Essai du BMC Roadmachine X ONE, ultra confort sur route.... et un peu au-delà
Par Test matériel - Commentaires : 6 .
le mardi 22 février 2022 08:13 -Le Roadmachine de chez BMC est un vélo bien connu. Un modèle endurance réputé pour son confort et sa polyvalence. BMC avait déjà lancé un Roadmachine X en aluminium, voici sa déclinaison carbone.
Le Roadmachine X est à part avec des capacités encore décuplées en acceptant des pneus de 33mm par exemple. Attention, le Roadmachine X n'est pas un vélo de gravel. Non, c'est toujours un vélo de route typé endurance avec un grand confort, mais qui vous permettra d'affronter les pires routes (même avec de gros pavés), voire de vous permettre d'emprunter des pistes gravel relativement douces. Pas question d'aller chatouiller les pistes VTT ou de concevoir un gravel ultra léger pour être nerveux sur route.
Un OVNI dans le monde des vélos de route, qui fait le lien entre route et gravel, pour ceux qui ne peuvent ou veulent pas choisir.
Présentation
Le cadre est identique au Roadmachine route traditionnel, ici, seule la fourche change, pour accepter des pneumatiques plus conséquents. Il est capable d'accepter des pneus allant jusqu'à 33mm, ce qui n'en fait donc pas un véritable vélo gravel, mais ce qui permet déjà de s'aventurer dans pas mal de chemins.
On retrouve la technologie TCC (Tuned Compliance Concept) dans sa version Endurance, logique vu le positionnement du Roadmachine X. Cela permet, grâce au positionnement spécifique de feuilles de carbone, de moduler avec précision la souplesse verticale nécessaire, sans compromettre la rigidité latérale. Un équilibre parfait entre confort et performance, pour une utilisation à la fois souple et rapide selon la marque Suisse.
BMC utilise plusieurs niveaux de TCC suivant la gamme : TCC Speed pour le Timemachine ,TCC Race pour un Teammachine et enfin, TCC Endurance pour la gamme Roadmachine. Le modèle gravel URS a pour sa part un niveau RCC Gravel, qui se veut encore plus filtrant et qui apporte le plus haut niveau de confort.
Esthétiquement, on devine l'origine de ce vélo au premier coup d'oeil, même si le marquage BMC sur le tube diagonal est des plus discrets, pour ne pas dire quasi invisible. Des haubans bas, des tubes avec des arêtes très marquées et le rappel de l'ancien triangle présent entre le tube horizontal et le tube de selle, sous forme stylisée. Cette signature BMC reste et aucun doute, c'est bel et bien un BMC.
Le Roadmachine X est doté de la géométrie Endurance distinctive de la marque, pour permettre aux cyclistes d’aborder tous les terrains en toute confiance.
Pas moins de 6 tailles sont proposées. Pour ma part, avec mon 1.78m, j'ai opté pour une taille 54 que j'ai pesé, dans cette version ONE à 7.8kg. Une version proposée à 5999€, mais une version TWO à 4699 euros est aussi proposée avec un montage en SRAM Rival eTap AXS en lieu et place du SRAM Force eTap AXS qui équipé ce modèle ONE.
La câblerie est partiellement intégrée, les durites restent apparentes au niveau de la douille de direction, avec une insertion de la durite de frein arrière au niveau du tube diagonal.
Ce Roadmachine X adopte la fourche TCC spécialement conçue pour apporter une souplesse verticale et une rigidité latérale supplémentaires, pour un contrôle et un confort sans égal sur les surfaces irrégulières. On trouve aussi une tige de selle en D avec fixation dissimulée dessous, au niveau justement du rappel du fameux troisième triangle propre à la marque.
Côté "fixations" en revanche, ce n'est clairement un adepte du bikepacking, cela reste un vélo de route, mais BMC a tout de même équipé son Roadmachine X d'un support pour sacoche sur le tube supérieur avec deux oeillets. On pourrait regretter l'absence de fixations pour des garde-boues, mais heureusement, le marché regorge de solutions efficaces pour les vélos dépourvus de fixations, comme les SKS Speedrocker par exemple.
Un seul coloris est proposé pour cette finition ONE, ce bleu / vert, avec marquage hyper discret au niveau du tube diagonal, mais aussi un rappel au niveau de la douille de direction en orange.
Finalement, ainsi équipé de pneus de 32mm, on se croirait plus en présence d'un vélo prêt à affronter les pavés au départ d'un Paris-Roubaix, que d'un vélo gravel. C'est typiquement le positionnement de ce Roadmachine X, un vélo de route, mais qui peut affronter les pires routes ou même des chemins.
Equipement
Ce Roadmachine X ONE est équipé de la transmission SRAM Force eTap AXS dans sa version XPLR que j'ai déjà testé ici. Un monoplateau de 44 dents est associé à la cassette 10-44 (10,11,13,15,17,19,21,24,28,32,38,44) et bien sûr, un dérailleur arrière spécifique apte à digérer cette cassette gargantuesque. Un choix de monoplateau qui pose forcément question pour moi sur route. Car si la gamme de développement est hyper large, avec un ratio de 440%, cela se fait au détriment de l'étagement et de la fluidité entre chacun d'eux. Ce qui passe bien en gravel pourrait être assez compliqué à gérer sur route.
Si le 44x10 (équivalent 52x12) sera suffisant en descente et le 44x44 permettra quant à lui de monter quasi n'importe quelle pente, en revanche, les trous entre chaque pignon seront sans doute plus compliqués à appréhender, surtout si on roule dans un groupe et que l'on doit suivre un rythme imposé.
Fort heureusement, BMC laisse la possibilité de monter du double plateau sur son Roadmachine X en prévoyant un support pour dérailleur avant au format Directmount.
Le cintre est un modèle standard en alu, sans angulation, associé à la très belle potence BMC ICS1 dont les formes s'harmonisent parfaitement avec le vélo.
Comme évoqué plus haut, la tige de selle (Roadmachine X Premium Carbon D-Shaped ) adopte une forme en D. Cette dernière est en carbone, avec un recul de 15mm. Elle est ici surmontée d'une selle Fizik Terra Argo X3.
Terminons pas le train roulant, avec des roues CRD-321 en carbone de 35mm de haut, Tubeless Ready. Avec une largeur interne de 212mm et 27.6mm en externe, elles sont adaptées aux pneus de grosses sections, on pourra difficilement monter des pneus inférieurs à 32mm sans risque. Avec leur jante carbone, elles sont annoncées à 1509g la paire.
Les pneus sont ici des WTB Expanse 32mm mesurés en réalité à 33mm, on est donc aux limites de dégagement du Roadmachine X. Preuve en est, le pneu passe à quelques millimètres seulement de la base arrière gauche.. 33mm, c'est étroit pour du gravel, en revanche, pour de la route, ça fait large. Ces WTB Expanse sont donc larges, mais leur bande de roulement ne trompe pas, ils sont conçus avant tout pour la route. La ligne centrale lisse et la bande de roulement intermédiaire hachurée de l'Expanse se terminent en crampons extérieurs minimalistes. Si vous sortez du bitume, les WTB Expanse feront donc l'affaire tant que vous resterez sur des chemins relativement propres.
Les ralentissements et arrêts sont confiés à deux disques de 160mm. Ce qui peut paraître grand pour la route, mais associé à des pneus de 32mm au sol, cela devrait procurer des distances d'arrêts minimes en toute sécurité.
Sur la route
Pour commencer, j'ai réalisé mes premières sorties avec 3 bars de pression. Les pneus acceptent entre 2.5 et 4.5 bars. Une pression qui permet de rouler sur route avec un grand confort, notamment sur des chemins. Sur la route, le Roadmachine X se défend bien avec cette faible pression et permet de maintenir un bon rythme grâce aux pneus, même si on note un léger effet de pompage en danseuse sur l'avant et dans les descentes, un très léger flou.
Mais si on reste majoritairement sur du bitume et de beaux chemins compacts assez rares, on pourra allègrement augmenter la pression. En revanche, entre 3 et 3.5 bars, cela pourrait faire du Roadmachine X le vélo parfait pour aller affronter les secteurs pavés de Paris-Roubaix !
Après 2 sorties à ce "régime", je décide de gonfler à 4 bars à l'arrière et 3.8 devant. Après de multiples sorties, ces pressions sont nettement plus adaptées pour aller sur la route. L'effet de pompage devient quasi inexistant et la précision dans les descentes permet de mener grand train même dans les portions sinueuses où on doit prendre de l'angle, alterner gros freinages et relances. Les changements d'angle se font aisément dans les successions de virages rapides.
Tout cela en conservant un confort de haut vol. Bien sûr, cela ne transforme pas le Roadmachine X en Teammachine (voir essai ici), ce n'est pas le but de ce vélo, mais le comportement devient très plaisant, sans devenir trop sportif. Comme un bon vélo de route, avec en prime le fait de ne pas être secoué sur mauvais revêtements, ce qui accroît bien sûr la confiance.
Les relances restent un peu en retrait avec les gros pneus, mais on peut néanmoins se faire plaisir. Sur le plat, on peut conserver une bonne vitesse avec ces jantes de 35mm de haut, mais au fur et à mesure que la vitesse augmente, on sent bien que les pneus de 32mm offrent une certaine résistance, avec une sorte de "mur" passé 45km/h. Mais sur une descente, en tournant les jambes à 90tr/mn, on dépasse déjà 50km/h en 44x10. Près de 60km/h à 100tr/mn.
Côté braquets, le monoplateau demande à être apprivoisé sur la route. Du moment qu'on roule seul et sans volonté de faire des chronos, on adapte sa vitesse. Car en passant d'un pignon à un autre sur la moitié basse de la cassette (10, 11,13,15,17 et 19), les écarts sont relativement importants. En augmentant son allure, il peut arriver que l'on soit trop court sur le 13 et passer à un 11 dents assez long. Seul donc, on adapte assez facilement son rythme, ce qui peut se montrer plus délicat sur une sortie sportive en groupe.
Sur la haut de la cassette, les écarts sont moins gênants et permettent de s'affranchir de quasiment tous les pourcentages. Le 44x44 permettra même de monter assis sur une pente de 20% sur du concassé.
Grâce à sa versatilité, on prend l'habitude de ne plus trop s'écarter des trous qui jonchent certaines routes. On roule aussi plus aisément sur le bas côté et les ralentisseurs et coussins berlinois deviennent une formalité. La route s'adoucit très nettement. Alors certes, on roule peut-être 0.5km/h moins vite, mais les sorties n'en sont pas pour autant pénibles grâce au grand confort qu'il confère.
En sortant des routes asphaltées, il faudra par contre être plus prudent. Le Roadmachine X n'est pas un gravel et ses pneus de 32mm trop fins pour permettre de réellement s'amuser en toute sécurité sur des chemins accidentés. Qui plus est avec le profil relativement lisse, les WTB Expanse seront à réserver pour des chemins compacts et secs. Si la pluie et la boue s'en mêlent, vous serez vite en galère. Mais sur la route, ils sont surprenants d'efficacité.
Bilan
Ce BMC Roadmachine X joue à la limite entre un vélo de route et un vélo gravel. Mais après cet essai, il est clair qu'il est conçu à 70 voire 80% pour la route. terrain sur lequel il n'a pas à rougir face à nombre de vélos endurance malgré de gros pneus de 32mm.
Son petit côté gravel est plus limité, mais permettra d'aller plus loin qu'un simple vélo endurance monté avec des pneus de 28mm... pour peu que les chemins soient assez propres et dénués de boue. Le vélo parfait sans doute pour ceux qui roulent majoritairement sur route et s'autorisent de temps en temps des incartades vicinales sur de beaux chemins.
Son plus gros défaut serait plutôt sa transmission monoplateau, qui présente d'assez gros écarts entre chaque pignon. Quand on doit rouler avec un groupe, on peut rapidement se retrouver avec un développement trop long ou trop court. Mais si on est prêt à accepter ce défaut, aucun doute, le Roadmachine X présente bien des atouts qui permettront de rouler longtemps dans le plus grand confort et on pourra même s'aventurer sans crainte sur les pavés les plus défoncés.
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