Présentation

Difficile donc de "positionner" ce Soloist dans la gamme Cervélo. Un mix entre un Caledonia et un R5 ? Peut-être. Toujours est il qu'il adopte un profil proche d'un Caledonia-5, le vélo endurance de la marque, mais avec une tube de selle largement plus travaillé au niveau du passage de roues. De même, ce Soloist profite d'une tige de selle aérodynamique.

Le tube supérieur semble un peu plus fin, contrairement au tube diagonal qui semble clairement s'inspirer du R5. La fourche vient parfaitement s'intégrer avec la douille de direction et ce tube diagonal. Sans surprise, la câblerie est intégrée pour offrir une ligne fluide. Pas de cockpit complexe ici, les câbles sont fixés sous la potence avant de s'insérer dans la douille de direction au moyen d'une entrée réalisée spécifiquement.

Voilà une bonne nouvelle pour ceux qui voudraient monter leur propre cintre. On remarque à ce niveau la douille caractéristique des Cervélo, avec une forme de sablier très prononcée.

Les haubans rabaissés rappellent s'il en était besoin que ce Soloist se veut être doté d'un tempérament dynamique. Un vélo aérodynamique aussi, avec son tube diagonal tronqué, sa douille de direction fine et son tube supérieur plat.

Le serrage de selle se fait via un système intégré sur le tube supérieur et caché par un plastique souple. Ce n'est clairement pas le type de cache le plus harmonieux, encore que sur un vélo noir, ça passe, mais c'est sans doute la solution la plus fiable.

Certaines marques ont tenté des caches rigides, voire peints, mais ces derniers ont tendance à ne pas bien tenir et on finit par les perdre, ce qui est au final encore moins esthétique.

La tige de selle est un modèle aérodynamique tout nouveau, qui change littéralement du Caledonia-5 sans être aussi large que celle du S5. Un entre-deux en forme de D pour offrir une meilleure pénétration dans l'air au Soloist.

Si sur les photos, ce Soloist semble noir, il est en réalité livré dans un coloris métallisé dont les reflets sont très visibles au soleil.

Côté poids, ce Cervélo Soloist, ici équipé d'une transmission Shimano Ultegra 12 vitesses et de roues Reserve, pèse 7.7kg en taille M. Une masse dans la moyenne des vélos de cette gamme.

Equipement

Avec son positionnement tarifaire qui se veut plus accessible qu'un S5 ou R5, Cervélo a fait le choix de ne pas proposer de groupes très haut de gamme sur ce Soloist, à savoir, pas de Shimano Dura-Ace ou de SRAM Red. Le modèle essayé ici en Shimano Ultegra Di2 12 vitesses fait donc partie du haut de gamme sur ce modèle.

Le Shimano Ultegra Di2 12 vitesses de dernière génération, dont vous pouvez retrouver l'essai ici, n'a rien à envier à son grand frère Dura-Ace, si ce n'est qu'il est légèrement plus lourd. Un groupe connu désormais, qui fonctionne à merveille tout en offrant de nettes améliorations par rapport à la génération précédente, notamment au niveau du freinage. Un freinage qui est ici dévolu à deux disques de 160 mm. Curieux pour un vélo "coursier" où un disque arrière de 140 aurait largement suffit.

Côté braquets, Cervélo a opté pour un couple de plateaux 52/36 avec une cassette 11-30. De quoi monter la plupart des bosses. Ceux qui trouveront cela un peu juste pour enchaîner des cols pourront toujours acheter une cassette 11-34 supplémentaire.

Côté poste de pilotage, une potence et un cintre tous deux en aluminium. Une potence basique associée à un cintre légèrement travaillé au niveau de sa forme en partie supérieure pour une meilleure prise en mains.

A noter que Cervélo fournit avec son cintre un support compteur spécifique qui permet un parfait positionnement de ce dernier. Mais si jamais vous préférez un autre support, le cintre est rond au niveau de la fixation avec la potence et permet donc d'y fixer n'importe quel autre support. De même, comme le pivot est le même que sur un R5 ou Calédonia 5 il est possible de changer l'ensemble cintre/potence pour un tout intégré, on y perd un peu en polyvalence ce que l'on gagne d'un autre côté. 

La tige de selle en carbone est donc spécifique, comme j'en ai parlé plus haut. Une tige de selle qui permet un réglage facile de l'inclinaison de la selle, ce qui n'est pas le cas sur tous les vélos. LE vélo est ici équipé d'une Selle Italia SLR Boost.

Les roues sont des Reserve, la marque de roues de chez Cervélo. Ici, une roue de 40 mm de haut à l'avant et 44 mm à l'arrière. Les Reserve 40|44 sont donc des roues plutôt polyvalentes, avec un profil pas trop haut. Elles sont annoncées à environ 1400 grammes la paire en fonction des moyeux choisis.

En effet, vous pouvez sur le site officiel choisir des moyeux DT 350, 240 ou 180. Rien de tout ça sur mon vélo d'essai, puisque les jantes Reserve étaient montées avec des moyeux Zipp. Car Reserve offre aussi la possibilité de commander les jantes seules, 410 grammes en 40 et 435 g en 44 mm de haut.

Des jantes assez larges avec 25.5 interne et 33 mm externe pour la jante avant, 25 interne et 31 mm externe pour la jante arrière. Une largeur qui explique en partie pourquoi les pneus tubeless Vittoria Rubino Pro Graphene 2.0 de 28 mm de section mesurent en réalité 31 mm à 4.5 bars. Fort heureusement, le Soloist est généreux au niveau des dégagements de pneus et ça passe largement.

Sur la route

Malgré un évident positionnement "course", ce qui transparaît le plus dès les premiers tours de roues, c'est plutôt le confort plus que le dynamisme.

Un confort à mettre à l'actif des pneus Rubino Pro qui, s'ils ne sont pas les plus sportifs, offrent ici une section réelle de 31 mm. Gonflés à 4.3 bars, ils filtrent la moindre aspérité de la route. En revanche, ils pêchent pas leur dynamisme. Un rendement moyen et surtout, une grosse section qui se ressent au fur et à mesure que l'on accélère, la surface frontale faisant son oeuvre.

Bon, on va dire que cet essai commence moyennement, mais j'ai volontairement commencé par le défaut de ce vélo. Cette monte pneumatique moyenne et surtout trop large à mon goût. Des pneus de 25 mm suffiront, d'autant qu'ils mesureront sans aucun doute près de 28 mm sur ces roues.

Ce Soloist fait preuve d'un bel équilibre entre confort et dynamisme. Un vélo rigide, que l'on peut bousculer et sur lequel il sera difficile pour un cyclosportif moyen d'atteindre les limites. Aussi bien au niveau de la boîte de pédalier que de la douille de direction, c'est rigide.

Lancer un sprint à son guidon est un véritable régal et même les roues font preuve d'une belle rigidité. Gonflés à 4.5 bars, les pneus ne souffrent pas de l'effet de pompage. Dans les bosses, le Soloist se montre plutôt "neutre". Pas incisif en montées, mais pas pénalisant non plus, un juste milieu. On va dire qu'il faudra tout de même avoir des watts pour en tirer toute la quintessence, le Soloist reste un vélo de coursier. Il est plus à l'aise sur les montées au train que pour placer des attaques décisives. La géométrie qui favorise la stabilité ne lui donne pas ce côté nerveux.

Il en est de même dans les descentes où son comportement sûr est sans mauvaise surprise, même pour les mauvais descendeurs qui ne seront pas surpris par un placement hasardeux ou des réactions trop vives. D'autant que les freins, avec deux disques de 160 mm, assurent des freinages puissants et endurants.

Attention par contre sur les descentes techniques, ceux qui veulent aller chercher les limites seront sans doute quelque peu déçus par les Rubino Pro qui donnent la sensation de ne pas offrir un grip extraordinaire sur les grosses prises d'angles et encore plus sur le mouillé.

Si les roues se montrent très rigides, je les ai en revanche trouvées assez sensibles en cas de rafales de vent, notamment quand on croise des camions ou que l'on est surpris par une rafale à la sortir d'une zone abrîtée. Malgré un profil pas très haut (40 à l'avant et 44 mm à l'arrière), elles m'ont semblé assez vives dans ce cas, obligeant à sérieusement maintenir le cintre.

Pour aller plus loin dans cet essai, je me suis concocté une sortie montagne, avec un menu corsé enchaînant le col des Ares, le Portet d'Aspet et enfin, le Menté.

1800 m de D+ pour 62 kilomètres, voilà de quoi tester les qualités de grimpeur de ce Soloist (malgré un testeur pas du tout à l'aise dans cet exercice) ainsi que ses aptitudes dans les descentes techniques et à haute vitesse.

La neutralité du Soloist se retrouve aussi dans les forts pourcentages, comme ceux qu'offre par exemple le Portet d'Aspet avec des passages à plus de 12% assez récurrents. Le 36x30 n'est pas de trop, loin de là, mais me permet tout de même de me hisser au sommet sans encombres. Sur ces routes pyrénéennes parfois en mauvais état, les pneumatiques tubeless de 31 mm font merveille et permettent de ne pas subir la route en plus de subir la pente.

Dans la descente du Portet d'Aspet, qui se fait en forêt, la route est humide et je fais attention, mais les pneus ne me posent aucun souci. Vient enfin la montée du Menté. Avec la fatigue, pas de miracle, je grimpe lentement, le vélo ne me transforme pas en grimpeur, mais je n'ai pas l'impression que le vélo devienne inerte malgré le rythme lent.

Dans la descente vers Saint Béat, totalement sèche et mêlant portions techniques sur le haut et parties très rapides sur le bas, le Soloist permet de prendre des trajectoires très précises avec pas mal d'angles, même si les pneus m'ont toujours semblé un peu limites en accroche si on se penche beaucoup.

Les freins sont puissants et endurants et comme toujours avec cette nouvelle génération, aucun bruit parasite ne se fait entendre longuement. Même sur de gros freinages, si bruit il y a, ça dure 30 m, guère plus et cela m'est arrivé seulement après une succession d'épingles où l'on arrive à plus de 60 km/h.

Le disque de 160 mm à l'arrière est sans doute de trop pour moi. Un 140 mm aurait suffit pour mon cas, je me suis surpris à bloquer la roue arrière sur un freinage appuyé, chose qui ne m'arrive jamais. Mais ce n'est pas un gros défaut, et nul besoin de changer de suite après achat, cela pourra largement attendre l'usure complète du disque. Cela aura par contre le mérite de rassurer les plus gros gabarits.

Le vent régulier ne m'a en revanche posé aucun problème de stabilité, même à 70 km/h, le vélo file droit et dans un total confort.

Bilan

Difficile pour moi de comparer ce Soloist à un R5 ou un S5, vélos que je n'ai jamais essayé. Mais ce Soloist semble avoir trouvé le juste milieu entre un cadre aéro et un vélo léger pour la montagne, sans se montrer ni trop lourd, ni trop pointu à piloter.

Reste son tarif de 7899 €. S'il se situe certes dans la moyenne des vélos haut de gamme actuels équipés en Ultegra Di2, on aurait aimé qu'à ce tarif, on puisse bénéficier d'un cintre carbone par exemple et surtout, de pneus plus en adéquation avec le potentiel de ce vélo.

Des pneus plus haut de gamme en 25 ou 26 mm sont à mon avis nettement plus pertinents sur ce Soloist, ces Rubino Pro 28 mm pourront par contre faire l'affaire pour aller affronter les pavés ou des chemins blancs !

Photos : Matos Vélo - Sonam.cc