Présentation

Dans ce coloris jaune Dilecta (15 autres coloris sont disponibles), ce Le Blanc ne passe pas inaperçu. Il s'agit de la couleur originelle des vélos Dilecta. Si aucune des 16 couleurs ne vous convient, vous pourrez opter pour une peinture personnalisée moyennant une rallonge de 300€.

Un cadre construit à tubes Columbus Spirit HSS, alliage d’acier haut de gamme, atteignant 0.4mm d’épaisseur sur les zones les plus fines. Cet alliage permet de construire un cadre performant et léger associé à une géométrie orientée endurance. Il est complété par une fourche carbone Columbus Futura Disc SLX 1-1/8” avec déport de 45 mm permettant le montage de pneumatiques jusqu’à 30mm de section.

Dilecta annonce un poids de 1.7kg le cadre en taille M. Quant au tarif, il est de 2490€ le kit cadre. Avant de dire que c'est hors de prix, n'oublions pas que nous sommes en présence d'un véritable cadre artisanal, construit en France, avec qui plus est des soudures polies qui demandent à elles-seules pas moins de 4 heures de travail. On ne peut pas vouloir un vélo français au tarif d'un vélo chinois tout en demandant à ce que le salaire minimum soit identique à celui de la Suisse ou du Luxembourg !

Une fois votre cadre soudé, Il passe dans un bain de cataphorèse durant 3 heures pour garantir le traitement anti-corrosion. Toutes les surfaces du cadre, même les plus inaccessibles, sont ainsi traitées. L’homogénéité de la couche confère une excellente tenue à la corrosion et une bonne couche d’accroche pour le primaire d'accroche pour la peinture.

L'étape de polissage des soudures permet de supprimer le phénomène de concentration de contrainte. Lorsque le cordon est parfaitement poli, la contrainte se diffuse de façon homogène et le cadre gagne en solidité et en efficacité.

Et en plus, ne boudons pas notre plaisir, c'est beau. Cela apporte un rendu inimitable au vélo.

Au total, il faut environ 20 heures pour fabriquer un cadre à la main dans la plus pure tradition artisanale. Voilà de quoi justifier le prix. Car l'expérience d'un bon cadreur, cela se paye.

Vous pouvez d'ailleurs retrouver mon reportage au sein des ateliers Cyfac pour avoir une idée !

Du côté du boîtier de pédalier, la marque a opté pour du BSC68. La tige de selle est d'un diamètre de 27.2mm avec un système de serrage brasé et peint parfaitement intégré.

Toutes les gaines transitent de manière interne dans les tubes. On n'a pas droit à une intégration totale comme sur certains vélos carbone, en revanche, les entrées et sorties de câbles sont d'une finition exemplaire.

Seule exception, le câble de dérailleur arrière qui courre sous la base arrière droite.

Les pattes arrières pour axes traversants valent aussi à elles-seuls le coup d'oeil. De jolies pièces d'orfèvrerie, pour assurer à la fois la rigidité nécessaire pour recevoir les axes traversants et l'étrier de frein arrière, tout en ne se montrant pas trop lourdes.

La gamme Dilecta Le Blanc débute à 4990€ pour arriver à 9590€ pour la version ultime équipée en Campagnolo Super Record EPS et roues Campagnolo Bora 45 ce qui, si l'on compare aux productions carbone fabriquées en Asie, n'est pas si cher.

Mais qu'en est-il du poids total de ce vélo ? Ici testé en taille M (il s'agit du vélo de Paul Belmondo), j'ai pesé ce modèle, vendu 5990€ avec un groupe Campagnolo Chorus et roues Campagnolo Shamal Carbon, à seulement 8.4kg. On est pas beaucoup plus lourd que des vélos aux tarifs équivalents en carbone. Et rappelons-le, l'acheteur d'un vélo en acier ne recherche pas le vélo le plus léger, mais un vélo confortable, réactif et bien souvent construit en France.

Equipement

Si Dilecta propose un large choix de vélos montés, de l'Ultegra au Campagnolo Super Record EPS, c'est ici le milieu de gamme de chez Campagnolo qui a été sélectionné, le Chorus dans sa version mécanique. Contrairement à Shimano qui reste fidèle à l'aluminium, la firme italienne propose déjà sur ce niveau de gamme un pédalier en carbone.

Avec des plateaux 50/34 et une cassette 11-32, voilà une transmission qui propose une très large gamme de développement qui se prêtera à toutes les folies montagnardes.

On retrouve aussi les excellents freins à disques Campagnolo, avec rappel des plaquettes magnétique, qui évite les bruits de frottements parasites. Dilecta n'a pas cherché à faire original et opte pour un disque de 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière.

Côté tige de selle et poste de pilotage, ce sont des éléments Deda qui ont été choisis. Potence Deda Superzero en alu, cintre et tige de selle sont quant à eux des Deda Superzero carbone. Des produits qui brillent par leur qualité et leur légèreté.

Le cintre propose une forme très aérodynamique sur la partie haute, avec une large partie plate qui est légèrement inclinée vers l'arrière. Il s'agit de la forme RHM (Rapid Hand Movement) pour une adhérence optimisée sur cette partie. Ce cintre permet le routage de la câblerie à l'intérieur.

La tige de selle est équipée d'une selle Selle Italia SLR Boost.

Terminons par les roues, qui sont sur ce vélo d'essai des Campagnolo Shamal Carbon en lieu et place des Campagnolo Shamal Ultra Disc normalement livrées sur ce modèle à 5990€.

Des roues au profil différencié, 35mm à l'avant et 40mm à l'arrière, avec un profil assez large de 21mm interne. Des roues qui se veulent ultra polyvalentes puisque vous pouvez monter un pneumatique à partir de 25mm et jusqu'à 65 en Gravel.

Vous pouvez d'ailleurs retrouver l'essai de ces Campagnolo Shamal Carbon en mode gravel ici.

Compatibles tubeless, elles sont annoncées à seulement 1585g. Dilecta a ici choisi des pneumatiques Hutchinson Fusion 5 All Season en 28mm de section, mais en montage chambres. Le vélo est normalement est normalement livré avec des Fusion 5 Performance en version tubeless.

Sur la route

Ce Le Blanc a clairement une vocation sportive. Comme je le répète à chaque essai d'un vélo acier, ce matériau a notablement évolué depuis plus de 30 ans, oubliez donc vos à priori et vos souvenirs de vos vélos aciers des années 70, 80 et même 90.

Même tout n'est pas à oublier quand même. En chevauchant ce Le Blanc acier avec ses tubes Columbus Spirit HSS et sa fourche carbone, on redécouvre un comportement typique des vélos faits de ce matériau. Un comportement disparu avec les vélos carbone, qui sont certes hyper rigides, aéro et très légers, mais qui parfois ne pardonnent pas en cas de baisse de forme, se montrant intraitables voire bridés si on a un coup de mou.

Ici, on retrouve de l'élasticité, ce qu'il ne faut pas confondre avec de la mollesse.

Bien que tourné vers l'endurance, Dilecta a opté pour une position tout de même typée course, en témoigne son tube horizontal de 566mm sur cette taille M. Rigide, ce Le Blanc l'est assurément. Mais la rigidité d'un vélo acier diffère en termes de comportement d'un vélo carbone. On peut ici profiter de l'élasticité du matériau.

Un constat que l'on remarque surtout dans les bosses, en danseuse, où le vélo semble aider le cycliste à passer, on a jamais l'impression d'être vraiment dans le dur, que ce soit sur un petit développement un un gros braquet, la sensation est vraiment différente d'un vélo en carbone.

Le constat ne s'assombrit pas en descente. Les roues Shamal Carbon, très rigides, ainsi que la fourche Columbus Futura Disc SLX en carbone confèrent au vélo une excellente précision. On gagne en plus un peu de stabilité grâce aux tubes acier qui filtrent bien les irrégularités de la route, les roues restent en permanence collées au bitume, même sur chaussée dégradée. Les trajectoires semblent de suite plus propres et le vélo plus facile à engager dans les courbes. Pour ne rien gâcher, les tubes fins et les roues avec un profil moyen offrent peu de prise aux rafales de vent latérales.

Le freinage est puissant et en toutes circonstances silencieux. Dommage côté pneus, les Hutchinson Fusion 5 All Season offrent peu de rendement, avec une sensation d'être légèrement collé. De plus, malgré une section de 28mm, ce ne sont pas les modèles les plus souples qui soient. Mais Dilecta a ici privilégié le Made in France.

Pour avoir essayé le vélo avec des Veloflex Corsa Race TLR de 25mm, on gagne clairement au change, tant au niveau de la filtration, bien meilleure, que du rendement, le vélo semble filer bien plus facilement.

Sur le plat, une fois lancé, le Le Blanc se montre performant, même à haute vitesse. Il apprécie aussi les faux plats, qu'ils soient montants ou descendants. En mettant des watts sur les pédales, on met en exergue son tempérament de compétiteur.

Il n'y a que sur les relances et les accélérations que ce vélo marque le pas par rapport aux machines en carbone plus légères. Forcément, il ne sera pas des plus à l'aise sur un critérium ni pour les cyclistes qui aiment placer des attaques régulières dans les cols. Non, ce Le Blanc ne se destine de toutes façons pas à ce public.

Malgré ce tempérament sportif, le Dilecta Le Blanc s'apprécie aussi en mode balade où l'on pourra arpenter des régions à la découverte de lieux surprenants, sans recherche de performance.

L'acier a ce "pouvoir magique" de s'adapter au rythme de son utilisateur, de se montrer docile en toutes circonstances. Que l'on aille vite ou que l'on soit en promenade, le vélo semble parfait en toutes circonstances.

Petit aparté sur le cintre, qui bien que surprenant au début avec sa partie haute plane et inclinée vers l'arrière, se montre finalement très ergonomique. Par contre, attention, pour fixer un support de compteur, il vous faudra un modèle relativement étroit au niveau de l'attache. Pour ma part, j'ai dû décaler le cintre de quelques millimètres pour que mon support le plus étroit puisse passer.

Bilan

Ce Dilecta Le Blanc est un acier au caractère bien trempé. S'il trouve son origine dans une marque et un modèle du début du 20ème siècle, cette nouvelle interprétation du Le Blanc est plus moderne que jamais, avec ses tubes Columbus Spirit, sa fourche carbone et une géométrie bien pensée.

Un joli jouet, qui plaira aux cyclistes de 40 ans et plus (mais aussi à ceux qui n'ont pas franchi ce cap), qui veulent s'offrir un vélo passe-partout, plus conciliant qu'un carbone, durable, et qui leur rappellera sans aucun doute de bons souvenirs de leurs premiers vélos, pour ceux qui ont commencé tôt.

A 2490€ le kit cadre, vu la qualité de fabrication au sein des ateliers Cyfac, l'expertise des cadreurs et le temps de travail pour arriver à un tel résultat, ce n'est pas si cher payé.