Présentation

La nouvelle paire de roues RX880 est 64 grammes plus légère par paire que sa précédente version et dispose de la même hauteur de jante de 32 mm pour une accélération plus rapide et une montée plus rapide. Les roues RX880 sont tubeless-ready et emploient une largeur entre crochets de 25 millimètres qui convient aux pneus de 32 mm à 50 mm de large.

Idéal donc pour les gravels actuels qui permettent parfois d'encaisser des sections de pneus allant jusqu'à 50 mm.

Avec le corps de roue-libre MicroSpline, Shimano promet une paire à 1394 grammes. 635 grammes pour l'avant et 759 grammes à l'arrière. J'ai pesé l'ensemble à 1435 grammes avec le fonds de jantes et les valves tubeless. Une masse qui reste étonnante pour un produit destiné à encaisser les rudes contraintes de la pratique gravel qui s'assimile parfois à des passages VTT.

La jante opte pour une forme moderne en U avec 32 mm de haut, 25 mm entre crochets et 30.7 mm de largeur externe, idéal pour monter de gros pneus.

Côté esthétique, Shimano a, comme souvent, opté pour du discret, avec des jantes légèrement mattes légèrement satinées et un marquage simplement présent côté opposé à la valve. Côté droit, le logo Shimano bleu, côté gauche, la référence WH-RX880 C32.

La compatibilité est améliorée grâce à une conception de moyeu DIRECT ENGAGEMENT remaniée, empruntée aux roues DURA-ACE, qui se convertit facilement entre les corps de moyeu MICRO SPLINE et HG Spline L2 12 vitesses. Il dispose d’un engagement rapide et efficace pour une accélération rapide, quelle que soit la surface de pilotage. Attention donc, ces roues ne sont compatibles qu'avec les transmissions 12 vitesses.

Pour du 11 vitesses et moins, il existe la référence RX870.

Les moyeux et les jantes RX880 sont dotés de 24 rayons coudés en acier à l’avant et à l’arrière qui maximisent la force et la fiabilité. Certains trouveront peut-être cela "old-shool", mais cette technique a fait ses preuves et c'est l'assurance de pouvoir se dépanner quasiment n'importe où dans le monde si besoin était.

Les rayons en acier profilés (2,0-1,6-2,0) sont certes plus lourds que des rayons en alu, mais ils ont le bon goût d'être plus solides. Ici, seuls les écrous, situés en périphérie, sont en aluminium.

Les moyeux sont au niveau des Ultegra sur la route. Leurs roulements ne sont pas des plus fluides à la main, mais c'est tout à fait normal, puisque leur utilisation implique une étanchéité renforcée avec force de joints. Et bien souvent sur des moyeux, plus que la qualité des roulements, c'est la présence ou non de joints qui fait la fluidité. Mais les roulements ne grattent pas, même après plus de 1000 km en conditions boueuses.

Que ce soit avec des pneus de 47, 43 ou 40 mm, le montage ne m'a réservé aucune mauvaise surprise, le claquage des tubeless s'étant fait à chaque fois sans avoir besoin de compresseur ou dispositif autre qu'une simple pompe à pied. Les roues sont livrées avec le fond de jante tubeless déjà installé, de même que les valves.

Même si cela ne présage pas d'un montage aussi facile avec toutes les références tubeless du marché, c'est déjà un bon début. Avec 60 ml de préventif dans chaque pneu, aucune baisse de pression notable, même dès le premier jour.

Pour info, les pneus montés étaient les suivants :

Des pneus différents avec plusieurs sections qui m'ont permis de réaliser des essais variés pour ces roues Shimano RX880. Ce test a été réalisé à 90% en gravel. Pas de sortie "route" avec, même si j'ai dû emprunter parfois du bitume lors de mes sorties gravel, c'était l'exception.

Des roues facturées 1699.99 € la paire. Pour info, il existe aussi les RX870 compatibles 11 vitesses et moins, avec corps de roue libre HG Spline L1 pour un tarif de 1569.99 € qui reprennent la même jante. Seuls les moyeux sont différents avec des fixations pour rayons à tirage droit et l'absence de roue-libre Direct Engagement.

Sur les chemins

Premier constat, les roues se montrent forcément moins rigides que des roues de route. La différence n'est pas forcément énorme, mais bel est bien présente. Ce qui n'est, de mon avis, pas un défaut, car en gravel, mieux vaut avoir une roue légèrement plus souple, on ne recherche pas la rigidité à tout prix.

Néanmoins, la légèreté de l'ensemble les rend plutôt dynamiques lors des relances même si sur des roues gravel, ce seront principalement les pneus qui feront la différence. De même, la notion de roues légères est un peu moins prégnant que sur la route puisqu'ici, chaque pneu pèse entre 500 et 600 grammes. Si on ajoute le poids du préventif, on a quasiment autant de poids de pneumatiques que de roues ! Mais 200 grammes de gagnés, c'est toujours ça de pris dans les fortes pentes à plus de 20% que j'ai pu rencontrer sur la Traka par exemple, avec 200 km et 2600 m de D+.

La roue-libre Direct Engagement est un réel plus en utilisation gravel. Par rapport au rochet de type à cliquet traditionnel, la zone de contact est plus grande et les cliquets sont fixés plus fermement les uns aux autres pendant l'entraînement grâce à la forme en spirale. Cela accroît légèrement la rigidité de l'ensemble.

La réactivité au niveau des pédales est plus rapide quand on passe d'un moment en roue-libre à une partie où on pédale. C'est particulièrement flagrant quand on est dans une pente accidentée à plus de 10%, que l'on doit s'arrêter de pédaler un temps car un concurrent ralenti ou s'arrête devant soi et que l'on doit vite remettre de watts pour ne pas devoir s'arrêter.

A noter que ce système permet aussi de rapidement changer de corps de roue-libre en passant du modèle Micro Spline vers l'Hyperglide L2 en un rien de temps, sans outil.

Si au premier abord, on peut avoir peur d'amener des roues en carbone sur des terrains accidentés, n'ayez crainte.

Sur mes différents parcours de tests, je ne les ai pas ménagées, les emmenant sur des terrains plus adaptés aux VTT qu'à un gravel. Plus encore, la Traka a été un véritable juge de paix car ne connaissant pas le terrain, je me suis parfois fait surprendre pas des gros trous ou des descentes avec des rochers, ....

Et puis cela reste une "course" où forcément, on se donne plus, on reste dans les roues d'un groupe et on ne voit donc pas spécialement les obstacles. Après plus de 1000 km, aucun voile n'est à noter. Il faut quand même dire que les pneus jouent naturellement le rôle d'amortisseurs et limitent les impacts sur la jante.

Mais je me suis tout de même fait surprendre par plusieurs rochers et trous avec de gros chocs à plusieurs reprises... mais non, c'est costaud.

Sur les parties les plus roulantes, j'ai apprécié leur faible prise au vent et leur dynamisme qui permet de bonnes relances, des relances qui sont nombreuses en gravel où les changements de rythme imposés par des vitesses de passages dans les virages caillouteux plus faibles, sont nettement plus nombreux que sur route.

Pour cet essai, j'ai donc utilisé différents pneus mais j'ai aussi volontairement négligé l'entretien de ces roues, ne les nettoyant pas à chaque sortie boueuse pour mettre le plus à mal possible les roulements.

Car ces roues pourraient fort bien être utilisées sur des épreuves de plusieurs jours et dans ce cas, le nettoyage est bien souvent la dernière chose de faite sur le vélo.

Vous le voyez ci-dessous, les roues étaient parfois couvertes de sable, de boue avec roulage dans des flaques d'eau voire des passages à gué ou ornières avec de l'eau jusqu'au niveau des moyeux.... de quoi permettre à toutes les impuretés de s'incruster dans les moindres interstices.

L'étanchéité des moyeux semble particulièrement bien travaillée, puisque les roulements restent fluides malgré cet entretien négligé et des nettoyages au jet haute pression.

Pas de billes qui grattent ou autre bruit suspect en provenance des moyeux ou du corps de roue-libre, le tout reste parfaitement fluide.

Bien que la jante soit matte, son nettoyage se révèle être facile, de quoi repartir avec des roues parfaites même si elles sont été durement traitées lors de vos sorties.

Bilan

Ces roues RX880 sont sans conteste une valeur sûre avec un tarif de 1699.99 € la paire dans la moyenne pour ce type de produit en carbone aux alentours de 1400 grammes.

Un profil de 32 mm de haut et 25 mm entre crochets idéal pour le gravel, qui permettra de monter de larges sections de pneus jusqu'à 50 mm tout en ayant une hauteur n'offrant pas trop de prise au vent et avec un pneu bien installé, offrant une forme parfaite pour bien travailler même avec des pressions inférieures à 2 bars.

Elles allient confort et dynamisme avec assez peu d'inertie (toutes proportions gardées par rapport à la masse des pneus) et une fabrication sérieuse qui semble prévue pour faire face aux utilisations les plus sévères.

Photos : Sonam.cc et Matos Vélo