Encore combien de morts faudra-t-il accepter parmi les cyclistes ?
Par Divers - Commentaires : 65 .
le lundi 21 octobre 2024 07:56 -La mort de Paul Varry, le 15 octobre, écrasé par un automobiliste ayant délibérément bafoué le code de la route en empruntant une piste cyclable à Paris pour gagner du temps, sonne comme un ras le bol.
Un cycliste ordinaire, qui semble avoir été volontairement percuté par l'automobiliste. Le symptôme d'une cohabitation difficile entre usagers de la route, où chacun renvoie la faute sur les autres usagers (les piétons vers les cyclistes et utilisateurs de trottinettes, les cyclistes vers les automobilistes et les automobilistes vers les cyclistes).
De nombreuses personnes réclament une véritable prise de conscience et je me devais forcément d'en faire l'écho, puisque les cyclistes sportifs dont je fais partie et dont font partie mes lecteurs, sont quasiment à chaque sortie confrontés à des mises en dangers de la part d'automobilistes ou conducteurs de camions, bus ou motos.
A chaque sortie, on est frôlé, plus ou moins délibérément. Dans 95% des cas, ça passe avec une belle frayeur pour le cycliste. Puis d'autres fois, ça casse. Dans le meilleur des cas, l'automobiliste s'arrête et ne peut que constater des blessures. Parfois, c'est le délit de fuite, avec un accidenté en plus ou moins bon état.
L'article à lire sur France Info ""Combien de morts vont-ils tolérer ?" : lors de l'hommage au cycliste tué à Paris, des centaines de personnes réclament une prise de conscience" est édifiant et montre bien l'ampleur et la généralisation du problème.
Autre article intéressant : Entre les cyclistes et les automobilistes, une cohabitation impossible ?
Combien de fois nous faisons-nous quasiment pousser ou frôler car un automobiliste ne souhaite pas ralentir sa marche en avant ? Voici un exemple typique.
Mais bien d'autres exemples sont aussi visibles ici.
Quelques chiffres pour rappel
On a compté 226 cyclistes tués en 2023 en France. Les routes hors agglomération enregistrent 59 % des décès et 48 % des blessés graves en 2023.
En 2023, la mortalité cycliste est plus élevée hors agglomération (126 tués) qu’en agglomération (95 tués). C’est sur les routes départementales qu’ont lieu la majorité des accidents mortels (trois quarts des tués), souvent percutés par un autre véhicule. Cela soulève la question des comportements des autres usagers mais aussi de l’aménagement des routes en milieu rural.
Hors agglomération, les lignes droites concentrent la majorité des accidents puisque 8 accidents sur 10 ont lieu hors intersection.
Des règles impossibles à respecter au volant ?
1,5 m correspond à peu près à la moitié de la largeur d’une voie. Ainsi, sur les routes nationales, le conducteur de voiture dépassera convenablement un cycliste en décalant la moitié de la largeur du véhicule dans la voie de gauche ; sur une route étroite, il conviendra de décaler tout le véhicule à contre-voie.
L'idéal serait bien sûr d'avoir des pistes cyclables totalement dédiées, séparées de la chaussée où roulent les voitures. Mais ce ne sera jamais possible partout et cela ne se fera pas en seulement quelques mois ou même années.
Reste que la courtoisie devrait "normalement" permettre aux cyclistes et automobilistes de cohabiter facilement, chacun respectant l'autre. Et c'est bien ça actuellement qui pêche, je le constate à chacune de mes sorties. Je suis toujours seul, respecte le code à la lettre, mais cela n'empêche pas des conducteurs de réaliser des dépassements vraiment proches, soit par "flemme de se déporter", soit par manque de place car un véhicule arrive en face.
Les conducteurs de véhicules motorisés ne sont parfois pas prêts à faire un 'immense effort" pour appuyer sur la pédale de frein et perdre 20 secondes. Pour certains, une minorité certes, mieux vaut tenter un dépassement dangereux plutôt que de perdre 30 secondes. Sur un malentendu, ça passe. Mais parfois malheureusement, ça ne passe pas, et les journaux titreront que le conducteur est "en état de choc" après l'accident :-(
Il en est de même dans les zones limitées à 30 km/h que de nombreux automobilistes semblent incapables de respecter. Exemple ici dans mon village de Castelnau d'Estrétefonds où je roule à 30 km/h et où l'automobiliste double à un peu plus de 50 km/h. Un cas plus que récurrent. Quand je roule à 30 km/h dans cette zone, les voitures se collent, le conducteur râle et fait de grands gestes mais bien souvent, reste derrière. Quand c'est un cycliste, il ne se pose pas de question, il double.
Des zones 30 qui ne sont que très peu respectées, l'automobiliste trouvant bien souvent insupportable le fait de devoir rouler à la même vitesse qu'un vélo. J'ai déjà échangé avec des automobilistes qui m'avaient doublé en me frôlant sur cette zone 30, la réponse est souvent la même "je n'allais quand même pas rester derrière un vélo" !
Ne reste plus qu'à rajouter à cette "recette" l'ingrédient smartphone au volant... et voilà des conducteurs plus concentrés sur ce petit écran que sur ce qui se passe sur la route. Je ne compte plus les automobilistes que je vois zigzaguer à coups de corrections de trajectoires car occupés à lire un messages voire en écrire un sur le smartphone.
Un changement de politique et des sanctions dès la mise en danger !
Clairement, l'Etat doit prendre le problème à bras-le-corps ! Pourquoi ne pas tenir compte des mises à danger lorsqu'elles sont filmées ?
De même, il faudrait que les services de Police et de Gendarmerie prennent systématiquement les plaintes des cyclistes.
Il m'est arrivé par deux fois d'aller "porter plainte" à la Gendarmerie, vidéo à l'appui, pour des mises en dangers indiscutables, mais l'Officier a simplement pris une "main courante" en me disant bien que ça n'ira pas plus loin étant donné que je n'ai pas été renversé ou blessé. Bref, il faut attendre le plus grave pour qu'il y ai action.
Au Royaume-Uni par exemple, une plainte avec une vidéo est toujours prise en compte. En France, on préfère attendre un drame.
Apparemment, le conducteur qui a tué Paul Varry semble avoir l'habitude de prendre des libertés avec le Code de la Route.
Les premiers éléments de l’enquête indiquent qu’il a commis plusieurs infractions au cours du trajet : il a brûlé des feux rouges, emprunté les voies réservées aux bus et frôlé plusieurs cyclistes. Il était déjà connu des services de police, notamment pour des faits d’escroquerie et de violences.
Le comportement délirant de certains cyclistes aussi à revoir
Je ne vais pas me faire que des amis, mais étant cycliste, j'ai aussi constaté de nombreux débordements de la part des cyclistes. Qu'ils soient urbains, mais aussi sportifs.
Même si le non respect des règles de la part des cyclistes n'est pas aussi généralisé que ce que les automobilistes veulent faire croire (ils avancent souvent 90% des cyclistes), il ne faut pas se voiler la face, le comportement de certains cyclistes est à revoir.
Non respect des stops, des passages piétons, non respect des priorités, notamment dans les ronds-point où un groupe pense avoir la priorité dès que le premier cycliste est engagé, obligeant parfois des véhicules régulièrement engagés à s'arrêter dans le giratoire...
J'ai plusieurs fois constaté des groupes de cyclistes en club passer à un feu (permanent ou temporaire pour travaux) alors que j'y étais arrêté depuis plus de 30 secondes et qu'il restait plus de 60 secondes à patienter..... pour parfois aller se retrouver à contresens (avec un feu temporaire mis en place pour travaux) par rapport aux usagers arrivant en face qui avaient de leur côté le feu "vert".
Il y a quelques jours encore, j'étais sur une sortie arrêté à un feu temporaire avec compte à rebours avec un club, tout le monde hormis moi a décollé 20 secondes avant le vert car "toutes les voitures sont déjà arrêtées en face". Pour les autres usagers qui étaient derrière nous, ce sont déjà des cyclistes qui grillent un feu.
Et que dire lorsque je me suis retrouvé avec un jeune cycliste face à moi à contresens dans un rond point alors que j'étais en voiture.... tout ça pour gagner en vitesse sur un KOM !
Dans ces cas, les cyclistes donnent une image pathétique et ne font qu'attiser cette haine déjà très présente dans notre pays envers tous ceux qui se déplacent à vélo, même ceux qui roulent normalement, en respectant code de la route et partage.
Bien sûr, les cyclistes ne sont pas responsables (ou très rarement) de décès, mais ce n'est pas une raison, le code de la route s'applique à tous et on ne peut pas demander aux autres usagers de respecter les distances de sécurité, sas cyclistes ou pistes cyclables si de notre côté, on prend des largesses avec le code quand ça nous arrange.
La Fédération française de cyclotourisme et l’association « Mon vélo est une vie »
Stop aux violences contre les cyclistes !
La Fédération française de cyclotourisme et l’association « Mon vélo est une vie » tiennent à exprimer leurs plus sincères condoléances à la famille et aux proches du jeune homme de 27 ans assassiné par un automobiliste.
Un appel à la responsabilité de tous
Ce meurtre souligne une nouvelle fois l'urgence de renforcer la cohabitation entre tous les usagers de la route et de protéger les cyclistes. L’enquête préliminaire indique que le cycliste circulait dans des conditions normales, respectant le code de la route. Ce nouveau drame s'ajoute à une liste trop longue d'accidents et de violences volontaires contre des cyclistes, et soulève de nombreuses questions sur la sécurité routière en France.
Ça suffit la tuerie sur la route !
Depuis trop d’années, la Fédération française de cyclotourisme et « Mon vélo est une vie » appellent les pouvoirs publics à l’action, resté sans réponse adaptée. Pourtant, nous demandons :
- la prise en compte d’une mise en situation à vélo en circulation réelle pour les futurs conducteurs et pour les collégiens dans les contenus de l'Attestation scolaire de sécurité routière (ASSR) ;
- des mesures réglementaires pour faciliter l'usage du vélo et la compréhension par les usagers motorisés par :
- des panneaux routiers explicites sur la circulation des cyclistes ;
- une réduction de la vitesse autorisée sur certaines routes ;
- une reconnaissance uniforme des voies cyclables par des couleurs spécifiques ;
- des règles claires sur les priorités pour les usagers vulnérables.
La délinquance routière que nous constatons va à l’encontre du développement du vélo voulu par l’État et met en danger l'apprentissage du vélo pour les jeunes dans le cadre du Savoir rouler à vélo, dans nos Écoles françaises de vélo, et pour la remise en selle des adultes.
La Fédération française de cyclotourisme et l’association « Mon vélo est une vie » réitèrent leur appel à un Grenelle de la sécurité pour les cyclistes afin d'avoir l'ensemble des acteurs de la route autour d'une table et discuter de mesures concrètes.
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