Pourquoi des assistances si discrètes ?

C'est un fait, les assistances électriques ont notablement évolué ces dernières années, avec des motorisations peu visibles (notamment celles situées dans le moyeu arrière) et des batteries désormais totalement intégrées dans le tube diagonal des vélos.

Une discrétion qui s'est aussi accompagnée d'une cure d'amaigrissement des vélos, puisque si les premiers modèles dépassaient allègrement les 16kg, désormais, les meilleurs passent sous les 11kg, soit moins de 4kilos de différence avec les vélos identiques dépourvus d'assistance.

Ceci est particulièrement vrai avec le système d'assistance Mahle Ebikmotion X35+ qui équipe bien des vélos désormais, avec motorisation située dans le moyeu arrière.

Les "anti-VAE" y voient là une volonté de triche pour certains cyclistes, ou tout au moins, les marques jouent leur jeu en dissimulant au maximum tout ce qui est motorisation. Mais est-ce que les tricheurs ont attendu l'avènement des récents vélos à assistance électrique pour tricher ? Certainement pas. Que ce soit via l'usage de produits chimiques à s'injecter dans le corps ou tout autre moyen, les tricheurs n'ont pas attendu.

En témoignent mes derniers essais, les vélos route à assistance électrique se font de plus en plus discrets et au premier coup d'oeil, rien ne les distingue de leurs homologues dépourvus de motorisation :

Mais est-ce qu'un esthète du cyclisme qui, par manque d'entraînement ou suite à un pépin physique, devrait pour autant rouler sur un vélo qui ne lui plaise pas esthétiquement ? Non. Comme pour une voiture, une montre ou bien d'autres objets, l'esthétique fait partie des critères pour un achat. Et l'acheteur d'un vélo à assistance électrique a lui aussi le droit d'avoir un vélo épuré, avec intégration de la câblerie, de la batterie, un vélo aéro, même si ça ne sert à rien -comme sur bon nombre de vélos 100% musculaire utilisés à 30km/h de moyenne cela dit - pour son propre plaisir.

Pour la beauté de l'objet, la prouesse technologique et continuer à avoir un vélo qui ressemble à celui des pelotons professionnels.

Pour qui ?

En Europe, la législation limite en effet la puissance du moteur d’un vélo électrique à 250 W et une vitesse maximale de 25 km/h. Au-delà de cette vitesse, seules vos jambes feront avancer le vélo.

Sous les 25km/h, l'assistance électrique apporte un plus indéniable pour nombre de personnes. On peut citer bien sûr ceux qui se mettent au vélo, ceux qui remettent au vélo après plusieurs années d'arrêt et de sédentarité qui trouveront avec l'assistance électrique une aide précieuse surtout dans les bosses.

N'oublions pas non plus les cyclistes de longue date mais qui, avec l'âge qui avance irrémédiablement mais avec un physique qui lui, suit une courbe inverse, ont de plus en plus de mal à suivre le rythme lors des sorties clubs ou avec les amis. Dans ce cas, opter pour un VAE permet de continuer à suivre les copains sans être largué et dégoûté à chaque bosse. Le lien social reste présent.

Il y a aussi celles ou ceux qui vont conseiller à leur conjoint un VAE afin de partager cette passion, ne serait-ce que pour quelques sorties dans le mois, afin de ne plus sortir toujours seul de son côté.

Enfin, il y a ceux qui ont une santé défaillante. Sans pour autant atteindre des âges élevés, certains sont amenés, suite à des accidents vasculaires, cancers, accidents de la route et autres, à devoir soit bénéficier d'une assistance pour continuer à pratiquer leur passion, soit pour limiter par exemple l'élévation du rythme cardiaque quand la route s'élève.

Comme un témoignage vaut mieux qu'un simple discours, voici ci-dessous le témoignage d'un utilisateur de VAR depuis un an, âgé de 71, témoignage que vous pouvez retrouver ici.

Pour ces personnes, aussi bien sur la route qu'en gravel ou VTT, l'assistance électrique apporte une solution pour continuer à se faire plaisir sur tous types de terrains, sans se limiter à des terrains uniquement plat ce qui, avouons-le, n'est pas toujours le plus plaisant.

Pouvoir rouler en famille avec le plaisir ! L'expérience de Matthieu et son père.

Lorsque j'ai écrit cet article, celui de Matthieu pour Bike Café n'était pas encore en ligne. Il a été publié deux jours avant que je ne publie celui-ci. Autant dire que ça tombait à point, puisque Matthieu, confrère journaliste pour le site Bike Café France, a réalisé une sortie vers le Mont Ventoux avec son papa de 70 ans, pas suffisamment entraîné pour prendre du plaisir sur de telles pentes avec son fils.

Car le but était bien là, faire une sortie de 70 km et 2400 m de D+ POUR LE PLAISIR. L'occasion de rouler entre père et fils (mais les combinaisons sont multiples), continuer à partager une passion commune pour des souvenirs mémorables.

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse le soin de lire son expérience avec son père à l'aide de deux vélos à assistance électrique  : Le Ventoux en route électrique et en mode père-fils.

Crédit photos : Damien Rosso – Droz Photo

Est-ce encore du sport ?

Sans aucun doute, oui. Pour avoir testé plusieurs vélos route ou gravel à assistance électrique, certes, l'effort est un peu plus lissé, mais il faut toujours appuyer sur les pédales.

Pour avoir grimpé quelques-fois le terrible plateau de Beille, on subit moins la pente, on prend carrément du plaisir, mais il faut quand même forcer pour arriver au sommet. Ces vélos permettent d'élargir son terrain de jeu et de continuer à pratiquer avec ses copains ou son club favori malgré des forces physiques en baisse.

Au lieu de se contenter d'un seul col, le cycliste pourra en gravir deux, accumulant ainsi 1500m de dénivelé et profitant ainsi des superbes paysages de montagne plutôt que de se morfondre dans le canapé.

Assisté électriquement, le cycliste reste un sportif qui partage la même passion que les "100% musculaires", à savoir rejoindre un point A à un point B (le point B étant parfois identique au point A dans le cas d'une boucle) juste pour le plaisir de forcer en pleine nature, en profitant des paysages et en tentant de dompter le vent, la pente, la chaleur ou le froid tout en profitant des plaisirs qu'offre la natures (odeurs, animaux sauvages, ....).

J'ai récemment pu réaliser une sortie de 145km et 1600m de dénivelé, le vélo à assistance électrique me permettant de rouler à 27/30km/h sur le plat, l'assistance n'étant là que pour m'aider à gravir la pente plus vite, permettant ainsi d'allonger la distance de ses sorties tout en conservant du plaisir.

Ne vaut-il pas mieux un cycliste grimpant un col en VAE plutôt qu'un automobiliste montant simplement en haut de ce col pour juste profiter de la vue quelques minutes ?

Reste l'égo de certains !

Certains cyclistes restent ancrés dans une vision relativement binaire des choses. Pour eux, soit on fait du vélo 100% musculaire, soit on ne fait pas de vélo. Ou tout au moins, pour eux, ce n'est pas du vélo au sens noble, mais la souffrance qui l'accompagne, le goût de l'effort, ....

Des remarques telles que "si je dois en arriver là, je préfère arrêter le vélo..." ou "les gens qui utilisent ces vélos sont des fainéants et n'ont pas le goût de l'effort'" viennent bien souvent du milieu compétitif. Pour eux, seule la compétition, la performance, compte. Une sortie doit se faire à fond et en rapportant si possible un maximum de Kom's dans sa besace.

Mais doit-on obligatoirement souffrir, rechercher toujours un dépassement de soi pour faire du vélo ? Pour moi, non. C'est comme si on disait que seul le vélo de route dans les cols était noble et que toute autre pratique (sur du plat, gravel, VTT, ...) n'était pas à considérer. Ou comme si seul un vélo italien, à patins et équipé d'un groupe italien pouvait être beau. Faut-il faire 15000 voire 20000km par an pour être un "vrai cycliste" sur route ?

Non, le vélo, ce n'est pas une seule pratique. Bien sûr, il y aura toujours des aigris qui râleront en se faisant doubler dans un col par un vélo à assistance électrique. Lors de mes essais dans les cols, que ce soit dans le Tourmalet, le Stelvio ou autre, je me suis déjà fait doubler par des VAE. Aucun problème.

Comme indiqué plus haut, je préfère un cycliste assisté électriquement qui monte un col que la même personne qui va monter en voiture juste pour faire une photo. Bien sûr, la seconde option n'est pas interdite, mais la première option permet à l'être humain qui chevauche son vélo à assistance électrique de faire un effort.

Reste l'inévitable proportion (minime) de tricheurs qui vont aller chercher des KOM en VAE. Mais cela reste minoritaire et même sur un col, un VAE ne permet bien souvent pas d'aller chercher les records des meilleurs cyclistes.