Présentation

Est-il encore utile de présenter ce Giant TCR Advanced SL ? Depuis sa création en 1997, le TCR est considéré comme la référence des vélos de route race du marché. A l’aise sur tous les terrains, des cols alpins aux routes longues et rapides, le TCR est un chasseur de podiums. Preuve en est avec ce modèle en édition limitée Greg Van Avermaet (3000€ le kit cadre) qui vient courronner les victoires les plus importantes de ce coureur, classement par points du Tour d'Espagne 2008, la classique Paris-Tours en 2011, Tirreno-Adriatico en 2016, Paris-Roubaix en 2017 mais aussi son titre de champion olympique de cyclisme sur route lors des Jeux Olympiques 2016 à Rio.

Par rapport au vrai vélo de Greg Van Avermaet (voir article sur son vélo utilisé sur le dernier Tour de France), ne manque que quelques dessins représentant certaines victoires, privilège du seul vainqueur.

Le vélo polyvalent par excellence, le fer de lance de la marque Giant. Ce TCR, en version Advanced SL, se différencie des versions Advanced et Advanced Pro par l'utilisation d'une fibre de carbone très haut de gamme, à la fois plus rigide et plus légère, mais aussi par l'adoption d'une tige de selle intégrée. La fibre de carbone est associée à une résine à base de nanoparticules. De même, Giant exploite ici pleinement de sa technologie Continuous Fiber Technology qui consiste en une fibre unique et non coupée d’un bout à l’autre du cadre. Cela permet d'accroître la solidité, ce qui permet à Giant de proposer un vélo ultra léger. La marque utilise aussi un procédé d’assemblage par fusion pour des jonctions de cadre plus légères et résistantes.

La version que vous voyez ici, équipée de roues tubeless, pèse à peine 6.2kg sans pédales.  Pas mal pour un cadre "en fin de vie". L'ensemble cadre + fourche est annoncé à 1.3kg.

Esthétiquement, ce TCR Advanced SL reprend la forme Compact Road avec un tube supérieur incliné (de la douille de direction au tube de selle) qui forme de plus petits triangles avant et arrière, pour un vélo plus léger et rigide.

La finition est excellente et la peinture offre un joli dégradé allant du doré sur l'avant au noir à l'arrière. Certains trouveront peut-être cela un peu trop "bling bling", mais tous ceux qui m'ont croisé avec ce vélo l'ont trouvé magnifique.

Hormis la touche dorée, tout le reste du vélo est noir, des roues aux périphériques et à la transmission, de quoi faire encore plus ressortir ce coloris. Au final, une très jolie réalisation qui ne tombe pas dans l'excessif.

L'intégration de la câblerie, si elle est plutôt propre dans l'ensemble et bien réalisée, marque le pas par rapport aux vélos actuels qui possèdent tous une intégration complète avec câblerie invisible, tout au moins pour les modèles avec freins à disques. Le câblage Di2 entre dans le cadre par le tube supérieur, juste à côté de l'entrée du câble de frein arrière.

Ici, vous l'aurez remarqué, il s'agit d'un vélo équipé de bons vieux étriers à patins, qui ne sont même pas au format Direct Mount, mais cela importe peu, l'efficacité de ce système est largement éprouvée. Enfin, parlons de la tige de selle intégrée ISP. Si celle-ci assure une ligne fluide et évite l'ajout d'un serrage de tige de selle, il faudra par contre prendre soin de couper cet élément à la bonne hauteur.

Equipement

Que du beau, du très beau et haut de gamme pour ce modèle d'essai, puisqu'il est équipé d'un groupe complet Shimano Dura-Ace Di2 associé au pédalier capteur de puissance Shimano FC-R9100-P.

Je ne reviendrai pas sur les qualités de ce groupe qui ne sont plus à démontrer, même s'il devient aujourd'hui "vieillissant". Il reste d'un fonctionnement parfaitement fluide et précis en toutes circonstances.

Côté assise, Giant France m'a équipé ce modèle d'une selle Contact SLR Forward, un modèle à tout juste 180 grammes avec ses rails carbone. L'assise est relativement plate avec un canal central sur l'arrière de la selle qui doit permettre à celle-ci de légèrement fléchir pour apporter un peu de confort supplémentaire.

Cockpit Aero

Il manquait dans le catalogue de périphériques de Giant un combien cintre-potence (appelé communément cockpit). J'avais déjà pu apercevoir ce nouveau modèle sur le vélo de Greg Van Avermaet sur le Tour de France 2019.

Un cockpit tout carbone qui permet une parfaite intégration de la câblerie en son sein. Il est proposé au tarif de 469€. Certes, c'est cher, mais dans les mêmes prix que les modèles concurrents. Ce cockpit aéro est au format Overdirve 2 pour une rigidité de direction améliorée mais demeure compatible OD1.

Il est annoncé à 367g en taille 42x110mm et est disponible en 10 combinaisons de largeurs - longueurs, toutes avec un drop de 125mm et un reach de 72mm.

Si la potence est assez massif, la partie cintre est quant à elle assez compacte (39mm de large pour 26mm de haut) et bien arrondie, semblant offrir une bonne prise en main, ergonomique.

Qui dit cockpit aéro dit support spécifique pour le compteur. Ce dernier, optionnel, est joliment réalisé, en alu CNC et se fixe en ôtant une trappe sous le cintre. Sur sa partie haute, le support dispose d'un support type Garmin et sur la partie inférieure, une fixation au standard GoPro. Il n'est pas possible de régler l'inclinaison de ce support, mais par défaut elle est bonne.

Roues CADEX 42

CADEX, c'est donc la nouvelle marque d'accessoires très haut de gamme, réservés pour la très haute performance.

Ici, ce sont les Cadex 42 en version tubeless qui équipent ce vélo, un profil courant et passe-partout. Celles-ci offrent une largeur de jante intérieure de 19 mm et de 23 mm à l’extérieur. Mais c'est surtout leur poids qui impressionne, avec seulement 1265g sur la balance (pour un tarif de 2398€).

A profil équivalent, il faut souvent compter 200g de plus chez la concurrence.

Elles profitent de la technologie de rayonnage Dynamic Balanced Lacing (DBL) qui vise à mettre les rayons sous tension idéale et uniforme lorsque le coureur est sur le vélo et non lorsque les roues sont "à vide". A noter que les rayons sont en carbone. Toutes les roues sont équipées de nouveaux moyeux qui doivent permettent de réduire significativement la résistance au roulement.

La surface de freinage ne semble au premier abord proposer aucun travail spécifique de sa surface. Pour compléter le tout, elles sont ici montées avec les nouveaux tubeless Cadex en 25mm de section (270g). Ces nouveaux pneus comportent une bande de roulement composée de caoutchouc à base de silice, un renfort en kevlar pour assurer la résistance à la crevaison et enfin, une carcasse 170TPI

Sur la route

Malgré les années, le TCR Advanced SL s'affirme comme étant un vélo à la fois polyvalent, mais aussi très rigide. Et ce n'est pas cette version équipée du cockpit aéro et des roues CADEX 42 qui va l'assagir, bien au contraire. En effet, le cockpit aéro est très rigide, tout en se montrant extrêmement agréable au niveau de la prise en main sur le haut, avec son profil bien étudié. De même, le support compteur est lui aussi bien pensé puisque l'inclinaison est au poil.

C'est dans les bosses que le TCR Advanced SL se montre le plus "sur son terrain", tant que l'on a les watts pour le faire vivre. Mais que ce soit assis ou en danseuse, du moment que l'on tourne les jambes, ce vélo est un plaisir dans les pentes, même les plus pentues. En levant le cul de la selle, il semble bondir à chaque coup de pédale. Grisant, mais traitre une fois que le jus vient à manquer... comme tout vélo. Mais c'est un réel plaisir que de grimper avec ce vélo.

En descente, pas de mauvaise surprise, il se pilote facilement et ses tubes fins, qui n'offrent pas trop de prise au vent latéral, permettent de bien incliner le vélo dans les courbes, sans effort. Le freinage est puissant, mais je n'ai pu le tester sous la pluie.

Les tubeless Cadex offrent une qualité de roulement indéniable et un grip de haut niveau. Ce ne sont pas les 700km d'essai qui auront mis à mal l'endurance de ces derniers, ni même leur résistance à le crevaison. 0 crevaison, et pas même une coupure sur la bande de roulement, ça semble plutôt bon signe.

Sur le plat, c'est peut-être là que le TCR est le moins à son aise. Trop léger, il manque d'inertie, une inertie essentielle pour pouvoir maintenir plus facilement des cadences de plus de 40km/h. Mais on est tout de même en présence d'un vélo de très haut niveau. Côté confort, le TCR n'est pas trop raide verticalement et permet d'enchainer les heures de selle sans avoir l'impression, passé 3 heures, de subir le vélo et ses vibrations.

En tous cas, il ne faudra pas compter sur les roues Cadex 42 pour apporter du confort, ces dernières sont rigides, très rigides. Heureusement, s'agissant de modèles tubeless, on peut gagner en filtration en diminuant la pression des pneumatiques. En restant à 6.5 bars à l'arrière et 6 à l'avant, ça filtre assez peu. Mais on profite en contrepartie d'une qualité de roulements bluffante et d'une rigidité à toute épreuve grâce aux rayons en carbone.

Même avec les patins réglés au plus près de la jante, je n'ai jamais pu faire frotter les patins sur la surface de freinage, même au-delà de 1000 watts. Ces roues sont très clairement conçues pour les cyclistes puissants à la recherche de la performance pure, sans aucune concession. Ces roues bénéficient de toute l'expertise de Giant dans le domaine du carbone en arrivant à proposer un produit ultra-léger mais aussi très rigide.

Un petit bémol, la roue-libre, très bruyante quand on ne pédale pas. Heureusement, la solution est toute trouvée, pédaler encore et toujours... :-)

En dehors de ce petit défaut, les roues CADEX se hissent d'emblée comme des roues très haut de gamme, très pointues, rigides et légères. Leurs roulements sont très fluides et elles sont très peu sensibles au vent latéral. Dommage, je n'ai pas pu tester leur qualité de freinage sous la pluie... il n'a pas plu depuis plusieurs mois. Sur le sec, leur freinage est plutôt dans la bonne moyenne, avec une puissance très modulable.

Bilan

Ce Giant TCR Advanced SL est un vélo qui était bien né, voire en avance sur son temps puisque malgré les années, son comportement reste toujours parfaitement au goût du jour, facile et incisif, un vrai vélo taillé pour la compétition.

Cette version, équipée de son poste de pilotage Aero et de roues Cadex est un vrai plaisir à utiliser, un vélo à la fois relativement facile et polyvalent, mais très rigide. Son coloris spécifique Van Avermaet est magnifique (avis totalement subjectif, je le conçois) et ne passera pas inaperçu au sein des pelotons.

Il n'y a que sur le plat, au-delà de 40km/h où son comportement marque le pas par rapport aux dernières générations de vélos aéro, mais n'oublions pas que le TCR n'est pas un modèle aéro. Ce qu'il perd en aéro, il le rattrape sur sa légèreté et sa vivacité à relancer ou attaquer.

Il faudra sans aucun doute compter sur les composants CADEX désormais, roues et tubeless ayant montré durant cet essai un comportement exemplaire. Les roues, dans cette version tubeless, n'affichent que 1265g sur la balance.