Présentation

Pour moi qui suis fan de la couleur bleue, forcément, ce Nemo TIG Gravel me tape dans l'oeil avec son coloris bleu mat qui est magnifique. Un Cinelli, c'est plus qu'un simple vélo. Si certains iront jusqu'à dire oeuvre d'art, je me contenterai pour ma part de parler d'objet désirable. Un vélo qui, pour les quarantenaires comme moi, rappelle la jeunesse, avec ces cadres en acier qui se ressemblaient tous mais qui étaient intemporels.

La géométrie de ce Nemo TIG est sans surprise dans le plus pur style des cadres aciers Cinelli, à savoir un cadre tel qu'on le concevait encore dans les années 80 avec des haubans qui viennent se fixer au sommet du tube de selle et des tubes majoritairement ronds. Seule la fourche apporte sa touche de modernité, une Columbus Futura Gravel en carbone.

Encore que, je suis mauvaise langue, puisque les tubes Columbus Spirit HSS n'ont plus rien à voir avec les tubes aciers des années 80. La série Spirit est la série haut de gamme du fabricant italien et la version HSS a la particularité d'être hydroformé ce qui permet de donner aux tubes des formes particulières.

Les tubes Columbus Spirit permettent de réaliser des vélos de route haut de gamme pour la compétition.

Les haubans ne sont pas ronds, mais pas tout à fait triangulaires non plus. Une sorte de triangle avec une base quasi ronde. Difficile de donner un nom à cette forme. Et ces haubans ne sont pas droits, mais cintrés dans les deux sens. De quoi conférer rigidité dans un sens... mais légère flexibilité dans l'autre pour dissiper les vibrations et apporter du confort.

Ces haubans viennent se marier sur le tube de selle au niveau du serrage, à l'ancienne, avec un écrou basique mais qui a fait ses preuves durant des décennies. Une tige de selle en 27.2 mm de diamètre.

Dans l'ensemble, cet Nemo TIG conserve donc une forme traditionnelle pour un cadre acier, sans surprise.

Néanmoins, la câblerie est plutôt bien intégrée par rapport à un cadre d'il y a 30 ans (sans être totalement intégrée pour ne pas compliquer les choses). Cinelli n'a bien sûr pas fait l'impasse sur les nombreux supports pour porte-bidons et supports divers pour porte-bagages, garde-boues et autres.

Le boîtier de pédalier est au format BSA 68mm.

Le cadre est annoncé à 1900g en taille M et la fourche à 450g. Les soudures sont propres et polies, un très beau travail qui explique en grande partie le tarif de 2390 € demandé pour le cadre. J'ai pesé ce modèle en taille M équipé du groupe Campagnolo Ekar et des roues Fulcrum Rapid Red 500 DB à 9.6kg.

Son tarif est de 4650 € dans cette configuration.

Equipement

Cinelli a équipé ce vélo d'essai de la transmission Campagnolo Ekar que j'avais déjà pu tester ici.

Un seul plateau de 40 dents associé à une cassette 9-42 ( 9-10-11-12-13-14-16-18-21-25-30-36-42). Il s'agit de la cassette "Gravel Race" du fabricant italien, ce qui semble être en parfaite adéquation avec la philosophie de ce Nemo TIG Gravel.

Pour le porte de pilotage, Cinelli a opté pour de robustes composants en aluminium, Cinelli Vai pour la potence et Cinelli Swamp pour le contre proposant un Flare assez important de 10°. Idem pour la tige de selle, une Cinelli Vai en alu.

La selle pour sa part est une SSM Shortfit, qui semble plutôt "sportive", assez courte et très rigide.

Les roues sont des Fulcrum Rapid Red 500 DB montées avec des pneus Pirelli Cinturato H en 35 mm de section. Une fois de plus, avec une si petite largeur, cela confirme que ce Nemo TIG est plus orienté gravel très sportif et rapide que pour affronter la rocaille.

Sur la route et les chemins

Très clairement, ce Cinelli Nemo TIG possède de l'ADN de coursier et ne s'en cache pas. Un vélo que l'on adoptera plus pour son côté "désirable" et pour la légende Cinelli que pour son aspect technique.

Mais pour autant, même en l'absence d'un cadre carbone et de technologies destinées à mieux filtrer, le cadre acier de ce Nemo TIG Gravel filtre plutôt bien les aspérités de la route, merci aux tubes acier Spirit HSS. Malgré la monte pneumatique assez "fine" pour un gravel, le vélo se montre confortable. Sans artifice, dans une version épurée, ce gravel en revient aux basiques. Le pilotage demande du doigté dans les parties les plus techniques. Il faut un pilotage propre, de la douceur et être propre dans ses trajectoires.

Le groupe Campagnolo Ekar fait le job. Précis, rapide, jamais je n'ai pu le prendre en défaut. Même l'accumulation de boue et les tressautements des parcours les plus cassants n'ont fait sauter la chaîne. Reste qu'il faut, avec cette cassette 9-42, composer avec des sauts de dentures de plus de 4 dents (jusqu'à 6 dents) sur le haut de la cassette. Si la combinaison 40x42 permet d'affronter même les pentes de plus de 20 %, cet étagement peut parfois être trop court ou trop long.

Très à l'aise dans les sous-bois, le Cinelli Nemo TIG apprécie aussi les pistes de calcaire ou de terre du moment que le sol reste dur et sec.

Dans ce cas, il faut merveille et ne demande qu'à accélérer et à faire la course. La position est bien étudiée et le cintre, avec son Flare de 10°, très appréciable quand on descend sur des parties techniques ou que l'on recherche à prendre de la vitesse sur des parties plates.

Les pneus Pirelli Cinturato H se montrent dans ce cas très roulants. Un constat partagé sur le bitume où ils offrent une résistance au roulement assez limitée, permettant de rouler assez vite sans avoir l'impression de tracter des pneus de VTT.

En revanche, si le terrain devient gras, les petits crampons associés une section de 33mm montrent rapidement leur limite.

On s'enfonce rapidement dans la boue et le moindre virage où on passe un peu vite rend la roue avant imprévisible. On prend de suite moins de plaisir dans ces conditions où en plus le Nemo TIG se montre moins maniable qu'à haute vitesse. Même en baissant drastiquement la pression, cela ne suffit pas. Il faudra au moins passer sur des pneus de 40mm pour avoir une meilleure accroche.

Sinon, on se retrouve à pousser plus que de raison le vélo. De même, les parties très techniques sont moins son terrain de prédilection, sa grande rigidité étant dans ce cas limitative et laissant peu de place aux erreurs de pilotage.

Le retour sur de belles pistes sèchent permet de reprendre de la vitesse et de plaisir. Même les singles s'enchaînent de façon rapide et sûr à partir du moment où l'on a dompté la bête et que l'on se concentre sur un pilotage propre.

Son truc, ce ne sera pas le franchissement et encore moins la boue ainsi chaussé, mais plus les chemins de terre et sous-bois, que vous pourrez parcourir à vitesse grand V mais aussi en mode plus contemplatif.

Petit constat qui pourra poser souci à ceux qui ont de grands pieds, les bases, qui s'alérgissent rapidement, font que l'arrière de ma chaussure touchait parfois la base arrière droite.

Et pourtant, je ne chausse que du 43 et j'ai les cales parfaitement réglées avec le pied parallèle aux manivelles. Ceux qui ont de grands pieds (44 et plus) et qui ont tendance à pédaler en canard devront y prendre garde.

Ce problème est un peu moins présent côté gauche.

Bilan

Oui, ce Cinelli Nemo TIG Gravel n'est pas parfait. Mais l'achat d'un Cinelli acier est aussi un coup de coeur que l'on apprécie pour ces imperfections. A 4650 €, oui, ce n'est pas donné (la version Rival 1X est un peu plus abordable à 3890 €), mais on achète aussi un bout d'histoire, de légende italienne. Et ça, ça n'a pas forcément de prix.

Un véritable retour aux sources des premiers gravels qui demande un pilotage propre et ne se veut pas être un quasi remplaçant d'un VTT. Non, le Cinelli Nemo TIG apprécie les pistes sèches et larges où il se fera un plaisir d'aller vite, mais s'appréciera aussi sur les singles rapides si vous avez quelques notions de pilotage.