Présentation

Je ne vais pas revenir sur la présentation technique complète de ce Topstone Carbon puisque tout a été écrit dans l'article de présentation de ce vélo que je vous invite à lire ici : Cannondale présente son nouveau Topstone carbon.

Pour l'occasion, j'avais à ma disposition un Topstone Carbon 1 Lefty AXS, qui n'est pas le haut de gamme, mais tout de même un modèle bien doté et surtout, le premier modèle équipé de la fourche Lefty Oliver.

Double système de suspension donc, avec le système arrière KingPin qui permet un débattement de 30 mm au niveau de la selle et 10 mm au niveau de la roue arrière, ainsi que cette Lefty Oliver permettant un débattement de 40 mm.

Une première pour moi, car si j'ai déjà eu affaire à des gravels équipés de système de filtration passifs, c'est la première fois que je vais rouler sur un vélo doté de deux suspensions. Le grand écart par rapport au SuperX et surtout, on arrive pour moi à la limite entre le gravel et le VTT.

Avec son unique bras de fourche à gauche, la Lefty donne une allure très particulière au vélo et à cette vue, on se pose inévitablement la question de la solidité. Mais la Lefty fête son 10 ème anniversaire, et en une décennie, on n'a pas relevé plus de fragilité que sur des fourches traditionnelles. Et ce concept est aussi utilisé sur certaines motos, c'est donc éprouvé.

Une fourche mono-bras et mono-té affichant à peine plus de 1300 grammes sur la balance. Alors oui, ça alourdit toujours plus le vélo qu'une fourche traditionnelle, mais cela devrait permettre d'aller poser ses roues sur des terrains nettement plus hostiles à un gravel. Une fourche qui dispose d'un réglage du rebond isolé de la compression, permettant une large plage de réglages.

Une commande de blocage sur le haut de la fourche permet de la verrouiller pour les portions d’asphalte ou les sprints. Un verrouillage total.

La seule "limite" serait pour les fans de bikepacking. Car si le Topstone Carbon pourrait bien, par son comportement, être une machine parfaite pour aller sur tous les terrains durant plusieurs jours, on se retrouve avec l'impossibilité de fixer des sacoches sur la fourche.

C'est certes une utilisation plus "marginale", mais je tenais à le souligner.

Mais à côté de celà, le Topstone permet de fixer 3 porte-bidons, mais aussi des sacoches un peu partout sur le cadre. A ce niveau, rien à dire, il est possible d'avoir du stockage pour plusieurs jours.

Un plus côté rangement, puisque le Topstone inaugure le système de rangement StashPort, parfaitement intégré dans le tube diagonal du vélo.

Un concept qui n'est pas nouveau, que l'on retrouve de plus en plus sur des vélos gravel et qui pour moi, offre un réel plus. Certes, c'est légèrement plus lourd.... mais pas sûr que ça le soit beaucoup plus qu'une sacoche de selle.

Et là au moins, on libère le dessous de la selle tout en étant sûr de toujours avoir à disposition et bien protégé, le nécessaire de réparation. Chambre à air, démonte pneus, rustines, mèches et même une pompe à main de dimension assez généreuse, tout ce petit monde peut facilement prendre place dans le tube diagonal.

L'épaisseur de certains tubes étonne par leur finesse. C'est notamment le cas du tube supérieur quand il se rapproche de la tige de selle, mais aussi du tube de selle sous la fixation KingPin ainsi que des haubans et des bases. Une finesse voulue, pour permettre à tous ces tubes de pouvoir fléchir légèrement sous la contrainte, ce qui permet le débattement de 30 mm du système KingPin.

Pesé à 10 kg, ce modèle est facturé quelque 6899 €. Alors oui, ça reste un vélo gravel haut de gamme et onéreux, mais à ce prix, vous avez un "tout suspendu".

Equipement

La transmission qui équipe ce modèle est un modèle SRAM Rival AXS, avec un dérailleur arrière GX Eagle qui permet d'encaisser une cassette 12 vitesses 10-52. Elle est ici associée à un plateau de 42 dents.

Des développements passe-partout, qui devraient permettre de s'affranchir de tous les murs, même en étant chargé. Au pire, on pourra toujours opter pour un plateau légèrement plus petit de 40 dents.

On profite du concept AXS, désormais connu. Seuls les leviers sont un peu massifs à mon goût. Quand on a goûté à la compacité des derniers leviers SRAM Red AXS ou les modèles Shimano, les leviers Rival AXS sont plutôt proéminents. Mais c'est une question d'habitude.

Poste de pilotage et tige de selle sont en provenance de chez Cannondale, avec un cintre aluminium Easton EA70 AX offrant un bon flare de 16°. La potence est une Cannondale C1 Conceal elle aussi en aluminium.

C'est du carbone que l'on trouve en revanche du côté de la tige de selle, un modèle SAVE qui participe activement à la filtration grâce à sa capacité de déformation. Le vélo est ici monté avec une selle Fizik Terra Argo X5.

Les roues sont un modèle Reserve, la marque du groupe PON, que l'on trouve aussi chez Cervélo.

Les 40|44 GR présentent une jante avant de 40 mm associée à une jante arrière de 44 mm. Avec une largeur de 27.4mm à l'avant et 27mm à l'arrière, elles sont conçues pour permettre l'utilisation de pneus jusqu'à 50c. Et la paire ne pèse que 1472 grammes.

Si à l'arrière, on retrouve un moyeu DT Swiss 370, à l'avant, fourche Lefty oblige, on a droit à un moyeu Lefty 50. Un moyeu spécifique, asymétrique, pour permettre d'encaisser les contraintes d'une fourche présente sur un seul côté.

Les roues sont ici équipées de pneus WTB Raddler TCS Light, 700x44c, un modèle plutôt conçu pour les terrains meubles où la traction est prioritaire.

Dans les chemins

Au menu, un tour d'un peu plus de 26 km et 420 m de dénivelé mêlant chemins blancs, traversées de vignes, single en forêt dans la boue et bien sûr, un peu de caillasse pour agrémenter le tout, sans oublier du bitume.

Côté réglage de la fourche Lefty, j'ai fait confiance à l'équipe Cannondale qui a réalisé le réglage en fonction de mon poids.

Dès les premiers tours de roues, on change clairement de registre par rapport au SuperX. On s'éloigne de la sensation d'un vélo route, avec du dynamisme à revendre, pour avoir un côté plus soyeux. Mais je m'attendais par contre à plus ressentir le poids, de plus de 10 kg une fois équipé de ses pédales.

Sur la route, le système Kingpin se montre assez transparent, on ne sent aucunement la partie arrière bouger où gaspiller des watts. C'est plus la largeur des pneus qui donne une sensation sur le bitume de moindre avancement. Mais quand on se met en danseuse, on constate que le vélo est tout de même relativement nerveux, avec des accélérations franches. L'association d'un cadre bien conçu avec les roues Reserve 40/44 GR n'y est sans doute pas étranger.

Dès les premières imperfections sur la route et les premiers trous sur les chemins.... on comprend tout l'intérêt de la fourche Lefty Oliver et de la suspension KingPin. On n'évite plus les trous, on fonce droit dedans ! Car oui, 4 cm de débattement à l'avant et 3 cm à l'arrière, ça change tout.

Mais surtout la fourche Lefty Oliver est une vraie fourche. Jusqu'à présent, le seul système de filtration que j'avais utilisé sur un gravel, c'est la potence FutureShock sur un Diverge. Mais le système est placé au-dessus de la douille et n'offre que 20 mm de débattement.

Ici, la fourche Oliver, de type inversé, agit beaucoup plus efficacement avec ses 40 mm de débattement, mais surtout, elle fait que la roue est quasiment toujours en contact avec le sol. Et si j'aime plutôt le côté simple d'un gravel, il faut avouer que l'efficacité de cette fourche sur les terrains accidentés offre à la fois un énorme sentiment de sécurité, mais se révèle aussi autrement plus reposant.

Elle élimine une grande part des vibrations que l'on peut ressentir au cintre d'un gravel habituellement sur les terrains caillouteux. Par rapport à un gravel non suspendu, on ouvre encore le champ des possibles, permettant d'aller taquiner des traces VTT.

Mais c'est surtout le surcroît d'adhérence sur la roue avant qui est notable dans ces conditions. Même sur terrains accidentés, la roue ne quitte quasiment jamais le contact avec le sol. On prend ainsi nettement plus confiance sur les prises d'angles.

Bien que s'éloignant d'un vélo de route, la géométrie permet d'adopter une position très confortable. Attaquer les singles devient une simple formalité. Mais attention, bien que permettant de repousser un peu plus loin les limites, le Topstone ne transformera pas un cycliste au piètre niveau technique sur terrain gras par exemple, en très bon. J'ai pu en faire l'expérience avec une chute sans gravité.

Par contre, sur un terrain sec et très accidenté, on descend plus vite et plus sereinement qu'avec le SuperX, c'est certain !

Bilan

Pour un routier, ce Topstone équipé d'une fourche Lefty pourrait bien ressembler à un OVNI. Pour un vététiste en revanche, ce serait sans doute la meilleure transition pour se tourner vers un vélo gravel, plus performant qu'un VTT sur la route, mais aussi sur tous les terrains pas trop chaotiques.

Oubliez le poids de près de 10 kg, qui est totalement occulté par le dynamisme de l'ensemble, avec un cadre très bien né, rigide juste ce qu'il faut, où il faut, pour se marier avec le système Kingpin et la fourche Oliver.

Alors oui, 6899 €, ce n'est pas donné, mais pour qui veut principalement rouler sur des chemins et ne pas se retrouver limité quand il rencontre des terrains très techniques, le Topstone Carbon offre sans doute le meilleur compromis entre performances, plaisir, confort et sécurité.