Présentation

Rapide tour sur les spécifications, car toutes les infos techniques ont déjà été indiquées sur cet article de présentation de l'Emonda 2021.

L'Emonda, c'est donc le vélo montagne de chez Trek. Et pourtant, difficile en voyant ce cliché de le deviner tant il fait penser à un vélo purement aéro. Il y a quelques années encore, même les vélos dits "aéro" n'étaient pas aussi profilés et intégrés !

Comme nombre de marques, Trek cesse la course à lé légèreté, tout au moins tant que l'UCI n'a pas modifié son règlement limitant le poids à 6.8kg pour les professionnels. Et comme ce vélo est avant tout destiné aux coureurs professionnels, Trek a préféré rester à la limite tout en apportant de la rigidité et de l'aéro, pour que l'Emonda soit le plus polyvalent possible sur tous les terrains.

Pour arriver à concilier formes aéro, maintient de la rigidité à un haut niveau sans prise de poids, Trek a développé une nouvelle fibre de carbone, la plus légère jamais utilisée à ce jour, l'OCLV 800. Grâce à cette fibre, le cadre seul est annoncé à moins de 700 grammes (698g non peint) et la fourche à 365g.

Le tout nouveau modèle Émonda aérodynamique, décliné en version SL et SLR, a démontré grâce à des tests internes qu’il était le plus rapide en plaine et dans les cols :

  • Gain de 60 s/h à 0 % à 350W
  • Gain de 18 s/h 8,1 % à 350W (Alpe d'Huez)
  • Gain de 13 s/h par rapport au Tarmac à 8,1%

Trek n'a pas succombé à la mode d'avoir un vélo qui permette d'accepter des pneus de plus de 28mm de section. Mais 28mm, ce sera déjà une bonne largeur pour un vélo sportif dédié à la montagne ! Nous ne sommes pas en présence d'un vélo gravel !

La géométrie est de type H1.5, un bon équilibre entre la très sportive H1 et la plus relevée H2 de la précédente génération. Bien sûr, certains trouveront toujours que cela n'est qu'un pis-aller et offre moins de choix que deux géométries distinctes. L'Emonda est disponible en 7 tailles, 47, 50, 52, 54, 56, 58 et 60cm.

Côté tige de selle, Trek reste fidèle à son système de mât Ride Tuned. Trek a fait le choix d'un tout nouveau standard de format de boîtier de pédalier, le T47. Un format déjà utilisé sur le tout dernier Trek Domane, qui permet des entretiens plus faciles grâce à la présence de filets, ainsi qu'une plus grande efficacité grâce à sa largeur.

Il est compatible avec tous les boîtiers de pédalier T47 à roulements internes du marché. Pour faire simple, le T47 est quasiment une version surdimensionnée des boîtiers BSA filetés. Les boîtiers de pédalier T47 commencent en réalité comme des boîtiers de diamètre intérieur standard de 46 mm et sont ensuite filetés à M47x1.0mm. Tout comme un boîtier BSA, le côté droit est un filetage à gauche et le côté gauche est un filetage à droite.

Au-delà des tubes qui se sont profilés, Trek a aussi fait un gros travail sur l'intégration de la câblerie. L'Emonda SLR bénéficie d'un nouveau cockpit spécifigue, l'Aerolus RSL VR-C conçu pour augmenter la vitesse, économiser des watts et offrir un cockpit plus propre.

Ce tout nouvel ensemble cintre/potence Aeolus RSL est près de 10 % plus rapide que son prédécesseur et permet aux coureurs d'économiser sept watts d'effort, selon les calculs effectués en soufflerie.

Les câbles ne passent pas totalement en interne, mais sortent du cintre pour rejoindre la douille de direction via les entretoises.

Annoncé à un peu moins de 6.8kg, j'ai pesé mon exemplaire en taille 54 à 6.7kg. On est donc juste sous la limite UCI. Le modèle testé est facturé 10999€ sans l'option peinture Project One. Concernant ce coloris jaune / orange, certains ont adoré, d'autres ont détesté. Sachez qu'il est facturé 600€, mais vous avez un choix relativement grand en Project One pour le personnaliser comme vous le souhaitez.

Vous pouvez retrouver toute la gamme s'échelonnant de 2599€ pour l'Emonda SL à 10999€ pour l'Emonda SLR ici.

Equipement

Ce modèle SLR 9 eTap est équipé de la transmission complète SRAM Red eTap AXS, la transmission électronique sans fil dotée des développements spécifiques X-Range, ici 48/35 avec une cassette 10x33.

On ne présente plus cette transmission de dernière génération. Pour avoir un avis plus détaillé, vous pouvez relire mon test du Sram Red eTap AXS.

Pour ralentir et arrêter le vélo, des disques de 160mm aussi bien à l'avant qu'à l'arrière officient. De quoi permettre de solides arrêts sans crainte de déformation des disques.

Pour accompagner ce montage, Trek a crée de nouvelles roues, les Bontrager Aeolus RLS 37. Ces roues ultra-légères de 37 mm présentent une toute nouvelle forme de jante, qui les rend plus rapides que des roues plus profondes et plus légères que des roues à profondeur réduite tout en conservant la même stabilité.

En comparaison de ses prédécesseurs, la nouvelle forme est 30 % plus profonde. Ainsi, les roues sont 11 % plus rapides qu’auparavant, et elles ne pèsent que 1325 g par paire (600g AV et 725g AR), soit 55 g de moins que les modèles précédents et à peine plus lourdes que des roues basses. Le profil de 37mm peut sembler assez bas, mais il devrait parfaitement convenir à ce vélo orienté pour la montagne. Un profil ultra polyvalent.

Largeur externe de 28mm et 21 en interne. Des moyeux ultralégers avec DTSwiss 240s et Ratchet EXP à 36 cliquets permettent une excellente fluidité de roulement. La jante est compatible Tubeless Ready. Elles sont montées avec des pneus Bontrager R4 320TPI.

Sur la route

C'est bien beau les spécifications de rêve et l'équipement à la pointe, mais cela ne dit pas si le vélo est performant et agréable à rouler !

Il serait faux de dire que cet Emonda SLR 2021 fait table rase du passé et serait totalement changé par rapport à la génération précédente. Non, l'Emonda SLR reste toujours un vélo léger qui aime grimper (même si le cycliste posé dessus aime moins !).

Mais c'est avant tout sur terrain plat que change la donne. L'Emonda SLR est clairement plus rapide et agréable à mener à haute vitesse, conservant son inertie et semblant en effet moins freiné que l'Emonda 2020. Si on atteint pas la facilité au-dessus de 40km/h d'un Madone SLR, clairement mieux taillé pour cet exercice, l'Emonda SLR ne démérite pas et a fait un bond de géant. A tel point que pour un cycliste lambda qui roule un peu partout, cet Emonda SLR semble clairement plus polyvalent qu'un Madone.

Le seul bémol, c'est la filtration des irrégularités de la route. Avec les roues RSL 37 chaussées de pneus de 25mm, on ne peut pas dire que ça filtre bien sur mauvais revêtements. Même constat avec des roues carbone basses de 24mm de haut (DT Swiss PRC 1100 DICUT Mon Chasseral) montées avec des tubeless Veloflex Corsa Race TLR. Même sans dépasser les 6 bars, la filtration n'est pas le point fort de l'Emonda SLR, surtout sur la partie avant.

En passant sur des pneumatiques de 28mm de section, le confort s'améliore grandement. Mais même avec les pneus de 25mm, j'ai pu sans aucun problème dépasser les 4 heures de selle sans impression de subir le vélo.

Sans doute que la fibre OCLV 800 est en partie responsable de cette rigidité verticale. En contrepartie, l'Emonda SLR offre une rigidité digne du World Tour et même un sprinteur amateur ne pourra pas trouver la limite du vélo. Aucune flexion ne se ressent.

Si par le passé, les vélos légers destinés à la montagne donnaient assez peu de sensations sur le plat, ce n'est pas le cas de cet Emonda SLR qui se montre hyper dynamique et gicle au moindre coup de pédale. Sans doute encore plus facilement qu'un Madone SLR qui, plus lourd, demande un peu plus de temps pour prendre de la vitesse.

Ajoutons à cela un cockpit Bontrager Aeolus RSL hyper ergonomique, sans doute le plus confortable que j'ai eu entre les mains, et les heures de selle peuvent s'enchaîner sans aucun problème. Le seul bémol sur ce type de cintre est leur propension à glisser sur la partie supérieure dépourvue de ruban de cintre quand on transpire. En danseuse, les genoux ne viennent pas taper dedans.

Mais revenons à la montagne. Superbagnères, Portillon, Peyresourde, j'ai pu tester ce vélo sur de nombreux cols Pyrénéens. Et s'il ne transforme pas votre testeur en grimpeur, on ne subit pas non plus le vélo. Même en prise sur de forts pourcentages, on ne se sent pas planté par le vélo. Mais il se montre clairement plus à son aise quand on grimpe au moins à 220W de moyenne qu'en dessous, où il sera nettement sous utilisé.

Si vous ne pouvez pas grimper à ce niveau de puissance, mieux vaudra se tourner vers l'Emonda SL, plus lourd, mais équipé d'une fibre un peu plus souple.

A chaque épingle, quand on se dresse sur les pédales, le vélo accélère. Merci au développement mini du SRAM Red eTap AXS (35x33) qui permet de conserver une cadence honorable même quand on ne monte pas vite.

Les roues Bontrager Aeolus RSL 37 sont impressionnantes d'efficacité, aussi bien en montée avec leur poids limité à 1325g la paire, mais aussi efficace sur le plat passé 40km/h, tout en étant très peu sensibles au vent latéral.

Une fois au sommet, place à la descente. Ca tombe bien, j'ai eu droit à un peu tout. Pluie dans la descente de Superbagnères, rafales de vent dans le Peyresourde et calme plat et beau temps dans le Portillon.

Le vélo est au niveau en descente, à savoir qu'il se place facilement et parfaitement où on souhaite. Les deux disques de 160mm proposent des distances d'arrêt hallucinantes très sécurisantes, même si j'avoue que j'ai toujours beaucoup de mal sous la pluie. Ca freine fort.... très fort, à tel point que j'ai toujours peur d'arriver aux limites des pneus. Et chacun sait que si on arrive à la limite du pneu avant sous la pluie sur un gros freinage, c'est la pizza assurée.

Mais aucun problème donc, sur le sec, même lancé à plus de 80km/h, on peut planter allègrement les freins sur le sec pour freiner au plus court et on dose facilement la puissance. Jamais je n'ai été surpris par un blocage inopiné. De même, jamais de frottement ou de sifflement des freins, même lorsque ces derniers étaient très chauds. SRAM maîtrise le sujet.

Courbes rapides ou épingles s'enchainent facilement, on passe de l'une à l'autre avec facilité et fluidité. Ceux qui, comme moi, descendent plutôt bien et aiment le dénivelé négatif, prendront assurément du plaisir à son guidon.

Bilan

L'Emonda SLR est très nettement meilleur que la génération précédente et franchement plus agréable à rouler en mode sportif.

Même si cette version SLR 9 eTap facturée 10999€ ne sera pas, et de loin, à la portée de toutes et tous, cet Emonda fait monter d'un potentiel hors-normes. Hyper polyvalent, aussi agréable en montagne que sur le plat, il fera sans doute de l'ombre au Madone pour le public amateur qui ne peut se permettre d'avoir plusieurs vélos.

Le seul bémol concernant cet Emonda est la filtration. Sans qu'il soit inconfortable, il est plutôt raide verticalement, notamment sur l'avant, retransmettant tous les défauts de la route au niveau des mains. Il ne faudra pas hésiter à bien choisir ses pneus pour opter pour des modèles très souples ou carrément opter pour du 26/28mm. Et pourquoi ne pas le doter de la technologie IsoSpeed sur l'avant ?!

En tous cas, chapeau Trek. Si le Madone faisait partie des meilleurs vélos que j'ai pu tester jusqu'à présent, l'Emonda SLR vient de lui ravir la place grâce à sa fabuleuse polyvalence !