Tour de France 2014 - Jour de repos sauf pour les mécanos
Par Technique - Commentaires : 9 .
le mercredi 23 juillet 2014 13:44 -Tous les grands Tours sont composés de deux jours de repos. Des jours de repos appréciés par les coureurs qui vont tout de même rouler entre 1h et 1h30 pour continuer à tourner les jambes et faire de la récupération active.
Mais s'il en est pour qui les journées de repos n'en sont pas vraiment, ce sont les mécaniciens de ces équipes professionnelles. Notamment sur la seconde journée de repos où les vélos ont déjà parcouru près de 2500kms et ont donc droit à un entretien complet.
J'ai pu faire le tour des différentes équipes sur la journée de repos de Carcassonne.
Voici ce que j'ai pu y voir.
Nettoyage et remise en état
Je ne sais pas si la première journée de repos, qui intervient au bout de 10 étapes et 1800kms est du même acabit pour les mécaniciens des équipes professionnelles engagées sur le Tour de France.
Mais cette seconde journée intervient après 15 étapes et 2800kms de course. Il est donc temps de réviser entièrement les vélos pour la dernière ligne droite qui mènera les coureurs sur les Champs après 3 grosses étapes dans les Pyrénées.
Les mécaniciens ne souffleront donc pas en ce 21 juillet.
Bien entendu, tous les vélos sont nettoyés intégralement. Mais ça, c'est le cas tous les jours.
Un nettoyage qui se fait "à la chaine" puisque un mécanicien est chargé du nettoyage avec produit nettoyant, brosse, éponge et karcher.
Ensuite, un second mécanicien prend le relais sur le vélo propre pour le sécher avec de l'air comprimer et un chiffon et lubrifier tout ce qui doit l'être.
Ça ne s'arrête pas là puisque c'est aussi le moment de changer les câbles de freins et la chaîne. Plus par sécurité pour les câbles que par réel besoin, mais on ne badine pas avec la sécurité des coureurs qui vont dévaler les cols à près de 100km/h.
Après deux semaines, certains rubans de cintre ont besoin d'être changés.
Dévoilage des roues et changement des boyaux
Les roues ont aussi droit à un dévoilage complet. Même si les roues modernes montées entièrement en usine sont beaucoup moins sujettes au voile, cette opération n'a pas totalement disparue.
A gauche, Pascal Ridel, mécano chez Saxo-Tinkoff, à l’œuvre pour remettre une roue en parfait état de fonctionnement.
Une opération compliquée pour quelqu'un comme moi mais qui dure à peine 2 minutes pour quelqu'un d'expérimenté comme Pascal. Le geste est rapide et précis.
Après 2800kms, les roues qui ont le plus roulé ont leurs boyaux assez usés, il est donc temps de tous les remplacer. La journée de repos permettra un bon séchage de la colle.
Pour certains boyaux, pas besoin d'une inspection minutieuse pour voir qu'ils sont HS !
Avant de coller les nouveaux boyaux, il faut enlever le surplus de colle sur les jantes. Chez Giant Shimano, on n'y va pas par 4 chemins. On fait tourner la roue et la lame de cutter se charge de supprimer la colle !
Il ne reste plus qu'à appliquer ensuite la colle et encoller le boyau. Et comme à deux, c'est toujours mieux, un se charge de mettre la colle à boyau au pinceau tandis que le second met en place le boyau sur la jante. Une opération très rapide pour Pascal Ridel qui changera des dizaines de boyaux ce jour là.
Ce n'est pas le choix qui manque du côté des roues. Roues à pneus (pour l'entraînement et les sorties le jour de repos) et roues à boyaux de tous profils sont à disposition dans le bus. Plus de 120 roues dans le camion dédié à la mécanique.
Même s'il y a beaucoup de travail en ce jour de repos des coureurs, les mécaniciens sont de bonne humeur. Moins de pression, car ils ont toute la journée pour travailler.
Stigmates des chutes
Certains périphériques portent les stigmates des différentes chutes intervenues au cours des étapes. Mais même chez les coureurs professionnels, ce n'est pas parce-qu'un composant comme un dérailleur ou des poignées sont profondément marquées qu'on les change.
Avec l'avènement des groupes électroniques, chaque pièce coûte très chère et n'est remplacée que si elle pose un problème de fonctionnement.
Preuve aussi que même sacrément amoché, un groupe électronique continue de bien fonctionner.
Ce ne sont pas quelques éraflures qui vont empêcher les coureurs de changer les vitesses !
Des pièces qui iront probablement sur un vélo de secours.
Campagnolo reprogramme ses groupes EPS
Vu chez Europcar, deux techniciens Campagnolo venant directement d'Italie et au service des différentes équipes sponsorisées par la marque italienne.
Le temps pour eux de réaliser un diagnostic et de reprogrammer certains groupes EPS, encore rares dans le peloton. De nombreux coureurs, comme Thomas Voeckler, préfèrent encore utiliser la version mécanique plutôt que l'électronique. Tout le contraire de chez Shimano où le groupe Di2 est largement majoritaire.
Divers
Chaque chose à sa place et bien rangée. Chez Saxo Tinkoff, chaque mécanicien a sa propre mallette d'outillage et son propre pied d'atelier marqué de son nom.
Chaque mécanicien tient à sa mallette comme à la prunelle de ses yeux. Sans elle, impossible de travailler correctement.
Chez Katusha, un mécanicien en train de travailler sur des patins de freins au cutter.
J'ai tout d'abord pensé qu'il enlevait de possibles incrustations (cailloux ou autre) dans la gomme ou retaillait la structure pour une meilleure évacuation de l'eau.
Mais non, il agrandissait simplement le trou dans lequel vient se loger la vis évitant au patin de sortir seul !
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