Test du Cervélo Aspéro, le gravel polyvalent
Par Test matériel - Commentaires : 4 .
le vendredi 14 mars 2025 07:34 -Plus qu'un test à part entière, c'est une prise en mains, puisque celle-ci a eu lieu dans les environs de Banyoles en Espagne sur une courte distance de 41 km et 550 m de dénivelé.
Mais le circuit était assez diversifié pour se faire une idée du potentiel de ce gravel hautes performances de chez Cervélo. Et c'est bel et bien un véritable gravel qu'a développé ici Cervélo, même s'il reste limité à des pneumatiques jusqu'à 45mm de section. Une section plus qu'honnête pour poser ses roues un peu partout.
Un Aspero qui, comme tout bon Cervélo, se veut rapide, aérodynamique. Ajoutez-y sa géométrie assez racée et on pourrait penser ce gravel assez limité dans son usage. Mais qu'en est-il de ses capacités à aller poser ses roues sur des terrains très accidentés ?
Présentation
Esthétiquement, l'Aspero ne fait pas dans la dentelle et reprend les codes de la marque. Même si c'est un vélo gravel, le vélo se veut aérodynamique, sexy. Mettez-lui des roues de route, avec des pneus de 30 mm, et il ne sera sans doute pas ridicule dans un peloton.
S'il ressemble beaucoup à l'Aspero-5, la version "course" de Cervélo, la géométrie de l'Aspero est légèrement différente, avec des bases plus longues de 5mm et un sloping plus prononcé. De même, l'Aspero-5 utilise une fibre de carbone plus légère. Le cadre est annoncé à 1141g et la fourche 452g en taille 56. Néanmoins, l'Aspero reste un modèle à tendance sportive.
Le tube diagonal est plus fin, pour le rendre un peu plus tolérant et polyvalent. Le passage des câbles est semi-intégré grâce au pivot D shape.
Un pneu de 45 mm peut être monté sur l'Áspero selon les normes ISO. Même si l'Áspero a été conçu pour des pneus de 42 mm avec un dégagement supplémentaire de 3 mm en plus de ce qu'exige la norme ISO, mais si vous êtes du genre optimiste (ou si vos sorties sont généralement sèches), vous pouvez tenter de monter des pneus en 45 mm.
L'Aspero utilise un boîtier de pédalier asymétrique T47a fileté, une solution simple et efficace, qui permet de l'entretenir à la maison, et qui offre les avantages du BBRight sous une forme d'utilisation plus simple.
Moderne, ce vélo adopte une patte UDH qui permet, si on la retire, d'utiliser les tous derniers dérailleurs SRAM T-Type. Au niveau de la fourche, on trouve le système Trail Mixer qui permet de modifier légèrement (5mm) l'empattement du vélo en retournant cette pièce.
De quoi choisir entre un vélo plus dynamique ou plus maniable. Malheureusement, la courte durée de cette prise en mains ne m'aura pas permis de jouer avec ce concept.
Coté fixations, on a uniquement droit à des inserts pour deux portes bidons. Sous le tube diagonal, une protection en plastique vient protéger ce dernier des projections de cailloux.
Au niveau des coloris, vous n'aurez que trois choix. Soit le bleu que j'ai eu en test, une version jaune, mais aussi une version blanche avec logos dorés. Sans doute la version la plus réussie, mais c'est totalement subjectif !
Le vélo testé ici est le haut de gamme, en SRAM Rival AXS avec roues Reserve 40/44, au prix de 5799 €. Côté poids, il faut compter 8.5 kg sans pédales pour ce modèle.
Equipement
La transmission est ici la Rival XPLR AXS, avec monoplateau de 40 dents et cassette 10-44.
Un groupe connu et qui fonctionne bien. Je regrette juste l'ergonomie des poignées quelque peu datée par rapport à la concurrence, encore plus si on compare au tout dernier groupe SRAM Red XPLR AXS.
Mais pour l'heure, c'est le prix à payer pour arriver à proposer un vélo équipé d'une transmission SRAM électronique qui ne fasse pas grimper trop le prix du vélo.
Cintre, potence et tige de selle sont tous siglés Cervélo. Cintre carbone avec un flare de 16°, accompagné d'une potence alu, et pour votre séant, une tige de selle carbone de 27.2 mm équipée d'une selle Prologo Dimension STN. La potence permet de faire router la câblerie avant qu'elle ne disparaisse au niveau du capot de direction.
Du côté des roues, les Reserve 40/44 sont issues du catalogue route. Jante de 40 mm de hauteur à l’avant et 44 mm à l’arrière. Avec une largeur interne de 25,5 mm pour l’avant et 25 mm à l’arrière, leur présence sur un modèle gravel n'est pas étonnante, cette largeur permettant de recevoir aisément des pneus très larges.
Preuve que cet Aspero se destine volontiers à des aventures gravel très rapides plus qu'à des aventures bikepacking. Des roues équipées de moyeux Zipp.
Les pneus sont des WTB Vulpine TCS Light Fast Rolling Dual DNA 60tpi 700x40c.
Sur les chemins
Autour de Banyoles, commune située à quelques encablures de Gérone, tous les types de chemins pour la pratique du gravel sont présents. Des longues pistes bien propres jusqu'aux passages plus techniques en forêts, avec pas mal de cailloux, avec des alternances de passages humides et secs.
Même si la géométrie est légèrement différente d'un pur vélo de route, on retrouve très vite ses marques si on est un "routier" dans l'âme. Avec le buste légèrement porté sur l'avant et j'ai rapidement pris mes marques. Même avec quelques entretoises, l'Aspéro n'est pas outrageusement haut, 133 mm pour cette taille 54.
Une géométrie qui se montre au final plutôt équilibrée, pas si extrême que ce que l'on pourrait penser en le voyant. Il faut dire que le fort sloping trompe un peu l'oeil. Pour le côté gravel "race", il faudra se tourner vers l'Aspero-5.
Du coup, je prends très rapidement une position aéro sur les bouts droits dans les pistes qui permettent de bien rouler. Et clairement, on peut appuyer fort sur les pédales, il en redemande. Parfaitement stable et même dans les virages serrés, la position sur l'avant permet d'être précis dans les appuis. Un caractère sportif que l'on doit aussi aux roues Reserve, qui magnifient encore un peu plus le cadre.
Il en est de même sur bitume où, hormis ses larges pneus et la position un peu plus haute que sur mes vélos de route, je retrouver le même plaisir à rouler. Oui, l'Aspero pourrait être votre vélo tout en un, sans doute très rapide si vous lui mettez des pneus de 33 mm par exemple.
Bien que dénué de tout système de filtration ou d'amortissement passif, le confort et relativement correct, avec des pneus gonflés ici à 2 bars à l'arrière.
Le vélo se montre suffisamment rigide pour des relances énergiques, mais sait ménager son pilote dans les parties les plus accidentées. Mais pour cela, il faudra bien sûr ne pas trop gonfler et ne pas hésiter, pour 72 kg par exemple, à descendre à 1.8 bars à l'arrière.
Dans les parties plus techniques, l'Aspero reste alerte, mais tout de même limité par sa monte pneumatiques parfois. 40 mm pour cet essai, c'était parfois limite, même si ça passe partout. Une petite déchirure sur le pneu arrière provoquant une crevaison prouve que la pression était sans doute un peu élevée pour la partie rocailleuse. Mais une mèche permettra de repartir rapidement.
Fort heureusement, pour ceux qui voudront un peu plus de filtration et de capacité à aller tâter de la rocaille acérée, on pourra monter des pneus de 45 mm et descendre en pression, vers 1.6 bar.
S'il se débrouille bien dans ces conditions plus difficiles, il demandera de l'attention de votre part. L'Aspero est clairement conçu pour aller vite sur les pistes et jouer le chronomètre. Faire lever la poussière et vous dépasser.
Bilan
Sans doute un peu moins aiguisé et exigeant qu'un Aspero-5, cet Aspero joue tout de même dans la cours des gravels nés pour performer.
Si votre but et de participer à des épreuves de masse en gravel en voulant réaliser un chrono, clairement, il saura vous le rendre. Bien sûr, il s'accommodera d'un rythme plus tranquille, comme des balades, mais c'est comme utiliser une supercar pour aller faire ses courses. On peut le faire, mais ce n'est pas conçu pour ça, il y a plus confortable...
Alors oui, à 5799 €, c'est assez onéreux. La marque n'a jamais caché sa volonté d'être positionné sur le haut de gamme. Mais à ce prix, vous avez un vélo paré pour performer, avec notamment des roues Reserve bien conçues.
Crédits photos : Matos Vélo & GruberImages (@jeredgruber et @ashleygruber)
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