Présentation

Cette sixième génération de Madone s'est donc offert à son lancement un nouveau dessin, avec un look résolument épuré et des tubes hyper profilés qui en disent long sur son domaine de prédilection, la vitesse. Des tubes aux formes généreuses, notamment pour ce qui est du tube diagonal et du tube de selle.

Toute la câblerie est intégrée, rien ne dépasse. Mais pour apporter du confort à ce vélo, Trek l'a équipé de son système IsoSpeed. L'IsoSpeed se trouve intégré dans le tube horizontal de manière très discrète. Le réglage de cet IsoSpeed se fait via une simple vis qui permet de faire bouger un curseur pour avoir plus ou moins de filtration.

En fonction du réglage choisi, ce nouveau Madone peut-être, au choix, jusqu'à 17% plus confortable que le précédent modèle ou 21% plus rigide.

Alors qu'il fallait avant choisir entre une géométrie H1 (typée course) et la géométrie H2 un peu plus confortable, Trek a développé en partenariat avec les coureurs des équipes Trek-Segafredo une nouvelle géométrie H1.5. 7 tailles sont disponibles, du 50 au 62cm.

Tout ce qui change finalement par rapport au précédent modèle, c'est la fibre, qui passe de l'OCLV 700 à l'OCLV 800. Si vous voulez en savoir plus sur cette dernière, vous pouvez aller consulter la page Trek consacrée à la fibre OCLV 800.

Pour être tout à fait franc, le gain de poids est difficilement mesurable. Le précédent vélo (en taille 54) avait été pesé à 7.7kg. Le vélo testé ici en taille 56 (je suis limite entre les deux tailles) est à 7.9kg, avec la même transmission (mais le capteur de puissance en plus) et les mêmes roues. Seule la peinture personnalisée qui doit être un peu plus lourde, change.

Le vélo est présenté ici avec une peinture spécifique Project One du plus bel effet, avec le logo irisé et partout sur le cadre, des paillettes elles-aussi irisées qui offrent, en fonction des reflets, des couleurs différentes. Une peinture qui sera vôtre en échange de 1600€.... en plus des 14499€ demandés pour le vélo.

Equipement

Ce modèle d'essai est équipé de ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle en termes de transmission si l'on tient compte du fait que le SRAM Red eTap AXS est totalement sans fil, avec la gamme de développement X-Range associée à 12 pignons à l'arrière.

Une transmission qui offre un côté esthétique à nulle autre pareil avec son pédalier très réussi et sa chaîne unique avec un côté totalement plat. Plateaux de 48/35 à l'avant et cassette 10-33, de quoi passer partout même pour un cycliste peu entraîné. Un choix qui peut sembler aberrant, mais tous les acheteurs de ce type de vélo ne sont pas des sportifs assidus ou très entraînés pour se montrer à l'aise notamment en montagne. Avec un tel vélo, pouvoir compter sur de petits développements lors de longs cols est un plus.

Côté roues, des Bontrager Aeolus XXX 6 en carbone OCLV, Tubeless Ready, largeur de jante de 21 mm et hauteur de 60 mm. Ces roues sont équipées des pneus Bontrager R4 320 fait main 320 tpi en 700x25C. Oui, 25mm seulement à l'heure où nombre de marques adoptent des 28mm pour offrir de la filtration et donc du confort à leurs vélos. Trek semble de son côté faire une totale confiance à son Madone SLR équipé de l'IsoSpeed ! Côté freins, on trouve deux disques de 160mm, de quoi arrêter le vélo en toute sécurité même avec un cycliste costaud.

Le cintre est le sublime Trek Madone réglable aero VR-CF fournit avec le cadre sur lequel est monté un ruban de cintre Bontrager Supertack Perf qui semble à la fois épais et confortable. Contrairement à d'autres cockpits aéro, ici, il est possible de régler l'inclinaison du cintre. Toute la câblerie chemine à travers cintre et potence. Ce nouvel ensemble cintre/potence aérodynamique en deux parties fournit une meilleure flexibilité quelle que soit la taille de cintre et de potence, ainsi qu’une rotation du guidon plus étendue, le tout sans compromis sur le cockpit aérodynamique intégré.

De face, aucun doute, il est aéro et le vélo semble vouloir fendre l'air. Ce nouveau cintre a été retravaillé pour offrir une position plus ergonomique dans sa partie haute. Ce sont pas moins de 40 combinaisons qui sont possibles entre les différentes longueurs et angulation de la potence et les largeurs de cintre, alors que le poste de pilotage monobloc précédent ne permettait que 26 combinaisons.

Le cintre est ici équipé du support compteur optionnel qui permet aussi de fixer une lampe dessous par exemple.

Sur la route

Plus que son aéro et sa capacité à rouler vite, ce qui étonne le plus avec ce Madone SLR, c'est son confort. Oui, du confort. Sans être un vélo endurance, c'est notamment au niveau de la partie arrière, où l'IsoSpeed agit, que la filtration est étonnante pour un vélo de cet acabit.

N'oublions pas que Trek n'a pas utilisé d'artifice comme des pneus en 28mm, non, ici, ce sont des enveloppes de "seulement" 25mm qui sont de mise avec en plus des roues de 60mm. Tout était donc fait pour que, sur le papier, on ressente les moindres aspérités du bitume. Et au final, non, ce Madone SLR est incroyablement confortable, qui plus est avec une telle fibre OCLV 800 qui aurait pu assombrir le tableau.

En revanche, si ce découpleur est réglable sur de nombreuses positions, il n'y a vraiment qu'aux deux extrêmes que l'on peut ressentir une réelle différence. Seuls les coursiers apprécieront sans doute le réglage le plus dur, pour les épreuves de 2h maxi. Pour tous les autres, le réglage "souple" permettra de rouler longtemps en filtrant les aspérités de la route sans quasiment rien perdre en nervosité.

En revanche, la partie avant est plus informative.... pour ne pas dire vibrante. La rigidité du poste de pilotage Madone aero VR-CF associé à la fourche très rigide et aux jantes hautes fait que la filtration n'est pas le point fort de l'avant.

Ca tranche véritablement avec la partie arrière, à tel point que j'ai eu, sur des sorties de plus de 2h30, des fourmis au niveau des mains, chose qui ne m'arrive pas sur un vélo où l'avant filtre mieux. Cela m'a obligé à faire mes sorties suivantes avec des gants. Dommage, car le cockpit est très agréable avec sa partie supérieure plane et sa forme très compacte.

Finalement, on regrette de ne pas bénéficier de l'IsoSpeed sur l'avant, quitte à ce que ce soit une version plus "light" que sur un Domane. Il vous faudra donc jouer sur les pneumatiques, que ce soit par une section plus grande ou moins de pression sur l'avant, pour espérer filtrer un peu plus.

Par contre, à l'arrière, vous pouvez vous en donner à coeur joie, l'IsoSpeed étant très efficace.

Efficace, le vélo l'est sur le plat. A n'en pas douter, il aime être brusqué sur les relances et se montrera à son avantage sur les critériums. De même, sur le plat, passé 40km/h, on ressent clairement l'apport des roues de 60mm qui aident à maintenir la vitesse du vélo. Malgré cette hauteur conséquente, le vélo est sur des rails et ce, même par vent de côté. On a l'impression d'avoir des roues de 45mm tant la prise au vent semble faible.

Finalement, c'est dans les bosses que ce Madone SLR se montre le plus étonnant. Pourtant, il n'a rien pour lui dans cet exercice avec ses gros tubes, ses roues de 60mm et sa masse dépassant les 8kg.

Sans voltiger comme un Emonda SLR, ce Madone SLR est étonnant quand la route s'élève.

On ne subit pas le vélo et même avec ses roues de 60mm de haut et sa grande rigidité. Il accélère facilement en danseuse et se laisse apprivoiser au train, même sous 15km/h. La cassette 10-33 (10, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 19, 21, 24, 28, 33) permet de rester plus longtemps sur le grand plateau de 48 dents, quitte à croiser un peu et monter sur le pignon de 28 dents. On garde ainsi du couple et une bonne vitesse. Bien sûr, c'est au détriment de la progressivité sur le haut de la cassette, mais ceux qui ont besoin de petits développements ne seront sans doute pas gênés comme un coursier par ces écarts de dentures et adapteront leur rythme en conséquence.

Même sur des pourcentages supérieurs à 13% et un braquet de 35x28, on se surprend à monter aisément... et il reste encore un pignon pour s'économiser dans les cols.

En descente, la stabilité et la rapidité de ce vélo font leurs oeuvres. On descend vite et on inscrit facilement le vélo dans les courbes. Et en cas de fort vent, comme ça peut arriver dans les vallées des Pyrénées et donc au bas des cols, on apprécie d'autant la stabilité du vélo qui ne se montre à aucun moment "surprenant".

Le freinage dévolu à deux disques de 160mm est performant en toutes circonstances et le système SRAM ne génère que très très rarement des bruits parasites, uniquement si de longs et puissants freinages s'enchainent.

Mais c'est bien sûr quand on retrouve le plat que l'on apprécie encore plus ce vélo, taillé pour fendre l'air.

Avec des roues basses

Pour avoir un véritable état des lieux de ce vélo, je l'ai aussi testé avec des roues basses, les Roval Alpinist CLX équipées de pneus Turbo Cotton de 26mm.

Si le vélo ne change pas radicalement au niveau de son dynamisme général et de son comportement, en revanche, le confort sur l'avant du vélo est ici bien meilleur. Pas étonnant en passant de jantes de 60mm à 33mm de haut. Les rayons plus longs offrent une souplesse verticale ici bienvenue.

On perd bien sûr en inertie à haute vitesse, mais le vélo en contrepartie se montre encore plus polyvalent dans les bosses avec plus de facilité, ce qui n'est pas étonnant, les Alpinist CLX étant 320g plus légères que les Bontrager.

Reste que ce ne sont sans doute pas les roues les plus adaptées à ce vélo, ne serait-ce qu'au niveau du look où le Madone SLR perd ici un peu de son côté extrême. Le bon compromis, au moins pour la roue avant, se situant sans doute sur un profil de 50mm pour conserver du confort au niveau des mains et des bras.

Bilan

Le passage de la fibre OCLV 700 à cette fibre OCLV 800 ne révolutionne pas le vélo, pas même en termes de poids puisque les quelque 80 grammes de gain annoncés sont marginaux.

Le Madone SLR reste un superbe vélo qui va plus loin qu'un simple vélo aéro conçu pour les terrains plats à vallonnés. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il se montre presque polyvalent, en tous cas, il monte les bosses bien plus facilement que ce que ce sont physique laisse à croire. Sans être un grimpeur, ceux qui roulent une bonne partie de l'année sur des terrains relativement plats pourront sans rechigner l'amener grimper des cols sans subir le vélo pour peu que le braquet soit adapté.

Finalement, il ne lui manque plus que de la filtration sur la partie avant pour être quasiment parfait !