Présentation

Cannondale n'a pas changé ce SuperSix. Des tubes de type airfoil tronqués, qui peuvent réduire jusqu’à 30 % la résistance à l’air en comparaison de tubes ronds de même taille, sont utilisés sur le cadre, et des composants intégrés au système comme le SAVE Systembar épuré, la potence KNØT et la tige de selle 27 KNØT aident tous à réduire la résistance à l’air et à maintenir la vitesse.

Cannondale reste fidèle à son BallisTec Carbon et le cadre est ici doté d'un boîtier de pédalier T47. L'intégration est parfaite de bout en bout.

Seul le tube diagonal se montre un peu plus massif que la version sans assistance, sans pour autant plus volumineux que certains tubes chez les concurrents. C'est dans ce tube que l'on retrouve la batterie de 208Wh qui permet d'alimenter le moteur présent dans le moyeu arrière.

Comme sur le modèle sans assistance, il est possible de monter des pneumatiques jusqu'à 28mm de section. Pour autant, chose rare pour un vélo à assistance électrique route, il est livré avec des pneumatiques de 25mm de section.

Le serrage de tige de selle est dissimulé à la jonction du tube de selle et du tube horizontal.

Le système moteur Mahle ebikemotion X35 se compose d’un moteur arrière léger de 250W situé dans le moyeu et d’une batterie de 250 Wh cachée dans le cadre, apportant trois niveaux d’assistance idéale jusqu’à 25 km/h en Europe.

Cette motorisation située dans le moyeu permet de conserver une transmission totalement d'origine ainsi qu'un Q-Factor traditionnel. En revanche, le retrait de la roue arrière, en cas de crevaison par exemple, demande de dévisser un gros écrou mais aussi de débrancher le fil d'alimentation avec précaution.

On notera que Cannondale a pris soin de dissimuler ce câble grâce à un cache plastique fixé sous la base.

Une batterie complémentaire se montant sur le porte-bidon vertical est disponible en option, rajoutant 208Wh à la batterie située dans le tube diagonal, pour un total de 460Wh pour seulement 1.64kg de plus.

L'assistance électrique située dans le moyeu fournit un couple de 40Nm, avec une coupure à 25km/h comme la réglementation européenne l'impose. Le tout se pilote via un seul bouton appelé iWoc One, situé sur le tube horizontal.

Ce dernier permet au cycliste de choisir le niveau d’assistance (au nombre de 3) et de surveiller la charge restante de batterie à sa guise. Il s’intègre parfaitement au look du cadre et n’encombre pas le guidon tout en restant manipulable très facilement pendant l'effort.

Le voyant indique donc par défaut la charge restante de batterie :

  • blanc : >75%
  • vert : entre 50 et 75%
  • orange : entre 25 et 50%
  • rouge : moins de 25%

Le changement de mode d'assistance se fait quant à lui via un appui bref sur le bouton. Il clignote en blanc pour le mode sans assistance, vert pour le mode 1, orange pour le mode 2 et enfin rouge pour le mode 3.

Voici ci-dessous le fonctionnement de l'assistance électrique de cette motorisation Mahle ebikemotion X35+.

On remarque que le moteur ne délivre jamais les 250W et se limite, en niveau 3 (rouge) à 225W environ (90% de 250W) à 23km/h. Il y a volontairement une diminution d'assistance entre 23 et 25km/h pour éviter une coupure trop franche une fois les 25km/h atteints et donc, l'arrêt de l'assistance.

Si les vélos de route haut de gamme avec assistance électrique à moins de 12kg se font de plus en plus nombreux, c'est toujours étonnant d'arriver à une telle masse avec un petit moteur et une batterie. Dans cette version, le vélo pèse 11.4kg exactement en taille M. Quoi qu'il en soit, il fait partie des vélos les plus légers. Bien sûr, c'est nettement plus lourd qu'un vélo sans assistance qui pèse environ 4kg de moins, mais avec une aide de 250W, on reste gagnant.

Un seul coloris "Graphite" est proposé sur ce niveau, mêlant gris foncé vernis, mat mais aussi rouge. Comme indiqué au niveau du boîtier de pédalier, attention, les couleurs vives peuvent "faner" avec le temps.

Si l'on part du postulat de Fred Grappe qui indique qu'un kilo en montagne (pente à 7/8%) équivaut à 5W, les 4kg de plus demandent 20W environ pour avancer à la même vitesse dans une pente. Quand on a 250W de plus, cela reste largement avantageux pour tous ceux qui en ont besoin.

Equipement

Comme indiqué en introduction, il s'agit ici du Cannondale SuperSix EVO Neo haut de gamme équipé de la transmission électronique Shimano Dura-Ace Di2 qui, même si elle vit ses derniers mois sous cette forme, reste d'un fonctionnement au-dessus de tout soupçon.

Seule entorse au groupe, le pédalier, comme toujours chez Cannondale, qui est un modèle en aluminium Hollowgram. pour les développements, la marque a choisi 50/34 associé à une cassette 11-30, un choix logique pour le public auquel se destine un vélo de route à assistance électrique.

Les roues sont des HollowGram 45 KNØT qui comme leur désignation le suggère, ont un profil de 45mm de haut. Elles sont chaussées de pneus Vittoria Rubino Pro de 25mm de section. Une monte suffisante, tant en section qu'en niveau de gamme pour bien des cyclistes.

Côté freins, pas de surprise, 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière, de quoi assurer des freinages sereins même à très haute vitesse. Les autres périphériques que sont le cintre, la potence et la tige de selle sont marqués HollowGram, la marque d'accessoires de Cannondale.

On trouve donc une potence en alu associée à un cintre aéro "SystemBar SAVE Carbon". Attention, il n'est pas possible de monter un cintre traditionnel avec cette potence, il faudra tout changer si ce modèle ne convient pas. Ce cintre et cette potence participent en outre à la parfaite intégration de la câblerie sur ce SuperSix.

Comme cela m'avait étonné lors de la présentation du SuperSix sans assistance électrique, le support de compteur fournit avec le vélo vient prendre place au-dessus du cintre. Ce qui fait que le compteur est positionné très haut, cela nuit un peu à l'esthétique.

La tige de selle en carbone est ici surmontée d'une selle Fizik Aliante Delta.

Sur la route

N'en déplaise aux "anti-VAE" de tous poils, un vélo de route à assistance électrique reste du sport et demande toujours de faire des efforts pour avancer. Mais les 250W apportés par l'assistance électrique permettront à tous les cyclistes désireux de rouler avec plaisir sur tous types de parcours (de vallonnés à la haute montagne) mais dont la santé physique ne leur permet plus de le faire en 100% musculaire, de continuer à le faire sans quasiment aucune limite.

Plusieurs de mes sorties durant cet essai se sont faites sans jamais allumer l'assistance pour voir ce que ce vélo avait dans le ventre. Bien sûr, dans ce cas, les 11.4kg sur la balance, qui se transforment en 12kg une fois équipé des pédales, prote-bidons et compteur, se ressentent, notamment sur les démarrages après un arrêt.

Ce vélo n'est pas un vélo de compétiteur. Mais une fois lancé, le vélo se montre à l'aise et plutôt dynamique. Même en danseuse, on ne ressent pas le poids du vélo en basculant le vélo d'un côté ou de l'autre, les masses étant situées très bas sur le vélo. Il n'y a bien que dans les bosses que l'on sent que ce surpoids de 4kg, mais surtout sur les changements de pente. Mais en prenant son rythme et en adoptant le bon braquet, on ne montera pas beaucoup moins vite.

Le confort est bon sur la partie arrière, bien aidé par le triangle arrière et surtout la tige de selle SAVE. La partie avant en revanche, comme sur la version non motorisée, filtre moins bien les aspérités de la route. On a plus de remontées au niveau des mains.

La motorisation est très silencieuse, surtout sur les deux premiers niveaux. Le niveau 1 (vert) permet surtout de contrer le surpoids de 4kg du vélo tout en offrant une légère aide. Il développe 100W jusque 5km/h pour ensuite s'établir à 75W environ jusque 25km/h. Mais il s'avère insuffisant dès que la route s'élève. Dans ce cas, l'aide de 75W est limite et servira simplement comme aide au démarrage après un arrêt.

Le niveau 2 (orange) offre une véritable assistance qui change clairement la donne dans les bosses. Si la puissance se limite à 75W environ jusque 10km/h, offrant des démarrages plus doux, on atteint un plateau de 125W de 15 à 23km/h qui diminue à environ 110W avant la coupure à 25km/h. Là, l'aide devient un réel plus dans les bosses. Le poids supplémentaire par rapport à un vélo traditionnel est très largement gommé. On grimpe facilement à 20km/h des bosses jusqu'à 8% pour un cycliste en forme. Au-delà, il faudra tout de même forcer pas mal pour atteindre la coupure à 25km/h. Il s'agit sans doute du niveau d'assistance qui sera le plus utilisé. Le public vers qui s'oriente ce vélo pourra grâce à ce mode grimper plus facilement des bosses par exemple, soit en allant plus vite à effort égal, soit en permettant de soulager coeur, muscles, articulations (rayer les mentions inutiles) sans pour autant monter à 4km/h !

Avec le niveau 3 (rouge), on atteint 100W dès 5km/h puis une montée en puissance progressive pour atteindre 175W à 10km/h puis 225W à 23km/h avant de redescendre vers 210W jusque 25km/h. Forcément, ça pousse.... mais ça coupe aussi très fort une fois 25km/h passés, vu qu'on perd d'un coup 210W ! Mais en bosse, cette assistance est un véritable régal. Nombreux sont les cyclistes qui ne développent qu'un peu plus de 200W dans de longues bosses. Grâce à cette assistance, la puissance est doublée. Sur une pente de plus de 8%, on gagne facilement 10km/h... mais surtout, à vitesse égale, on gagne plusieurs dizaines de pulsations !

Par contre, avec ce troisième niveau d'assistance, l'autonomie de la batterie descend très vite. En usage courant, passé 24/25km/h, la coupure est assez bien gérée sur les deux premiers niveaux. Mais sur ce troisième niveau, la perte quasi immédiate de 200W se traduit par la sensation de quasiment freiner en passant ce seuil. Mieux vaudra rester à 24km/h pour ne pas subir cette perte de watts assez instantanée.

Côté "nuisances" sonores, il n'y a réellement que sur le troisième niveau d'assistance que le moteur se fait très légèrement entendre.

Si votre niveau physique le permet, rouler à plus de 25km/h n'est pas un problème, on ne ressent aucun "frein" de la part de la motorisation comme ça peut être le cas sur d'autres systèmes. J'ai pu régulièrement faire des parcours entre 600 et 900m de D+ aux mêmes vitesses qu'avec des vélos traditionnels, entre 27 et 29km/h en fonction des conditions météorologiques. Une fois passé le seuil des 25km/h (25.6km/h en réalité) et donc une fois l'assistance coupée, on ne ressent aucune résistance de l'unité motrice.

En raison des conditions météo capricieuses, je n'ai pu faire le test de ce vélo dans un col pyrénéen, mais j'ai pu tout de même réaliser une sortie de 143km et 1600m de dénivelé. En restant uniquement en niveau d'assistance 2 (orange), j'ai pu faire tout le parcours à un peu plus de 25km/h de moyenne. Forcément, sur le plat, où je roulais plus vite, l'assistance n'était pas active, mais dans toutes les bosses c'était le cas, raison pour laquelle le dénivelé semble à mon avis plus pertinent qu'une autonomie en kilomètres pour mesurer l'autonomie d'un VAE.

La batterie n'a rendu ses derniers électrons qu'à 1550m de dénivelé.

Bien sûr, tout dépendra du poids du cycliste dessus et du niveau d'assistance qu'il demandera au vélo, mais cela permet déjà d'envisager de sympathiques sorties de plus de 100km avec pas mal de dénivelé.

Mention très bien pour le cintre que j'ai trouvé parfait au niveau de son ergonomie. Dommage que le support de compteur soit placé sur le dessus et positionne donc votre compteur relativement haut.

Bilan

Comme le Scott Addict eRide Premium testé en fin d'année dernière, ce Cannondale SuperSix EVO Neo montre tous les progrès réalisés par les vélos de route à assistance électrique, avec des comportements assez similaires et une philosophie identique, la polyvalence. Le comportement est très proche du SuperSix Evo dénué d'assistance. Rigide, dynamique et précis dans les descentes, il n'y a vraiment que dans les bosses où on coupe l'assistance que le surpoids se ressent un peu.

Reste que ce Cannondale est légèrement plus cher que le Scott qui, pour le même prix, bénéficie d'une batterie supplémentaire "Range Booster" facturée plus de 500€ en option et qui permet de porter l'autonomie à 2500m de dénivelé environ. Le Scott affiche aussi 600 grammes de moins sur la balance sans cette batterie complémentaire.

Cannondale propose deux déclinaisons plus abordables, le SuperSix EVO Neo 2 à 6899€ équipé en Ultegra Di2 (12.44kg) et le SuperSix EVO Neo 3 équipé en Shimano 105 à 4499€. Ce sera donc une histoire de goût et peut-être de géométrie. Mais ce Cannondale SuperSix EVO fera le bonheur de bien des cyclistes qui leur permettra de continuer à rouler avec les copains.