour nous rendre sur la course. L’après-midi, une petite sortie de décontraction avant la course du dimanche !
Je suis plutôt du matin. J’aime partir sur les coups de 10h. Hormis les stages, je roule la plupart du temps seul ou avec 2/3 collègues professionnels ou non ! Je ne suis pas trop entraînement de groupe ou l’on passe 10’ de relais puis 45’ à faire de la roue libre (rire).
17. Es-tu adepte de l’entraînement sur Home Trainer ou est-ce seulement par obligation ? Quels entraînements fais-tu sur ce type d’appareil ? Sur quelle durée maxi ?
J’ai la chance d’habiter une région (PACA, Var) où il fait beau presque toute l’année. Je préfère rouler sur route, et faire mes exercices au Mt Faron, par exemple, plutôt que sur home trainer. Mais avant de passer professionnel, avec l’école et les journées courtes, le home trainer me permettait de m’entretenir. De la force, du rythme, du seuil et même de la PMA. Sur ce type d’appareil il faut utiliser au moins la FC ou les watts (beaucoup plus difficile et précis !), pour espérer progresser. En moyenne je faisais 1h-1h30 voir 2h maximum.
18. Enfin, côté alimentation, qu’apportes-tu avec toi pour tes sorties d’entraînement ?
Nous avons un sponsor pour les boissons. J’utilise une boisson énergétique lors d’entraînement difficile ou long. Sinon je me contente de sirop ou d’eau. Côté solide, une barre par heure en moyenne.
Merci à Romain Lemarchand. Vous pouvez le retrouver sur sa page Facebook et son compte Twitter.
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