Essai des roues Fulcrum Sharq, aussi à l'aise sur la route qu'en gravel
Par Test matériel - Commentaires : 7 .
le mardi 4 février 2025 07:49 -Conçues en Italie et fabriquées en Europe, les Fulcrum Sharq sont le fruit d’un processus de recherches et de développement qui a nécessité plus de 4 000 heures entre la conception et les essais sur le terrain.
Des roues utilisables aussi bien sur la route que dans les chemins en mode gravel. D'ailleurs, elles se retrouvent aussi bien dans la catégorie route qu gravel sur le site de la marque. Elles promettent l’aérodynamisme et la réactivité des roues de route tout en offrant la résistance des roues de gravel.
Avec une largeur interne de 25 mm, elles s'accommodent aussi bien de pneus route de 30 mm que de pneus gravel jusqu'à 65 mm. Une jante qui innove avec son profil 2-Wave Rim variant de 42 à 47 mm,une vague symétrique régulière à proximité du nez, qui se transforme en une vague asymétrique sur les côtés, à la manière de ce que propose Zipp avec ses jantes NSW. Verdict après plusieurs semaines de roulage sur routes et chemins.
Présentation
A 2200 €, les Fulcrum Sharq se positionnent clairement sur le haut de gamme, tout en étant tout de même plus accessibles que les Zipp 353 NSW qui, au moins par les ondulations sur la jante, se positionnent en concurrentes directes.
Des roues conçues et fabriquées en interne, avec des composants issus soit de chez Fulcrum, soit de prestataires externes situés en Europe.
Ces roues se démarquent bien sûr par ces ondulations présentes sur la jante, que l'on a déjà pu voir chez Zipp, précurseur dans le domaine, et qui semble être copié par de nombreuses marques désormais, avec des ondulations différentes à chaque fois. Princeton adopte par exemple des vagues très régulières, symétriques, quand Zipp propose une ondulation plus régulière d'un côté avant une descente plus raide de l'autre.
La technologie 2-Wave Rim prévoit une jante avec une vague symétrique régulière à proximité du nez, qui se transforme en une vague asymétrique sur les côtés. La hauteur du profil varie entre 42 et 47 mm, au niveau de la partie la plus haute et de la partie la plus basse de la vague. Ce nouveau design permet d’équilibrer les paramètres de maniabilité et de réactivité, avec un excellent aérodynamisme. Le tout avec un canal interne de pas moins de 25 mm pour 29.8 mm en externe.
Pas de "Hookless" chez Fulcrum, la marque a préféré opter pour un entre deux, avec un mini crochet afin qu’elle soit compatible avec les systèmes tubeless et à chambre à air.
Le fond de jante n'est pas percé et est donc compatible avec les pneus tubeless, sans qu'il soit nécessaire d’utiliser un fond de jante.
La nouvelle forme est associée à un laminage avec le mélange de résines et de fibres de carbone FF100 dont Fulcrum a le secret. Grâce à ce profil 2-Wave Rim, Fulcrum annonce une amélioration de 21 % en matière de résistance au vent latéral dans des conditions de vent entre 0° et 10° et jusqu’à 30 % entre 10° et 20°, par rapport à un profil traditionnel de la même hauteur.
Le reste de la construction s'appuie sur des rayons inox développés par Fulcrum et appelés A3RO. Un nouveau rayon plat en inox, d’une largeur de 3 mm et d’une épaisseur de 0,8 mm, offrant des avantages aérodynamiques. En outre, l’interface moyeu-rayon a été revue : le trou prévoit deux fentes supplémentaires couplées à un aplatissement spécifique sur la base du rayon, qui permet à ce dernier de rester aligné et de ne pas tourner, garantissant ainsi un aérodynamisme constant.
Les rayons (24 aussi bien à l'avant qu'à l'arrière) ne se touchent jamais entre eux (« no-touching spokes »), ce qui permet de maintenir la tension au fil du temps et, par conséquent, d’assurer le même niveau de performance pendant tout le cycle de vie du produit, sans qu’il soit nécessaire d’intervenir mécaniquement pour remédier à d’éventuelles baisses de tension.
Les écrous sont en aluminium et visibles sur la jante, pour une maintenance plus facile.
Le design du moyeu respecte le style minimaliste déjà adopté pour le modèle Speed et se distingue par la technologie Cup & Cone : les roulements cône-cuvette présentent des billes en céramique de type USB qui glissent sur un axe passant intégral avec une bague de réglage pour une précharge extrêmement précise et une fluidité maximale.
Des moyeux qui sont 100% en aluminium. Au niveau du corps de roue libre, vous aurez le choix entre les formats XDR, HG, N3W et Micro-Spline12.
Annoncées à 1440 grammes la paire, j'ai pesé mon exemplaire à 1450 grammes (650 g pour l'avant et 780 g pour l'arrière). On est donc très proche de la réalité, avec sans doute un corps N3W un peu plus léger que le XDR, permettant d'arriver aux 1440 grammes promis.
Une masse que certains trouveront élevée pour des roues route, mais il faut aussi tenir compte du fait que les Sharq peuvent aussi évoluer en gravel. Et dans ce cas, des roues de 47 mm de haut à 1450 grammes sont une belle performance.
D'autant que plus que la recherche du poids le plus faible, c'est ici la stabilité qui est visée avec ces jantes 2-Wave Rim.
Les essais sur routes et chemins
J'ai réalisé cet essai à la fois avec des pneus route (Continental Grand Prix 5000 S TR de 30 mm) qu'avec des pneus plus typés gravel, des Continental Terra Speed TR de 40 mm, et ce, sur deux vélos différents, un Origine Graxx typé gravel, mais aussi un Ridley Grifn RS Allroad.
Des tests qui m'ont aussi permis de juger du comportement sur deux terrains différents, mais avec les mêmes roues, de ces deux vélos. Pour l'Origine Graxx, je vous laisse le soin de retrouver mon test complet de ce vélo.
Des roues tout aussi aptes à être utilisées sur du bitume que des chemins, même les plus accidentés, pour peu que vous adoptiez les bons pneumatiques, un constat qui est identique sur les deux vélos.
Mes premiers essais ont été effectués sur route. Avec donc les Sharq équipées de pneus Continental Grand Prix 5000 S TR de 30 mm de section, le tout monté sur le Ridley Grifn RS (un modèle allroad) d'habitude équipé de roues Zipp 303 Firecrest. Le poids des Sharq est à peine supérieur aux 303 Firecrest (40 g de plus), c'est surtout le profil de l'ensemble qui change, passant de 40 à 47 mm.
Des pneus de 30 mm qui se marient parfaitement avec la largeur externe de la jante, elle aussi de 30 mm.
Tous les cyclistes qui adorent les roue-libre bruyantes détesteront les Sharq tant elles sont discrètes à ce niveau. Pour ma part, j'adore les roue-libre silencieuses !
Les sensations sur le plat ou dans les bosses sont donc proches, avec des roues rigides mais sans excès, un bienfait aussi bien pour le confort que pour ne pas subir les roues quand les watts viennent à manquer.
Mais c'est réellement lors d'une sortie en Bretagne avec beaucoup de vent sur plus de 100 km, parfois de côté, parfois 3/4 dos, que j'ai pu apprécier ces Sharq.
Sur un terrain sans temps mort (110 km et 1152 m de D+) et sous la pluie, ces Fulcrum Sharq se sont révélées très stables dans ces conditions, plus en tous cas que les Zipp 303 Firecrest qui équipent d'habitude ce vélo et ne font pourtant que 40 mm de haut. Comme quoi, la forme de la jante a finalement plus d'importance que sa hauteur.
Il me semble que les Zipp 353 NSW sont légèrement plus stables encore, mais si je devais faire un classement, les Fulcrum Sharq peuvent clairement monter sur la seconde marche en termes de stabilité par vent fort et surtout lorsque des rafales sont présentes.
Uns stabilité qui se confirme encore plus à haute vitesse, en descente par exemple, où même à plus de 50 km/h, les rafales de vent ne viennent pas trop perturber la stabilité. Ca n'efface pas complètement le vent, mais cela réduit drastiquement les réactions vives et dangereuses.
Après plusieurs centaines de kilomètres en mode route, place au gravel, avec les pneus Continental Terra Speed de 40 mm.
En usage pur gravel technique, l'apport des Sharq sera indécelable par rapport à des roues plus traditionnelles. Il faut dire qu'à 20/25 km/h, sur des chemins, le vent n'est bien souvent pas le plus gênant.
De plus, les pneus Terra Speed de Continental n'étaient pas les plus adaptés pour rouler dans la boue, généralisée en cette saison aussi bien du côté de Toulouse qu'en Bretagne. Je ne vais pas non plus vous inventer une meilleure adhérence sur terrains meubles ou boue, non, là, c'est le pneu qui fait toute la différence.
Par contre, malgré de très mauvais traitements, les Sharq répondent présent et n'ont subi aucun voile ou autre malgré de nombreux chemins très pierreux parfois.
Le terrain de jeu de ces Fulcrum Sharq, c'est plutôt le gravel rapide, voire les vélos d'endurance qui lorgnent de plus en plus vers des sections de 32 à 35 mm.
Sur les longues portions de terre, de chemins blancs ou de bitume, la stabilité procurée par ce profil est plus qu'appréciable et permet de rouler vite tout en étant plus serein.
En cela, c'est à mon avis le combo parfait pour un vélo comme le Ridley Grifn RS, un vélo gravel typé courses, bien que les Sharq supportent des sections jusqu'à 65 mm. Mais au-delà de 45 mm de section, il y a de fortes chances pour que la vitesse sur le parcours ne permette pas de profiter de l'effet aérodynamique et de la stabilité des roues à hautes vitesses.
Bilan
Oui, ces Fulcrum Sharq ne sont pas données, à 2200 €, c'est du très haut de gamme. Mais la qualité de fabrication est bel et bien présente.
Des roues ultra polyvalentes, pour qui veut s'offrir une paire de roues aptes à équiper aussi bien un vélo de route qu'un vélo gravel ou mieux encore, un allroad, ces vélos gravel prévus pour performer sur les tracés très rapides.
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