Essai du BH G7 Disc, celui qui a osé les disques sur un vélo aéro
Par Test matériel - Commentaires : 4 .
le mardi 11 juillet 2017 07:45 -Si le titre a de quoi surprendre aujourd'hui, lors de sa présentation en septembre 2015 sur Eurobike, BH était la première marque à oser implanter des freins à disques sur un vélo aérodynamique.
Mais pas n'importe comment, puisque le G7 Disc est un vélo entièrement pensé autour de ce système de freinage. Une évolution du G6 Pro, mais pas un simple G6 Pro sur lequel on vient coller des disques. Non, le G7 a été pensé pour les freins à disques, les simulations informatique ayant pris en compte la contrainte du disque pour rendre ce vélo le plus aérodynamique possible, en plus bien sûr d'adapter les épaisseurs de carbone pour faire face aux contraintes engendrées par le freinage puissant mais aussi asymétrique des disques.
Présentation
Visuellement, le G7 est proche du G6 Pro. Proche, mais pas strictement identique. Les haubans notamment, joignent le tube de selle un peu plus bas sur le G7 que sur le G6 (où ces dernier joignent le tube de selle au niveau du tube diagonal).
La géométrie en revanche est exactement la même. Le G7 Disc est disponible en 3 tailles (SM, MD et LA) là où le G6 Pro offre 6 tailles (XS, SM, MD, LA et XL).
En taille MD et équipé d'un groupe Ultegra Di2 associé à des roues Evo 50 Disc, il pèse 7.5kg, un poids tout à fait honnête pour un vélo aéro, qui plus est équipé de disques et de pneus de 28mm ! Dans cette configuration, ce vélo s'affiche à 6499€.
Seul ce noir mat, superbe, est disponible de série sur le G7. Mais que les adeptes de couleurs se rassurent, il est possible de personnaliser ce G7 via le concept #MyBHUnique récemment lancé.
Au niveau des lignes, ce G7 fait plutôt dans la finesse. Le plus gros des tubes, le diagonal, est certes assez haut vu de profil, mais reste fin ne largeur par rapport à nombre de concurrents. Il adopte le profil Kamm Tail, à savoir une partie "arrière" tronquée.
BH annonce seulement 1050g pour l’ensemble cadre + fourche, ce qui reste très bien placé pour un modèle avec freins à disques.
Le tube horizontal est de type sloping et plat sur sa partie supérieure. Assez fin au niveau du tube de selle, il s'élargit vers la douille de direction.
La tige de selle pour sa part est intégrée au tube de selle. Une tige de selle qui intègre la batterie Di2. Le serrage se fait via deux vis allen située à l'arrière du tube de selle.
Plus bas, sous la jonction des haubans, le tube de selle s'élargit et vient épouser la forme de la roue, ce qui permet de raccourcir les bases, de seulement 402mm. Les haubans sont cintrés et très fins, ce qui devrait apporter un soupçon de souplesse, contrairement aux bases plutôt massives dont le but est de transmettre un maximum de puissance au sol.
La douille de direction conique (1.125" en haut, 1.5" en bas) est assez "large" pour un vélo aéro.. Le boîtier de pédalier est au format BB386 et se montre généreusement massif.
Equipement
Sur ce modèle, c'est la transmission Shimano Ultegra Di2 qui a été choisie, hormis le pédalier qui provient de chez FSA (FSA SLK). Les leviers de freins sont hors groupe, freinage hydraulique oblige, avec des Shimano RS785 DI2.
Cintre et potence proviennent de chez BH, avec des modèles EVO en alu plutôt flatteurs esthétiquement.
Les roues sont aussi de marque BH. Des modèles Evo 50 Disc de 50mm de profil et 21mm de large (1465g la paire) montées avec des pneumatiques Hutchinson Fusion 5 700x28. Une section plutôt étonnante pour un vélo aéro, j'aurais trouvé plus logique des 700x25.
Pour les freins à disques, pas de surprise, BH a opté pour le standard Shimano Flat Mount avec des axes traversants de 12mm pour davantage de rigidité et de sécurité.
L’arrière et la fourche du cadre ont été totalement remodelés pour supporter les efforts et les tensions produits par le nouvel ancrage des freins à disque. Des disques de 140mm, la marque n'ayant pas jugé nécessaire d'aller jusqu'à des disques de 160mm.
En revanche, côté montage, une déception pour la durite de frein avant, qui semble bien trop longue et fait un tortillon à la fois disgracieux et qui en plus pourrait gêner au pédalage quand on est en danseuse.
Peut-être qu'il ne s'agit que d'un défaut sur ce modèle test, mais à surveiller tout de même pour les éventuels acheteurs, car c'est peu esthétique, ce qui est dommage sur un vélo où l'aéro est un objectif.
Sur la route
Rapide ! Non, je ne vous fais pas la rengaine de Flash MacQueen (les parents comprendrons), mais c'est bel et bien le mot qui définit le mieux ce vélo. Le BH G7 est taillé pour la vitesse. Plus on roule vite, plus on l'apprécie.
Bien sûr, on peut rouler lentement avec, mais c'est à haute vitesse qu'il montre tout son potentiel. Très rigide, il ne flanche pas lors des sprints. L'avant est particulièrement bridé alors que la partie arrière confère tout de même un soupçon de filtration, sans doute grâce aux haubans très fins. Mieux vaut ne pas trop gonfler le pneu avant pour les très longues sorties et bénéficier d'un surplus de confort. Charpenté pour la course, ce vélo se révèle très confortable au final. On comprends mieux pourquoi certains coureurs du Team Direct Energie l'ont utilisé sur Paris-Roubaix cette année (avec des boyaux de 30mm et sans modification s'il vous plaît).
Dans les bosses, il est un peu moins à l'aise sur les forts pourcentages où sa rigidité le rend un peu moins vivant. Mais c'est le cas de tous les vélos aéro, surtout dotés de roues haut profil. Il faudra être puissant pour ne pas trop subir le vélo. Pour accélérer, il faudra bien souvent se mettre en danseuse. Mais au train, il reste agréable à emmener. Par contre, en danseuse justement, ma crainte se confirme, la durite de frein avant devient gênante et le genou gauche touche.
Même si cela reste un défaut propre à ce modèle d'essai, il conviendra de faire vérifier ce point lors de l'achat et demander à votre vélociste de le corriger. D'autant plus qu'elle gêne aussi la prise en main du cintre en position haute. On se retrouve avec le pouce pile sur cette gaine !
Autre point contrariant, le bruit provoqué par les durites sur les mauvais revêtements. Il n'y a pas de bouchons à l'entrée sur la fourche et sur le tube diagonal, de sorte que ces deux durites vibrent. On peut limiter les bruits parasites en mettant un peu de scotch épais, mais il eut été plus sympathique que BH prévoit cela au montage.
En descente, c'est un régal. Précis et stable, les freins lui permettent de s'arrêter sûrement. Si le freinage reste très dosable, je regrette que BH n'ai pas opté pour un disque de 160mm à l'avant. Avec mes 74kg, les 140mm freinent, sans aucun problème, mais demandent quand même plus de pression sur le levier qu'avec un disque de 160mm.
Comme indiqué plus haut, c'est à haute vitesse que ce G7 s'apprécie. Là, ce vélo est dans son élément. Passé les 35km/h, chaque watt supplémentaire appliqué sur les pédales se transforme en vitesse. Il accélère allègrement et sait conserver la vitesse, bien aidé par les redoutables roues Evo 50 Disc. Des roues rigides qui ont en plus le bon goût de ne pas trop faire souffrir le cycliste en cas de vent latéral. Elles sont à vrai dire assez proches de roues Zipp. Malgré les 50mm de haut, elles ne sont pas trop baladées par les rafales.
Bilan
Comme tout vélo aéro, ce BH G7 s'apprécie à haute vitesse, mais s'en tire avec les honneurs dans les bosses. Plus que son poids, c'est sa rigidité qui le rend un peu moins agréable à faible vitesse.
Le confort est franchement bon pour un vélo de ce type. Bien sûr, si vos routes habituelles sont pavées ou franchement en mauvais état, vous aurez plutôt intérêt à vous tourner vers un vélo endurance. Mais sur la majorité des routes, le confort reste bon et les pneumatiques de 28mm ne m'ont pas donné la sensation d'être collé ou d'avoir une perte de rendement.
Dommage que ce bilan soit entaché par quelques défauts de finition (durites qui vibrent et qui gênent).
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