Ma mise en place sur les courses

Je m'aperçois que depuis des années que je fais cela, je ne vous ai jamais raconté comment je travaille sur les courses.

Ma mise en place sur les départs des étapes se fait environ 2 heures avant le départ de l'étape. C'est en fait entre 1h30 et 2h avant le départ fictif que les bus arrivent sur la zone qui leur est attribuée.

Etant accrédité par ASO, j'ai certaines facilités, comme un parking presse à proximité du départ et un accès libre là où le public ne peut aller. Cela est précieux et aide beaucoup pour travailler dans de meilleures conditions.

Je me positionne donc au niveau du parking bus des équipes, qui est souvent placé quelques centaines de mètres avant la ligne de départ. Suivant la configuration, cette zone peut être très compacte (si un grand parking est disponible) ou alors, les bus se garent sur une longue avenue. Sur les deux premières étapes cette année, il y avait près de 1 kilomètre entre le premier et le dernier bus.

Le soir, c'est direction les hôtels. Il faut faire des choix en fonction des éventuelles nouveautés, car les hôtels peuvent être espacés de plusieurs dizaines voire de 100 km. Le plus dur est d'arriver à avoir la liste des hôtels, mais heureusement, j'ai désormais une personne bien placée qui me la fournit !

Arrivé aux hôtels, l'attente commence. Si des mécaniciens sont déjà là, l'occasion de pouvoir discuter un peu avant l'arrivée des voitures courses, des coureurs et de leurs vélos. Suivant la distance entre l'arrivée et les hôtels, il peut se passer plus de 2 heures avant que les voitures n'arrivent.Cette année, sur Clermont-Ferrand, un gros orage m'a obligé à attendre un peu dans la voiture. Fort heureusement, la pluie a cessé à l'arrivée des premières voitures. C'est quand même plus pratique pour faire des photos.

Bon, place au matériel maintenant.

Disques soumis à fortes contraintes...

Désormais incontournables dans le peloton. Sur ces deux clichés, on voit que ces derniers sont soumis à de très fortes contraintes et peuvent être amenés à monter énormément en température.

...dévoilage obligatoire

Conséquence directe de ces contraintes, les mécaniciens sont amenés à dévoiler les disques le soir pour éviter tout frottement. Ici, c'est le dévoileur de disque vélo Park Tool DT-2 (22.95 €) qui est utilisé. Un outil quasi indispensable pour tout possesseur de vélos avec freins à disques qui roule souvent à la montagne.

Le 28 mm en passe de devenir la norme

J'ai vécu il y a quelques années la transition des boyaux 23 vers 25/26 mm, désormais, clairement, le 28 mm devient majoritaire, en version tubeless.

Un accroissement de section engendré avant tout par l'élargissement des jantes hautes qui sont ainsi encore plus aérodynamiques et stables en cas de vent.

Mais cette largeur semble être aussi de plus en plus "l'optimum" en termes de rendement sur la route tout en améliorant la filtration sur des vélos hyper rigides. Une filtration bienvenue pour le confort des coureurs qui passent des heures sur la selle tous les jours.

Seuls quelques coureurs restent en 25 ou 26 mm, comme chez les équipes Cofidis avec les boyaux Michelin Power Cup 25 mm ou les équipes sponsorisées par Specialized qui restent fidèles aux gommes 26 mm de la marque.

Des pressions ajustées avec soin

Tous les matins, c'est le même cérémonial, les mécaniciens ajustent les pressions des pneus avec soin. Si dans le temps, tout le monde ou presque partait avec 8 bars et les mécaniciens utilisaient des pompes à pied, désormais, ces derniers utilisent des pompes électriques portatives.

Comme le compresseur Poggio R180 que j'avais pu tester et que j'utilise toujours qui est utilisé dans plusieurs équipes comme Groupama-FDJ ou Astana.

Mais chaque équipe y va de son modèle.

Mais ce qui a le plus changé, c'est l'adaptation des pressions pour chaque coureur. Comme on peut le voir ci-dessous, chaque coureur a ses propres pressions (ici bien souvent pour des sections de 28 ou 30 mm) à 0.1 bar près. Des pressions obtenues après de nombreux tests et des échanges avec les marques de pneus.

Groupama-FDJ va encore plus loin en ayant des pressions pour temps sec et par temps de pluie. Comme vous pouvez le voir, même un coureur comme Matthieu Ladagnous qui pèse 73 kg n'atteint pas les 6 bars et beaucoup de coureurs sont sous les 5 bars chez INEOS Grenadier ou encore UAE.

Le tubeless majoritaire, mais les pneus avec chambres et boyaux sont encore là

En quelques années, le tubeless a supplanté le légendaire boyau. C'est désormais chose acquise, le tubeless est majoritaire, même si quelques coureurs -de plus en plus rares - conservent encore leur amour pour les boyaux.

Chose paradoxale, c'est chez les équipes dont Specialized est partenaire que l'on retrouve le plus de roues montées avec chambres à air. Et pourtant, Roval a récemment sorti ses Alpinist et Rapide en version tubeless, mais même sur ces modèles, des tubeless sont montés avec des chambres à air parfois !

Au moindre doute, on change !

Chaque soir, les mécaniciens inspectent minutieusement la chape de chaque pneu, qu'il soit avec chambre, en tubeless ou un boyau.

Les petits silex sont retirés un à un avec une petite pointe et au moindre doute, le pneu est changé par un neuf.

Si par le passé, certains amateurs fouinaient dans les poubelles auprès des bus pour récolter des boyaux crevés afin de les réparer, ce temps est révolu. Désormais, les Service Course des équipes récupèrent tous les pneus / boyaux crevés ou usés afin de les analyser ou de les renvoyer au fabricant qui aura ainsi une grosse base leur permettant d'étudier et faire évoluer leurs pneus. Les moins abîmés serviront aux coureurs pour les entraînements.

Cela impose aux mécaniciens une nouvelle tâche avec les tubeless, leur nettoyage pour retirer tout le préventif.

Visseuse dévisseuse électrique, mais du manuel en secours

Avec l'avènement des axes traversants, c'est devenu l'outil incontournable pour agir rapidement. Mais il arrive parfois que la visseuse n'arrive pas à dévisser un axe qui aurait été trop serré. Le couple est insuffisant.

Pour éviter tout problème, certains mécaniciens fixent une bonne vieille clé hexagonale sur la visseuse.... pour tout avoir sous la main et gagner de précieuses secondes.

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