Essai des Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc, les roues tubeless françaises au firmament
Par Test matériel - Commentaires : 16 .
le mardi 9 mai 2023 07:21 -Les roues Ultimate chez Mavic représentent ce qui se fait de mieux. Proposée depuis longtemps dans une version à boyaux Cosmic Ultimate T Disc, la version pneus / tubeless s'est longtemps fait attendre, entre autres en raison des difficultés qui ont touché l'entreprise.
Mais ça y est, les Ultimate se déclinent enfin dans une version tubeless. Du 100% fait main en France, mais qui n'est pas une simple déclinaison des Ultimate boyaux, puisque la jante, les rayons mais aussi les roulements ont été revus en profondeur.
A la clé, une paire de roues à 1255 grammes, soit 20 grammes de plus que la version boyaux, avec un profil de 45 mm de haut contre 40 mm pour la version boyaux. Une paire de roues que j'ai eu le privilège de pouvoir tester. Privilège, car à 4449 € la paire, ces Cosmic Ultimate 45 Disc seront rares sur les routes.
Présentation
Ces roues sont développées et fabriquées dans l’atelier de carbone Mavic à Annecy, en France. Du quasi 100% made in France, car forcément, certains roulements ou certaines petites pièces ne sont pas disponibles en France. Mais on est proche de 98%.
Du quasi local même, puisque les parties en aluminium sont soient réalisées chez Mavic, soit, pour certaines, chez un sous-traitant situé à moins de 100 km de chez Mavic, toujours en France.
Voilà qui explique une bonne partie du tarif demandé pour ces Cosmic Ultimate 45 Disc, 4449 €. Oui, c'est cher, mais si vous vous référez à mon article concernant la fabrication de ces roues, cela demande du temps de main d'oeuvre pour la construction, mais aussi tout le temps passé sur le développement.... qui se paye.
A ce prix, vous aurez notamment droit à de belles housses très épaisses, exclusives à ce modèle. Ca ne justifie pas le tarif, mais ça y participe. Des roues qui ont pour concurrentes les Lightweight, Cadex ou encore les toutes dernières Campagnolo Hyperon Ultra.
Petite attention qui marque le côté exclusif de ces roues, en plus d'une feuille de carbone, les roues sont fournies avec une étiquette où chaque personne ayant participé à leur fabrication est indiquée.
Ici, Marie-France pour la découpe et le drapage, Jérôme pour le moulage, Julie pour l'assemblage et let réglage, Adeline pour la finition et enfin, Daniele pour le contrôle qualité final. Derrière chaque roue, des êtres humains, pas de robot.
Elles bénéficient d’une garantie à vie et d’une politique de remplacement en cas d’accident substantielle (-50% les 2 premières années, -40% entre 3 et 5 ans, et -30% entre 6 et 8 ans). Pour cela, il suffit d'enregistrer les roues sur mavic.com/fr-fr/care dans les 2 mois suivant leur achat.
Cela prouve la confiance de Mavic en ses produits. Et pour avoir vu les tests auxquels ils sont soumis, tant en termes d'usure que "destructifs", je peux vous assurer que vous pouvez y aller les yeux fermés, ils vont nettement plus loin que ce que la loi demande.
Sobres par défaut, on trouve simplement un petit autocollant jaune côté opposé à la valve. Mais si vous souhaitez avoir plus de jaune sur vos roues, Mavic fournit un kit d'autocollants Service Course avec chaque paire de roues.
De même, vous trouverez des autocollants spécifiques permettant de bloquer la valve dans le cas où vous choisiriez un montage chambre à air, ceci afin d'éviter que cette dernière ne se balade à chaque tour de roue, faisant du bruit.
Pour avoir testé avec un montage chambres à air, ces derniers sont diablement efficaces et indispensables pour éviter des bruits désagréables.
Le profil de jante tout carbone, de 45 mm de haut et 27 mm de large en externe (pour 19 mm en interne) est inspiré des profils NACA. Sa conception complexe en couches permet d’optimiser le rapport rigidité/poids. La couche externe bénéficie de notre finition spéciale UD.
La jante n’est pas percée : le fond de jante n'est pas nécessaire pour en assurer l’étanchéité, ce qui garantit une parfaite facilité d'utilisation du tubeless. Pas besoin de fond de jante spécifique à l'étanchéité parfois aléatoire. La pression maximale admissible est de 6 bars.
Chaque roue est équipée de 20 rayons en carbone. Les rayons sont fabriqués en fibre de carbone unidirectionnelle, ils ne s’étirent pas. Ils vont d’un bord de la jante à l’autre en passant à travers le moyeu (technologie R2R) où ils sont collés, formant un seul rayon au lieu de deux : la roue est ainsi plus rigide et ne nécessite plus de fixation mécanique des rayons sur le moyeu. Chaque rayon peut résister à une traction de plus de 700 kg alors que ceux-ci présentent une tension permanente de "seulement" 150 kg, il y a donc une marge de sécurité assez conséquente.
Les écrous de fixation des rayons sont noyés dans la jante.
À l’intérieur des moyeux, les axes sont associés à des roulements à cartouche étanche réglés automatiquement, pour une précharge optimale. À l’arrière, le système de roue libre ID360 octroie un engagement instantané (40 points d’engagements, soit 9°) et réduit la friction. Les moyeux sont compatibles avec les axes traversants (12 x 100 à l’avant, 12 x 142 à l’arrière) et conçus pour être équipés de disques de frein Center Lock. Le retrait du corps de roue-libre se fait sans aucun outil. Il suffit de tirer dessus.
Des moyeux qui sont en aluminium et revêtus d'une couche de carbone. Pourquoi pas du 100 % carbone ? Car il est difficile d'arriver aux même tolérances qu'une pièce usinée en alu (pour les roulements par exemple) et le poids n'aurait pas été plus bas pour arriver à une rigidité suffisante.
Mavic a revu les roulements et les a renforcés, ils sont plus grands. Par contre, toujours pas de billes céramique. Après de nombreux tests, Mavic a conclu à l'absence d'avantage des roulements céramique une fois les roues en charge. Le seul gain se situe au niveau de l'absence de joints.
La finition est vraiment du plus bel effet, avec les feuilles de carbone mat. A vrai dire, je préfère largement cette finition plutôt que le côté brillant d'une Campagnolo Hyperon Ultra.
La signature Ultimate est gravée au laser. Pour la petite histoire, il s'agit du même procédé que ce qui est utilisé pour traiter la piste de freinage des roues pour freins sur jantes de la marque, iTgMAX.
C'est ce qui donne ce rendu si particulier, qui contraste avec le reste de la jante. L'inscription est tantôt matte quand le reste est brillant, et vice-versa.
Plus joli et léger qu'un autocollant et surtout, durable, car même après des années, cette finition restera la même.
Bonne surprise du côté du poids. Ces roues sont annoncées à 1255 grammes (575 + 680 g), j'ai pesé mes exemplaires à respectivement 560 grammes pour l'avant et 660 à l'arrière, soit un total de 1220 grammes.
A peine plus de 1200 grammes la paire pour des roues tubeless, peu de marques peuvent se targuer d'une telle prouesse. Alors, oui, ça coûte cher, 4449€, et beaucoup diront que certains artisans font aussi bien pour bien moins cher. Aussi bien en termes de poids, sans doute, mais avec des jantes asiatiques (pas de Made in France donc) et un montage peut-être moins solide que cette paire de roues.
La conception et la fabrication 100% en France, ainsi que la garantie à vie, cela a -malheureusement - un prix. Libre à chacun, ensuite, de voir si cela est justifié ou non.
Sur la route
Pour cet essai, Mavic m'a laissé ces roues suffisamment de temps pour que je puisse réaliser des essais différents.
En chambre à air puis en version tubeless, mais j'ai aussi fait le test sur mon Origine Fraxion, puis j'ai ensuite fait tester ces roues par Jérôme sur son Colnago V3RS. Jérôme connaît bien les roues haut de gamme puisqu'il possède des DT Swiss Mon Chasseral ainsi que des Princeton CarbonWorks... et il a aussi possédé les Mavic Cosmic Ultimate en version boyaux.
Je vais donc vous détailler le comportement de ces roues dans chaque configuration.
A vrai dire, j'étais de ceux qui pensaient que ces Cosmic Ultimate allaient être de vrais bouts de bois, difficile à faire vivre mais aussi inconfortables. Même si Mavic m'avait bien sûr promis qu'ils avaient beaucoup travaillé sur le sujet pour éviter d'avoir des roues quasi inutilisables.
Et il s'avère qu'ils ont vu juste. Ne vous arrêtez pas - comme sur bien des produits - à une simple impression visuelle, qui est bien souvent trompeuse. De nombreux essais, aussi bien aérodynamiques que des mesures de déformations l'ont déjà prouvé pour de nombreux produits, aussi bien des roues que des cadres.
Certes, c'est rigide, mais Mavic n'a pas fait l'erreur de tomber dans le "trop". C'était d'ailleurs aussi une demande des coureurs professionnels, qui veulent aussi du confort et du dynamisme. Et c'est une réussite. Légères, elles excellent dans les bosses où les coureurs explosifs prendront un réel plaisir à placer des accélérations. Mais les moins bons grimpeurs, qui grimpent à un rythme plus lent, ne seront pour autant pas plantés avec une roue inexploitable, ce qui aurait été le cas si elle avait été trop rigide.
Le profil de 45 mm est ici idéal, un juste milieu entre une roue trop basse uniquement dédié à la montagne et une roue très haute. Sur le plat, elles dégagent une réelle impression de facilité de 30km/h..... jusqu'à plus soif. C'est encore plus vrai vent de dos évidemment. Attention en cas de fort vent en rafales de côté, les rayons elliptiques offrent une plus grande surface et les roues sont un peu plus sensibles qu'avec une roue de profil identique à rayons ronds. Mais c'est tout de même moins pénalisant que sur les anciennes Ultimate qui possédaient des rayons totalement plats.
Côté confort, la monte pneumatique va largement influer sur la filtration. J'ai tout d'abord réalisé mon essai avec des Veloflex munis de chambres à air. Même à 6 bars à l'arrière et 5.5 à l'avant pour du 25 mm, le ressenti est assez sec sur mauvais revêtements.
Par contre, en optant pour des Goodyear F1 tubeless, pourtant toujours en 25 mm, le constat est totalement différent. J'ai pu me permettre de descendre à 5 bars avant et arrière et la filtration a de suite été nettement meilleure, permettant d'envisager des sorties de plus de 4 heures sans aucun problème. Ca filtre bien et la tolérance conférée par ces roues fait que même quand les forces viennent à manquer, on arrive à franchir toutes les bosses sans réelles difficultés, sans l'impression de se battre avec les roues.
Sur des sprints, ces roues sont un régal tant elles giclent facilement et qu'elles donnent l'impression de transmettre intégralement la puissance du coureur.
Jérôme, plus puissant et léger que moi, est du même avis. Lui qui a connu les premières Cosmic Ultimate à boyaux retrouve ici le même caractère que la première génération, mais en plus faciles.
Des roues rigides mais sans excès qui donnent l'impression qu'on en vient jamais à bout, que les limites sont très loin. Dès que l'on se dresse sur les pédales en bosse, cela se transforme en accélération.
Tolérantes même dans les forts pourcentages, elles offrent un mix rigidité / confort étonnant pour des roues 100% carbone.
Des roues qu'il aurait bien achetées s'il n'avait pas déjà de nombreux autres modèles.
Bilan
Si les Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc ne s'adressent clairement pas à tout le monde du côté de leur tarif (4449 €), en revanche, de façon assez étonnante, elles sont plus polyvalentes qu'il n'y paraît et pourront convenir à quasiment tous les cyclistes pour peu qu'ils soient moyennement entraînés.
Les 3 années de développement et l'expertise de Mavic dans le domaine des roues ont réellement porté leurs fruits et celui qui aura la chance de pouvoir se les offrir ne sera clairement pas volé sur la marchandise.
Certes, elles ne sont pas deux fois meilleures que bien des roues à 2000 €, mais elles ont en elle un côté exclusif, cette vitrine technologique et cette touche artisanale 100% Made in France qui aux yeux de bien des amoureux de beau matériel, vaudra la somme demandée.
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