Présentation

Si les vélos gravel se scindent principalement en deux catégories, ceux de compétition et ceux typés exploration, ce Forçat fait partie de cette seconde. Un vélo conçu avant tout pour se faire plaisir, découvrir des chemins voire partir sur plusieurs jours en mode bikepacking, tout en étant performant, grâce à une construction basée sur des tubes Columbus Spirit HSS et une fourche Futura SLX que ne renieraient pas les meilleurs vélos de route acier.

J'ai pu tester ce Forçat dans sa version Campagnolo Ekar avec roues Fulcrum Rapid Red 3, une version à 4990€. Au premier abord, c'est cher, mais n'oublions pas que nous sommes en présence d'un vélo acier artisanal, construit dans les ateliers Cyfac avec tout le soin et l'expertise du fabricant français. Pas moins de 16 coloris sont disponibles, il est ici présenté en version gris paname.

J'ai pesé cette version à 9.6kg, pas mal du tout pour un vélo acier équipé de pneus de 40mm de section. Légèreté ne rime pas toujours avec maximum de plaisir en gravel (sur la route aussi d'ailleurs).

Passage interne des câbles, nombreux points de fixations pour garde-boues, sacoches et autres accessoires, rien n'est oublié sur ce Forçat. A côté de ça, le vélo est construit de façon "simple", avec une tige de selle ronde à serrage par collier et un boîtier de pédalier fileté BSC68, de quoi assurer une maintenance simple partout dans le monde. On notera la beauté des entrées et sorties de câbles, notamment sous la boîte de pédalier, un véritable chef d'oeuvre !

De même, toutes les soudures sont polies, ce qui explique qu'il faut 15 heures pour construire un tel cadre... et justifie son prix. Ce cadre est soudo-brasé et traité antirouille par cataphorèse pour en assurer la longévité.

La conception assure un espacement suffisant pour monter des pneus jusqu'à 47mm de section. Le vélo est ici testé en taille M, équivalent à une taille 56, avec une douille assez haute et des angles qui promettent une belle polyvalence. Hormis les gros pneus et les disques, on se croirait devant un vélo des années 80.

Equipement

Pour cette version Dilecta a fait le choix d'une transmission Campagnolo Ekar, un groupe spécialement conçu pour le gravel, avec un monoplateau et une cassette munie de 13 pignons. Une transmission déjà connue que j'ai pu tester ici.

Un unique plateau de 40 dents, associé à une cassette 9-42, étagée comme ceci : 9-10-11-12-13-14-16-18-21-25-30-36-42

Des sauts de dentures inévitables pour que le vélo puisse être utilisable aussi bien à grande vitesse sur route (40x9 équivaut à 53x12), mais permette aussi de passer de forts pourcentages. Le monoplateau permet en revanche de ne pas à avoir à gérer deux leviers. On gère uniquement le changement des pignons. Des changements qui se font via une nouvelle gâchette située sur la cocotte, avec une forme particulière, mais très appréciable en mode gravel, qui permet de la manipuler facilement aussi bien mains sur les cocottes que mains dans le creux du cintre et ce, même sur les terrains très accidentés.

Pour le freinage, on trouve des disques de 160 et 140mm, pincés par des étriers dont la réputation n'est plus à faire en termes de silence de fonctionnement et d'efficacité.

Les roues Fulcrum Rapid Red 3 sont équipées de pneus Hutchinson Touareg de 40mm de section. Des roues entièrement en aluminium qui se caractérisent par une jante usinée CNC pour alléger son poids et par un canal interne de 24 mm qui la rend parfaite pour les cadres les plus modernes avec des passages de roue généreux. La structure 2-Way Fit Ready permet d'installer à la fois un pneu tubeless et une chambre à air, assurant une large compatibilité avec les différents types de pneus sur le marché. Des roues annoncées à 1740g la paire. On trouve certes plus léger, mais ces Fulcrum devraient se montrer polyvalentes et très solides.

Les pneus Hutchinson Touareg possèdent une carcasse 127 TPI Tubeless Ready inspiré des pneus route Fusion 5, associée à une couche de protection grille textile Hardskin de tringle à tringle, pour un pneu durable et résistant aux coupures tout en étant réactif, même à basse pression. Le Touareg est conçu pour profiter pleinement de chaque instant hors des sentiers battus tout en conservant un très bon rendement sur la route. La section de 40mm devrait se montrer limite dans les passages les plus accidentés, mais devrait en revanche offrir une belle polyvalence, notamment pour ceux qui veulent mixer chemins et bitume.

Pour le reste des périphériques, Dilecta a fait le choix de produits de chez Deda, réputés pour leur sérieux, associant masse contenue et prix bien placé.

On retrouve ainsi une tige de selle Deda Zero 100, une potence Zero ainsi qu'un cintre Deda Gravel 100 qui bénéficie d'un flare de 12 ° qui offre plus de stabilité. Un angle relativement léger par rapport à d'autres cintres gravel.

La selle est ici une Brooks C13, mais le vélo complet est monté d'origine avec une Selle Iltalia SLR Gravel Boost. Voilà qui permet d'arriver à un poids assez contenu de 9.6kg pour ce gravel en acier.

D'autres montages sont proposés ici, basés soit sur des transmissions Shimano GRX, soit toujours du Campagnolo Ekar mais avec des roues Shamal Carbon. Si vous souhaitez un autre montage, il faudra passer par la case kit cadre à 2490€.

Sur les chemins

J'ai testé ce Dilecta Forçat sur mes chemins de prédilection, dans le Frontonnais, avec des chemins parfois tout juste caillouteux, mais avec des passages en forêt parfois plus cassants. Et sur quelques sorties, la boue argileuse s'en est aussi mêlée, de quoi mettre à mal les pneumatiques.

Mais avant de passer sur les chemins, un mot sur le comportement de ce Forçat sur du bitume. Le cadre est rigide et ne laisse transparaître aucune déperdition d'énergie. Par rapport à un vélo de route, seul le volume des pneus le rend plus "pompeux" quand on est en danseuse et laisse apparaître une légère perte de rendement qui s'accroît avec la vitesse. Forcément, des pneus de 40mm offrent plus de prise au vent que des 28mm. Mais les Touareg s'en sortent pourtant bien avec des crampons qui assurent un bon rendement, même en étant gonflé à 2 bars, on retrouve un comportement proche de certains vélos de route "endurance".

Côté braquets, on utilisera surtout les pignons à partir du milieu de la cassette jusqu'en bas, sans être gêné donc pas d'importantes différences dentures. Le poids du vélo n'est pas ressenti négativement et le confort général du vélo appréciable.... tant et si bien que l'on a vite envie de bifurquer sur le premier chemin que l'on aperçoit.

Dans les sous-bois et sur les pistes sèches, difficile de prendre en défaut ce Forçat. Il se montre en toutes circonstances précis et prévenant, avec des pneus accrocheurs très sécurisants. Ces pneus de 40mm seront en revanche limites sur des terrains très accidentés, mais c'est là le lot commun d'une section qui se veut assez polyvalente.

Les développements offerts par le groupe Ekar permettent de s'affranchir de toutes les difficultés. Certes, il y a de gros "trous" sur le haut de la cassette, mais on est bien content dans une bosse caillouteuse à plus de 20% de pouvoir avoir un développement tout petit permettant de rester assis pour grimper, on conserve ainsi un maximum de traction !

Si la boue s'invite dans votre sortie, attention, les crampons des Touareg ne sont pas assez volumineux pour procurer une accroche suffisante, surtout si cette boue argileuse tend à coller aux pneus.

Mais si on en est conscient et que l'on fait attention à son pilotage, on arrive tout de même à se sortir des pires ornières sans aucun problème.

Il ne faudra pas hésiter dans ces cas à descendre la pression à 1.7bar au moins.... voire à opter pour des pneus de 45mm. C'est là le propre du gravel, on réapprend le pilotage.

Si le Dilecta Forçat offre un beau dynamisme, ne nous y trompons pas, en mode gravel, il possède un comportement qui appelle plus à la découverte, à prendre le temps, qu'à réellement faire des chronos, même si un cycliste costaud dessus pourra bien sûr faire de belles performances. Mais il ne faut pas comparer ce Forçat à un gravel carbone haut de gamme par exemple, ce n'est pas le même objectif.

Le choix de roues basses en alu est à mon avis judicieux. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus léger, mais au moins, on aura pas de crainte d'abîmer de jolies jantes en carbone et comme dit plus haut, la recherche du poids le plus léger n'est pas le but de ce Forçat, ni même dans la logique de la pratique du gravel, où on recherche avant tout la fiabilité.

Bilan

Le Forçat est un gravel qui s'adresse avant-tout à ceux qui recherchent un vélo simple, fiable et durable, pour faire des sorties tous-chemins sans se prendre la tête.

Un vélo construit en France avec un souci du détail à tous les niveaux, qui rend ce vélo intemporel et finalement, pas si cher que ça compte-tenu de sa qualité de construction, des soudures polies et d'une peinture ultra qualitative.

Un vélo confortable et qui pourra se permettre de passer partout, même sur des chemins très accidentés, pour peu que l'on adapte la pression des pneumatiques. Un vélo de tous les jours (qui pourra même vous accompagner sur votre lieu de travail) et de toutes les aventures...