Présentation

Pour cette nouvelle génération, le Nemo Gravel reste donc manufacturé avec des tubes acier Columbus Spirit HSS mais adopte une nouvelle géométrie et est proposé avec deux nouvelles fourches.

  • fourche rigide Columbus Disc 1-1/8″ – 1-1/2″ en carbone monocoque avec système exclusif à « double râteau », permettant une personnalisation de la maniabilité du vélo en fonction de les besoins et préférences du cycliste
  • fourche HiRide Sterra avec un véritable débattement hydraulique de 20 mm

Mon exemplaire est doté de cette dernière, une option facturée 800 €, ce qui porte le kit cadre + fourche à 3400 €. Il est proposé en 10 couleurs.

Cette fourche pèse 1300 grammes avec son système de suspension. Un surpoids de 820 grammes environ par rapport à la fourche rigide carbone Columbus. HiRide propose un kit de trois ressorts ainsi que trois bagues de précharge, ce qui offre 9 possibilités, mais pour ma part, j'ai dû me contenter d'un ressort et d'une bague de précharge, tout étant déjà monté.

Enfin, une cartouche hydraulique amortit le ressort pour ne pas avoir de ON/OFF et donc des mouvements trop brutaux. Un bouton situé sur la potence permet de verrouiller le système. 2 positions seulement, verrouillé ou déverrouillé.

Grâce à de nouvelles bases, le NEMO Gravel accepte désormais des pneus jusqu'à 47 mm de section. Au niveau du passage des pneus, la base de droite est même complètement plate. Ce n'est pas la base en elle-même, mais une plaque d'acier qui vient faire la jonction entre la base et le boîtier de pédalier. Une boîte de pédalier au standard T47.

Les haubans sont ovalisés et raccordés plus bas de façon à optimiser la filtration des chocs. La géométrie a été revue, afin d'aboutir à un gravel plus sportif avec des sensations de pilotage marquées.

La finition de l'ensemble des soudures est impeccable, avec un collier de selle en aluminium. Il dispose de nombreux plots de fixation pour garde-boues et bagageries.

Ne tenez pas compte des nombreux impacts sur le cadre, il semble avoir subit quelques chutes lors de précédents essais par d'autres journalistes.

Cinelli annonce le cadre à 2000 grammes.

Le modèle testé ici, équipé de la transmission SRAM Rival AXS 1X est facturé 5300 € avec la fourche HiRide Sterra à débattement. Le vélo pèse ici 11.1 kg en taille M.

Equipement

Cette version est donc équipée de la transmission mono-plateau Sram Rival AXS XPLR avec un plateau de 40 dents associé à une cassette 10-44 étagée comme suit : 10,11,13,15,17,19,21,24,28,32,38,44.

Une transmission électronique donc, un choix qui pourrait apparaître comme inutile et surtout trop onéreux, mais au final, les autres versions du Nemo gravel, proposées avec des groupes mécaniques, sont peu ou prou aux même tarifs :

  • Campagnolo Ekar : 5700 €
  • Shimano GRX 1X : 5100 €
  • Shimano GRX 2x : 5300 €

Une transmission électronique qui permet d'avoir un tarif équivalent aux groupes mécaniques concurrents, mais pour cela, il faudra faire l'impasse sur les matériaux les plus nobles, ici, SRAM utilise principalement de l'aluminium et de l'acier. Des matériaux qui sont durables, solides, mais forcément plus lourds que des pièces en carbone.

Mais reste un groupe qui fonctionne bien, avec la technologie AXS qui est identique à celle des autres groupes de la marque. Une unique batterie présente sur le dérailleur arrière, qui doit offrir une autonomie de 500 km environ. Les adeptes de bikepacking auront tout intérêt à s'équiper d'une seconde batterie.

Côté périphériques, Cinelli a opté pour de l'aluminium avec un cintre Cinelli VAI (normalement, un modèle Swamp équipe le vélo de série), une potence FSA ainsi qu'une tige de selle Cinelli Vai 27,2mm.

Un regret sur ce montage, l'absence de flare au niveau du cintre. Sur un vélo gravel, c'est pour moi, mais le cintre swamp qui équipe normalement ce modèle bénéficie pour sa part d'un flare de 10°, je ne vais donc pas m'appesantir plus sur le sujet.

Des périphériques basiques, mais facilement remplaçables pour qui voudrait d'autres formes ou des produits plus légers.

Sans surprise, les roues sont des Fulcrum Rapid Red 500 DB (Rapid Red 900 sur le vélo d'essai). Des roues alu à 1760 grammes la paire, avec une hauteur de 24 mm pour 23 mm de largeur interne.

De quoi monter de très gros pneus, ça tombe bien, le Nemo Gravel accepte désormais des sections allant jusqu'à 47 mm.

Normalement, le vélo de série est livré avec des Vittoria Terreno Dry 700x47, mon modèle d'essai était fourni avec des Pirelli Cinturato Gravel H en 700x40. Dommage de ne pas bénéficier de la pleine capacité du vélo avec des pneus d'au moins 45 mm !

Sur les chemins et la route

Autant j'avais apprécié le comportement général du la génération précédente du Cinelli Nemo en 2022, autant cette version m'a semblé plus "lourde".

Il faut dire qu'avec cette fourche Hiride Sterra, le vélo est "plombé" de 1300 grammes, ce qui n'est pas rien, même si bien souvent, la notion de poids est plus anecdotique sur un gravel que sur un vélo de route.

Mais le fait que l'avant soit relativement lourd rend le vélo moins maniable dans les parties techniques. A tel point que je me suis rapidement demandé si cette fourche n'était pas plus pénalisante qu'autre chose, grêvant le comportement "dynamique" de la nouvelle géométrie.

Car dans mes souvenirs, la génération précédente était agréable dans les singles sur les parties très techniques.

Le cadre se montre très rigide, chose appréciable pour les cyclistes qui recherchent un vélo dynamique. Sur la route et les chemins relativement propres où on arrive à garder une vitesse supérieure à 25 km/h, le Nemo offre un bon comportement.

Les pneus de 40 mm sont ici parfaits pour rouler sur des sections propres ou le bitume, n'offrant pas trop de résistance au roulement. Dans ce cas, on bloque le système d'amortissement de la suspension et on prend soin de ses trajectoires.

Bien sûr, avec plus de 11 kg sur la balance, on ne demandera pas des relances foudroyantes. Sur terrains gras, il faudra opter pour des pneus plus adaptés, car le Pirelli Gravel H est conçu pour les terrains compacts et les surfaces les plus dures. Il en est de même pour le Vittoria Terreno Dry 700x47 qui doit équiper de série ce vélo.

Le système de suspension avec la fourche HiRide Sterra m'a laissé plus que dubitatif.

En fonctionnement, la sensation est assez désagréable, comme s'il y avait du jeu dans la direction, avec la sensation que ça "tape" comme s'il n'y avait aucun système hydraulique. Un constat fait par mon photographe dès les premiers tours de roue. Après vérification, ça ne vient pas d'un réglage, puisque le phénomène disparaît quand la fourche est verrouillée.

De fait, même si ça amortit un peu mieux avec cette suspension, le retour d'information dans le cintre est désagréable et gâche l'expérience, on a toujours l'impression qu'on a du jeu ou que le système arrive rapidement en butée. Peut-être que le vélo est équipé du couple ressort / bague de préchargement pour un coureur de moins de 60 kg et, de fait, avec mes 75 kg, ça arrive en butée rapidement ?

Dommage, car avec des pneus de 45 mm pas trop gonflés, on arrive au final à un meilleur résultat. Sans la possibilité de verrouillage pour avoir des sensations proches d'un vélo de route, c'est sûr, mais côté filtration, on gagne plus à jouer sur la section et la pression des pneus pour avoir une filtration homogène avant et arrière.

Le comportement du vélo est plutôt sain dans son ensemble, avec un groupe SRAM Rival AXS qui fonctionne parfaitement. La position offerte par ce Cinelli Nemo ne laisse aucun doute avec sa filiation avec la version route. Un vélo clairement orienté pour les sorties gravel rapides voire compétition... où une suspension se justifie dès lors moins.

Bilan

Il est rare que je sois perplexe à l'issue d'un essai, et c'est pourtant le cas avec ce Cinelli Nemo Gravel. Les qualités de l'acier Columbus Spirit et la conception du cadre ne sont nullement en cause pour moi.

Mais la fourche suspendue n'apporte pas beaucoup de bénéfices tout en alourdissant exagérément l'avant du vélo, au détriment de la maniabilité de ce dernier dans les parties techniques. Et que dire de cette désagréable sensation de "jeu" quand on déverrouille cette suspension ?!

Bref, si vous aimez l'acier et les gravels rapide, oui, vous pouvez vous pencher sur ce Nemo, mais préivilégiez dans ce cas la version sans fourche suspendue qui vous économisera 800 € ET 800 grammes.

Photos : Sonam.cc et Matos Vélo