Présentation

Commençons par un des détails qui va fâcher, le tarif. En effet, le modèle testé ici est vendu 15900 €. Oui, vous avez bien lu, quasi 16000 €. avec sa transmission Shimano Dura Ace Di2 (avec capteur de puissance) et les roues Princeton Peak 4550.

Forcément, avec un kit cadre facturé 6700 €, le vélo complet est forcément onéreux, d'autant qu'un tel vélo ne sera pas équipé d'un groupe d'entrée de gamme.

Il est ici proposé avec la peinture Luxter Blue, qui offre de magnifiques reflets allant du bleu au violet en fonction de la lumière. Un design quasi hypnotique !

Et comme Pinarello va jusqu'au bout des choses, on notera que même la tige de selle est peinte !

Mais passons à ce qui fait la nouveauté sur ce nouveau Dogma F. Première chose étonnante, le dégagement des pneus est de seulement 30c. Théoriquement, on ne peut pas dépasser 30 mm, ce qui sera suffisant pour la plupart des cyclistes. Mais quid d'une course comme Paris-Roubaix. Pinarello répond qu'étant donné que l'Enfer du Nord est la seule où les coureurs optent pour des pneus de 32 mm, il ne leur semblait pas pertinent de concevoir un vélo autour de ce seul événement.

D'autant que l'ancien Dogma F était limité à un dégagement de 28C, ce qui n'a pas empêché les coureurs d'INEOS d'utiliser des pneumatiques de 325 mm pour Paris-Roubaix.

Alors que nombre de leurs concurrents reviennent désormais à un modèle unique et polyvalent dans tous les domaines, Pinarello n'a jamais dévié avec ce DOGMA qui peut se targuer d'avoir remporté plus de succès sur les Grands Tours que tout autre. Un seul vélo fait pour la montagne ou les étapes de plaine.

Tout sur ce vélo fait la part belle à l'aérodynamisme. Porte-bidon diagonal surbaissé, les bouts des axes traversants pleins, tubes tronqués. Même le cintre, hyper étroit, est fait pour que le coureur soit le plus aérodynamique possible, mais ça, j'en reparle un peu plus bas.

Le Dogma F 2025 repose sur un cadre en carbone TorayCa M40X, conçu avec de la nouvelle fibre de carbone possédant un module de traction exceptionnel afin d'atteindre un niveau supérieur de performance en rigidité latérale, en lieu et place de la T1100 1K. De quoi gagner un peu plus de 100 grammes sur le cadre.

Le tube diagonal est entièrement repensé pour réduire l'épaisseur et améliorer les performances aérodynamiques. Ce tube diagonal a également été incliné de 3,5° pour créer une forme qui améliore les performances aérodynamiques de la zone du boîtier de pédalier (1,2 %). Cela a pour effet un gain de 0,2 % sur le coefficient de trainée de l'ensemble du cadre. Une amélioration négligeable pour la plupart d'entre-nous, qui intéresse surtout les athlètes professionnels.

Le serrage de la tige de selle est intégré à l’intérieur du cadre pour réduire le poids et améliorer la conception du serrage via deux petites vis. Une tige de selle fine comme une lame et surtout, peinte dans la couleur du cadre, ce qui est assez rare.

La tête de tige de selle est en titane imprimé 3D, de même que les vis qui sont dans le même matériau.

Autour de ce cadre, la nouvelle fourche Onda est plus fine et inclinée afin d’améliorer la maniabilité et la vitesse, sachant aussi que l'axe traversant sur le côté droit est intégré dans le carbone pour éliminer le trou externe histoire d'avoir une meilleure pénétration dans l’air. C'est la même chose au niveau de l'axe arrière.

La forme de nez du tube de direction, introduite pour la première fois sur le DOGMA F8 en 2014 et largement copiée par les concurrents, a encore évolué. Le volume ainsi que la largeur de la zone du nez ont été réduits de 8 mm grâce à un design plus épuré qui améliore la pénétration aérodynamique frontale.

Pour réduire la largeur du tube de direction, les ingénieurs ont dû concevoir un pivot elliptique innovant et un tout nouveau jeu de direction utilisant des roulements d'un diamètre différent, plus larges en bas et plus étroits en haut. Ils ont également déplacé le passage interne des câbles des côtés vers l'avant du tube de direction.

Côté poids, on arrive à un étonnant 6.87 kg en taille M pour ce modèle. Etonnant, car ce n'est pas un vélo conçu pour être le plus léger possible à la base. Ce n'est pas un vélo typé montagne. Il y a quelques années, seuls les vélos de montagne arrivaient à cette prouesse.

Reste le tarif. A 15900 € le modèle testé ici, on est à un très très haut niveau.

Equipement

Point de fausse note sur ce Dogma F. Il faut dire qu'à près de 16000 €, heureusement, il n'y a rien à reprocher. Une transmission Shimano Dura-Ace Di2 parfaitement adaptée à ce modèle, même si je regrette le choix de plateaux 50/34 sur ce modèle. Du 52/36 aurait à mon avis plus en adéquation.

La cassette est une 11-30 qui passe quasiment partout, surtout avec ces plateaux en 50/34.

Au passage, on notera la quête du détail chez Pinarello, avec le câble venant alimenter le dérailleur arrière qui transite entre la patte de dérailleur et le cadre par un petit canal prévu à cet effet !

Le cockpit de son côté est nouveau. Ce MOST Talon Ultra Fast est plus léger et plus aérodynamique. Il présente une position de levier naturelle qui permet aux pilotes de trouver des positions aérodynamiques de manière plus sûre. Un évasement de la partie basse du cintre de 7 degrés est aussi de la partie.

En revanche, Pinarello est allé très loin au niveau de la réduction de la largeur, puisque mon exemplaire en taille M est fourni avec un cockpit de seulement 36 cm de large sur la partie haute pour 40 cm en partie basse. Attention, sur le site, les dimensions données par Pinarello sont au niveau de la partie basse.

Une étroitesse qui sera bénéfique côté pénétration dans l'air, utile pour les sprinteurs pour se faufiler dans un peloton.... à voir ce que ça donne pour un cycliste standard.

Heureusement, les vélocistes, même en ligne, ne rechignent pas trop sur ce type de produit à vous changer le cockpit pour une version à votre taille.

Comme évoqué plus haut, la tige de selle aérodynamique, spécifique au Dogma F, est elle aussi peinte dans la couleur du cadre. Elle est surmontée d'une tête imprimée en titane.

Du côté des roues, ce modèle est livré avec les Princeton Peak 4550 DB avec moyeux White Industries. Une paire de roues annoncée à 1480 grammes la paire avec un profil en 45/50 mm.

Dotées d’une largeur accrue (21 mm interne, 28,2 mm max externe), ces Princeton Peak 4550 Evolution Disc sont optimisées pour accueillir des pneus Tubeless Ready en 25 à 28 mm. Des roues qui à elles seules sont vendues 3750 €. Clairement, du très haut de gamme au niveau du tarif demandé pour le vélo.

Elles sont ici montées avec des pneus Continental Grand Prix 5000 S TR de 28 mm de section.

Sur la route

Première chose, si vous préférez rester discret, évitez ce coloris Luxter Blue. Il est magnifique, mais vous ne passez clairement pas inaperçu ! Mais tous les cyclistes avec qui j'ai roulé ont été unanimes et l'ont trouvé très joli associé aux courbes du Dogma F.

Soyons clairs, le Dogma F est un excellent vélo. Un mélange de facilité et de grande rigidité, le tout saupoudré de nervosité. J'avais déjà apprécié l'ancienne version du Dogma F (voir test ici), cette nouvelle version en est une belle évolution. Côté rigidité, les différences sont ténues par rapport à la génération précédente, qui était déjà d'un haut niveau sur ce point.

Aller bien au-delà aurait sans doute été contre-productif, même pour des coureurs pro.

C'est surtout la diminution du poids de l'ensemble qui se savoure dès que la route s'élève. Le vélo ne se révèle pas être extrêmement exigeante, mais l'est tout de même plus qu'un Scott Addict RC par exemple quand la pente dépasse les 7/8 %. Cela est sans doute à mettre sur le compte d'une plus grande rigidité aussi bien au niveau de la douille de direction que de la boîte de pédalier.

Une rigidité qui se révèle être parfaitement dosée si les watts sont là. Il faudra bien compter 250W pour être bien dans la pente et arriver au moment de bascule où le vélo a suffisamment de puissance à transmettre pour ne pas être trop exigeant.

Sur le plat, le Dogma F est redoutable de nervosité et d'efficacité. Bien aidé en plus par les roues Princeton Peak 4550 parfaitement stables quand le vent est de la partie. Toujours facile à relancer, avec une sensation de facilité déconcertante. Tout cela, en ayant un bon confort, surtout au regard de la monte pneumatique de 28 mm là où la concurrence passe souvent sur du 30 mm.

Aucun doute qu'avec des pneus de 30 mm doivent rendre ce vélo encore plus confortable sur les longues distances ou les bitumes en moins bon état.

En parlant des roues, celles-ci offrent une bonne rigidité et les moyeux White Industries sont très libres et la roue-libre est très silencieuse, chose que j'apprécie.

En descente, l'augmentation du déport de la fourche apporte plus de stabilité au Dogma F tout en restant parfaitement maniable. Que ce soit dans des épingles relativement lentes ou des courbes très rapides, je n'ai jamais eu le sentiment de subir le vélo, d'avoir du mal à le placer dans la courbe. Dommage par contre que Pinarello ait opté pour un pédalier 50/34, qui peut se montrer un peu court parfois.

Terminons par le cockpit MOST Talon Ultra Fast, qui souffle un peu le chaud et le froid. Du chaud pour l'ergonomie, bien travaillée et confortable. Le froid pour les dimensions. Avec 36 cm en partie haute, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir un cintre trop étroit. Certes, on s'y fait, mais dommage que Pinarello ne propose pas plus d'options à ce niveau. En partie basse, pas de souci, l'évasement permet d'avoir une largeur suffisante pour une bonne maniabilité mains en bas, notamment à hautes vitesses. A l'achat, il conviendra donc de voir avec votre revendeur pour avoir la taille la plus adaptée.

Mais en partie haute, descendre sous 37/38 cm me paraît un peu trop étroit.

Bilan

A chaque nouvelle version, le Dogma évolue par petites touches subtiles. Evolution et non pas révolution, tout comme les chiffres avancés par Pinarello en termes d'améliorations aérodynamiques par exemple.

Plus rapide, plus confortable mais toujours plus accessible que ce que son design ne laisse imaginer, le Dogma F est une vraie réussite, plutôt accessible physiquement.

Reste le tarif, qui lui est loin d'être accessible à toutes et tous. Mais à ce prix, vous aurez un vélo unique dans le peloton, qui ne se démode pas trop après les années et mêmes les différentes modèles, le tout assorti de superbes peintures.

Photos : Sonam.cc et Matos Vélo