Présentation

Cela fait quelques années que des marques de chaussures cyclisme proposent des modèles avec lacets, mais Specialized n'avait pas encore franchi le pas sur son modèle route haut de gamme, même si l'arrivée des modèles VTT/gravel que sont les S-Works Recon Lace testées ici pouvait mettre la puce à l'oreille.

C'est désormais chose faite avec ces S-Works 7 Lace, vendues 350€ et disponibles en noir, blanc ou "Vivid Coral/Cast Umber". Cela permet donc d'économiser quelque 80€ par rapport au modèle équipé des sublimes disques BOA en alu, mais on reste clairement sur un tarif haut de gamme.

Mais les spécifications techniques de ces chaussures le justifient en grande partie, puisqu'on retrouve les matériaux haut de gamme des autres modèles S-Works 7, à savoir une empeigne en Dyneema et une semelle en carbone, le tout associé au padlock, la fameuse coque située au niveau du talon qui maintient ce dernier fermement. Les écrous de cales sont toujours en titane.

Sans oublier le Body Geometry pour un alignement optimal de la hanche, du genou et du pied.

Esthétiquement, la filiation avec les S-Works 7 est évidente. La forme générale est la même et Specialized a repris le chaussant Form Fit que j'avais trouvé légèrement étroit sur les S-Works 7.

Mais Specialized assure  que le passage aux lacets permet d'obtenir une tige légèrement plus souple. Mais pourquoi donc, puisque ce sont les mêmes matériaux qui sont utilisés ?

Tout simplement parce-que les disques BOA imposent des renforts sur la tige à l'endroit où ils sont cousus, ce qui limite les possibilités de déformation de l'empeigne. Avec les lacets, il n'y a pas ce problème, les oeillets étant situés sur le haut de la chaussure.

Les lacets qui équipent ce modèle sont non extensibles pour offrir une tenue uniforme et constante de l'ensemble du pied tout au long de la sortie. On notera la petite touche "S-Works" sur le bout des lacets. Sur le milieu de la languette, on trouve une bande élastique qui permet de maintenir les lacets bien en place pour éviter qu'ils ne flottent et surtout, qu'ils se prennent dans la chaine au niveau du pédalier.

Une bonne idée, d'autant que les lacets sont très longs. Ils auraient pu être 10cm plus courts sans aucun problème.

La semelle extérieure est en carbone Fact Powerline, avec un indice de rigidité de 15, le plus élevé chez Specialized. Elle est toujours associée à une semelle de confort Body Geometry conçue et testée par des scientifiques pour booster la puissance, améliorer le rendement et diminuer le risque de blessures en optimisant l'alignement hanche/genou/pied.

Pour ceux qui ont des besoins spécifiques, il sera toujours possible d'utiliser les semelles Body Geometry SL de la marque, avec soutien personnalisé de la voûte plantaire longitudinale et des métatarses par contour Rouge+, Bleu++ ou Vert+++.

Côté poids, le gain est relativement faible par rapport aux S-Works 7, que j'avais pesé à 234g pièce en 43.5, contre 230g pour ce modèle S-Works-7 Lace. On reste donc sur une paire très légère.

Sur la route

Avant de se mettre en route, il convient d'enfiler les chaussures. Avec un système à lacets, la manoeuvre est un peu plus longue qu'avec un système BOA. D'autant plus qu'en l'entrée pour le pied est relativement étroite, ce qui oblige à pas mal relâcher les lacets pour que le pied rentre facilement.

Ensuite, il faudra s'appliquer pour lacer correctement les chaussures, en adaptant la tension sur le bas et le haut du pied. Si on peut rapidement partir avec des chaussures équipées de disques et réaliser le serrage optimal une fois sur le vélo, ici, c'est impossible. Il faut donc s'appliquer avant le départ, au risque de devoir s'arrêter après quelques kilomètres pour faire un ajustement.

Ceci ne posera pas de problème aux cyclistes qui ne sont pas trop pressés, mais les coursiers ou cyclosportifs n'auront pas ce loisir durant une compétition.

Premier constat, on arrive à facilement adapter le serrage entre le bas et le haut du pied. Et surtout, on gagne en confort, puisque la tige peut plus facilement se déformer sur l'avant du pied, laissant plus de place au niveau des métatarses. Cela se joue à quelques millimètres seulement, mais étant assez sensible à ce niveau, je peux vous assurer que c'est suffisant pour que cela soit flagrant.

Avec la même taille que les S-Works 7, on arrive à avoir plus de place au niveau de l'avant du pied. De même, Specialized semble avoir tenu compte des retours sur la partie au niveau de la malléole qui était trop haute et pouvait blesser. Là, aucun problème à signaler.

J'ai réalisé ce test sur un peu plus de 1000 kilomètres, de -2 (avec couvre-chaussures donc) à +16°C, que ce soit sous la pluie ou au soleil.

Malgré un serrage qui peut sembler anachronique, les S-Works 7 Lace conservent les performances des modèles avec serrage BOA. Oui, si on prend bien soin avant le départ de réaliser le serrage des lacets, on conserve une chaussure ultra performante, avec une semelle très rigide.

Le pied reste parfaitement maintenu, bien aidé par le Padlock et le rebord rigide au niveau de la malléole. Si on peste quand on doit rentrer le pied dans la chaussure tant c'est étroit, on apprécie une fois sur la route de pouvoir appuyer et tirer sur les pédales sans que le pied ne bouge. Inutile de trop serrer les lacets d'ailleurs. En ne serrant pas trop , on se rend compte que le pied reste parfaitement maintenu tout en évitant des points de compression qui pourraient engendrer une diminution de la circulation sanguine et donc... le feu aux pieds si connu et redouté par les cyclistes.

C'est notamment sur les exercices de sprints ou de montées en force d'une bosse que l'on ressent toute la rigidité de la semelle associée à un maintien optimal du pied.

La ventilation semble bonne, même s'il est difficile de juger ce point sur une période hivernale. Mais la tige est micro-perforée et on retrouve une belle entrée d'air sur l'avant du pied.

Sous la pluie, l'eau ne pénètre pas si facilement que cela et après la sortie, les chaussures se nettoient aisément. Un bon point pour conserver des chaussures en bon état pour une longue durée, surtout si vous optez pour le modèle blanc. Le séchage est rapide, même en roulant, le Dyneema ne retenant pas l'humidité.

A noter que je suis depuis longtemps sujet à un problème aux pieds que même des semelles podologiques (réalisées par des podologues) ont eu du mal à régler. J'ai donc essayé avec ces S-Works 7 Lace les semelles Body Geometry SL vertes.

Résultat, plus de fourmillements ou d'engourdissements des doigts de pieds, et ce, même après plus de 4h de vélo.

Autre effet positif, je suis passé d'un équilibre gauche / droite de 42/58% (avec semelles traditionnelles ou celles de mon podologue) à un rééquilibrage 46/54% pour un même niveau de puissance moyen sur des sorties de plus de 2h30.

Des semelles qui améliorent encore un peu plus le maintien du pied et, en tous les cas pour moi, le confort sur les longues sorties. Aucun échauffement ou autre problème à noter même après plus de 4 heures de vélo, sur des chaussures pourtant très rigides, ce qui est un réel plus en termes de transfert de puissance, mais un peu moins confortable en général pour le corps humain.

Après plusieurs mois d'utilisation sans les ménager, les matériaux se montrent résistants et même la semelle n'est quasiment pas marquée par la marche. Des matériaux qui ont déjà fait leurs preuves sur les S-Works 7 que j'utilise maintenant depuis quelques années et qui sont en toujours en parfait état. De quoi faire accepter un peu la pilule du prix !

Bilan

Oui, au premier abord, les S-Works Lace pourraient n'être qu'une simple déclinaison des S-Works 7. Mais le passage aux lacets va bien au-delà et apporte plus de confort, tout au moins pour les pieds plus larges que la moyenne qui pourront trouver toute leur place dans ce modèle plus souple au niveau de l'avant du pied.

Si vous ne supportiez pas les S-Works 7 avec serrage BOA, peut-être que ce modèle Lace vous ira et vous bénéficierez à la fois d'une semelle hyper rigide, d'un maintien du pied parfait, le tout, dans un confort surprenant pour une chaussure orientée performances. A tel point que même pour de très longs périples, vous n'hésiterez pas à les chausser.

Seuls les coursiers seront sans doute plus réticents à cause de l'impossibilité de régler le serrage en roulant.