Essai du Lapierre Xelius SL3 9.0, le vélo à tout faire
Par Test matériel - Commentaires : 10 .
le mercredi 13 avril 2022 08:07 -Raillé pendant quelques années pour ses vélos sans âme et avec des choix technologies et esthétiques parfois discutables, Lapierre est revenu sur le devant de la scène depuis quelque temps, notamment avec son Aircode DRS testé ici-même l'an dernier.
A son tour, le Xelius, le modèle le plus polyvalent de la gamme performance de la marque dijonnaise, se voit renouvelé avec ce Xelius SL 3. Design revu, poids abaissé, intégration complète, tout y est. Qui plus est, le tarif reste "contenu", façon de parler, puisque le modèle testé ici, le Xelius SL3 9.0, équipé d'une transmission Dura-Ace Di2 12 vitesses de dernières génération, s'affiche à 7799€, là où la concurrence demande bien souvent 2000€ de plus.
Un vélo plus agressif, plus racé que la génération précédente, mais qui conserve sa facilité d'utilisation.
Présentation
Ce vélo est utilisé par les coureurs de l'équipe Groupama-FDJ depuis le Tour de France 2021. Mais son "accouchement" commercial fut long en raison des problèmes liés à la pandémie de Covid-19, puisque la présentation officielle pour la presse n'a eu lieu qu'en décembre pour une disponibilité en magasins dès le mois de janvier 2022.
Le Xelius SL3 ne rompt pas totalement avec le design de la seconde génération. On le constate au niveau de la jonction haubans / tube supérieur qui confirme la filiation avec la série Xelius. Pour autant, Lapierre a revu le style de cette partie. Auparavant, la partie du tube supérieur entre la jonction des haubans et la tige de selle remontait vers le haut.
La différence est visible avec ci-dessous à gauche, le Xelius SL2 et à droite, le Xelius SL3.
Désormais, ce tube reste dans le prolongement du reste du tube horizontal, ce qui est, à mon avis, nettement plus harmonieux.
En fixant les haubans sous le tube supérieur et non à l’arrière du tube de selle, le concept 3D Tubular a 3 avantages significatifs pour le confort :
- Il disperse les vibrations dans une zone entre les deux points d’appuis (selle et guidon)
- Il libère le tube de selle qui gagne en flexibilité sur toute sa longueur
- Il allège le vélo avec l’utilisation de fibre de carbone dans une zone à faibles contraintes mécanique
La tige de selle de 27.2mm de diamètre, ronde, est maintenue par un serrage discret positionne sur le tube horizontal.
Le cadre est compatible avec des sections allant jusqu'à 32mm de large. Pour les vélos équipés d'une transmission électronique, la batterie est logée non pas dans la tige de selle, mais en bas du tube diagonal, proche du boîtier de pédalier, ceci afin de maintenir le centre de gravité le plus bas possible.
Les roulements sont au format pressfit BB PF86.
Pour la fabrication de ce nouveau cadre Xelius SL, les ingénieurs ont encore amélioré ce qui constitue l’âme du vélo : de nouvelles fibres de carbone Torayca plus légères et plus résistantes (IM T800 / HM M40J, VHM YS60, T1000) et une nouvelle technologie carbone UD SLI (Super Light Innovation) qui devient désormais le plus haut niveau de gamme carbone chez Lapierre.
L’utilisation d’un nouveau mandrin rigide en polypropylène apporte également plus de stabilité lors de la phase de drapage des plis de carbone (lay-up) et une meilleure compression des plis de carbone dans le moule. La compression des fibres est alors plus homogène, éjectant ainsi encore plus de résine pour gagner du poids.
Ce cadre est annoncé à 845 g une fois peint en taille M, pour une fourche à 392 g. En résulte un vélo complet pesé ici à 7.3 kg en taille M. A noter que les coureurs de la Groupama-FDJ bénéficient de modèles spécifiques qui sont 100 à 120 g plus légers et qui sont uniquement proposés aux clients sur les versions kit cadre avec une version Stiff et une version Light.
Lapierre a aussi travaillé sur la forme des tubes pour le rendre encore plus rapide.
Les axes de développement sur le Xelius SL3 se sont concentrées sur, l’optimisation des tubes NACA et KAMMTAIL sur tube diagonal, tube de selle, haubans, l’amélioration du profil aéro de la fourche et de la douille de direction et l’intégration totale des gaines et durites de frein.
Le Xelius SL 3 est en moyenne 8.5 % plus aérodynamique que le Xelius SL2 dans tous les angles de vent (0, 10, 20° yaw angle) et à des vitesses moyennes de 40, 50 ou 60 km/h.
Surtout le nouveau Xelius SL est encore plus rapide à très haute vitesse !
- 1% d’écart à 40 km/h (gain de 7 watts)
- 7,6% à 50 km/h (gain de 12 watts)
- 8.5% à 60 km/h (gain de 22 watts)
Le vélo est ici fourni dans un superbe coloris bleu dégradé noir, avec de superbes reflets sur la partie bleue.
Equipement
Ce Xelius SL3 9.0, proposé à 7799€ est fourni avec le tout dernier groupe Shimano Dura-Ace Di2 R9200 à 12 vitesses. Difficile de faire mieux. Je ne vais pas vous refaire l'article sur ce groupe, puisque vous pourrez retrouver son essai complet et détaillé ici.
Lapierre a opté pour un braquet courant désormais, 52/36 pour les plateaux avec une cassette 11-30, de quoi passer partout.
On bénéficie donc de la nouvelle ergonomie des leviers Dura-Ace qui franchit vraiment un cap par rapport à l'ancienne génération.
Le vélo est équipé d'un nouveau combo cintre-potence, avec potence en alu et cintre en carbone. Lapierre indique que le cintre bénéficie d'un design améliorant la prise en main pour les sprints et la stabilité en descente.
Pas de cintre profilé, mais ce combo permet en revanche de faire transiter toute la câblerie en son sein. On notera que Lapierre fournit un support compteur qui s'adapte sur le capot de la potence.
Ce vélo a droit à de nouvelles roues Lapierre. La nouvelle jante d'une hauteur de 42 mm dispose d’un nouveau profil plus large (21 mm entre crochets) avec un profil NACA qui doit améliorer à la fois la stabilité à haute vitesse mais aussi la pénétration dans l’air. Un profil commun à de nombreuses roues concurrentes et qui a fait ses preuves.
Cette dernière génération de roues est, selon Lapierre, plus aéro, plus nerveuse et plus réactive.
Pas de risque au niveau des gommes, la marque a opté pour des Continental GP5000S Tubeless ready 700x25. Si depuis quelques mois, Continental a sorti une nouvelle version de son tubeless avec le GP5000 S TR, ce modèle reste une valeur sûre.
Du 25 mm qui se fait de plus en plus rare, les marques passant souvent à du 28 mm pour améliorer le confort.
Les disques sont des 160 mm à l'avant et 140 mm à l'arrière. La tige de selle est surmontée d'une selle Fizik Argo Vento R5.
Sur la route
J'avais déjà aimé l'Aircode DRS qui avait permis à Lapierre de franchir une grande marche en termes de dynamisme et d'esthétisme, rendant ce vélo on ne peut plus désirable.
Si la géométrie de ce Xelius SL3 reprend celle de l'Aircode DRS, le vélo est encore plus facile. Et ceci n'est pas qu'à mettre du côté des 500 grammes de moins qu'offre le Xelius SL3 par rapport au modèle aéro. Non, le Xelius SL3 est nettement plus dynamique et polyvalent.
Certains coureurs pros, à l'image de Rudy Mollard, préfèrent le Xelius SL3 avec le lay-up de carbone le moins rigide, pour éviter d'avoir un vélo trop raide entre les jambes qui demande d'incessantes relances.
C'est ce que l'on retrouve sur cette version, un vélo pas trop rigide, qui permet de ne pas à avoir à lutter contre lui dans les cols par exemple. Le vélo s'en trouve plus nerveux, réagissant à la moindre relance et à moins de s'appeler Arnaud Démarre, cette moindre rigidité ne sera jamais pénalisante. J'ai pu le constater sur de nombreux démarrages et sprints, même en approchant les 1200 watts, on ne sent pas le vélo se tordre et dissiper inutilement de l'énergie. Juste ce qu'il faut pour faire travailler le cadre et avoir cet effet "coup de raquette".
Dans les bosses, le Xelius SL3 est sur son terrain de jeu. L'ensemble est idéalement conçu à mon avis. Une boîte de pédalier et une douille de direction rigides, mais un triangle arrière un peu plus souple donnent à ce vélo ce juste milieu qui permet de pouvoir grimper avec de gros braquets sans avoir à faire des relances régulières.
Et les roues de 42mm de haut se marient parfaitement au comportement du Xelius, ne le bridant pas excessivement, offrant la souplesse suffisante qui permette de conserver du braquet et un bon rythme.
Mention très bien une fois de plus pour la transmission Shimano Dura-Ace 12 vitesses. La cassette 11-30 (11-12-13-14-15-16-17-19-21-24-27-30) associée aux plateaux 52-36 permet de rester bien souvent sur la plaque pour passer les petites bosses. Même en montant jusqu'au pignon de 27, ça ne bronche pas. On se retrouve avec l'équivalent d'un 39x20 ou 40x21.
Sur certains vélos très rigides, je peine à conserver une bonne cadence sur un gros développement. Sur ce Xelius SL3, je me suis surpris à rester plus longtemps sur le grand plateau.
Si le cintre en carbone rond peut faire un peu "vieille école", son diamètre de 31.8mm permet une bonne prise en main, confortable. Associé à un épais ruban de cintre, j'ai apprécié son ergonomie.
En descente, le vélo se montre très réactif, en offrant une excellente précision dans les trajectoires. Une fois de plus, les roues de 42 mm sont un bonheur dans ce cas si on se retrouve confronté à des rafales de vent. On est nettement moins secoué et plus confiant au final, cela permet de conserver une parfaite trajectoire sans nécessairement grever la vitesse.
Le vélo est sans surprise et ne demande pas à être un pilote pour se faire plaisir.
Sur les parties plates menées tambour battant, le Xelius SL3 n'est pas en reste et permet de maintenir de grandes vitesses. Même à 50km/h, difficile de trouver à redire et de ressentir un quelconque "manque" par rapport à un Aircode DRS. Les roues de 42 mm offrent une aéro suffisante de même que le vélo, tout en restant parfaitement stable.
Terminons par le confort. Car malheureusement, nous n'avons pas souvent droit à des bitumes totalement lisses et neufs comme ceux qui sont présents sur ces clichés, loin de là.
Le concept Lapierre avec les haubans non reliés à la tige de selle semblent très efficaces. Associé à la tige de selle de 27.2 mm, on obtient la flexion nécessaire pour une bonne filtration sur la partie arrière. Avec des pneus de seulement 25mm de section, c'est une bonne surprise, d'autant que les Continental GP5000S Tubeless ne sont pas les plus souples du marché.
L'avant est un peu plus raide que l'arrière, ce qui est souvent le cas sur bien des machines. Mais en jouant sur la pression. En baissant à 5.5 bars, j'ai obtenu un bon compromis du haut de mes 75kg entre confort et absence de pompage en danseuse. Ceux qui voudront encore plus de confort pourront toujours opter pour une section de 28mm.
J'ai notamment apprécié ce confort et cette polyvalence sur une sortie de 218 km et 2300m de D+. Sur une telle distance, le confort est primordial et je n'ai pas été déçu. Même après plus de 5 heures de selle, le vélo ne m'est jamais apparu tape-cul et encore moins trop raide, comme dans le col franchi après 110 kilomètres.
Le Xelius SL3, bien que conçu par et pour les professionnels, se trouve finalement très polyvalent et utilisable sans aucun souci par des cyclosportifs même moyens. Très sincèrement, j'ai beau lui chercher des défauts, je n'en vois pas.
Bilan
On prend un réel plaisir à son guidon et il se montre à l'aise sur tous les terrains, plus facile au final qu'un Aircode DRS qui mettra plus à mal le cycliste en montagne ou quand la fatigue s'installe. Dans ce cas, le Xelius SL3 sera plus tolérant, offrant ainsi bien plus de plaisir.
Pas de fausse note, ni même pour le coloris, qui a longtemps été un point négatif chez Lapierre.
La marque a clairement franchi un cap depuis deux ans en proposant des vélos nettement plus désirables et au niveau des meilleurs avec des géométries revues et un comportement de haut niveau mais néanmoins tolérant.
Bien sûr, à 7899€, ce Xelius SL3 9.0 reste à un tarif élevé, même s'il est bien mieux placé que chez bien des concurrents. Pour un budget plus "réduit", vous pourrez toujours vous diriger vers le Xelius SL3 8.0 équipé en Ultegra Di2 12 vitesses et roues de 38mm. Le poids final ne devrait pas trop être impacté et le comportement général sera identique.
Fil des commentaires de ce billet