Test du BMC Teammachine SLR01 One, taillé pour la compétition et les ascensions
Par Test matériel - Commentaires : 17 .
le mardi 7 septembre 2021 06:10 -Voilà plus de 10 ans que le BMC Teammachine SLR arpente les courses professionnelles et enchaîne les titres sur les courses les plus prestigieuses. Lancé en 2011, le Teammachine en est à sa 4ème évolution.
Le Teammachine SLR est longtemps resté une référence parmi les vélos du peloton World Tour, il était l'un des plus performants et des plus polyvalents du peloton. La compétition fait partie de l'ADN de la marque. Cette nouvelle évolution s'allège de plus de 150g, se rigidifie et améliore aussi le confort et l'aérodynamisme.
Un vélo léger, puisqu'il passe sous la barre des 6.8kg dans cette version à disques équipée des fabuleuses roues DT Swiss PRC 1100 DICUT Mon Chasseral. Un vélo ultra polyvalent qui se montre dynamique même pour un cycliste moyen mais reste tout de même une véritable machine de professionnels.
Présentation
En un coup d'oeil, on reconnaît un BMC Teammachine... et pourtant, bien des choses ont changé depuis les premières versions. Il s'agit du même cadre que celui utilisé par les coureurs professionnels des équipes AG2R Citroën La Mondiale et Qhubeka-Assos.
Ce vélo tire une grande partie de son design de nombreux et pointus calculs numériques, grâce à la technologie ACE (Accelerated Composites Evolution) existe chez BMC depuis plusieurs années. Mais pour ce Teammachine SLR, BMC inaugure une nouvelle version, l'ACE+ qui, en plus d'intégrer les paramètres de poids, rigidité et souplesse verticale, ajoute l'aérodynamisme.
Comme indiqué en introduction, BMC a réussi à gagner plus de 150g sur ce Teammachine par rapport à l'ancienne génération tout en lui offrant plus de dynamisme, de confort et surtout d'aéro.
Si la plupart des tubes sont plutôt fins, en revanche, le tuba diagonal en impose. Un choix fait pour accroître la rigidité de près de 20% sur la partie arrière. Ni rond ni carré, ce tube adopte une forme spécifique pour assurer une inflexibilité à toute épreuve.
A côté de ce tube, haubans, bases et fourche semblent presque trop fins. Mais une fois sur le vélo, on s'aperçoit que tout est bien dosé pour un ensemble équilibré.
Le serrage de selle est dissimulé juste devant la tige, sur le tube horizontal. Et preuve que BMC ne laisse rien au hasard, même les écrous des axes traversants sont dissimulées dans le carbone, aussi bien à l'avant qu'à l'arrière. C'est esthétique, mais aussi apparemment utile puisque cela réduit la traînée aérodynamique.
La fourche a été revue pour offrir des fourreaux totalement plats. Les bases ont aussi été revues pour être plus courtes (410mm) et sont désormais plates. Fourche et bases permettent d'accueillir des pneumatiques allant jusqu'à 30mm de section.
Pour faire face aux exigences de la compétition, la patte de dérailleur arrière est renforcée, ce qui devrait aussi garantir une extrême précision des changements de vitesses sans nécessité de refaire les réglages de manière récurrente.
Du côté de la finition, rien à dire, c'est très beau, notamment la peinture noir mat / rouge mat du plus bel effet, avec en plus le cockpit assorti. Certains n'aiment pas, mais ça fait vraiment un bel ensemble.
Aucune critique à émettre du point de vue de la construction ou de la conception, il n'y a sincèrement aucun défaut ou raté. Il est disponible en tailles 47, 51, 54, 56, 58 et 61 cm.
J'ai pesé cet exemplaire à 6.7kg en taille 54 avec ses deux porte-bidons. Une excellente performance donc, même si beaucoup "hurleront" sur son tarif de 10999€. Oui, c'est cher, mais on est en présence de la rolls, du très haut de gamme avec un groupe tout aussi somptueux et des roues à l'avenant.
La gamme Teammachine SLR01 débute à 4699€ et vous pouvez découvrir toute la gamme ici. Il est aussi possible de se tourner vers le Teammachine SLR, plus accessible, mais qui bénéficie d'une fibre carbone moins évoluée et d'un poste de pilotage offrant une intégration moins complète.
Equipement
La transmission est la haut de gamme sans fil de chez SRAM, Red eTap AXS. Un groupe désormais connu avec ses développements X-Range spécifiques. Il est ici équipé d'un couple de plateaux 48x38 avec une cassette 10x28. Une cassette certes bien étagée (10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 21, 24, 28) mais qui limite le développement mini à 35x28. Pour un vélo de cette trempe, rien d'anormal, mais les cyclistes les moins puissants en montagne pourraient bien trouver cela trop long.
Pour la petite histoire, lorsque j'ai reçu le vélo, le dérailleur avant été en panne, sans doute à cause d'un transport un peu trop mouvementé. Et j'ai pu apprécier dans ce cas la souplesse du sans-fil. On enlève le dérailleur en panne, on en remet un neuf, on synchronise et on peut partir. Moins de 5mn et juste une vis à dévisser, pas la peine de s'embêter avec des câbles. Bien sûr, cela reste anecdotique.
Impossible de ne pas parler de l'équipement de ce vélo sans parler de son cockpit ICS. Le nouvel ICS carbone arbore un design monobloc léger et très rigide, avec un passage interne des câbles. Avec ses 305 grammes, le cockpit ICS carbone est 30 % plus léger que les cockpits traditionnels, et fait partie des cockpits les plus légers du marché.
Il adopte sur sa partie supérieure une forme aérodynamique pas trop accentuée qui permet une prise en main agréable. En revanche, cette forme spécifique ne permet pas de fixer un support de compteur traditionnel, il vous faudra recourir au support optionnel prévu pour ce cintre qui n'était malheureusement pas fourni pour cet essai, j'ai donc dû faire avec un support fixé sur la potence avec des élastiques.
Disponible en six longueurs (de 90 à 140 mm), il peut accueillir la plupart des compteurs GPS grâce à un support dont la longueur peut être adaptée par le biais de deux inserts.
Ce Teammachine SLR est livré avec ses porte-bidons. Deux porte-bidons en carbone très légers qui s’intègrent harmonieusement au tube diagonal et au tube de selle redessinés, pour une grande réduction de la résistance aérodynamique lorsque les bidons sont en place.
Enfin, la tige de selle en forme de D est prévue pour être à la fois légère, aéro et confortable avec la possibilité de légèrement se déformer pour filtrer les vibrations. Elle est ici surmontée d'une selle Selle Italia Flite Boost Carbon courte.
Bien sûr, ce Teammachine est équipé de freins à disques, BMC a fait le choix de gros disques, 160mm aussi bien à l'avant qu'à l'arrière là où souvent on doit se contenter de 140mm à l'arrière. A voir si cela est bénéfique à l'usage.
L'équipement le plus étonnant sur ce vélo, c'est sans doute les roues, des DT Swiss PRC 1100 db Dicut Mon Chasseral que j'ai déjà pu tester ici.
Un choix atypique à l'heure où la plupart des fabricants équipent leurs vélos de roues de 45mm ou plus. Cela offre certes un look très avantageux, mais tous les cyclistes ne roulent pas à plus de 35km/h de moyenne pour en tirer pleinement les bénéfices. Des roues hautes peuvent même se révéler "bridantes" dans les cols si on ne monte pas à 20km/h.
BMC a donc choisi ces roues de "seulement" 24mm de haut pour 17mm de largeur interne. Mais à côté de cela, la masse n'est que de 1240g. De quoi sans aucun doute gagner en polyvalence et en facilité dans les bosses, au détriment bien sûr de l'aéro à haute vitesse, mais tellement négligeable pour les communs des mortels que nous sommes.
Sur la route
Même si son look avec les roues DT Swiss PRC 1100 DICUT Mon Chasseral lui donnent une image de vélo "sage", que l'on ne s'y trompe pas, le BMC Teammachine SLR 01 est très clairement un vélo orienté compétition, très rigide, qui a été développé pour les coureurs professionnels en premier lieu.
Mais le vélo ainsi équipé des roues basses DT Swiss se montre plutôt tolérant. Très rigide, mais une rigidité contrebalancée par ces roues qui misent sur le confort et la performance sans être trop raides. Il m'a fallu plusieurs kilomètres pour dompter ce mix de rigidité du cadre et de souplesse des roues, sans pour autant que ces dernières soient molles.
Et si finalement, c'était le bon compromis ? Sans doute pas pour tous, certes. Un coursier puissant trouvera sans doute les roues pas assez rigides, ces dernières donnant un léger sentiment de fléchissement sur les sprints et grosses relances. Mais pour des sorties plus tranquilles à rythme cyclosportif, ce mélange des genres donne un vélo très rigide avec des roues qui offrent un peu plus de souplesse, notamment dans les bosses et quand le rythme diminue. Dans ce cas, même sans développer 250W sur une heure, on arrive à faire vivre le vélo avec du plaisir, sans subir.
Côté confort, j'ai été légèrement déçu au début, trouvant ce vélo peu filtrant, notamment sur l'avant. Pourtant, j'avais testé ces roues avec des Veloflex Corsa Race tubeless sur un Trek Emonda et j'avais été agréablement surpris. J'ai donc remonté ces Veloflex en lieu et place des Vittoria Corsa, et en effet, le confort est nettement meilleur avec des tubeless souples comme les Veloflex Corsa Race TLR, du fait de leur plus grande souplesse, mais aussi parce-qu'on peut facilement descendre à 5 bars environ sur l'avant.
Les Vittoria Corsa ne sont pas mauvais, mais plus raides et donc moins filtrants. J'ai pu faire le même constat en changeant les roues pour des Roval Alpinist CLX (33mm de haut) équipées de pneus Specialized Turbo Cotton de 26mm. Là encore, le confort est de mise tout en augmentant légèrement l'inertie du vélo à haute vitesse grâce au profil des roues et sans pour autant perdre en dynamisme et polyvalence dans les pentes.
Mais s'il offre moins d'inertie à haute vitesse à cause des roues basses, il se montre en échange très stable à haute vitesse et même si le vent est de la partie, on ne lutte pas pour maintenir son vélo en ligne.
Le groupe SRAM fonctionne parfaitement. En revanche, j'ai eu dès le départ la manette gauche qui engendrait du bruit sur mauvais revêtement... et très rapidement, la manette droite s'est mise à faire du bruit elle aussi. Un problème qui semble toucher de nombreux possesseurs de poignées SRAM Red eTap AXS. Plusieurs serrages n'y changeront rien, le bruit ne s'arrête qu'en ayant les mains sur les cocottes. Dans les montées de cols avec les mains en haut du cintre, il m'a fallu composer avec ce bruit désagréable.
Pour faire un tour complet de ce BMC Teammachine SLR 01, je me suis rendu dans les Pyrénées, à 1h30 de voiture de chez moi, faire un tour de 85km avec 2300m de D+ et 3 cols au programme. Et ce, malgré un développement mini que je savais trop "gros" pour moi, 35x28 alors que c'étaient mes premiers cols de l'année. Sur ce point, ma sortie me le confirmera, notamment dans le col d'Agnes, un 35x33 aurait été plus adapté pour moins subir la pente et conserver une cadence de pédalage plus élevée.
C'est sans doute ici que le vélo révèle son plein potentiel. Léger mais aussi rigide au niveau de son cadre et de son poste de pilotage tout en ayant une légère souplesse au niveau des roues, le vélo se laisse mener même à faible vitesse dans les pentes à plus de 10%.
Passé le sommet, direction les descentes rapides et techniques, parfois sur le sec, d'autres sur le mouillé. Le BMC Teammachine SLR01 est sur des rails. Comme déjà évoqué, les roues basses ne sont pas ici pénalisantes, au contraire, car en cas de vent, le vélo est nettement plus stable. Le grip des Vittoria Corsa est bon sans être exceptionnel. Par contre, au terme de cet essai, de nombreuses coupures sont présentes sur la chape.
J'enchaîne épingles et virages rapides sur des roues pas toujours parfaites avec aisance et fluidité.
Côté freinage, rien à dire, ça freine fort et de façon précise et constante. Même dans des descentes de cols avec de nombreuses épingles obligeant à passer de 60 à 20km/h, les freins ne perdent pas de leur mordant. Tout juste a-t-on droit à un léger sifflement quand les disques sont très chauds, mais cela s'arrête dès qu'ils ont suffisamment refroidi. Je n'ai eu à constater ce "problème" que dans la descente du Port de Lers côté Auzat.
Sur la dernière montée du col d'Agnes depuis Aulus les Bains (10km à 8.1% de moyenne), le braquet de 35x28 me fait drastiquement peiner, je n'arrive plus à trouver la bonne cadence après plus de 1500m de dénivelé, pourtant, le vélo ne me semble pas trop raide. Chaque fois que je me remets en danseuse, je ressens la légère souplesse bienvenue des roues qui permet de ne pas être totalement planté. Après 5h d'effort, hormis le mal aux jambes, point de douleurs au dos ou autre, preuve que le vélo filtre plutôt bien.
Reste que pas de miracle, le BMC Teammachine SLR01, bien que pétri de qualités, ne m'a pas transformé en grimpeur !
Bilan
Ce BMC Teammachine SLR01 est atypique en proposant des roues basses. Regardez chez la concurrence, bien souvent, vous n'aurez que des roues de 45mm minimum dans cette gamme de prix (et même dans des gammes moins chères).
Un parti pris que j'approuve totalement et qui permet de rendre ce vélo très rigide, à la base conçu pour les coureurs professionnels, bien plus polyvalent et qui permettra même aux cyclistes moins puissants de se faire plaisir avec. Mais n'hésitez pas à troquer les pneus pour des versions plus souples et en tubeless si possible, vous y gagnerez encore un peu plus en confort.
Les coureurs et coursiers puissants apprécieront sa rigidité, notamment si le vélo est accompagné de roues plus hautes qui lui permettent dans ce cas de subir les pires traitements en course !
Fil des commentaires de ce billet