Présentation

C'est le modèle haut de gamme, le CF SLX 8.0 Di2 que j'ai pu tester, en taille S. Dans cette taille, le poids du vélo est de seulement 8.4kg, étonnant quand on voit notamment les pneus de 40mm !

A 4599€ et équipé avec une transmission électronique, il est certain que ce modèle se destinera à ceux qui ont une pratique gravel plutôt assidue et qui recherchent la performance. Mais le Grail se décline aussi dans des versions plus accessibles, débutant à 2199€ équipé en Shimano 105 et ne pesant que 8.6kg, un groupe fiable et moins "fragile" dans les chemins.

Ce Grail CF SLX adopte une fibre de carbone haut de gamme qui permet au cadre de ne peser que 830g en taille M tout en étant conçu pour résister aux exigences du gravel. Solidité au rendez-vous, mais aussi confort avec une palette d'accessoires conçus pour filtrer au mieux les vibrations sur les chemins.

Ce modèle n'est disponible que dans ce coloris Stormgreen / meteor grey, une sorte de gris très foncé, proche du noir, associé à un vert anglais métallisé du plus bel effet.

Aucun doute, le mariage entre les deux couleurs est réussi et donne au vélo un aspect haut de gamme digne des plus belles voitures anglaises. La finition est irréprochable.

La géométrie est bien sûr spécifique à la pratique avec un empattement plus long pour plus de stabilité sur les terrains accidentés et des bases longues.

On notera le joli travail des ingénieurs pour intégrer la potence dans le prolongement du tube supérieur (qui est fortement sloping), à la manière de ce que l'on voit chez Look sur certains modèles.

Toutes les gaines sont dissimulées, sauf au niveau du cockpit Hover. Le système de freinage est bien sûr dévolu à des disques hydrauliques avec axes traversants 12mm. Les amateurs d'aventures sur plusieurs jours apprécieront la présence d'oeillets qui permettent de monter des garde-boue. Pour ce qui est des sacoches, il faudra recourir à la ligne Topeak créée spécialement pour ce Grail.

Du confort apporté par le cockpit et la tige de selle

On connaît déjà le système VCLS de Canyon, qui peut être monté sur plusieurs vélos de la marque. La tige de selle Canyon S15 VCLS 2.0 est associée à un serrage de selle située très bas, comme on a déjà pu le voir sur le modèle Ultimate. Ce serrage plus bas permet plus de flexion de la tige. Le résultat chiffré est de 15% de flexion verticale supplémentaire tout en s'allégeant de 15g.

Une pièce en caoutchouc est présente au sommet du tube de selle pour éviter toute intrusion d'eau.

Mais ce qui étonne le plus en voyant ce vélo et qui a valu à Canyon de nombreuses moqueries et détournements sur les réseaux sociaux, c'est son cockpit Hover.

Ce cintre dédoublé offre de la souplesse sur la partie supérieure pour un meilleur confort sur terrain accidenté, et plus de rigidité sur la partie inférieure. La zone de souplesse Flex Area sur la partie supérieure exploite les propriétés élastiques du carbone pour absorber les vibrations (jusqu'à 7 fois plus que l'Ergocockpit H31) qui sont transmises au cycliste.

Le cintre est plus large qu'un cintre conventionnel dans sa partie basse grâce à une angulation de 7.5° aux extrémités, pour assurer une plus grande stabilité et plus de précision dans le pilotage. En appuyant sur la partie haute au centre, on remarque en effet une légère flexion.

Le boîtier de jonction Di2 est intégré dans l'embout qui sert à fixer le ruban de cintre. D'ailleurs, si ce cintre venait à être efficace, je ne voudrais pas être à la place de l'utilisateur qui devra remplacer le ruban de cintre. La forme très particulière du cockpit Hover demandera une certaine dextérité !

Ce cockpit est compatible avec le support Garmin Canyon, mon Edge 1000 a pu prendre place sans aucun souci.

Equipement

Grand luxe pour un gravel puisque ce modèle est équipé du tout dernier groupe Shimano Ultegra Di2 avec freins à disques hydrauliques de 160mm (hormis sur les tailles XS et 2XS où le 140mm suffit). Un groupe qui me semble un peu too much pour aller crapahuter dans des chemins où les dérailleurs se retrouveront bien souvent en contact avec des branches voire des cailloux.

Mais étant donné qu'il s'agit d'un vélo test, je ne vais pas me priver de soumettre cette transmission à rude épreuve.

Le pédalier est livré avec plateaux 50/34 et la cassette 11-34 (11-13-15-17-19-21-23-25-27-30-34) devrait permettre de passer sur tous les chemins, même si ces derniers sont relativement pentus.

Les pneus de type tubeless (Schwalbe G-ONE Bite) sont en 40mm de section, ce qui devrait apporter du grip et beaucoup de confort sur les chemins. En revanche, le profil de la chape les destine plus à être performants sur des chemins que sur la route puisqu'il n'y a pas de bande centrale plus "slick" par exemple pour offrir moins de résistance au roulement. Le Grail accepte les pneus jusqu'à 42mm de section !

Grand luxe aussi au niveau des jantes qui sont des Reynolds Assault ATR Disc Carbone qui ne pèsent que 1620g la paire pour un profil de 40mm de haut et une largeur interne de 23mm (32mm en externe). Du 100% carbone avec axes traversants 12x142mm et 12x100mm.

Enfin, la selle est une Fizik Aliante R3, mais je ne donne aucun avis sur le sujet, une selle étant vraiment un périphérique très personnel.

Sur les chemins

Avant d'aller tester ce vélo sur la route, j'en ai profité pour aller sur les chemins autour de chez moi, chemins que j'emprunte habituellement avec mon VTT et qui n'ont rien d'un vrai parcours VTT mais qui sont plus techniques que de simples chemins.

L'occasion de changer un peu de pratique et de casser la monotonie des tests sur route.

Les pneus de 40mm, gonflés à 2 bars, offrent un excellent grip et surtout une très bonne filtration des vibrations sur les chemins cassants. Même s'ils ont tendance, à cette faible pression, à s'écraser en danseuse, ce n'est guère gênant.

J'avais peur que la taille S soit trop petite, mais finalement, c'est parfait, car le vélo est plus long et il reste très confortable. Le cintre Hover dans sa partie haute est nettement plus filtrant que la partie basse, c'est flagrant et ce n'est pas que du marketing. On prend un malin plaisir à virevolter dans la forêt et à travers les vignes et même pour un pratiquant comme moi plus habitué à la stabilité du bitume, on se sent réellement en sécurité et on se prend à accélérer de plus en plus.

Même si le Grail n'est pas un VTT, j'ai pu le mettre à rude épreuve sur des chemins très gras et parfois plus proches de la pratique VTT que du gravel, mais jamais je ne me suis senti limité par ce vélo... seulement par ma technique "laborieuse".

La transmission électronique est dans ces situations parfaite. Même si une transmission mécanique sera tout à fait appropriée, l'électronique apporte dans cette situation un confort non négligeable. De même pour les freins à disques. Si je suis toujours relativement mesuré quant à leur utilité sur route, en gravel, nul doute que c'est une quasi obligation.

Sur la route

Pour vérifier les capacités du Grail sur route, je suis allé faire un tour de 82km du côté du Gers.

Comme le montre la photo, les routes du Gers sont parfois pleines de surprises, mais je vous rassure, 99% de la sortie a été réalisée sur du bitume en bon état. Pour la peine, j'ai quand même gonflé un peu plus les pneus pour monter à 3 bars et j'ai équipé le vélo avec mes pédales route pour utiliser des chaussures route et non VTT.

J'ai pu boucler ce circuit de 82km à 25km/h de moyenne. A vrai dire, le vélo se comporte bien sur le bitume, seuls les pneus montrent leur limite. Légèrement trop souples, s'affaissant légèrement sur les relances, mais surtout avec des crampons qui, s'ils sont efficaces sur les chemins, se montrent gourmands en énergie passé 26/27km/h.

J'ai par contre pu apprécier dans ces conditions le cintre Hover. Non pas dans sa partie la plus haute, mais dans la partie horizontale inférieure, qui permet une position relativement aérodynamique mais aussi assez confortable. Par contre, les mains sont dans ce cas en partie "gênées" par la partie haute si l'on doit rapidement revenir sur les freins. A utiliser sur route dégagée.

Autre bonne surprise, la prise en main au creux du cintre, où les pouces peuvent prendre appui sur la partie basse horizontale. C'est extrêmement confortable.

Dans les bosses, les braquets sont parfaits et le rendement est tout juste perturbé par la section de 40mm des pneus. Une section large qui occasionne une légère perte de rendement et surtout, qui rend le vélo plus "pataud" en danseuse en raison de l'affaissement des pneus. En descente en revanche, il se débrouille bien sans montrer trop de flottement. Et les disques, associés à ces pneus de 40mm pas trop gonflés autorisent une puissance de freinage très importante.

Alors c'est sûr que ce Grail sera moins performant qu'un vélo de route sur le bitume, mais il n'a pas à rougir et je suis persuadé qu'avec des pneus un peu plus fins et avec une chape lisse sur la partie centrale, on doit pouvoir gratter 1 à 1.5km/h sur route.

L'avis de Stephan, spécialiste Gravel longues distances

J'utilise habituellement des vélos aciers pour mes périples gravel, soit un Kona Rove, soit un Genesis Vagabond.

Forcément, en passant sur ce Canyon Grail en carbone et avec moins de 9kg sur la balance, le vélo est très vif, très dynamique. La géométrie est très typée "course" contrairement à mes vélos perso qui ont un empattement nettement plus long.

On se retrouve avec un vélo très dynamique et facile à manier dans les singles, mais la position n'est pas la plus adaptée pour les épreuves sur plusieurs jours.

Pour ce qui est du cintre, la position est confortable sur la partie haute, mais je n'ai pas vraiment noté de "révolution" côté confort, ce sont plus les pneus de 40mm de section qui permettent d'offrir un bon amorti sur les portions les plus difficiles.

Le groupe Ultegra Di2 fonction à merveille, même dans les très mauvais chemins, mais là encore, cela le réserve à une utilisation gravel plutôt sportive et sur une journée. Pour des randonnées de plusieurs jours comme la French Divide, je ne peux pas me permettre d'emmener un chargeur. A ce titre, le Grail CF SL 7.0 en Shimano 105 à 2199€ me semble un excellent compromis.

 

Les freins à disques hydrauliques sont un régal en termes de puissance et de modularité. Dommage que le vélo ne soit pas disponible avec des braquets plus petits. 50/34, même avec une cassette 11-32, c'est limite quand il s'agit de monter le col du Parpaillon lors de la Baroudeuse (940km et 33000m de D+).

Ceci n'est pas un défaut en soi si l'on s'en tient à une pratique sportive et ludique pour de courtes sorties où le Grail est dans ce cas un véritable régal.

Il existe quasiment autant de pratiques "Gravel" que de cyclistes, et clairement, ce Grail se destine avant-tout aux plus sportifs, ceux qui sont à la recherche d'un vélo très performant capable de passer dans les chemins, permettant ainsi de varier les plaisirs et rompre la monotonie du bitume.

Bilan

Ce Grail est une véritable réussite de mon point de vue de novice dans la pratique Gravel. Ce modèle haut de gamme, à 4500€, se destine avant tout aux cyclistes fortunés qui pourront se permettre un tel investissement pour un vélo destiné à rouler dans des chemins et dont la transmission risque de plus souffrir que sur la route.

Comme l'indique Stéphan, il s'agit d'un modèle relativement sportif, qui sera sans doute destiné aux cyclistes sur route qui veulent varier les plaisirs en cours d'année ou l'hiver sans pour autant aller jusqu'à une pratique VTT. Dans ce cas, le Grail pourra aussi bien servir à aller en forêt, dans les chemins que sur la route où il se comporte plutôt bien.

Mais pour un second vélo, clairement, mon choix se porterait plutôt vers un Grail CF SL 7.0 en Shimano 105 à 2199€ nettement plus abordable, tant à l'achat qu'en entretien et ce, pour seulement 400g de plus sur la balance que ce CF SLX 8.0 Di2 à 4599€.

Quoi qu'il en soit, ce vélo est réussi et m'a permis de goûter au côté de ludique de cette pratique gravel qui permet de sortir des sentiers battus.