Des sourires. C'est peut-être ce que j'ai le plus vu au sein de ce Tour de France Femmes.... mais aussi dans cette équipe.

J'aime cette décontraction qu'ont les femmes sur ce Tour, une liberté que les hommes ont parfois perdue. Ce sentiment qu'elles savourent leur chance de pouvoir participer à cette course qui leur a trop longtemps échappé. Un réel plaisir que d'avoir pu couvrir cette belle course, où le public était présent, mais le sport aussi.
Une chance pour elles... mais aussi pour les journalistes et photographes, que de pouvoir couvrir cet événement, qui ressemble plus à une révolution sociétale qu'à une simple "course de plus".

Une équipe qui attire la sympathie du public aussi en partie grâce à son sponsor principal, les biscuits St Michel, qui valent à l'équipe cette couleur orange sur les véhicules et les vélos qui sort du lot. Tout le monde a des souvenirs avec ces biscuits, d'ailleurs, nombreux sont ceux qui viennent demander des madeleines ou autres aux bus de l'équipe.

A noter aussi la présence de E.Leclerc parmi les sponsors de cette équipe, une marque de Grande Distribution très impliquée depuis quelques années dans le cyclisme. Michel Edouard Leclerc n'a d'ailleurs pas manqué de venir encourager l'équipe sur la dernière étape à Pau.

St Michel - Mavic - Auber93, c'est un projet sportif unique, de l'action locale au plus haut niveau mondial. Le club CM Aubervilliers 93, créé en 1948, ne se limite pas aux équipes pros route, puisqu'on y retrouve aussi une équipe DN2 BMX, une équipe Open 1 & 2, de la compétition de loisir route et BMX ainsi qu'une section jeunesse route et BMX - école de vélo.

Du matériel de pointe

Commençons par ce qui vous intéresse sans doute en premier lieu, le matériel utilisé par l'équipe.

En premier lieu, le cadre, Cannondale SuperSix EVO Lab71 que j'avais pu tester lors de sa sortie. Il est ici équipé de roues Mavic qui, comme le nom de l'équipe l'indique, est partenaire majeur de l'équipe. En fonction des étapes, les cyclistes ont le droit à des Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc ou des Cosmic SLR 45 Disc, Cosmic SLR32 ou Cosmic SLR65.

On retrouve aussi des partenaires tels que Velox pour la guidoline, Spécialités TA pour les bidons et porte-bidons ou encore Ekoï pour les casques, Michelin pour les pneumatiques et enfin, Look pour les pédales. Hormis la transmission Shimano et donc le cadre Cannondale, cette équipe française roule majoritairement avec des produits de marques hexagonales.

Vous pouvez retrouver la présentation de ce vélo ici.

Pour les contre la montre, là encore, pas de vélos au rabais, loin de là, puisque l'équipe peut compter sur les excellents SuperSlice, les mêmes que ceux utilisés en World Tour par l'équipe EF Education First par exemple.

L'équipe a d'ailleurs fait sensation sur le contre-la-montre de ce Tour de France Femmes avec quelques roues pleines Mavic Comète Road décorées avec une galette Saint Michel.

Entre Albi et Blagnac au sein de l'équipe

Rendez-vous est donné au départ de la 6ème étape, entre Albi et Blagnac. Un parcours que je connais, puisqu'il emprunte en grande partie mes routes d'entraînement.

L'ambiance est plutôt décontractée. Les mécaniciens (Hugo Monard, Baptiste Bleier et Paul Legendre) préparent les vélos et refont les pressions des pneumatiques pendant que les coureuses se préparent. On sent une réelle bonne entente entre les coureuses mais aussi au sein de l'ensemble de l'encadrement.

Lors du passage de la caravane, un caravanier demande même un bidon St Michel - Mavic - Auber93. La marque Spécialités TA avait même produit une série limitée de 4 bidons différents pour ce Tour de France Femmes, de vrais objets collectors.

Place au départ. Je ne prends pas place dans une voiture qui sera au sein de la course, puisque celles-ci embarquent déjà le directeur sportif, un chargé de performance et un mécanicien et tout son bazar. Comme vous le voyez ci-dessous, la place est déjà comptée.

Vous noterez que chaque mécanicien a un "pense-bête" fixé sur l'appui-tête avant permettant de repérer facilement où se trouve le vélo de rechange de chaque coureuse pour un dépannage au plus vite.

Je serai donc dans une voiture d'assistance qui se positionne à plusieurs endroits sur le parcours pour ravitailler les coureuses. Nous partons 30 minutes avant le départ de la course. Si sur les 50 premiers kilomètres, on roule sur le parcours, il faudra ensuite couper pour tenter de rallier au plus vite les points de passage de la course.

Au kilomètre 22, on passe dans un des plus beaux villages de France, Cordes sur Ciel. Le public ne s'y est pas trompé, il est venu en masse applaudir les championnes de cette seconde édition du Tour de France Femmes par Zwift.

Peu après le village, nous cherchons le premier point de ravitaillement. Il fait déjà chaud, les femmes de l'équipe ne doivent pas venir à manquer d'eau. Il faut de préférence un endroit en bosse (ça roule moins vite pour passer les bidons). Le souci, c'est que tous les assistants cherchent le même type d'endroit, il y a aussi le public qui affectionne les bosses et enfin, il est interdit de ravitailler dans les 500 derniers mètres d'une bosse.

Bref, c'est comme chercher une place de pique-nique à l'ombre avec une table et des bancs sur une aire de repos de l'A7 un week-end de grands départs.

Mais on finit par trouver un coin pour s'arrêter et tout le monde fait passer des bidons, mécaniciens comme directeurs sportifs (ici, Charlotte Bravard).

Après ce premier passage de bidons, direction un autre point de ravitaillement, 50 kilomètres plus loin. Et mine de rien, il ne faut pas traîner, car nous sommes maintenant derrière la course, ce qui nous oblige à prendre des routes non fermées à la circulation, avec son lot de surprises comme des déviations, bouchons, ...

Nous nous arrêtons dans la côte de la Gayre, quelques minutes avant que le peloton n'arrive. Il fait très chaud et la course avance vite. Cette côte, que j'ai l'habitude d'emprunter, est avalée à vitesse grand V par tout le monde.

Nous devions ensuite rejoindre le parcours, notamment pour pouvoir passer dans mon village, mais la vitesse du peloton nous obligera à trouver tous les raccourcis possibles pour tenter de rallier l'arriver dans les temps. Nous y arrivons tant bien que mal, puisque nous retrouvons le circuit à 5 km de l'arrivée, alors que le peloton est à peine à 10 kilomètres.

Nous arrivons quelques minutes avant la course. Forcément, en étant garés à près de 1 kilomètre de la ligne d'arrivée, nous loupons le final de la course. Mais nous pouvons accueillir les coureuses qui arrivent, exténuées par l'étape courue sous la chaleur. Elles prennent place sur les home-trainer pour commencer leur récupération et faire ralentir le corps de façon lente.

Le bus est rapidement entouré par le public qui vient récupérer autographes, bidons, ....

Un jeune fan vient même avec une pancarte en carton qu'il fera signer par toute l'équipe.

Rebelote à Lannemezan

Le lendemain, même chose, avec un départ ultra tardif à 16h15 de Lannemezan, après une bonne nuit de sommeil du côté de Toulouse. L'étape reine de ce Tour de France Femmes 2023 avec Zwift s'annonce. Seulement 90 kilomètres, mais un menu consistant avec l'Aspin et l'arrivée au Tourmalet. Changement de braquets de rigueur.

L'arrivée est prévue à 19h/19h30.... et tout le monde dort à Pau le soir-même. La journée s'annonce longue pour les coureuses, directeurs sportifs, assistants et mécaniciens, tout ce petit monde n'arrivera qu'à 21h30 à Pau.

Travail de nuit

Plutôt que d'aller à l'arrivée du Tourmalet, je décide de me diriger vers Pau et aller passer une partie de l'après-midi auprès de Baptiste Bleier, mécanicien qui est allé directement à l'hôtel pour faire les derniers préparatifs sur les vélos de chrono, dont les fameuses roues pleine "galettes St Michel".

L'occasion de voir son travail sur des vélos que l'on voit assez peu, les contre la montre étant assez rares.

C'est le calme avant la tempête. Personne aux alentours, il peut travailler tranquillement, sans agitation extérieure hormis un photographe spécialisé en matos vélo :-)

L'occasion de discuter braquets, matériel... mais aussi d'autres choses qui resteront secrètes ou tout au moins anonymes.

21h30, les premières voitures arrivent, avec coureuses, vélos, mécaniciens et photographe. J'en profite pour discuter technique avec le photographe de l'équipe, Auguste Devaire. D'autant plus qu'on a le même matériel, ça me permet d'en apprendre un peu plus et de tenter de me perfectionner encore, étant totalement amateur et autodidacte en photographie.

Il y avait un brouillard à couper au couteau au sommet du Tourmalet, cela fait de superbes images à la télévision, mais difficile pour les photographes de sortir de bonnes photos !

Pour les mécaniciens, c'est travail en nocturne, pendant que les coureuses vont se faire masser puis manger.

Car même si les vélos ne vont pas être utilisés le lendemain, jour de chrono, on ne remet pas des vélos sales dans le camion.

Jour de chrono qui débute sous l'eau

Le chapeau Mavic, qui servait jusqu'à présent à se protéger des rayons du soleil, protège aujourd'hui de la pluie, bien que la météo avait prévu du beau temps. Un beau temps qui arrivera finalement sur le coup de midi.

Un jour de contre la montre, c'est toujours spécial. Celui-ci l'est d'autant plus qu'il marque la fin de ce Tour de France Femmes 2023 par Zwift. Pour certaines, la victoire se joue aujourd'hui, ou un bon placement dans le classement général.

Pour d'autres, ce sont simplement les derniers tours de roues, mais qui ne se feront pas sans douleurs. Un stress aussi pour les mécaniciens, qui doivent se rendre au point de contrôle UCI pour faire vérifier tous les vélos. Tous les mécaniciens rejoignent donc le point de contrôle UCI ensemble, pour faire vérifier tous les vélos à la fois.

Bien que ces derniers ont déjà passé plusieurs contrôles dans l'année, ils ne sont jamais à l'abri d'un vélo "recalé", même si ce dernier a passé un précédent contrôle sans problème. Ca se joue parfois à quelques millimètres, la façon de mesurer de l'opérateur peut donc légèrement influer. Aucun souci pour St Michel - Mavic - Auber93, mais une autre équipe a par exemple été recalée en raison d'un prolongateur moulé qui est pourtant utilisé depuis le début de l'année.

Au sein de l'équipe, personne n'a réellement de prétentions mais toutes s'appliquent sur ce chrono. C'est toujours l'occasion de travailler la discipline et de se mesurer aux spécialistes de la discipline sur un parcours plutôt long et pas tout plat.

A l'issue de ce chrono, toutes sont heureuses d'en terminer et elles peuvent enfin savourer une bonne pizza avant quelques desserts. Pendant ce temps, les mécaniciens continuent de travailler et nettoient les vélos au fur et à mesure de leur arrivée. Un lavage rapide, la route était sèche et sur 28 km, les vélos n'ont pas trop souffert.

Une équipe qui est partie de toute petite... jusqu'à devenir aujourd'hui un projet complet, aussi bien chez les hommes que les femmes, avec la ferme intention de gravir encore les échelons pour intégrer le World Tour.