Essai du Lapierre Crosshill 5.0, un gravel abordable et bien équipé
Par Test matériel - Commentaires : 2 .
le mardi 11 juin 2024 07:31 -A l'heure où nombre de marques ont à leur catalogue des gravels alu et carbone, la marque française Lapierre ne possède que le Crosshill aluminium dans sa gamme.
Ce qui n'est pas une raison pour le bouder, l'aluminium étant pertinent pour aller rouler sur les chemins, le gravel étant moins soumis à la culture de la légèreté que la route. La gamme Crosshill de Lapierre s'étend de 1299 à 2599 €.
C'est ici la version milieu de gamme à 2199 €, le Crosshill 5.0, que j'ai pu tester. Une belle surprise, qui permet de rendre accessible le gravel avec un vélo sérieusement construit et des composants parfaitement adapté comme le groupe Shimano GRX 12 vitesses à double plateau pour sa version 2024.
Présentation
C'est ici le Crosshill 5.0 2023 que Lapierre m'a mis à disposition. Celui-ci diffère de la version 2024 uniquement au niveau de sa transmission, qui bénéficie de 12 vitesses contre 11 pour le modèle essayé ici.
Le cadre est soigné, avec soudures légèrement polies, une douille de direction conique, un tube diagonal avec passage interne des gaines et un boîtier de pédalier fileté BSA. Un cadre en aluminium Supreme 5 multi-butted. La fourche de son côté est un modèle carbone avec pivot alu offrant un passage interne de la durite de frein avant ainsi que des supports pour porte-bagages type S.
Le nouveau Crosshill est pourvu de multiples points de fixations sur la fourche et le cadre pour pouvoir y fixer sacoches, portes bidons, porte bagages et garde-boue, de quoi en faire un vélo parfaitement étudié pour débuter dans le bikepacking. Lapierre a même prévu des fixations pour un porte-bidons sous le tube diagonal etdes inserts pour la sacoche sur le tube supérieur. Il pourra même vous accompagner tous les jours pour les trajets domicile - travail.
Lapierre a même pensé à la récupération avec son levier d’axe de roue démontable pouvant faire office de décapsuleur ! Côté coloris, il faudra uniquement compter sur cette version grise. Fort heureusement, un design assez neutre et intemporel.
Grâce à des bases plus courtes de 20 mm par rapport à l’ancienne géométrie, les ingénieurs ont réussi à proposer un arrière plus vif mais aussi un passage de roue élargi au niveau du triangle arrière pour pouvoir rouler avec des pneus de 700x45 (700x40mm avec les garde-boue), voire avec des sections de pneus de 47 ou 50 mm avec des roues de 650B. Il est livré de série avec une section passe-partout de 42 mm.
Pas de passage en interne complet de la câblerie, aluminium et compression des coûts obligent. Les câbles sortent du cintre pour s'insérer de part et d'autre dans le tube diagonal avant de ressortir sous la boîte de pédalier, mais c'est plutôt proprement réalisé, avec des fixations sous les bases à l'aide de colliers plastique rilsan.
Si l'aluminium permet de faire des vélos relativement légers et surtout accessibles, souvent, ces vélos pêchent par un confort en retrait par rapport aux modèles carbone. Mais en travaillant sur la géométrie et surtout, en jouant sur la pression des pneus sur les grosses sections utilisées en gravel, on arrive aisément à compenser la moindre filtration de cet alliage.
C'est le cas ici avec une section d'origine de 42 mm qui permettra de filtrer aisément en abaissant la pression.
En ce qui concerne le poids de ce modèle, je l'ai pesé à 11.3 kg en taille M, ce qui en fait une excellente base si l'on considère son cadre en aluminium et son tarif de 2199 €.
Et malgré ce prix, on n'a pas l'impression d'avoir affaire à un vélo "au rabais" comme c'est le cas parfois.
Equipement
Pas de fausse note avec une transmission Shimano GRX. Comme indiqué au début de cet essai, j'ai ici un Crosshill 2023, en GRX 11 vitesses donc, mais la version 2024 est équipée, pour le même tarif, du GRX 12 vitesses.
Un "mix" entre GRX RX820 et des leviers RX610 par exemple; ce qui permet de faire sensiblement baisser la note. La cassette 11-34 est ici associée à un pédalier 46x30. Le millésime 2024 permet à la cassette de passer à 11-36 pour encore plus de polyvalence.
Une transmission connue et conçue pour une utilisation gravel, en témoigne la technologie de stabilisation de la chaine Shadow RD+ sur le dérailleur arrière qui permet d'éviter à la chaine de taper sur les bases.
Potence et cintre sont des modèles en aluminium siglés Lapierre. Du traditionnel et costaud. Le cintre présente un flare appréciable de 16 degrés.
Chose rare à ce niveau de gamme, Lapierre a doté son Crosshill 5.0 d'une tige de selle téléscopique Lapierre dropper (surmontée d'une selle Fizik Terra Argo X7) en aluminium actionnée par un levier présent au creux du cintre. Un accessoire qui m'interpelle, puisque je n'en vois pas réellement l'utilité.... A voir si la présence de cette dernière me fera changer d'avis.
Terminons par les roues. Des jantes WTB STi23 TCS 2.0 compatibles tubeless avec moyeux maison, mais montées ici avec des pneus WTB Resolute 700x42C avec une chambre à air. Le pneu Resolute de WTB est un pneu gravel polyvalent qui a pour mission de performer sur tous les terrains. Un pneu affichant 460 grammes.
Sur les chemins
J'ai enfourché ce Lapierre Crosshill 45.0 de suite après avoir participé à la Traka sur un Specialized Diverge. Bien sûr, il y a un monde entre les deux, avec déjà du carbone pour le Specialized, des roues carbone et 2.5 kg de moins sur la balance.
Je ne m'attendais pas à un foudre de guerre, mais au final, même si on est assez loin du ressenti d'un gravel carbone comme le Specialized Diverge (dont le kit cadre coûte à lui seul plus cher que ce Crosshill), c'est finalement une belle surprise, tant au niveau du confort général que du dynamisme et de sa polyvalence.
Il est à l'aise sur tous les terrains, bien aidé par des pneumatiques eux aussi très polyvalents et pas trop "collés" sur le bitume. Il faudra par contre, pour gagner en confort et éviter nombre de crevaisons, les passer rapidement en version tubeless. Cela permettra de nettement moins gonfler et profiter pleinement de la filtration offerte.
Sur les parties accidentées et techniques, le Crosshill offre une belle agilité et fait oublier son poids. Preuve d'une géométrie bien étudiée et de composants bien choisis.
C'est notamment le cas du cintre qui, avec son flare de 16°, permet de parfaitement maîtriser son vélo dans les parties rapides et / ou techniques. Il mesure par contre 44 cm de large sur mon vélo en taille M, j'aurai aimé du 42 voire du 40 cm !
Sa partie haute légèrement plane offre aussi une bonne prise en main et du confort. Le creux du cintre est lui aussi agréable, j'ai simplement été gêné par la commande de la tige de selle télescopique, assez grande. Elle tombe pile dans le creux du cintre et la main gauche touche cette excroissance métallique.
La gamme des développements permet de passer à peu près partout, tout au moins tant qu'on est pas chargé. Car forcément, un adepte de bikepacking trouvera sans doute le 30x36 de la génération 2024 un peu long pour aller gravir des cols sur les chemins.
Sur sol sec, les pneus offrent une bonne accroche et sont sans surprise en restant assez facilement prévenants avec de décrocher si on passe un peu trop vite. La motricité est bonne même quand on est en danseuse sur un terrain très meuble.
Vous pourrez emmener ce Crosshill partout, depuis les belles pistes de terre et cailloux jusqu'aux terrains bien plus accidentés où la monte pneumatique peut déjà permettre de passer partout. Et si jamais, vous pourrez l'équiper de pneus de 45 mm.
Sur la route, il reste plutôt dynamique et ne montre pas de signes de souplesse excessifs hormis les pneumatiques. En tous cas, il est sur ce terrain hyper confortable et très agréable. Grâce à ces nombreux points de fixations, il fera aussi bien l'affaire en mode bikepacking qu'en version "cyclotourisme" avec des pneus plus adaptés au bitume.
Et bien sûr, les trajets quotidiens pour se rendre au travail font partie des missions qu'il pourra relever haut la main.
En revanche, je n'ai pas été convaincu par la tige de selle télescopique. Son fonctionnement est facile et très souple avec la commande pourtant et ça marche parfaitement. Mais il faut dire que je ne suis pas un habitué de ce système, peut-être me faudrait-il plus de temps mais aussi des terrains de jeux plus escarpés pour l'appréhender correctement.
Je ne suis pas convaincu que cette option soit véritablement intéressante sur un gravel, encore moins à ce niveau de gamme.
Bilan
Ce Crosshill 5.0 de Lapierre est sans doute un des meilleurs vélos gravel accessible que j'ai pu tester ses derniers temps.
A seulement 2199 €, il ne fait aucune fausse note au niveau de son équipement -si ce n'est que l'on pourrait se passer de la tige de selle télescopique - et propose de belles prestations, aussi bien pour ceux qui veulent débuter le gravel que ceux qui sont un peu plus habitués mais ne veulent pas casser la tirelire.
Un vélo passe-partout, qui sera à l'aise sur tous les terrains et même sur route et en mode vélotaf. Bref, c'est plus qu'une excellente base pour celui qui veut un vélo pour toucher un peu à tout.
Et quand on voit les prestations de ce Crosshill alu... on regrette que Lapierre ne propose pas un équivalent carbone à son catalogue !
Photos : Sonam.cc et Matos Vélo
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