Cannondale présente le nouveau SuperSix EVO, plus léger et plus aéro
Par Actualité - Commentaires : 38 .
le vendredi 28 juin 2019 15:00 -L’incontournable SuperSix EVO, le vélo le plus polyvalent de la marque américaine et qui est longtemps resté avec un dessin très simple, se transforme radicalement pour cette nouvelle évolution.
Terminés les tubes très sages et relativement ronds, le SuperSix EVO 2020 bénéficie de tubes plus aérodynamiques et d’une intégration complète de sa câblerie. Certains apprécieront cette mise à jour, d’autres regretteront un dessin qui rappelait les cadres acier et semblaient pouvoir défier les années sans passer de mode.
Si Cannondale en fait un vélo plus aérodynamique, la marque n’a pas voulu en faire un vélo taillé uniquement pour la vitesse sur le plat, le SystemSix est là pour cela. Non, le SuperSix EVO reste un vélo taillé pour les pentes les plus abruptes tout en restant confortable et agile.
Présentation
C’est à Fribourg (Allemagne), à quelques encablures de la France, que Cannondale a décidé de convier les journalistes pour la découverte de ce nouveau vélo. Fribourg n’a pas été choisi par hasard, puisque Cannondale Europe y possède des bureaux pour le marketing mais aussi la recherche et le développement.
Si la dénomination du vélo ne change pas, le vélo est esthétiquement totalement transformé. Plus qu’une simple évolution, c’est une révolution au sein de la gamme Cannondale.
Comme nombre de fabricants, ce vélo qui se veut avant tout léger, bénéficie des développements réalisés sur les modèles aéro, ici le SystemSix, pour réduire sa traînée aérodynamique, avec des formes de tubes entièrement revues et une intégration maximale de la câblerie. Reste que changer le SuperSix n'est pas une mince affaire, d'autant que Cannondale voulait bien sûr réduire le poids du vélo tout en augmentant son confort et en maintenant le "feeling EVO" apprécié par les précédents utilisateurs.
La perte de poids se fait essentiellement grâce à l'utilisation de nouveaux matériaux et par la conception de nouvelles formes de tubes et de nouvelles sections. C'est d'ailleurs ce qui saute aux yeux par rapport à l'ancienne génération, qui était relativement simple dans ses formes.
Pour arriver à ce compromis, Cannondale intègre le "proportional response" à ce vélo, à savoir que le comportement est identique quelle que soit la taille de cadre choisie.
Les tubes ronds ou légèrement ovalisés des précédentes générations laissent place à des tubes en D (Kamm Tail) qui ont fait leurs preuves depuis quelques années. Cette forme permet de réduire la traînée tout en limitant le poids et en améliorant la rigidité du cadre. A 48km/h, ce sont selon la marque 30 watts qui sont économisés par l’ancienne version.
Ces formes de tubes conçus pour la vitesse occupent une place essentielle dans le design de système intégré élégant où le cadre, la fourche, la tige de selle, le cintre, la potence et les roues ont été conçus pour travailler ensemble afin de garantir des performances optimales
Tout cela, sans grever le poids, puisque le modèle haut de gamme, équipé de freins à disques, n’affiche que 7.3 kg sur la balance. Que l’on se rassure, Cannondale continue tout de même à proposer des modèles entrée et milieu de gamme équipés de freins à patins pour ceux qui ne veulent pas encore de freins à disques.
La marque annonce pour les versions disques un poids de 847g (sans tige de selle) pour un cadre HM taille 54, la version "Carbon" étant quant à elle annoncée à 981g toujours dans la même taille. Pour la fourche, elles sont à respectivement 379 et 421g. Pour la tige de selle, il faut rajouter 162.4g.
En ce qui concerne la version patins, uniquement disponible en version "Carbon", compter 970g + 368g de fourche.
Du confort et de l'aérodynamisme
Côté confort, si l’on en croît les chiffres avancés lors de la présentation, les nouvelles bases SAVE et la nouvelle tige de selle KNOT27 permettent un gain de 18% de la souplesse verticale. De quoi avaler les kilomètres tout en limitant la fatigue liée aux aspérités de la route.
La tige de selle est 35g plus légère que la 25.4 SAVE. Le serrage de selle est dissimulé sous le tube horizontal. Ce dernier ne pèse que 13g, soit le poids d'un simple collier de selle.
Les roues HollowGram 45 KNØT participent à l’aérodynamisme de ce vélo avec leur jante large et leur hauteur de 45mm les rendra à l’aise sur tous les terrains. Cannondale annonce que ce sont là les roues polyvalentes les plus rapides du marché, mais je me garderai bien de l’affirmer. Les tests en soufflerie indiquent qu'elles ne "consomment" que 3.2W par rapport aux 64 KNØT à 48km/h tout en étant plus économes de 2.6W par rapport à des Zipp 303 NSW.
Sur les versions à disques, le vélo accepte des pneus jusqu’à 30mm de section. Les versions à patins restent limitées à 28mm à cause des étriers. En ce qui concerne la version freins à disques, on retrouve bien sûr des axes traversants, mais ceux-ci sont au standard Speed Release, ce qui permet de les manipuler très rapidement.
On note la présence de 3 vis de fixations pour le porte-bidons sur le tube diagonal, afin de pouvoir abaisser ce dernier au maximum et gagner encore un peu en pénétration dans l'air.
Le poste de pilotage KNOT, disponible sur les SuperSix EVO HiMod, reprend ce qui a été vu sur le SystemSix avec un cintre intégrant la câblerie, cette dernière cheminant ensuite au niveau de la douille de direction via des entretoises spécifiques. Ces dernières peuvent être ôtées ou ajoutées sans nécessiter une dépose complète de la câblerie.
Rappelons que même si cintre et potence ne semblent faire qu’un, il s’agit de deux pièces à part, le cintre pouvant ainsi être réglé en angulation pour s’adapter à la morphologie et aux désirs de chaque propriétaire. Ce cintre permettrait à lui seul un gain de 9.1W à 48km/h.
Si ce cintre est une réussite sur le plan esthétique et ergonomique, petite déception en revanche en ce qui concerne le support de compteur, placé sur le haut du cintre et non sur le dessous. Résultat, le compteur se retrouve en position assez haute (au-dessus du niveau de la potence) au lieu d’être dans le prolongement de celle-ci. On perd sans doute là quelques watts, mais surtout au niveau esthétique. Espérons que Cannondale corrige le tir et proposé un support déporté qui permette de positionner le compteur dans le prolongement de la potence.
Les modèles qui ne bénéficient pas du poste de pilotage sont moins gâtés côté esthétique, avec une potence traditionnelle associée aux entretoises "aéro", ce qui au niveau du rendu n'est vraiment pas du plus bel effet.
Le Cannondale SuperSix EVO est équipé d'un capteur de puissance Power2Max prêt à l'activation. Il suffira de s'acquitter de la somme de 490€ pour bénéficier de ses fonctionnalités. Il est fourni sur les modèes Dura-Ace Di2, Ultegra Di2 et Dura-Ace mécanique.
SuperSix EVO, un vélo connecté
Cannondale n’est pas la première marque à proposer une application spécifique, mais elle franchit un pas de plus en équipant toutes les roues de ses SuperSix d’un capteur spécifique développé en collaboration avec Garmin.
Compatible ANT+ et Bluetooth, ce dernier, une fois appairé avec votre smartphone, permettra à l’application de connaître avec exactitude le kilométrage parcouru avec chaque vélo afin de conseiller le consommateur sur les opérations d’entretien à réaliser.
L'application permet aussi d'accéder aux manuels des vélos, à des tutos ou encore permet de trouver facilement un revendeur de la marque proche de votre position.
Chose intéressante, ce capteur ne nécessite pas spécialement que vous allumiez une application sur le smartphone à chaque sortie puisqu'il dispose d'une mémoire interne de 30 jours ou 900 heures (premier des termes échu) avant que vous ne deviez connecter l'application.
La pile CR2032 est donnée pour une durée de vie de 900h, soit 25000 kilomètres environ à 28km/h de moyenne.
Les coloris disponibles, hormis pour la version haut de gamme, noire réhaussée de marquage or, sont assez clivants. Cannondale a fait le pari de coloris très marqués, ça plaira ou pas. A noter que tous les vélos sont munis de nombreux autocollants réfléchissants, sur le tube de selle, les haubans ou le tube diagonal. Des autocollants qui participent au design général mais qui apportent en plus de la sécurité.
Ci-dessous, quelques photos que j'ai pu réaliser de mon modèle d'essai, la version haut de gamme SuperSix EVO HM Disc Dura-Ace Di2.
Versions et tarifs
Le SuperSix Evo se décline en 6 modèles avec freins à disque et 2 modèles avec freins sur jante, pour hommes dans les tailles 48, 51, 54, 56, 58, 60 et 62, et en 3 modèles avec freins à disque et 1 modèle avec freins sur jante pour femmes dans les tailles 44, 48, 51 et 54.
- SuperSix EVO HM Disc Dura-Ace Di2 - 10999€
- SuperSix EVO HM Disc Ultegra Di2 - 7499€
- SuperSix EVO HM Disc Dura-Ace - 6499€
- SuperSix EVO Carbon Disc Force eTap AXS - 5499€
- SuperSix EVO HM Disc Ultegra - 4499€
- SuperSix EVO Carbon Disc Ultegra - 3599€
- SuperSix EVO Carbon Ultegra à patins - 2899€
- SuperSix EVO Carbon Disc 105 - 2799€
- SuperSix EVO Carbon 105 à patins - 2299€
- SuperSix EVO Carbon Disc Ultegra (femme) - 3599€
- SuperSix EVO Carbon Disc 105 (femme) - 2799€
Pour ceux qui veulent aller un peu plus dans le détail, je vous invite à télécharger les fiches techniques de tous les modèles en PDF (1.37Mo).
Prise en mains
Si le dicton dit qu'en avril, il ne faut pas se découvrir d'un fil, en mai, il faut sans doute apprendre à nager du côté de l'Allemagne, car la sortie qui nous a servi, à tous les journalistes, de galop d'essai, fut détrempée. Mais bref, passons sur ces digressions météorologiques. Comme je le dis souvent, même sous la pluie, on fait un boulot magnifique !
Près de 3 heures de vélo pour parcourir un circuit de 70km mêlant plat et quelques bosses relativement courtes (voir sortie Strava ici).
Les premiers kilomètres s'effectuent sur le plat, mêlant bitumes très lisses et mauvais revêtements. Sur ces derniers, je m'aperçois que le confort du vélo est bel et bien présent. Contrairement à d'autres marques, Cannondale n'a pas cédé à la tentation de mettre des pneus en 28mm de section pour chercher un peu de filtration.
Là, c'est bien la conception du cadre, et surtout de la tige de selle, qui permet de rouler sur un vélo bien amorti malgré des pneus de 25mm gonflés à 7 bars. La partie arrière et notamment la tige de selle donnent une impression de flexibilité impressionnante. En revanche, la partie avant, bien que confortable, l'est un peu moins que l'arrière.
Cette flexibilité ne s'accompagne pas pour autant de "mollesse" et quelques sprints permettront de se rendre compte que le vélo est très réactif et près à en découdre s'il faut placer une attaque.
C'est à haute vitesse que l'on ressent le plus net gain. Les roues HollowGram 45 KNØT n'y étant sans doute pas étrangères. Sans être aussi efficace qu'un SystemSix Hi-Mod, ce SuperSix EVO est un régal et on ne peine pas à maintenir de la vitesse. En descente, on a aucun mal à placer ce vélo dans les courbes de façon précise et les changements d'angles ne demandent guère d'effort.
Les freins à disques sont efficaces, même si sous la pluie, ils se sont montrés quelque peu bruyants, mais là, ce n'est pas de la faute de Cannondale.
Et les bosses dans tout ça ? Et bien malgré son aspect nettement plus sportif que la précédente génération, il se montre toujours aussi facile et docile, sans donner nullement l'impression de buter contre la pente. Que ce soit à vitesse stabilisée ou que l'on souhaite faire des relances, ce SuperSix EVO semble avoir conservé la facilité de la génération précédente, et ça, personne ne s'en plaindra.
Bien sûr, un essai de plus longue durée sera nécessaire pour vérifier toutes les aptitudes de ce vélo et ses éventuels défauts.
Bilan
Pari réussi semble-t-il pour cette nouvelle génération de Cannondale SuperSix EVO, même si le nouveau design pourrait bien décevoir ceux qui justement aimaient ce modèle pour son côté plutôt discret.
Avec ses velléités aérodynamiques, le SuperSix n'a pas perdu de son confort ni même de sa polyvalence, se montrant facile et notamment agréable pour grimper.
Trois déceptions en revanche. En premier lieu, le support compteur sur le magnifique cintre HollowGram SystemBar SAVE qui est trop haut, ce qui gâche un peu l'ensemble.
En second lieu, l'absence d'entretoises spécifiques pour les versions équipées d'une potence traditionnelle. Et enfin, le fait de ne pouvoir avoir le choix de versions patins sur les haut de gamme, comme le proposent de plus en plus de marques. Les coureurs pros de Education First semblent eux avoir plus de choix.
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