Présentation

Le Look 795 ne peut se confondre avec aucun autre vélo avec son tube supérieur fortement sloping qui est s'aligne parfaitement avec la potence. On aime ou on déteste carrément.

Un vélo qui est majoritairement utilisé par les coureurs de l'équipe Fortunéo Samsic, seules les étapes de montagne poussant certains coureurs à lui préférer le Look 785 Huez RS. Ce dernier est la version ultra-légère alors que ce 795 Light RS est destiné aux parcours plus roulants.

Le cadre composé de fibres HM IM et HR ULTRA LIGHT 1,5 K pèse 990g et la fourche est à 320g.

Comme la plupart des vélos aéro, son poids est supérieur à 7kg. Dans cette version équipée d'un groupe SRAM Force et de roues Corima 47 WS+ à pneus, il est à 7.5kg en taille M. Un vélo vendu 7600€ alors que la gamme débute à 5699€ en montage Ultegra R8000 et roues Mavic Aksium Elite.

Disponible en 5 coloris, c'est ici la version ProTeam Mat qui est testée. Relativement sobre, mais du plus bel effet avec ça et là, des touches Mondrian. Que les plus maniaques se rassurent, ce noir mat se nettoie très facilement.

5 changements majeurs caractérisent ce nouveau 795 :

  • Nouveau routage des câbles
  • Nouveau boîtier de pédalier 100% carbone
  • Nouvelle tige de selle E-POST 2 EVO
  • Nouveau capot Di2
  • Nouveau cintre ADH2

Plutôt que de redétailler toutes ces nouveautés présentes sur ce vélo, je vous invite à relire l'article que j'avais écrit lors de sa présentation à l'Eurobike : nouveaux Look 795 Light RS et Aerolight RS.

Notons que le nouveau routage permet un net gain de temps pour câbler le vélo, en passant de 2 à 3 heures pour l'ancien vélo à 45mn pour ces versions RS. De plus, comme le câble de frein ne passe plus dans la potence, il est possible de changer de potence sans déconnecter le frein avant.

Intégration poussée de la câblerie

Faire un vélo aéro avec toute la câblerie intégrée, c'est bien, mais s'il faut des heures pour le montage voire pour l'entretien courant, forcément, cela énerve le client final.

C'est de ce constat qu'est parti Look pour améliorer le routage des câbles sur ce 795 Light RS. Désormais,les câbles passent dans le tube diagonal et ressortent avant le boitier de pédalier par une trappe assez large facilitant le montage du vélo. Ils sont guidés sous la boite de pédalier pour se connecter au frein arrière et entrent dans la base pour alimenter le dérailleur arrière.

Il n'est donc plus nécessaire de démonter le pédalier pour le montage ou le changement des câbles et le temps de montage est équivalent à un vélo traditionnel.

Sur la précédente génération, les câbles entraient directement dans le cadre, ce qui pouvait poser des soucis en tournant le cintre, la direction devenant de plus en plus dure au fur et à mesure que l'on tournait, puisque les câbles forçaient. Maintenant, les câbles n’entrent plus directement dans le cadre mais via une pièce rotative du jeu de direction. Ainsi, les câbles et leur entrée dans le cadre tournent en même temps que le guidon libérant ainsi toute tension dans la direction due à la rigidité des gaines.

Equipement

Avant de commencer par les périphériques optionnels, un mot sur les périphériques fournis de série avec ce vélo... et ils sont nombreux.

La pièce maîtresse est sans doute ce magnifique pédalier Zed 3. Une seule pièce de carbone pour l'ensemble du pédalier qui impose logiquement un boîtier de pédalier spécifique (BB65) pour que la manivelle gauche puisse y rentrer.

Les fixations des plateaux sont cachées sur la face interne, donnant au pédalier un look fluide et sans doute très aérodynamique. Le poids de ce pédalier est de 360g sans plateaux.

Ce pédalier Zed3 dispose d'un insert trilobe permettant de faire varier la longueur des manivelles en changeant sa position. 170, 172.5 ou 175mm, simplement en démontant les pédales.

Autre élément de série sur ce vélo, la tige de selle E-POST EVO 2 qui succède là-aussi à la première génération en se simplifiant au niveau du montage et du démontage.

Un élastomère est présent afin de filtrer les vibrations. Des cales sont bien sûr fournies pour jouer sur la hauteur de selle, permettant une latitude de 2cm par rapport à la hauteur de coupe du tube de selle. Voilà qui rassurera ceux qui auraient besoin de faire évoluer un peu leur hauteur de selle, mais aussi ceux qui désireraient revendre leur vélo plus tard.

Le système de serrage a aussi été revu, plus simple et plus sûr. Sur la première génération E-POST2, il fallait utiliser une clé allen qui nécessitait seulement un ½ tour pour le blocage, mais pour le déblocage, il fallait  pousser pour débloquer le mécanisme, le tout étant actionné en interne par un câble.

Sur cette nouvelle génération, il faut tourner, à l'aide d'un tournevis par exemple, la vis présente sur l'avant de la tige, au centre sur la photo. Nettement plus simple.

Le cintre ADH 2 participe lui aussi à l'intégration de la câblerie. Un cintre 100% carbone qui  intègre la fonction ouverture et fermeture rapide des freins lors d’un changement de roue (Quick release) ainsi que le réglage de rattrapage de l’usure des patins. Le réglage des freins intégrés est plus simple et accessible sur le vélo tout en roulant.

Le cintre présente de part et d’autre de la potence une section de diamètre 31,8 mm permettant le montage d’un repose-bras et d’extensions pour adopter une position aérodynamique sur le vélo ainsi qu’un support de compteur ou caméra.

Le design aéro du cintre a été optimisé afin de dégager plus d’espace au cycliste lors du pédalage en danseuse et éviter ainsi tout risque de collision entre les genoux du cycliste et l’arrière du guidon.

Un support compteur Garmin est d'ailleurs fourni avec le cintre, réglable en longueur.

La potence AEROSTEM est en carbone HM et ne pèse que 149g. Elle participe grandement à l'esthétique du vélo puisqu'elle se marie parfaitement avec la ligne du tube supérieur.

Aérodynamique et réversible, elle offre une très grande plage de réglage. Son amplitude varie de -13° à +17°.

6 longueurs de potence sont disponibles : de 80mm à 130mm tous les 10mm.

Enfin, le capot présent sur le dessus du cadre, juste derrière la potence, prévu pour recevoir le boîtier de jonction Di2 évolue.

Ce capot a été renouvelé pour permettre au connecteur de se clipser sur le capot. Ainsi toutes les fonctions DI2 sont accessibles depuis le dessus et sans avoir a ouvrir le capot y compris pour la recharge de la batterie.

Du côté du groupe, ce vélo test est équipé d'une transmission SRAM Force (hormis le pédalier donc) avec des roues Corima WS+ en 47 mm de haut avec des pneus Continental GrandSport Race en 25mm de section. Look a prévu large pour les développements, avec un couple de plateaux 50x34 associé à une cassette 11-32.

La paire de roues Corima est annoncée à 1480g la paire et est fournie avec les patins de la marque. Enfin, la selle est une SELLE ITALIA SLR FLOW LIGHT.

Sur la route

Aucun doute, ce Look 795 Light RS est fait pour rouler vite. Il donne sa pleine mesure à haute vitesse où sa stabilité invite à toujours rajouter des watts et enlever des dents au niveau de la cassette arrière.

La rigidité au niveau du pédalier et de la boîte est impossible à prendre en défaut, tout le couple passe sur la roue arrière, bien aidé par les bases très courtes de 405mm. Pour autant, la motricité reste bonne même en danseuse et sur route dégradée.

Le poste de pilotage est lui aussi très rigide. Jamais je n'ai ressenti la moindre flexion du cintre. Associé à une fourche elle aussi très rigide, la maniabilité et la précision dans les trajectoires, même à haute vitesse, est au top.

Par contre, les petites mains pourraient trouver la partie haute trop large. Je n'ai pas spécialement de petites mains, et c'était limite avec les mains en haut. Fort heureusement, ce n'est pas la partie que j'utilise le plus sur un cintre.

Malgré cette rigidité impossible à prendre en défaut, le confort est tout de même présent, malgré les roues de 47mm de haut. Ce n'est pas un pullman, mais on pourra enchaîner les heures de selle sans trop de souci, il ne se limite pas aux courses de 2 heures. La présence d'un élastomère au niveau de la tige de selle n'y est sans doute pas pour rien.

Dans les bosses, le bilan est à nuancer un peu plus. Non pas que ce soit un mauvais grimpeur, mais une telle rigidité demande de la puissance pour que le cadre reste vivant.

Sur les bosses courtes que l'on peut monter relativement vite, pas de souci, en revanche, sur les bosses plus longues, dès que le rythme ralentit, le vélo donne l'impression de planter le cycliste. J'ai pu le constater sur plusieurs sorties avec des amis de même niveau que moi.

Dans les plus forts pourcentages, je marquais le pas, lâchant peu à peu quelques mètres. En revanche, dès que l'on bascule, la tendance s'inverse et le vélo me permettait de revenir et de faire mal à mes compagnons de route.

Le comportement des roues Corima WS+ 47 n'appelle aucune critique sur le plan dynamique. Pas trop rigides verticalement et sans trop de souplesse latérale, elles se marient bien au comportement du vélo. Tout juste aurait-il été intéressant d'avoir un pneu plus sportif monté dessus, le GrandPrix Race n'étant pas le plus pointu des pneus ni le plus confortable.

En revanche, le bât blesse du côté du freinage. Si les patins Corima sont réputés ne pas user prématurément les jantes, ils offrent un freinage tout juste correct (mais suffisant) sur le sec. Et sous la pluie, il faudra être très attentif et anticiper grandement ses freinages pour ne pas aller dans le décor. La marque doit clairement travailler sur le mélange de sa gomme et/ou sur la surface de freinage de la jante, car sous la pluie, je n'irai pas descendre un col avec ces roues.

S'il est un endroit qui manque de rigidité au niveau du poste de pilotage, c'est le support de compteur.

Il est pourtant bien pensé puisqu'il se règle en longueur, mais il ne possède qu'une seule vis sur le dessous, je me suis donc régulièrement retrouvé avec le compteur légèrement tourné sur de mauvaises routes ou en le manipulant.

Pire encore quand j'ai fait des essais avec une lampe caméra Fly12 CE de Cycliq qui rajoute 200g en bout de support.

A mon avis, il faudrait deux vis pour verrouiller le support. Fort heureusement, le diamètre standard du cintre à cet endroit (31.8mm) permet d'utiliser n'importe quel autre support de compteur.

Autre point sur lequel il faudra faire attention, c'est le graissage de la tige de selle. Celle-ci a la fâcheuse tendance à grincer à chaque coup de pédale après une sortie sous la pluie, le temps que les saletés soient évacuées.

Sur plusieurs sorties réalisées après la pluie, ces grincements ont duré 45km environ. Très désagréable pour ceux qui comme moi n'aiment pas les bruits parasites.

Le groupe SRAM Force fonctionne parfaitement, tout juste faudra-t-il s'habituer au fonctionnement particulier du double tap, mais c'est le cas pour tout type de transmission. Tout juste le passage du petit plateau au grand plateau est-il un peu moins rapide et souple que sur une transmission Shimano par exemple.

Bilan

Vous l'aurez compris, ce vélo, bien que relativement polyvalent, s'avère plutôt orienté pour les coureurs puissants qui pourront faire vivre le cadre. Les cyclosportifs adeptes de sorties à la montagne auront plutôt intérêt à se tourner vers une 785 Huez RS.

Si vous n'êtes pas rebuté par son design atypique et très marqué, difficile de trouver de réels défauts à ce vélo, hormis la nécessité d'être relativement puissant pour en tirer la quintessence en bosse.

Le tarif, à 7600€, peut paraître excessif pour un vélo équipé d'un groupe SRAM Force, mais n'oublions pas qu'à côté, vous disposez de roues très haut de gamme, de même que d'un pédalier et un cintre 100% carbone.