Essai du capteur de puissance Pioneer SGY-PM910H2 et compteur SGX-CA500
Par Test matériel - Commentaires : 17 .
le vendredi 18 mars 2016 17:09 -Après les capteurs de puissance Stages Cycling, SRM et des pédales Powertap P1, place à un autre capteur de puissance présent dans les pelotons depuis plusieurs années, le Pioneer SGY-PM910H2, reconnaissable à son pod inséré entre les branches du pédalier Shimano.
Un capteur que je voulais tester depuis fort longtemps et qui intéresse de nombreux cyclistes en raison d'un tarif de "seulement" 1800€ pour le pédalier (avec balance de la puissance gauche / droite) et environ 300€ le compteur.
J'ai donc profité de la présence des pédales Powertap P1, qui ont démontré leur précision et fiabilité face à un SRM (voir ce test) pour voir ce que valait ce capteur, toujours avec l'aide bien sûr du spécialiste du capteur de puissance, Alban Lorenzini de Cycles & Forme.
Présentation
Deux capteurs, un dans chaque manivelle, pour une mesure ultra-précise de l’efficacité de pédalage de chaque jambe : c'est la solution choisie par le Pioneer SGY-PM910H2. Avec une prise de mesure tous les 30 degrés, soit 12 fois par cycle de pédalage.
Ce capteur n'est pour le moment disponible qu'avec les pédaliers FC-9000 et FC-6800 de Shimano. Le pod est ici de couleur rouge, mais un cache de couleur noire est fourni dans le boîte afin d'être plus discret.
Ne comptez pas installer vous même les jauges sur votre pédalier. Il vous faudra faire l'acquisition du pédalier complet chez Pioneer, puisque chaque système est installé et calibré avec précision en fonction des déformations du pédalier.
Ces capteurs, intégrés dans chaque manivelle, viennent mesurer la déformation de la manivelle sous l'action du pédalage, avec une précision de +/- 2%. Le surpoids de ce dispositif est presque dérisoire par rapport à un pédalier classique : 22 g à gauche et 40 g à droite.
La communication avec le compteur vélo s’effectue via ANT+. il est donc compatible avec une très large gamme de compteurs puisque la norme ANT+ est très répandue.
L’alimentation par pile CR2032 offre une autonomie de 180 heures et son remplacement ne nécessite pas de renvoi chez le fabricant. Une simple clé allen permet d'accéder à son emplacement et de la remplacer en moins de 5 minutes.
Quant au montage, il sera aussi simple que pour un pédalier. De même, les opérations de maintenance, comme le calibrage du point ou le remplacement de la pile, sont très rapides.
Fonctionnalités
Ce capteur, associé à son compteur, va plus loin que d'autres capteurs de puissance, puisqu'il ne fait pas que donner la puissance.
Pioneer a développé un outil de perfectionnement pour les coureurs afin d'améliorer plus efficacement leurs capacités. Ce nouveau système permet de s'entraîner en mettant l'accent sur le pédalage, pour obtenir une puissance qui dépasse tous les autres systèmes disponibles.
Tout en roulant, l'efficacité du pédalage et les autres données sont mesurées et affichées en temps réel. Après la sortie, les forces et les faiblesses des coureurs sont analysées par le biais du service de web-analyse Cyclo-Sphere. Les résultats de l'analyse peuvent également donner un retour sur les façons d'améliorer la prochaine session d'entraînement.
Nous verrons plus loin comment tout cela se gère.
Installation
L'installation du capteur Pioneer est relativement simple. Le pédalier et la manivelle gauche se montent comme un pédalier traditionnel.
En revanche, il sera quasi impossible de monter ce capteur sur un vélo équipé d'étriers de freins sous les bases, puisque le boîtier placé à l'intérieur de la manivelle fait que l'ensemble se retrouve très près des bases.
J'ai voulu tester le montage sur un Scott Foil équipé de freins sous les bases, impossible, ça ne passe pas.
Autre opération nécessaire au montage, placer des aimants qui se retrouveront face à chaque manivelle, comme on peut le voir sur ces photos.
L'aimant pour la manivelle gauche.
L'aimant pour la manivelle droite.
Deux épaisseurs sont disponibles, afin de pouvoir placer ces aimants au plus près de la manivelle.
Une fois tout ceci fait, et cela prend moins de 15mn, il ne vous restera plus qu'à appairer le capteur de puissance avec votre compteur ou le compteur Pioneer.
Compteur SGX-CA500
Pour ce test, j'ai aussi bénéficié du compteur maison SGX-CA500. Compatible avec la norme ANT+ et la connectivité Wifi, il peut afficher jusqu'à 100 types de données enregistrées en temps réel.
Par rapport au mastodonte SRM PC8, le compteur Pioneer se veut plutôt compact (58x58x19mm). Son écran LCD monochrome est tactile, mais il propose quand même 4 boutons physiques sur les côtés pour naviguer.
L'autonomie de 12h semble réaliste et la recharge complète via USB se fait en 4 heures.
Les résultats de mesure de puissance et d'angle de force s'affichent ensuite en temps réel sous forme de graphique, permettant une nouvelle approche de l'entraînement en mettant l'accent sur l'amélioration des performances effectives.
Graphique de pédalage, efficacité du pédalage, puissance, distance, vitesse, rythme cardiaque, température, atmosphère, dénivelé, gradient, etc. Plus de 100 types de données mesurables disponibles. Avec 16 formes différentes, les représentations des mesures peuvent être adaptées à l'entraînement, aux courses et à n'importe quelle autre spécialité d'un athlète.
On peut aller jusqu'à 9 données sur l'écran, mais sincèrement, vu la taille de ce dernier, chaque information est trop petite pour être affichée de façon très lisible sur le vélo. Mieux vaut se limiter à 6 données par page. Pour que le compteur reste lisible, il faudra pousser le contraste quasiment à fond.
Côté tactile, sincèrement, peut mieux faire. La sensibilité n'égale pas un SRM PC8 ou même un Garmin, même si le tactile reste fonctionner avec des gants hiver.
L'analyse des vecteurs et couples de torsion sur l'ensemble du tour de pédale m'a paru assez délicat à analyser en temps réel. A moins de travailler spécifiquement sur ce point, il sera plus utile d'analyser tout cela à posteriori.
Très bon point pour la connexion WIFI. Dès que le compteur se reconnecte au réseau WIFI, les données peuvent-être transférées sur le Cloud Cyclo-Sphere.
Protocole de test
Les pédales Powertap P1 ayant fait leurs preuves face au SRM, ces dernières ont pu me servir de capteur étalon pour tester ce Pioneer.
Au cours de chaque sortie, les données du Pioneer étaient enregistrées par le SGX-CA500 tandis que les données des Powertap P1 enregistrées par mon Garmin Edge 1000.
Les différents fichiers ont ensuite été étudiés par Alban Lorenzini via le logiciel WKO4 de TrainingPeaks qui permet de rentrer dans le détail et de faire des analyses comparatives.
Chaque capteur était bien sûr étalonné avec chaque sortie.
Sprints à 1000W, fractionné 30/30 à plus de 350W, tout a été étudié afin de rendre compte de la précision, mais surtout de la constance de la dérive si dérive il y avait.
Résultats
Les tests ont été effectués sur plusieurs sorties, par tous les temps (beau temps comme pluie) et une large gamme de température afin de vérifier que le capteur restait constant malgré les changements de température.
Et ce fut le cas. On peut constater un retard sur les sprints par rapport aux pédales Powertap P1 (1080W de moyenne max pour les P1 contre 990W pour le Pioneer). Mais le Pioneer reste parfaitement constant dans l'écart. A noter que le SRM était lui aussi en retard de la même façon sur ces niveaux de puissance. La réactivité des Powertap P1 fait ici la différence.
Idem sur des séances de fractionnés de 30s. Le Pioneer donne 540W de moyenne contre 570W pour les P1. Mais l'écart reste constant sur toutes les séries.
Du très positif donc pour ce capteur de puissance Pioneer SGY-PM910H2. Car même s'il sous-estime toujours le chiffre de puissance par rapport aux Powertap P1, l'écart va de 0.5 à 3% pour les efforts lissés et contenus à 300W, puis 4/5% vers 450/500W (efforts de 30s) et enfin, 7/8% sur les sprints. Mais on le répète, les écarts sont parfaitement stables, ce qui est bien le plus important. Le Pioneer reste constant dans la dérive, même si plus la puissance est élevée, plus la sous-estimation par rapport aux P1 est grande.
Les P1 sont imbattables pour capter le signal !
Au niveau de la répartition D/G, on voit qu’il détecte de la même façon que les P1 mon déséquilibre.
Durée (s) | Pioneer | Powertap P1 | Ecart (%) |
---|---|---|---|
1 | 1009 | 1085 | 7,00 |
1 | 984 | 1062 | 7,34 |
1 | 980 | 1085 | 9,68 |
1 | 1009 | 1086 | 7,09 |
1 | 942 | 999 | 5,71 |
30 | 580 | 605 | 4,13 |
30 | 539 | 568 | 5,11 |
30 | 479 | 503 | 4,77 |
30 | 550 | 569 | 3,34 |
30 | 508 | 531 | 4,33 |
30 | 567 | 602 | 5,81 |
42 | 403 | 415 | 2,89 |
60 | 298 | 303 | 1,65 |
80 | 320 | 329 | 2,74 |
90 | 329 | 344 | 4,36 |
110 | 305 | 307 | 0,65 |
120 | 276 | 287 | 3,83 |
480 | 261 | 264 | 1,14 |
Voici les graphiques liés à cette analyse, réalisée sous WKO4 de TrainingPeaks.
Cyclo-Sphere
Cyclo-Sphere est la solution de stockage en ligne des données d'entraînement, mais aussi utile pour l'analyse et le partage sur Strava, Twitter, Facebook ou Training Peaks.
Grâce à sa connexion WIFI, le compteur charge les données acquises sur le Cloud afin que les cartes et les graphiques soient disponibles sur le navigateur. Les données des entraînements et des courses peuvent ensuite être analysées.
Autant le dire de suite, il y a encore beaucoup de travail côté ergonomie pour égaler ne serait-ce que Polar ou Garmin.
On croirait une interface en retard de près de 10 ans. Dommage, car le produit en lui-même est vraiment performant et ce site web ne reflète pas du tout la haute technologie du capteur.
Et c'est franchement dommage, car Cyclo-Sphere permet réellement d'analyser sa sortie de façon très pointue.
On peut analyser le couple appliqué aux pédales sur les 12 points du pédalier. On sait si on ne fait que pousser sur les pédales, si on tire aussi, si c'est plus ou moins équilibré, ...
Sur le graphique ci-dessous, on voit clairement que je pousse nettement plus que je ne tire. Je ne fais que soulager la pédaler en remontant la jambe.
Le graphique de pédalage va même encore plus loin puisqu'il montre le calcul des vecteurs moyens basé sur des données séparées pour le pédalage en danseuse et assis. Il est également possible d'afficher les deux simultanément pour les analyser.
Bien sûr, il faudra de solides bases techniques et scientifiques pour tirer partie de toutes ces informations, mais clairement, Pioneer va plus loin que les autres.
Analyse moyenne sur la sortie.
Analyse du pédalage assis sur la selle. Moyenne sur la sortie.
Analyse du pédalage en danseuse. Moyenne sur la sortie.
Bilan
Du tout bon le capteur Pioneer ? Si l'on s'en réfère à l'analyse réalisée par Alban sur mes différentes sorties, aucun doute, ce capteur de puissance fait le job et peut être utilisé sans arrière pensée pour un entraînement de qualité.
Je suis un peu plus mitigé pour le compteur SGX-CA500. Même si ce dernier permet de visualiser en temps réel le couple et les vecteurs de force sur la rotation de pédale, son ergonomie mériterait d'être améliorée.
Idem du côté du service web Cyclo-Sphere, qui mériterait d'être intégralement revu au niveau ergonomie. Les fonctions sont là, les données affichables nombreuses, mais le site offre un aspect vieillot indigne d'un tel outil.
Le confort d'analyse et l'ergonomie générale gagneraient à être revus en profondeur.
A un tarif de "seulement" 1800€, le capteur de puissance Pioneer reste donc une alternative fiable pour qui veut utiliser un pédalier Shimano. Car même si SRM a récemment baissé ses tarifs de plus de 30%, le capteur Pioneer reste moins cher d'un peu plus de 20%, ce qui à ces niveaux de prix, reste non négligeable.
Merci à Alban Lorenzini pour ses analyses.
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