Présentation

Au lieu de trois couches superposées habituelles de carcasse sous la chape, Specialized a réussi pour ce RapidAir à n'en utiliser que deux (conception en attente de brevet). Cette nouvelle méthode de la fabrication d'un pneu a nécessité un changement radical dans la façon dont le pneu a été produit.

Plutôt que d'avoir de nombreux plis qui se chevauchent au niveau de la bande de roulement et qui détériorent le confort, Specialized a construit ce RapidAir avec deux plis minces qui se chevauchent au niveau des flancs. Ce procédé permet au tubeless d'être plus souple au niveau de la bande de roulement.

Ce modèle est disponible en 700x26 et 700x28. C'est ici le modèle en 26mm de section que j'ai pu tester, qui pèse seulement 260g. Specialized préconise 7 bars de pression maxi sur le 26mm et 6.5 bars sur le 28mm (que j'ai pesé à 312g).

La marque précise dans ce document intitulé "Compatibilités et installation" les jantes compatibles pour un montage sans démonte-pneu et qui permettent un gonflage avec une simple pompe à pied.

Ce tubeless bénéficie d'une carcasse 120 TPI associé au mélange de gomme Gripton ainsi que d'un renfort anti-crevaison BlackBelt. La chape est lisse sur le milieu pour assurer la plus faible résistante au roulement tandis que les flancs avec de petits crampons assurent un excellent grip en virage.

Côté tarif, ce S-Works Turbo RapidAir se positionne indéniablement sur le haut de gamme à 79.90€ pièce.

En complément, Specialized a développé un préventif spécifique au Turbo RapidAid, le RapidAir Tire Sealant, car les hautes pressions sur des pneus de 26-28 mm requièrent des formules totalement différentes pour réparer les crevaisons.

Ce nouveau liquide préventif doit reboucher immédiatement les perforations jusqu'à 3 mm de diamètre sur une large plage de températures (de -20 à +70°C), mais en plus, doit permettre de regonfler votre pneu à une pression normale.

Le tarif est là aussi assez élitiste, avec 11.90€ la bouteille de 60ml, sachant qu'il faut compter 60ml par pneu pour une performance maximale.

Il faudra donc compter un peu plus de 180€ pour la paire de S-Works Turbo RapidAir avec le préventif.

Montage

Que ce soit sur les roues Roval, des Mavic ou des roues Duke, le montage n'est pas plus difficile qu'avec d'autres modèles, bien au contraire, Specialized ayant travaillé sur ce tubeless afin qu'il soit le plus facile à monter.

Il s'agit là d'un enjeu majeur pour faire adopter un tubeless, tant les cyclistes sont parfois contraints à avoir recours notamment à un compresseur pour faire claquer les tringles sur les crochets de la jante. D'une, tout le monde n'a pas de compresseur chez soi, mais en cas de crevaison sur la route, cela ajoute une difficulté supplémentaire.

La marque donne des conseils pour l'installation :

  1. Installez la première tringle : commencez par la première tringle, à l'opposé de la valve et placez-la sur la jante. Utilisez les deux pouces et mettez en place la tringle sur la jante. Lorsque vous installez le pneu, assurez-vous que la tringle soit placée au centre de la jante et non contre la paroi. Cela aide à créer un relâchement de la tringle pour atteindre la paroi du rebord extérieur.
  2. Installez la seconde tringle et le préventif : commencez à l'opposé de la valve, assurez-vous que la première tringle soit toujours placée au centre de la jante. Lorsque vous commencez à installer la deuxième tringle, veillez également à la placer au centre de la jante. Ajoutez le liquide préventif RapidAir en commençant tout d'abord par agiter le flacon. Choisissez ensuite une des deux méthodes pour ajouter le liquide préventif RapidAir.
  • 1re méthode : avant d'installer les derniers centimètres de la deuxième tringle, ajoutez la quantité recommandée de produit d'étanchéité - 60 ml par pneu pour une performance optimale - faites tourner la roue d'un demi-tour, puis terminez l'installation de la tringle.
  • 2e méthode : Après avoir complètement installé les deux tringles, retirez l’obus de la valve et ajoutez le produit d'étanchéité à travers le corps de la valve, puis remontez l’obus de la valve et serrez-le correctement.

Il ne vous reste plus qu'à gonfler les pneus.

Dans les faits, ce tubeless s'avère en effet étonnamment facile à monter et pourrait bien finir de convaincre les réticents aux tubeless en raison de ce point. Je n'ai pas eu besoin de compresseur ou autre pour le faire "claquer", que ce soit sur des jantes Roval, Duke ou Vision.

Ils sont certes un peu raides à monter la première fois, nécessitant un démonte-pneu pour terminer les derniers centimètres, mais ce n'est pas plus difficile qu'un pneu, comme vous pouvez le constater ci-dessous, mais c'est tout.

Vous retrouverez en vidéo le montage de ce RapidAir sur une jante Duke, sans nécessité de compresseur.

 

Sur la route

Specialized affirme que le RapidAir affiche une adhérence de 6% supérieure à celle de son pneu Turbo S-Works et de 18% supérieure à celle d’un boyau Turbo. Pour être tout à fait sincère, impossible pour moi d'aller vérifier ces mesures. De même pour la résistance au roulement diminuée de 13% par rapport à son pneu Turbo et de 15% par rapport au boyau Turbo.

Comme tout tubeless, ce qui saute aux yeux lors des premiers tours de roues, c'est le confort procuré par ces enveloppes. J'ai pourtant gonflé à 7 bars pour 73kg. On est clairement proche des sensations procurées par des boyaux et les premiers pneus tubeless route d'il y a quelques années, avec leur raideur caractéristique, ne sont qu'un lointain souvenir avec les Turbo RapidAir.

Sur les roues Roval qui équipaient mon Specialized Venge Pro, ces pneus mesurent effectivement 26mm. Aucune sensation de flottement ou d'écrasement quand on est en danseuse et en descente, le grip fait des merveilles. Là encore, ce tubeless se montre très proche des meilleurs boyaux en termes de sensations. Les trajectoires se montrent très précises et le ressenti semble indiquer que ce tubeless est en effet très rapide, on a jamais l'impression d'être "freiné", même en gonflant à seulement 6 bars.

Lors de l'essai de ces tubeless, je n'ai pas pu rencontrer de véritables conditions pluvieuses durant longtemps, mais sur des parties humides en descente, le grip semble excellent même en conditions précaires. Et sur le sec, on se retrouve à très vite être en confiance et prendre beaucoup d'angle.

J'ai parcouru moins de 500km avec ces pneus, pas de quoi avoir un véritable avis sur leur endurance. Mais au terme de ce kilométrage, les Turbo RapidAir ne sont aucunement marqués. Pas de trace d'usure de la chape ni même de petits trous engendrés par des silex. De bonne augure pour la suite, même s'il ne faudra sans doute pas compter faire plus de 4000km avec.

Test roulement

Alban Lorenzini ayant réalisé un test poussé en roulement, je vous invite à lire son article très complet ici.

Résistance à la crevaison

Durant mon essai, malgré ma bonne volonté en roulant sur les bas côtés, je n'ai subi aucune crevaison. Mais j'ai parcouru 500km environ, trop peu pour avoir des certitudes.

Place donc aux outils de bricolage pour vérifier l'efficacité de ces tubeless associés au liquide préventif Sealant RapidAir spécialement développé pour ce tubeless afin d'être efficace même à très haute pression.

Pour cela, j'ai utilisé un clou et une grosse vis avec un tubeless RapidAir gonflé à 6,5 bars. Certes, c'est extrême et pas du tout représentatif des objets que l'on est amené à trouver sur la route, mais ça a au moins le mérite d'aller plus loin que la réalité.

Comme une vidéo est plus parlante, voici un montage qui vous montrera le résultat.

A noter que cette vidéo a été réalisée après une première prise où j'avais déjà réalisé 6 trous (3 avec le clou, 3 avec la vis) et ce, sans rajouter de liquide préventif.

Certains avanceront que cela salit le vélo, mais rappelons qu'il s'agit là de très gros trous, que l'on a que très rarement dans une vie de cycliste. Pour la plupart des crevaisons, seules quelques gouttes s'échapperont du tubeless.

Cela a le gros avantage, pour ceux qui jouent le chrono en course ou sur un cyclosportive, d'éviter un arrêt de plusieurs minutes sur le bord de la route !

Après 10 trous au total dans ce tubeless (6 avec la vis et 4 avec le clou) et environ 50ml de liquide préventif, le Specialized S-Works Turbo RapidAir continue à garder parfaitement sa pression.

Bilan

Si Specialized a tardé à venir sur le marché du tubeless, la marque américaine semble avoir réalisé un sans faute avec ces S-Works Turbo RapidAir qui se montrent très proches en termes de ressentis des meilleurs boyaux tout en assurant, selon la marque, un rendement bien plus élevé et une accroche de premier plan.

Si l'on ajoute à cela la quasi certitude de ne pas crever en cours de route ainsi que la facilité de montage, cela pourrait bien convertir les derniers réticents au tubeless. Alors oui, ces Specialized S-Works Turbo RapidAir sont chers, avec un tarif de 79.90€. Mais un boyau de même niveau coûte sensiblement le même tarif et on est sur la même gamme que les pneus Turbo Cotton avec le rendement en plus et l'aspect auto-réparant en cas de crevaison en plus.

Que reste-t-il aux boyaux ? Quelques grammes au niveau du pneumatique (20g de plus pour le tubeless ainsi que 60g de préventif) ainsi que de la jante. Mais pour un amateur, cela ne pèse pas grand chose face à la difficile réparation du boyau (ouvrir, réparer et recoudre) alors qu'avec un tubeless, devoir s'arrêter sur crevaison relèvera de l'exception.