Un boyau en perte de vitesse chez les amateurs

En écrivant cet article, je n'ai pas la prétention de détenir la vérité. Un simple constat vis à vis des quelques échos que j'ai eu dans les coursives de certains salons et de la part de quelques marques.

Ce n'est un secret pour personne, le boyau est en perte de vitesse depuis quelques années. Majoritaire sur les vélos de courses dans les années 80, aujourd'hui, seuls les coursiers et quelques cyclosportifs l'utilisent encore.

Conséquence, les ventes de roues à boyaux sont en chute libre, tant et si bien que pour 2018, DT Swiss a décidé de ne plus proposer de roues à boyaux, hormis un modèle piste.

Il faut dire que le pneu avec chambre a largement comblé son retard en termes de performances par rapport au boyau et l'a même supplanté si l'on en croit certains tests. Tony Martin est d'ailleurs devenu un adepte des pneus dans les contre-la-montre.

Et nombreux sont les cyclistes à être rebutés, à tort ou à raison, par la "logistique" d'une crevaison avec un boyau.

mais encore omniprésent chez les pros

Restent les pros, qui ne jurent que par les boyaux, hormis Tony Martin sur les chronos et quelques coureurs qui se laissent tenter par le tubeless sur Paris-Roubaix. Mais ces derniers ont la chance d'avoir à leur disposition mécaniciens pour le changement des boyaux (d'ailleurs, nombreux sont les pros à rouler en pneus à l'entraînement) et une assistance permanente en course pour parer à toute crevaison.

Car le boyau demande une certaine préparation pour être parfaitement collé.

Même les mécanos professionnels des équipes pros pestent parfois contre ce pneumatique récalcitrant qui ne veut pas rentrer facilement dans la gorge de la jante.

Et puis un boyau reste difficilement réparable. Ceux qui accumulent les crevaisons peuvent rapidement voir leur budget exploser par rapport à un pneu à chambre où on peut encore facilement poser une rustine... voire changer la chambre à air pour quelques euros.

Mais qu'est-ce qui peut donc faire que les pros restent attachés au boyau ? Un certain confort et un toucher de route qui reste encore difficilement égalé par les pneus, mais aussi la légèreté de l'ensemble roue/boyau. Les pros n'ont pas à embarquer de boyau de rechange en course, le couple roue carbone à boyau et boyau light est donc le plus léger. En revanche, l'amateur qui doit embarquer un boyau de rechange ferait bien de revoir son calcul si c'est le poids qui l'intéresse.

Autre argument qui revient souvent, la possibilité de continuer à rouler à plat en attendant la voiture d'assistance.

Mais il y a aussi une certaine croyance, le poids des habitudes, qui fait que le monde professionnel reste viscéralement attaché au boyau.

De nombreux mécanos et coureurs restent persuadés que ce dernier offre les meilleures performances. Et pourtant, en 2016, le site Bikeboard avait publié une étude de résistance au roulement entre boyaux et pneus.

Le constat est sans appel, les pneus (en rose) sont nettement plus efficaces que les boyaux (en bleu) en termes de résistance au roulement. Ce sont entre 5 et 15 watts qui sont économisés en utilisant un pneu.

Mavic pourrait-il imposer le changement avec le tubeless ?

La meilleure alternative entre le boyau et le pneu à chambre pourrait bien être le tubeless.

Malgré plusieurs années d'existence, il n'a jamais vraiment pris chez les pros sauf quelques courses spécifiques comme Paris Roubaix. L'arrivée de Mavic avec une large gamme de roues tubeless et son concept UST pourrait peut-être changer la donne.

Sponsor roues des équipes Cannondale et AG2R La Mondiale, la marque française a en tous cas la puissance nécessaire pour convaincre (voire imposer) le tubeless aux coureurs.

Car si les coureurs l'utilisent, forcément, l'attrait du grand public n'en sera que plus grand. Le boyau n'a pas dit son dernier mot, mais clairement, l'offre de roues de la part des marques va décliner irrémédiablement et ce cher bout de coton et de gomme sera sans doute de plus en plus difficile à trouver dans quelques décennies.

Et vous, qu'en pensez-vous ?