En "guest star" pour cette présentation, nous étions accompagnés par Laurens Ten Dam qui fut coureur professionnel pendant 15 ans et qui a participé à 18 Grands Tours.

Désormais, il est ambassadeur Specialized et il s'adonne désormais aux joies du vélo "autrement" que compétitif et notamment via le Gravel, avec son site Live Slow Ride Fast. Un bonhomme jovial et agréable, aussi bien autour d'une bière que sur le vélo.... où il peut encore envoyer sévère dès que ça monte.

Etait aussi présente, Alison Tetrick, ex-pro triathlon et route qui est devenue "gravelleuse" (championne du monde 2017).

Mais bref, passons, vous n'êtes sans doute pas ici pour lire un article sur eux ;-)

Il y a encore de cela deux ans, le Gravel était une pratique atypique, à la marge. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, la preuve avec Laurens Ten Dam qui s'adonne désormais pleinement à cette pratique, mais aussi aux événements organisés spécialement pour les adeptes du gravier, que ce soit au Roc d'Azur ou à plus haut niveau.

La pratique évolue et les vélos aussi donc. On est passé de vélos cyclo-cross adaptés pour mieux se comporter sur la route... à de véritables vélos pensés dès leur conception pour emprunter chemins et sous-bois.

Jour 1 - chemins roulants et bitume

Premier jour, 61km pour 771m de D+ sur des chemins plutôt roulants et des routes, ce qui est idéal pour une prise en main de ce vélo.

Nous sommes donc équipés avec des pneumatiques Pathfinder de 38mm de section. Je connais déjà le système d'amortisseur de fourche Future Shock 2.0 pour l'avoir testé sur le Roubaix l'an dernier. Sur le bitume, je règle donc au plus dur afin que le système hydraulique filtre le moins possible.

Le vélo se comporte bien et les pneus de 38mm filtre bien la route sans pour autant donner l'impression d'avoir un tracteur entre les jambes. Certes, c'est un peu plus poussif que des pneus route de 25/28mm, mais pas autant que cela pourrait le laisser penser. On a l'impression d'être au guidon d'un bon vélo de route jusqu'à 35km/h environ. Au-delà, la surface frontale offerte par ces pneus joue bien sûr en la défaveur de ce Gravel.

La géométrie est plutôt bien pensée et même si on est légèrement plus droit que sur un vélo de route, on n'a pas non plus l'impression d'être trop droit.

Le temps est magnifique, plus de 15 degrés et les pistes sèches, hormis quelques rares flaques d'eau, juste de quoi salir le vélo.

Specialized décrit son pneu Pathfinder comme offrant la polyvalence exigée par les sorties gravel, à savoir une faible résistance au roulement, excellente adhérence et maximum de fun.

Sur les pistes, aucun souci, même avec les faibles sculptures présentes sur les épaules du pneu comme on peut le voir sur le cliché de gauche sur le vélo de Laurens Ten Dam. Cela accroche suffisamment sur terrain sec pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Il n'y a que sur les parties avec une bonne couche de gravier que j'ai été nettement moins rassuré. Mais d'autres journalistes, plus habitués, passaient quant à eux beaucoup plus vite que moi sans aucun problème.

La bande centrale est totalement lisse. Une spécificité qui fait toute la différence sur la route, où le comportement du vélo est assez impressionnant. On se prend à rouler tranquillement en peloton à plus de 30/35km/h sans avoir le sentiment de perte de rendement. Alors bien sûr, il y a une perte aéro évidente vue la surface frontale offerte et quand on se met en danseuse, on sent le pneu s'affaisser légèrement, mais le rendement est impressionnant pour un pneu de ce gabarit.

Mais revenons au vélo. Lui aussi offre un comportement assez impressionnant. Mais ne perdons pas de vue que je chevauche un vélo à 6999€ et qui pèse à peine 8.5kg. Alors forcément, on est en droit d'avoir des prestations haut de gamme. Mais la magie opère bel et bien. 8.5kg pour un gravel, c'est léger.

Beaucoup reprochent à Specialized de faire beaucoup de marketing... mais les résultats sont bien là, le vélo est au-dessus de tout soupçon. La rigidité est exemplaire et il sait rester dynamique sur route tout en étant agile sur les parties plus techniques, quand par exemple il faut slalomer entre les rocailles et les racines.

Sur les parties plus accidentées, on tourne la molette Future Shock 2.0 sur la potence et on a droit à une excellente filtration. Le système hydraulique montre pleinement son efficacité avec un contrôle efficace du rebond, supprimant grandement l'effet de pompage. De quoi enchaîner les heures de rocailles sans se fatiguer.

Les freins sont puissants et parfaitement dosables. Il n'y a que la transmission monoplateau qui m'a laissé sur ma faim. Pas en termes de fonctionnement, car ce groupe Force eTap AXS fonctionne parfaitement, mais plutôt en termes de développements.

Avec un plateau de 42 dents et une cassette SRAM Eagle de 10-50, pas de souci sur l'étendue des développements, il y a franchement de quoi passer partout. En revanche, sur les parties plutôt roulantes et légèrement montantes, on a parfois du mal à trouver le bon développement en raison des gros écarts de dentures (10, 12, 14, 16, 18, 21, 24, 28, 32, 36, 42, 50).

Jusqu'au 28 dents, ça se gère encore, mais au-delà, on a tôt fait d'être dans le trop petit ou trop gros. Il faut donc soit ralentir un peu le rythme pour ne pas trop mouliner, soit accélérer ou opter pour une cadence plus faible. On peine à trouver la bonne cadence, c'est casse-pattes.

Mais attention, cette remarque ne vaut bien sûr que dans des conditions particulières très sportives, où, comme sur cette présentation presse, on est dans un groupe et que l'on veut suivre le rythme "imposé". En mode gravel "aventure", ces trous seront sans doute moins gênants.

Et si le rendement mécanique d'un pignon de 10 dents est déjà discutable sur la route, en gravel, avec la boue et la poussière, on a vite fait d'entendre que ça "gratte" légèrement quand on est sur ce pignon extrême.

Au terme de ce premier jour, le vélo offre un comportement étonnant, surtout sur la route, qui n'est, à première vue, pas son domaine de prédilection, surtout avec des pneumatiques de 38mm. Mais même sur bitume, on prend énormément de plaisir à rouler vite aussi bien qu'à flâner pour admirer le paysage. A tel point que l'on pourrait se dire qu'un non compétiteur pourrait se satisfaire d'un seul vélo.

Mais attendons la suite et une seconde sortie pour se faire un avis définitif.

Jour 2 - un peu de route et presque du VTT !!

Au lendemain de cette sortie plutôt fun, place à un plus gros morceau, avec une sortie de 60km et 1350m de D+.

Sur le papier déjà, ça parle, mais le terrain a lui aussi fait parler et a justifié la monte pneumatique du jour, les nouveaux Tracer Pro tubeless Ready en 47mm. Un pneu développé pour l'entraînement et les compétitions cyclocross, avec des crampons centraux assurant un maximum de traction tandis que les crampons latéraux striés doivent permettre de s'adapter parfaitement aux surfaces dures ou meubles.

La conception 2Bliss Ready permet d'utiliser des pressions de gonflage plus basses pour améliorer le confort, la traction et le contrôle dans les virages glissants. Dixit Specialized, tout cela fait du Tracer Pro un pneu idéal pour le Gravel ou l'Aventure, puisqu'il est roulant sur le goudron mais est aussi efficace lorsque vous quittez la route.

Ainsi affublé de gros boudins de 47mm, le Diverge offre un autre visage....

En partant ce matin-là, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre, mais nous allons très rapidement être mis dans le bain.

Au bout d'un peu moins de 3km, nous empruntons un chemin rocailleux très pentu. Cami dels Homens, ce sont 1.89km à 8% de moyenne. Dit comme ça, ce n'est pas très impressionnant. Mais au milieu, une portion de 1km à 10% de moyenne.

Mais plus que la pente, la difficulté, c'était le revêtement... ou plutôt, l'absence de revêtement. Racines, cailloux, sable et surtout grosses pierres. Il a fallu opter pour le plus petit braquet et interdiction de se mettre en danseuse.

C'est du VTT, plus du gravel. Mais finalement, avec des pneus de 47mm, ça passe. Pas très vite, pas hyper facile, mais ça passe. Les pneus offrent une très bonne traction même quand on se met en danseuse. La géométrie du vélo est parfaite dans les rampes à plus de 20% où on ne sent jamais le vélo se cabrer de l'avant. Cet empattement long est ici un vrai plus pour monter les portions les plus raides.

Pour info, j'avais tout juste mis 1.9 bar à l'avant et 2 bars à l'arrière.

Venu au bout de la montée, on attaque une descente, là aussi très technique, digne d'un parcours VTT. Les pneus de 47mm transforment le comportement du vélo. Là où la veille, j'étais moins serein sur les parties rocailleuses et les bonnes couches de gravier, là, je passe plus vite, sans arrières-pensées.

La déformation du pneu associée à la suspension Future Shock 2.0 permet de passer très vite même quand il y a beaucoup de rocailles et les freins assurent une excellente décélération. Même sur ce terrain sec et glissant, la surface de contact avec le sol permet d'éviter les blocages de roues non désirés.

Le cintre Easton EC70 AX Carbon qui équipe mon vélo dispose d'une forme bien spécifique et ergonomique avec une partie basse plus large. L'évasement est de 16 degrés et permet un pilotage plus stable et un bon accès des manettes. La position mains en bas du cintre devient naturelle et évidente sur les parties très techniques, mais aussi sur le plat quand on veut rouler un peu plus vite.

Sur la route en revanche, le vélo perd forcément du dynamisme et se montre moins rapide. Rien d'étonnant à cela. Je me suis tout de même retrouvé derrière Laurens Ten Dam faisant le train pour rentrer sur un groupe sur une route bitumée avec 4/5% de pente, on peut tout de même rouler à près de 30km/h sans problème. Mais comme sur tout vélo, il faudra faire un choix, on ne peut pas avoir des pneus capables de passer dans les pires chemins mais qui conservent les performances de pneus route de 25mm ! On ira toujours plus vite qu'avec un vélo tout terrain sur le bitume sans forcément avoir perdu trop de terrain sur les parties techniques dans les cailloux.

En descente, le vélo se montre stable et rapide dans les longues lignes droites ou les grandes courbes. Il n'y a que dans les virages en épingles qu'il faut prendre l'habitude des gros pneus, qui rendre le pilotage un peu moins précis.

Clairement, ainsi équipé de pneus de 47mm, le Diverge est prêt à affronter tous les terrains et pourrait même se mêler à des VTT ! Si sur route, il se montre forcément moins rapide, il reste étonnant avec un comportement incisif et précis. Le Diverge ainsi équipé sait rester dynamique et on se prend à l'emmener partout... même sur des chemins ou single dans lesquels on aurait jamais pensé un jour faire passer un Gravel.

Pour beaucoup de cyclistes, voilà un vélo qui pourrait facilement remplacer leur VTT ainsi équipé !

Chaussures Recon 3.0

Les chaussures Recon 3.0 sont dans le haut du panier du catalogue Specialized pour les chaussures Gravel. Seul un modèle S-Works les supplante.

Ces  Recon 3.0 ont un double BOA associé à un velcro et une semelle carbone offrant un indice de rigidité de 10, ainsi qu'une tige XPEL déperlante.

La technologie Stride Toe-Flex permet une légère souplesse de l'avant du pied pour la marche sans pénaliser la transmission de puissance lors du pédalage. Et en effet, ça fonctionne. Si ce ne sont pas les chaussures présentant la plus grande facilité de marche, elles offrent en revanche des performances étonnantes sur les parties roulantes et sur route.

Les crampons offrent une excellente accroche sur les terrains accidentés où on doit pousser le vélo et le serrage BOA est d'une redoutable efficacité. Seul le velcro avant semble tant les deux disques BOA jouent leur rôle à la perfection.

Bilan - Et si le Diverge était un vrai vélo tous terrains ?

Difficile de trouver des défauts à ce Diverge 2020, très sincèrement. Si, comme toujours, son tarif, surtout pour les versions les plus haut de gamme comme j'ai pu le tester est très élevé.

Mais si un vélo de route se cantonne de plus en plus au goudron et les VTT, très techniques, ne sont pas les plus à l'aise sur route, le Diverge semble être un vrai vélo pour TOUS les terrains.

Pour qui en a les moyens, c'est un vélo ultra polyvalent qui pourra s'adapter à tous les terrains en fonction de la monte pneumatique. Un véritable gravel au comportement sportif avec des pneumatiques de 38mm qui devrait être parfaitement à l'aise avec une monte encore plus réduire - 33mm ? - sur route. A se demander si ce ne serait pas le vélo idéal pour Paris-Roubaix !

L'une des bonnes alternatives sera sans doute le Sport Carbon à 2999€, même si on perd au passage la Future Shock 2.0 au profit d'une version non réglable. Il reste compatible avec des pneus 47mm et offre une transmission Shimano GRX double plateau (46x30) associé à une cassette 11-34.

Crédit photos : Etienne Schoeman pour Specialized