Présentation

Esthétiquement, comme beaucoup, je les trouve un peu moins élégantes que des S-Works 7 ou S-Works Vent. Mais à un moment, il faut bien se résoudre, quand on cherche à avoir des chaussures confortables, à faire des concessions sur le style.

La chaussure est donc conçue autour d'un chausson mesh qui est ensuite associé au fameux matériau Dyneema pour rigidifier la tige et apporter le maintient nécessaire au pied pour transmettre la puissance. Un concept qui semble fortement s'inspirer de ce que l'on a pu voir chez Mavic avec les chaussures Mavic Comete Ultimate qui sont conçues elles-aussi autour d'un chausson souple associé à une coque carbone. Une chaussure qui coûtait 1000€ à son lancement et désormais proposée à 700€. De quoi relativiser le tarif de 419.90€ des S-Works Ares.

Mais revenons à la construction de ces dernières. Visuellement, elles sont très différentes du reste de la production, et notamment des S-Works 7 et Vent, avec des disques BOA Li2 situés sur le dessus de la chaussure plutôt que sur le flanc. En combinant le nouveau système de serrage BOA Li2 avec un chausson enveloppant sans languette renforcée en Dyneema, Specialized indique avoir éliminé les tensions et les pressions sur les tendons pour un confort maximal.

Les disques BOA Li2 sont présents sur des "languettes" réalisées en deux parties, l'une venant se superposer sur la première. Le disque du BOA n'a pour fonction que de serrer et gérer le volume sur l'avant du pied.

Le disque Li2 présent sur le haut du pied bénéficie quant à lui d'une structure particulière avec un cheminement triangulaire du câble de serrage aidé par des guides textiles pour éviter tout point de pression même avec un fort serrage.

La languette où est située ce disque BOA Li2 sur le haut du pied part quasiment du talon, au niveau de la malléole externe, pour rejoindre la malléole interne grâce à la seconde partie de cette languette. Une conception qui vise à éliminer la rotation du pied dans la chaussure tout en maintenant le pied contre le talon. Ceci devrait éviter d'avoir à serrer de façon exagérée le disque Li2 du bas du pied, puisque ce dernier ne devrait avoir pour rôle que de gérer le volume de la chaussure à cet endroit.

On note par ailleurs qu'une découpe a été réalisée au niveau de la malléole externe, pour éviter toute blessure à cet endroit.

La chaussure n'est réellement fermée que sur la partie avant du pied. Sur le haut, la structure en Dyneema vient recouvrir ce chausson lors du serrage. Le Dyneema est emprisonné entre les couches synthétiques et TPU afin de créer des zones non extensibles pour une connexion parfaite. Le chausson remonte assez haut sur le cou-de-pied. Grâce à ce système, la marque américaine indique avoir observé une augmentation de 20% de la surface de contact du pied avec la chaussure, ce qui élimine les tensions et les pressions sur les tendons pour un confort maximal..

Au niveau du talon, on retrouve la technologie PadLock qui maintient parfaitement le talon. Ce PadLock est associé à une partie interne plus étroite que sur les S-Works 7 et un rembourrage un peu plus épais. Ceci a pour effet de "pincer" le pied sous la cheville, au niveau du tendon d'achille mais sans aucun point de pression. Il n'est d'ailleurs pas simple de passer le pied à ce niveau, mais une fois la chaussure mise, l'impression de maintien est bien présente, même avec les BOA totalement débrayés.

Contrairement aux modèles EXOS, le but premier de ces Ares n'était pas d'atteindre un poids minimal. Néanmoins, on reste sur une masse très correcte de 253g en taille 43.5 (250g en taille 43). j'ai pu peser les deux versions car j'ai reçu en premier lieu des modèles en 43 qui étaient un peu trop étroites à mon goût bien que parfaites en longueur. J'ai donc opté pour des 43.5. Une fois de plus, je regrette qu'à ce niveau de prix (419.9€), Specialized ne propose pas des déclinaisons "larges" pour convenir à des cyclistes qui comme moi ont un pied large (10cm de large pour 26cm de long). Mais c'est un problème que l'on retrouve chez de nombreuses marques, on en revient à mon article "Les chaussures cyclistes sont-elles trop étroites ?"

On notera donc que ces Ares ne sont pas très larges, même si elles ne sont pas aussi étroites que d'autres marques. Mais pour les pieds larges, il faudra recourir sans doute à une demie-pointure de plus.

Semelles

Les Ares reprennent l'excellente semelle carbone conçue à partir de fibres de carbone Fact Powerline vue sur les S-Works 7 avec un indice de rigidité de 15, soit ce qui se fait de plus rigide chez Specialized. Une unique entrée d'air est présente sur l'avant du pied. Une talonnette à l'arrière vient protéger cette partie lors de la marche. Sur l'avant du pied, on trouve aussi un renfort bienvenu qui protège à la fois cette semelle carbone lorsqu'on pose le pied au sol lors d'un arrêt, mais qui protège aussi le bout du pied. Une protection bienvenue pour protéger aussi la chaussure quand la roue avant vient frotter la chaussure.

Bien sûr, les Ares bénéficient de la technologie Body Geometry, ce qui commence par le calage Varus, une inclinaison de 1,5 mm vers le bord extérieur de la semelle stabilisant l’avant-pied et facilitant l’alignement cheville, genou et hanche. S'ajoutent à cela le support longitudinal de la voute plantaire moulé directement dans les semelles.

Les semelles internes relativement simples d'apparence, intègrent un bouton métatarsien destiné à écarter légèrement les os du pied pour éviter les fourmillements. Une technique connue en podologie, mais le plus important reste d'avoir une chaussure adaptée en termes de largeur. Mais Specialized propose aussi des semelles Body Geometry SL pour ceux qui voudraient un soutien personnalisé de la voûte plantaire longitudinale et des métatarses.

Les écrous de cales en alliage de titane pivotent, ce qui permet de décaler la cale de 5 mm vers l'arrière. Côté tailles, ces Ares sont proposées du 36 au 49 et par demies-tailles du 38.5 au 45.5.

Sur la route

Enfiler les Ares n'est pas aussi aisé que des chaussures traditionnelles, surtout sur les premières fois. En effet, le chausson mesh élastique est très ajusté. Il faut forcer un peu, mais une fois le pied dedans, on sent déjà que le pied est parfaitement maintenu, avant-même d'avoir serré le système BOA.

Un pied maintenu, mais de façon très confortable, sans aucun point de pression, comme si on était dans des chaussons. Mais bon, pour pédaler, il va quand même falloir jouer du BOA Li2. Ce nouveau disque Li2, plus compact que l'IP1, assure un serrage ou un desserrage millimétrique par simple rotation de la molette pour un ajustement précis. Le desserrage demande un peu plus de force que le serrage, ainsi, même en roulant, on ne se pose plus de question, on sait "aux sensations" que l'on serre plus ou pas.

Pour le maintien du pied, seul le disque supérieur est réellement utile, celui situé sur le bas du pied servant à jouer sur le volume du pied. Pour ma part, ayant le pied assez large, je n'ai quasiment pas serré le disque situé sur l'avant.

En effet, le serrage sur l'avant a pour effet de rapprocher deux languettes qui sont piles situées au niveau des métatarses. En serrant trop, on a vite fait d'avoir ces os trop rapprochés, ce qui se traduirait par des fourmillements. C'est d'ailleurs le problème que j'ai eu sur ma première sortie, habitué à serrer fermement mes chaussures. Mieux vaut partir sans quasiment serrer et adapter le réglage au bout de quelques centaines de mètres.

Ici, nul besoin de trop serrer, surtout en bas. Le disque du haut, grâce au cheminement des câbles et la conception des deux languettes, plaque le pied contre le talon, tout en le maintenant latéralement. Sans exagérer sur la tension de serrage, grâce au chausson mesh élastique, on se retrouve avec le pied parfaitement calé sans toutefois avoir la moindre gêne. Bluffant d'efficacité. A tel point que l'on perd pas mal de repères et qu'au fil des sorties, on se prend au jeu de serrer de moins en moins les disques.

Une fois lancé, on constate immédiatement la rigidité de la semelle des Ares et la parfaite connexion avec les pédales. Comme si les chaussures étaient véritablement soudées aux pédales. Mais cela ne s'arrête pas là.

C'est bien le confort général qui brille et dénote avec toutes les chaussures que j'ai pu tester avant. Une sensation assez bizarre au début et je me demande ce que cela peut donner sur des sprints, en l'absence de languette. Mais même en tirant très fort sur les pédales, que ce soit sur des bosses passées en force ou des sprints, le pied reste parfaitement maintenu. Que ce soit verticalement ou latéralement, le pied est parfaitement calé et ce, sans que cela ne se fasse "sous contrainte".

J'ai ainsi pu obtenir un excellent équilibre entre un avant du pied relativement libre pour ne pas trop rapprocher les métatarses, mais tout en ayant le reste du pied parfaitement en place. Reste que j'aurai vraiment aimé une version 43 "large", qui aurait à mon avis été plus adaptée à mes pieds.

Rien à dire côté rigidité, les Ares ont été conçues par et pour les sprinteurs et sur ce point, peu de cyclistes doivent pouvoir arriver à la limite de cette semelle. Une rigidité qui n'est pas "parasitée" par une tige qui peut semble, au premier abord, trop souple. Non, le pied est parfaitement maintenu, comme dans une coque rigide, mais avec le confort d'un chausson. Ce n'est pas du vent, ni un discours marketing, Specialized a réussi un joli tour au niveau ergonomique.

Testées jusqu'à 20°C, la ventilation est plutôt bonne, ce qui sera à confirmer lors de températures plus estivales. Cette version noire n'est sans doute pas la plus désirable (je préfère de mon côté la blanche), mais elle a l'avantage de se nettoyer facilement et sa partie mesh noire craindra nettement moins les sorties sous la pluie ou les taches d'huile.

Bilan

Affichées 419.90€, ces S-Works Ares sont chères. Mais elles apportent à la fois confort, maintient parfait du pied et rigidité de haut niveau. Une chaussure qui ravira les professionnels, mais aussi les cyclosportifs qui veulent concilier confort et transfert de puissance. A croire que Specialized a réussi à concilier l'inconciliable, puisque jusqu'à présent, il fallait opter soit pour la rigidité en délaissant un peu le confort, soit le contraire.

Les Ares sont tout aussi rigides et performantes que les S-Works 7, mais un ou deux crans au-dessus en termes de confort.

Mais à ce prix, je regrette que la marque ne propose pas de version "large". Oui, je l'ai déjà indiqué et je le répète, c'est vraiment dommage pour un produit qui se veut parfaitement "ergonomique" de devoir passer à une demie-pointure au-dessus pour avoir la bonne largeur et se retrouver avec une chaussure trop longue de près d'un centimètre. Et je sais que je ne suis pas le seul à avoir des pieds assez larges.

C'est bien là son seul défaut pour moi... allez, s'il vous plaît, encore un petit effort et cela sera parfait (sauf le tarif, mais à la hauteur des prestations !).