Test du Origine Graxx GTR, un gravel rigide séduisant et passe partout
Par Test matériel - Commentaires : 5 .
le mardi 21 janvier 2025 07:27 -Depuis que Origine propose un gravel carbone (la lignée Graxx), je n'avais encore jamais eu l'occasion d'en essayer un.
Il était donc temps, avec cette troisième génération, d'enfin voir ce que ce Graxx 3 GTR avait dans le cadre !
Comme sa gamme route Axxome, le Graxx se décline en deux versions (voire 4 si on compte les modèles Ultra), GTO et GTR. Deux modèles qui se distinguent avec des épaisseurs et des fibres de carbone différentes. C'est ici la version GTR que je teste, un modèle plus axé sur la performance, plus léger et plus réactif.
Un modèle qui débute à 3586 € dans sa version la plus simple et qui montre de sérieuses aptitudes à quitter le bitume et même les jolis chemins.
Présentation
Le Graxx GTR adopte la technologie de moulage UML (Unique Matrix Layup) développée sur les séries GTR route, mais avec quelques adaptations pour faire face aux contraintes spécifiques de la pratique gravel qui va parfois venir sur la limite de la pratique VTT.
On retrouve aussi le triangle arrière CCT+ qui permet d'obtenir un cadre nerveux, ainsi que la technologie Dynamic Response, le tout avec une optimale. Un point encore plus important en gravel que sur route.
Le kit cadre Graxx GTR (2039 €) est donné pour une masse de 1358 g en taille S, contre 1658 g pour la version GTO (1644 €).
Les géométries sont en revanche strictement identiques. En taille M, on a le même Reach qu'un Axxome mais le Stack est 3 cm supérieur, ce qui n'a rien de déconnant pour un usage gravel.
Un Graxx qui, dans cette troisième génération, bénéficie d'un routing interne dans sa totalité. Une intégration qui offre quelques avantages notoires surtout pour une pratique bikepacking. Les gaines et durites laissent totalement libre la rotation du poste de pilotage.
Grâce à cette intégration la direction est encore plus fluide qu’avec des gaines et durites apparentes qui pouvaient parfois contraindre le poste de pilotage.
Origine utilise une solution dite "semi-intégrée", puisque les câbles passent sous la potence et sont dissimulés sous un cache, avant de cheminer dans les entretoises et le tube de direction.
Cela évitera aussi à une quelconque gaine de venir frotter contre le cadre et ne viendra pas contraindre la mise en place d'une sacoche de cintre.
Le Graxx est compatible avec des pneumatiques 650B ou 700C, acceptant des sections de pneus allant jusqu'à 47 mm (700x45 et 650x47). Autant vous dire qu'il y aura de quoi faire. Mon modèle étant équipé de pneus de 40 mm, forcément, il y a de la marge au niveau de la fourche, des bases et des haubans.
Le serrage de selle est lui aussi intégré comme sur tous les modèles carbone de chez Origine.
Si vous configurez votre vélo, deux choix s'offrent à vous pour la fourche. Soit un modèle avec inserts (OGV III) comme c'est le cas ici, soit un modèle sans aucun insert, qui pèse 20 grammes de moins. Ce modèle OGV III permet de recevoir facilement et solidement porte-bagages latéraux et garde-boue. Compatible porte-bidons mais aussi Tubus.
Une fourche qui a le bon goût de permettre aussi l'intégration d'un câble si vous vous équipez d'un moyeu dynamo.
La version présentée ici coûte 5200 € environ pour un poids total de 8.5 kg en SRAM Apex, ce qui se révèle être plutôt bien placé dans cette gamme de prix.
Comme toujours, la force des vélos Origine réside dans la possibilité de tout personnaliser. Des couleurs jusqu'au moindre équipement, le configurateur Origine laisse libre court à votre imagination et vous permet de vous concocter un vélo en parfaite adéquation avec vos besoins, que ce soit en fonction de votre pratique ou de votre budget.
Vous avez la possibilité de choisir parmi 21 couleurs, ce qui laisse de nombreuses combinaisons possibles. Pour 60€ supplémentaires, vous pouvez opter pour le service Colors On Demand en communiquant le nom commercial ou le code RAL de votre choix dans le commentaire de la commande (après le choix des tailles) et Origine réalisera le vélo de vos rêves. J'ai notamment fait appel à ce service Colors On Demand pour la réalisation de l'Axxome 3 GTR avec un rouge Mercedes.
Ici, le Graxx GTR est en coloris Blanc Soie et Bleu Océan avec vernis satiné, le tout avec des décalques Graxx III GTR Race Noir.
Equipement
Comme évoqué juste au-dessus, le configurateur Origine vous permet de personnaliser chaque composant, mais je vais tout de même vous parler des périphériques qui équipent ce modèle d'essai.
On a ici droit à une transmission SRAM Rival AXS, le groupe électronique le plus abordable de chez SRAM, en version XPLR bien sûr et mono plateau. Son plateau de 40 dents est associé à une cassette 10-44. Une transmission qui est au bas de la gamme SRAM mais qui bénéficie de l'électronique AXS que l'on retrouve sur les autres groupes de la marque américaine.
Pas de carbone donc, des composants tout en alu, ce qui se retrouve forcément sur la balance.
Côté poste de pilotage, une potence alu Token TK-278A semi intégrée ainsi qu'un cintre Road Ergomax WCS de chez Ritchey avec une partie supérieure rehaussée de 10mm est légèrement courbée pour le confort des poignets, et aplatie pour une meilleure prise en mains. C'est spécial, et surtout, pas nécessaire sur mon vélo d'essai vu toutes les entretoises, mais comme toujours, le configurateur vous permet de choisir ce que vous voulez.
Enfon, pour le train roulant, Origine a sans surprise équipé ce vélo test de ses roues Prymahl, ici les Vega C35 Pro Wide à 1369 grammes la paire.
25 mm de largeur interne pour accueillir au mieux des pneumatiques route et gravel dont la section est comprise entre 30 et 45 mm. Un profil de 35 mm idéal pour la pratique gravel non compétitive.
Des pneus Hutchinson Touareg de 40 mm complètent le tout, des pneus réputés pour leur polyvalence et leur accroche sur la plupart des terrains que l'on est amené à rencontrer en pratique gravel.
Sur les chemins
Pour avoir pu tester sur la même période l'Axxome GTO Ultra avec la même fourche qui équipe ce Graxx GTR, clairement, la technique de moulage des fibres UML (Unique Matrix Layup) apporte une assez nette différence de comportement, rendant même ce Graxx GTR un peu plus dynamique que l'Axxome GTO.
Non pas que la version GTO de l'Axxome soit une enclume ou un vélo inerte, loin de là, mais en équipant ce Graxx de roues test Fulcrum Sharq avec des pneus route Continental de 30 mm, on est sincèrement assez proche du comportement d'un Axxome GTR, en tous cas, dans la même philosophie.
Et quand on voit que les vélos aérodynamiques modernes penchent pour des fourches extra larges pour faciliter le flux d'air autour de la roue, à se demander si ce Graxx GTR ne serait pas plus efficient vu l'espace entre un pneu de 30 mm et la fourche.
Un cran en dessous d'un Axxome GTR, on va dire que le Graxx GTR, dans cette configuration "route" se situe entre l'Axxome GTR et l'Axxome GTO, hormis la position qui est plus haute, plus droite sur ce Graxx, mais on peut arriver au même positionnement sur les deux modèles.
De là à qualifier le Graxx 3 GTR de Allroad, c'est un pas que je ne franchirai pas, les Allroad étant pour moi plus limités, rien qu'en raison d'une monte pneumatique n'excédant pas, souvent, 42 mm. Ici, c'est un Allroad vraiment capable d'aller partout avec des pneus de 45 mm, mais qui peut aussi se muer en un excellent vélo de route.
Un comportement vif, un vélo très dynamique pour un gravel qui, malgré des pneus de 40 mm, offre déjà un beau potentiel sur la route même si ce n'est pas son terrain de prédilection. Mais pour ceux qui ne voudraient qu'un seul vélo, le Graxx 3 GTR peut à loisirs, jouer sur les deux tableaux.
L'idéal sera bien sûr d'avoir une paire de roues dédiée au gravel et une autre pour la route, avec idéalement des pneus de 30/32 mm.
Les relances sont nerveuses aussi bien sur le bitume que sur terrain meuble. Les cyclistes venant de la route et aimant "gicler" ne seront pas déçus et trouveront vite leurs marques.
Sur les chemins de terre et de castine, la filtration est plutôt bonne, bien aidé par les pneumatiques de 40 mm qu'il faudra veiller à ne pas trop gonfler. Car le Graxx 3 ne jouit d'aucun artifice pour filtrer les plus gros chocs, il ne compte que sur les qualités du carbone.
Les petites aspérités ne seront qu'une formalité, par contre, les plus gros trous ou cailloux ne sont pas sa tasse de thé et si vous prévoyez de vous aventurer sur des terrains vraiment accidentés, le fait de pouvoir monter des sections de 45 mm ne sera pas un luxe pour bénéficier d'un surplus de filtration.
La partie arrière semble un peu mieux filtrer que l'avant, le triangle arrière CCT+ n'y étant sans doute pas étranger. Un mix 45 mm à l'avant et 40 mm à l'arrière pourrait être le bon compromis sur les terrains plus accidentés pour qui veut un confort équilibré entre l'arrière et l'avant tout en conservant ce dynamisme.
Dans les singles très rapides, ce Graxx 3 permet de vraiment s'amuser et de passer relativement fort. Le vélo reste tout de même parfaitement stable même dans les pires conditions et pour peu que vous soyez assez habile, vous passerez partout sans encombres.
Mais si cette version GTR du Graxx se veut performante, il n'en reste pas moins très agréable en mode plus balade ou bikepacking. La seule limite sera le terrain, car s'il est plus proche d'une piste VTT que de chemins, vous serez forcément moins à l'aise, surtout si vous vous limitez à une monte pneumatique de 40 mm.
Même si je suis loin d'avoir utilisé toutes les possibilités de fixations offertes par ce Graxx, Origine peut se féliciter de n'avoir rien oublié. Même sans la fourche avec inserts, il y a déjà de quoi fixer nombre de bagages. Mais en optant pour cette fourche OGV III, on arrive vraiment à un vélo que l'on peut lourdement équiper pour de très longues aventures.
Les développements permettront de passer partout sans trop se mettre dans le rouge.
Un gravel sportif, qui tend un peu plus vers la route au niveau de son comportement, même si le Graxx 3 GTR reste un pur gravel. Si vous voulez aller taquiner du chrono sur des épreuves longues et rapides, le Graxx 3 GTR fera le job.
Idéal donc pour les "cyclosportives gravel" comme la Traka par exemple ou les longues portions roulantes sont légion.
Même s'il passe partout, il sera plus exigeant sur les terrains très accidentés qui se rapprochent de la pratique VTT, vous y laisserez un peu plus de jus, la faute à l'absence de système de filtration "actif" sans doute, qui met le corps à rude épreuve.
Ce n'est en soi pas un défaut pour moi, puisque bien des cyclistes sont loin d'aller taquiner dans leur pratique gravel les conditions et les pistes VTT. Mais si l'occasion se présente, pas trop souvent, le Graxx 3 GTR sera totalement capable de passer partout.
J'ai aussi testé ce Graxx GTR avec les Fulcrum Sharq et des pneus Continental Terra Speed TR de 40 mm. Des roues un peu plus lourdes, mais aussi plus hautes, qui transforment le comportement du Graxx GTR sur les terrains gravel très rapides.
Le vélo se montre encore un peu plus stable notamment en cas de vent. Et ce ne sont pas les 80 grammes de plus sur la paire de roues qui se sentent lorsque la pente se fait plus forte. Alors bien sûr, le comportement du Graxx est encore un cran au-dessus équipé de ces Sharq par rapport au Prymahl, mais à 2450 € la paire de roues, on ne joue pas non plus tout à fait dans la même catégorie !
Bilan
Vous hésitez entre un vélo de route endurance et un gravel... clairement, le Graxx 3 GTR pourrait bien être la bonne formule pour vous.
Sans sacrifier du rendement sur la route, surtout si vous avez de bonnes roues avec des pneus route de 30 mm, le Graxx 3 se montre aussi un solide allié dès que le bitume disparaît. Assez nerveux pour s'élancer sur des courses gravel de type UCI, si la technique est là, il sera capable de passer partout.
Et sa partition ne s'arrête pas là, puisque si vous voulez cruiser, vous balader en mode loisirs ou bikepacking, il sait aussi faire. Sa seule vraie limite seront les terrains vraiment cassants où même des pneus de 45 mm sont limites. Mais si vous n'avez pas des velléités de cascadeurs ou casse-cou, le Graxx 3 GTR pourrait bien être votre vélo à tout faire !
Photos : Sonam.cc et Matos Vélo
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