Présentation

Difficile de ne pas remarquer cet Orbea Orca Aero dans ce coloris orange flashy. Un mélange orange satin et brillant du plus bel effet. A coup sûr, vous ne passerez pas inaperçu avec ce vélo si vous optez pour cette couleur. Mais de nombreuses autres options sont possibles, notamment avec la personnalisation Myo.

Esthétiquement, l'Orca Aero ressemble à de nombreux autres modèles aéro. Un tube diagonal massif, très large vu de côté, un tube de selle qui épouse la roue arrière et des haubans qui viennent se fixer à ce tube relativement bas.

La douille de direction ainsi que la fourche ne trahissent pas non plus leur destination, ce vélo est destiné à fendre l'air.

La nouvelle fourche Freeflow, grâce aux fourreaux assez largement arqués, réduit la pression du flux d'air à travers la roue et la fourche, ce qui permet d'obtenir une réduction de la résistance de 4 watts.

Cette nouvelle fourche est une des premières à bénéficier de l'assouplissement des règles UCI entrées en vigueur l'an dernier, qui donne un peu plus de latitude qu'auparavant. Orbea annonce un gain de 4 watts par rapport à la fourche de l'Orca.

Une "queue de canard" se trouve en haut de la fourche pour épouser le plus parfaitement possible le tube diagonal en limitant les perturbations aérodynamiques.

L'étrier de frein est fixé via le standard Direct Mount, que ce soit ici sur la fourche ou à l'arrière au niveau des haubans. Bien qu'il soit dédié à la vitesse, l'Orbea Orca offre suffisamment de dégagement pour accepter les pneus de 28mm de section.

Toujours dans cette optique de gain aéro, le tube diagonal adopte la fameuse forme Kamm Tail ou en forme de D, avec un arrière tronqué.

Un tube diagonal qui offre un double rayon de courbure car le vent ne vient pas toujours de face. Ainsi, même en cas de vent latéral, les performances de l'Orca Aero sont meilleures que l'Orca.

On remarque la présence de 3 vis pour le porte-bidons, ce qui permet de le fixer plus ou moins haut. La position la plus basse, qui n'est pas spécialement la plus confortable pour le coureur qui doit prendre son bidon, permet de grapiller quelques watts de plus.

Le tube supérieur (sur la partie qui début au-dessus des haubans) et le tube de selle sont quant à eux ovoïdes. Comme on est sur un vélo aéro, il faut bien sûr parler de l'intégration des câbles.

Si on atteint pas à l'intégration ultime, il faut avouer que Orbea a quand même bien fait les choses. Une solution moins radicale que sur des Specialized Venge ViAS ou Trek Madone qui devrait permettre une maintenance plus facile.

Le concept ICR Plus permet aux câbles de suivre le meilleur chemin, sans frictions, et est optimisé tant pour le système de changement traditionnel qu'électronique (avec ou sans fil). Si le modèle d'essai bénéficie du magnifique poste de pilotage Vision Metron 5D (en option à 599€), l'Orca Aero reste compatible avec la majorité des cintres et potences tout en étant réglable facilement.

Au niveau du tube diagonal, on trouve une "fenêtre" sur laquelle viennent se fixer différents types de caches. Que ce soit pour une transmission mécanique, électronique sans fil (SRAM Red eTap) ou pour une transmission électronique avec fils, Orbea a développé spécifiquement ces caches pour une parfaite intégration.

La boîte de pédalier et les bases très imposantes donnent le ton. L'Orbea Orca Aero devrait pouvoir encaisser les watts sans se tordre. La boîte de pédalier est au format BB386EVO.

Terminons pas la tige de selle et son serrage. Une tige de selle aérodynamique avec un système de serrage peut-être un peu moins discret que sur d'autres vélos, mais plutôt bien intégré. L'Orca Aero est doté d'un tube de selle ovale conçu pour atténuer les turbulences de l'air, sans renoncer à la capacité d'absorption des vibrations. Le tube est réversible et réglable, avec un système qui contrairement à la concurrence offre une plus grande marge de déplacement de la selle.

Ce vélo d'essai, ici en taille 53, a été pesé à 7.5kg, ce qui est dans la moyenne des vélos aéro.

Avec toutes ces améliorations, cet Orbea Orca Aero est bien sûr plus rapide que l'Orca traditionnel :

  • la fourche offre un gain de 4 watts (8.4s de mieux sur une course de 50km)
  • le cadre offre 27 watts de mieux à 50km/h
  • le cintre aero Vision Metron 5D est 6 watts plus rapide qu'un cintre traditionnel

Alors que l'Orca est disponible dans 3 types de fibres différentes, l'Orca Aero vise quant à lui la performance et n'est donc proposé qu'en fibre OMR. Les montages débutent à 2999€ :

  • Orbea Orca Aero M30 Team : groupe Shimano 105, roues Vision Team 35 Comp : 2999€
  • Orbea Orca Aero M20 Team : groupe Shimano Ultegra, roues Vision Team 35 Comp : 3299€
  • Orbea Orca Aero M20i Team : groupe Shimano Ultegra Di2, roues Vision Team 35 : 3999€
  • Orbea Orca Aero M10 Team : groupe Shimano Dura-Ace, roues DT PR 1600 Spline 32 : 4799€
  • Orbea Orca Aero M10i Team : groupe Shimano Dura-Ace Di2, roues Fulcrum Racing Quattro Carbon : 7499€
  • Orbea Orca Aero M11i Team : groupe SRAM Red eTAP, roues DT PRC 1400 Spline 65 : 7899€

Equipement

Le modèle testé est un Orca Aero 20iTeam (3999€ de base) mais avec quelques options, comme le cintre Vision Metron 5D (599€), les roues DT PR 1600 Spline 32 à 249€ ainsi qu'une selle Selle Italia SLR Kit Carbonio Black qui réclame 59€ de plus. Soit un total de 4906€ pour la version que vous avez sous les yeux.

La transmission Shimano Ultegra Di2 R8050 est connue et il n'y a rien à redire. Ca fonctionne aussi bien que du Dura Ace, même si c'est légèrement plus lourd. De plus, il est désormais très proche esthétiquement de son grand frère.

Il est possible de paramétrer le fonctionnement de la transmission via le logiciel e-tube, ce qui est toujours plaisant (voir article Essai du Synchronized Shift Shimano Di2).

Monté d'origine en 34x50 avec une cassette 11-28, sachez que le configurateur Myo permet de changer gratuitement pour un 39x53 et une cassette 11-30 ou 11-25.

Le poste de pilotage chez Vision Metron 5D est très travaillé aérodynamiquement et vient se fixer sur la douille sur un capot unique sur lequel on peut rajouter des entretoises aérodynamiques. Une véritable merveille, tant esthétique qu'ergonomique, même si les petites mains trouveront le plat peut-être un peu large. Attention par contre, il faudra un support optionnel pour fixer votre compteur.

Les roues DT PR 1600 Spline 32 ne sont sans doute pas les roues qui offrent le look le plus agressif au vélo, mais pour un tarif relativement contenu, elles ont pour avantage un profil de 32mm de haut sans être trop lourdes (1720g) pour une jante en aluminium.

Des roues tubeless Ready, qui sont complétées par les très fiables moyeux 350 avec à l'arrière, le très performant système de roue libre à rochets Ratchet 18.

Des roues qui se veulent polyvalentes et qui pourront donc affronter tous les terrains, par tous les temps et ce, toute l'année. Les pneus montés sont des Vittoria Rubino Foldable 700x25 60TPI G+ relativement basiques, mais là, encore, très polyvalents, endurants et résistants aux crevaisons.

Une option à 799€ (donc 550€ de plus que ces DT PR 1600 Spline 32) permet de passer sur des FULCRUM Racing Quattro Carbon, ce qui permet de gratter quelques 200g et offre un look plus sportif avec un profil de 40mm de haut.

Sur la route

S'ils portent quasiment le même nom, Orca et Orca Aéro ne jouent pas du tout dans la même cour.

Tout d'abord, on ne choisira pas l'Orca Aéro pour son confort. Malgré des jantes relativement basses et des pneus de 25mm pas gonflés excessivement, la filtration n'est pas le point fort de ce vélo. Peu surprenant quand on regarde la taille imposante des tubes.  Si l'arrière arrive encore à conférer un peu de confort, l'avant est assez raide. Et ce n'est pas le poste Vision Metron 5D qui va apporter un peu de souplesse, bien au contraire. Il s'agit sans aucun doute d'un des cintres les plus rigides du marché.

En contrepartie de ce manque de filtration, vous aurez par contre un must en termes de rigidité et de transmission de la puissance. Quel que soit le braquet utilisé, même à plus de 1200 watts, rien ne semble bouger et il pourrait sans doute digérer le double sans broncher. Même du côté du cintre, ça ne bouge pas et en plein effort, c'est un régal.

Comme toujours, je ne vais pas me risquer à dire qu'il est plus rapide qu'un concurrent à haute vitesse, mais une chose est sûre, ce vélo est fait pour rouler vite. Passé les 35km/h, on entre dans son domaine de prédilection. Hyper stable, que ce soit sur le plat ou en descente, tant que les jambes peuvent fournir de l'énergie, il accélère, sans jamais s'essouffler.

Le vent latéral ne semble pas trop le déstabiliser, mais il faut dire que je n'avais que des roues de 30mm de haut. En descente aussi, c'est un réel plaisir, car la tenue de route de ce vélo est impressionnante. Un des vélos les plus maniables qui m'ait été donné de tester ces derniers mois. Sans doute que la rigidité de la partie avant (fourche, douille et cintre), si elle n'aide pas au confort, participe grandement à cette précision et cette facilité de changement d'angles.

Bonne surprise en bosse, pour un vélo aéro, cet Orbea Orca se débrouille plutôt bien. Moins à l'aise que l'Orca traditionnel, forcément, il permet de monter relativement facilement, tout au moins tant qu'on adopte une bonne cadence de pédalage et que les pourcentages ne dépassent pas les 6/7%. Au-delà, forcément, la rigidité de l'ensemble freine les ardeurs.

Plus que les 800g de plus que le modèle Orca (qui était en Dura Ace mécanique et avec des roues 200g plus légères), c'est avant tout l'extrême rigidité du vélo qui bride son dynamisme à faible allure. Mais pour celui qui aspire avant tout à rouler vite, ce ne sera sans doute pas un problème.

Un petit mot sur le cintre Vision Metron 5D. Aussi magnifique et rigide soit-il, sans doute ne conviendra-t-il pas à tous.

En effet, la partie supérieure est relativement large et les petites mains pourraient avoir du mal à se faire à son ergonomie. Même moi qui n'aie pas spécialement de petites mains, je n'ai pas été totalement convaincu par cette prise en main haute. Cette partie est aussi relativement glissante en cas de pluie. Si ça passe pour quelques semaines de tests, franchir le pas pour un achat longue durée mérite réflexion.

Mais pour qui recherche un poste de pilotage à la fois superbe et ultra-rigide, aucun doute, ce Vision Metron 5D ne décevra pas.

Bilan

Sans surprise, l'Orbea Orca Aero se destine aux compétiteurs et aux cyclistes puissants, pas à ceux qui ne roulent qu'une fois par semaine et qui vont plutôt rechercher du confort. Avec un tarif de départ à 3000€ en Shimano 105, peu de concurrents proposent un vélo aussi pointu et apte à encaisser les watts.

Pointu, car l'Orca a été conçu pour satisfaire les exigences des coureurs professionnels les plus puissants. A ce titre, il demandera quelques sorties pour le cerner parfaitement, notamment en conduite rapide sur des descentes techniques. Mais une fois la bête apprivoisée, c'est un vrai régal tant que les jambes peuvent imposer un bon rythme.

Bref, son terrain de jeu favori sera sans doute les critériums, les sprints et les terrains vallonnés plutôt que la haute montagne. Mais celui qui ne fait que de rares incursions sur les grosses pentes pourrait sans souci en faire son unique vélo.