Présentation

Comme déjà évoqué lors de sa présentation officielle, ce Reacto change peu esthétiquement. Il est relativement difficile pour un oeil non averti de le différencier de la génération précédente.

Et pourtant, de nombreuses améliorations sont à l'ordre du jour sur ce Reacto 3. L'aérodynamisme a été amélioré de 5% (environ 8 watts). Pour cela, Merida a opté pour un guidage interne traditionnel de la câblerie, des freins standards et un poste de pilotage simple.

Tout a été fait pour que le montage et l'entretien du vélo soient les plus simples possibles, on n'arrive donc pas au niveau d'intégration d'un Specialized Venge ViAS ou d'un Trek Madone.

La preuve avec le cliché ci-dessous où ma câblerie est encore relativement présente au niveau du poste de pilotage.

Mais c'est avant tout au niveau du poids que la plus grosse différence se fera sentir. 1667g pour le kit cadre + fourche + tige de selle, contre 2046g pour le Reacto 2. 379g à ce niveau, ce n'est pas rien.

Le vélo complet testé ici affiche 7.7kg et coûte 9999€.

Deux types de cadres existent, CF2 et CF4, tous deux disponibles en versions patins ou disques. La fibre de carbone diffère entre les deux modèles, mais la géométrie aussi puisque le CF2 bénéficie d'une douille de direction plus haute de 15mm. Le CF2 est aussi disponible en XXS, là où le CF4 ne commence qu'en XS.

Le coloris de cette version Team E est le bleu-rouge du Team Bahrain Merida. Si je ne suis pas habituellement très fan des coloris d'équipes, il faut avouer que celui-ci est particulièrement réussi et sort des sentiers battus.

Le rendu est sublime et l'application de la peinture parfaite. Il n'y a qu'au niveau de la fourche, sur la partie cachée qui fait jonction avec le cadre, que l'on peut apercevoir un peu de carbone.

Si cela permet d'admirer la fibre de carbone, je trouve dommage que le bleu n'aille pas jusqu'au bout, cela aurait évité d'avoir ce rendu "moyen". Mais c'est bien là le seul reproche que l'on peut faire à la finition de ce vélo.

Le serrage de la tige de selle se fait via un tampon tangent dont le serrage est situé sur le tube horizontal, juste devant la tige de selle. Simple et efficace.

Poste de pilotage intégré

Les versions haut de gamme CF4 disposent d'un poste de pilotage intégré Vision Metron 5D.

Ce "cockpit" intègre potence et cintre en une seule pièce de carbone et coûte à lui seul pas loin de 600€. Vision l'annonce comme étant le plus aérodynamique et le plus rigide de sa catégorie.

Visuellement, le plat créé sur la partie haute ne laisse aucun doute sur son aérodynamisme, même s'il faudra voir s'il s'avère néanmoins confortable pour toutes les mains, car cette forme en aile d'avion mesure tout de même 5cm de large.

Cette partie est inclinée de 10° de l'avant pour offrir plus de confort au coureur lorsqu'il a les mains en haut du cintre. Ce poste de pilotage ne pèse que 395g et dispose sur le dessous d'un emplacement pour le boîtier de jonction Di2.

Ce poste de pilotage se marie parfaitement au cadre grâce à des entretoises qui reprennent la forme de la potence pour plus d'aérodynamisme.

Freins à disques

C'est ici la version à disques que j'ai pu tester. Une fois n'est pas coutume, une version disques non imposée, mais que j'ai demandé pour pouvoir tester la toute dernière version du groupe Shimano Dura Ace Di2 avec les nouvelles poignées et ce nouveau système de freinage.

Que ce soit à l'avant ou à l'arrière, Merida a équipé son Reacto de petites ailettes de refroidissement supplémentaires. Ces dernières ont pour vocation de limiter la transmission de chaleur de l'étrier vers le cadre et la fourche, la résine liant les différentes nappes de carbone n'appréciant pas de monter trop en température. 30g au niveau de la fourche et 30g sur le cadre.

Deux disques de 160mm équipent le vélo, ce qui devrait assurer un freinage de tout premier ordre. L'intégration des durites est plutôt réussie.

Notons au passage que dans sa version carbone haut de gamme CF4, le Reacto Disc ne pèse que 60g de plus que la version à patins. Pour le CF2, il faut compter près de 100g de plus.

Carbon CF4 (version freins traditionnels vs freins à disques)

  • Cadre: 1000g vs 1030g
  • Fourche: 368g vs 398g

Carbon CF2 (version freins traditionnels vs freins à disques)

  • Cadre: 1093g vs 1150g
  • Fourche: 403g vs 443g

Equipement

Le Reacto Team E est la version haut de gamme, tout naturellement, on retrouve un groupe de très haut niveau, le tout dernier Shimano Dura-Ace Di2 9170 (version freins hydrauliques).

Difficile de trouver mieux chez Shimano. Le braquet qui équipe ce vélo est à l'avenant de son caractère, 52x36 avec une cassette 11x28. Il faudra avoir des watts pour utiliser le 52x11 !!

Du côté du cintre, on l'a vu, là aussi, Merida n'a pas lésiné avec le Vision Metron 5D. Il en va de même pour les roues, des DT Swiss PRC 1400 spline 65DB. Des roues à profil très haut, 65mm, qui pèsent 1700g la paire. Elles sont montées avec des pneus Continental Grand Prix 4000S de 25mm.

Un reproche du côté de ces roues, c'est le système de serrage RAT. DT Swiss a opté pour un blocage rapide qui n'est sincèrement pas évident du tout à positionner avec le bon angle. Soit le levier est en bas, soit en haut, il faut y travailler quelques minutes pour l'avoir à l'horizontale.

La tige de selle est spécifique, une Reacto Carbone superlite qui intègre sur sa partie arrière la technologie S-Flex pour réduire les vibrations et augmenter le confort. L’insert en caoutchouc améliore les valeurs aérodynamiques du vélo.

La tige est fabriquée en une seule pièce avec 2 offset disponibles et technologie Flip-Flop, ce qui permet d’inverser le chariot de selle.

Enfin, cette tige est surmontée d'une selle Prologo Zero II pas CPC relativement plate et pourvue d'un canal central évidé. Ce qui se remarque le plus sur cette selle, c'est la technologie CPC (les petits tubes de silicone sur son revêtement) qui permettent d’offrir une légère absorption des chocs et un meilleur maintien sur la selle.

Sur la route

Sportif, le Merida Reacto l'est assurément. Si vous recherchez un vélo polyvalent pour vous balader à 25km/h ou monter des cols, passez votre chemin, il ne sera pas le plus indiqué pour cette pratique, même s'il pourra toujours faire.

Si Merida annonce du confort en plus par rapport à l'ancienne version, le Reacto reste un vélo assez raide, notamment sur l'avant.

Pour un vélo aéro, cela reste tout de même largement acceptable, surtout avec des roues de 65mm qui ne filtrent guère les irrégularités de la route avec leurs rayons très courts, de même que le cintre monobloc. Le passage à des roues de 35/40mm permet de gagner en confort, mais ce n'est pas là la philosophie de ce missile et esthétiquement, il perd un peu de son agressivité.

Au sujet de ce cintre, j'ai trouvé la partie haute trop large pour mes mains, pas très confortable. A contrario, Sylvain, second testeur, a lui apprécié ce dernier. Comme quoi, tout dépendra de votre morphologie.

Dommage, car en dehors de cette position haute, je l'ai trouvé très agréable et surtout, très rigide. Rien ne bouge, même en tirant dessus très fort lors de démarrages ou de sprints. De toutes façons, ce Reacto s'appréciera plus souvent mains au creux du cintre que mains en haut.

Dommage au niveau esthétique en revanche que Merida n'ait pas poussé plus loin l'intégration des câbles, notamment pour ceux qui routent vers l'arrière et qui passent dans le tube diagonal via la petite trappe. En danseuse, il arrive que les genoux touchent. Ce choix a été fait pour ne pas avoir une intégration "usine à gaz" impossible à entretenir sans le recours à un mécano pendant des heures pour le changement de câblerie. Ca se défend aussi.

Les leviers Dura Ace Di2 hydrauliques sont très confortables. Ils offrent sur cette version, exactement les mêmes dimensions que les leviers mécaniques ou Di2 pour freins à patins. Un régal et une véritable amélioration par rapport à la génération précédente.

Le fonctionnement de l'ensemble du groupe Dura Ace n'appelle aucune critique, comme toujours, c'est précis, silencieux et tout en douceur.

L'arrière du cadre filtre mieux les aspérités que l'avant, bien aidé par des haubans plus longs et la tige de selle. Mais pas de quoi tout de même envisager un Paris-Roubaix à son guidon :-)

Sans surprise, le comportement est à l'avenant de son plumage. Il aime rouler vite. Plus la vitesse augmente, plus il se montre à son aise. Seul le vent latéral calmera les ardeurs du cycliste en raison des roues de 65mm qui, forcément, nuisent un peu à la stabilité de l'ensemble en cas de rafales. Mais le vélo n'est dans ce cas pas à remettre en cause.

Malgré sa rigidité, le Reacto reste dynamique et se relance facilement. Seuls les pourcentages supérieurs à 6% devront calmer vos ardeurs, à moins que vous ne réussissiez à maintenir une vitesse de plus de 22/23km/h. Car en-dessous, difficile de faire vivre le cadre.

Passées ces quelques critiques, normales pour un vélo aéro, ce Reacto est un régal. Il invite à rouler vite, sans compromis. Au-delà de 35km/h, chaque coup de pédale est un régal et si le vent latéral n'est pas de la partie, la stabilité est exemplaire.

Le freinage est puissant et facilement dosable, rien à dire de ce côté-là. Mais tout de même un reproche pour les disques, quelques bruits parasites se font parfois entendre sur des freinages légers (plaquettes qui sifflent) et suite à de gros freinages, les plaquettes continuent à toucher le disque pendant plusieurs dizaines de mètres, provoquant un bruit de frottement. Un constat fait sur plusieurs vélos équipés du même groupe Shimano Dura Ace Di2 Disc. A ce niveau de prix, c'est inacceptable.

Bilan

Un vélo résolument sportif et agréable pour les sorties courtes et dynamiques, à moins d'avoir beaucoup de watts, tel un pro, pour couvrir des sorties à plus de 35km/h de moyenne.

Un vélo qui sera bienvenu pour le coursier, ou le cyclosportif qui s'en servira comme d'un second (ou troisième ?) vélo réservé pour les sorties sans trop de dénivelé.

Pas de souci pour les talus, mais sur les forts pourcentages, il ne sera pas le plus à l'aise.

On regrette simplement, à ce niveau de prix (9999€) les câbles qui gênent au niveau du cintre quand on est en danseuse et les blocages rapides DT Swiss RAT, pas des plus simples à utiliser. Quelques améliorations à ce niveau seraient les bienvenues.

Enfin, le freinage est puissant et endurant, dommage que quelques bruits parasites émaillent de temps en temps la sortie. Mais sur ce point, Merida n'est pas en cause !

PS : Merci à Sylvain qui a bien voulu jouer le modèle photo sur les photos.