Je vous l'ai déjà présenté en début d'année, c'est le Fraxion GTR de chez Origine qui sert de référence et sur lequel j'ai monté cette transmission Shimano Dura-Ace R9270 associé aux roues Dura-Ace C36 TL dont j'ai déjà publié le test ici.

Mais mon métier m'obligeant à rouler régulièrement sur d'autres vélos que cet Origine Fraxion GTR, le kilométrage actuel de ce groupe sur mon vélo est d'à peine plus de 4000 kilomètres. Mais je l'ai néanmoins soumis à rude épreuve, avec un entretien "à minima" concernant la chaine et tout le reste et roulant souvent sous la pluie et ne lésinant pas sur les croisements de chaîne pour le pousser dans ses retranchements.

En parallèle, pour que ce test soit parfaitement légitime, j'ai pu profiter de l'expérience de Jérôme qui teste aussi du matériel pour Matos Vélo. Ce dernier possède en effet une transmission Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses depuis sa sortie sur son Colnago V3RS et il a accumulé plus de 16000 kilomètres avec à ce jour.

Deux salles, deux ambiances, puisque Jérôme de son côté est un pointilleux, un méticuleux, nettoyant son vélo après chaque sortie et refaisant donc la lubrification à chaque sortie aussi.

Précision et fiabilité du changement de vitesses

Voilà un point sur lequel la dernière mouture du Dura-Ace Di2 est impeccable. Les changements de vitesses, tant au niveau de la cassette que des plateaux, se fait de façon hyper rapide et précise et les réglages ne bougent pas dans le temps.

Hormis si vous veniez donc à donner un coup sur la patte de dérailleur ou que vous changiez de paire de roues, il n'y a aucune raison que vous ayez à retoucher les réglages. D'ailleurs, je reparle plus bas d'une éventuelle mise à jour de l'application e-tube qui pourrait aider en ce sens.

Comme sur toutes les transmissions 12 vitesses, le dérailleur arrière demande une patte de dérailleur parfaitement alignée. La moindre torsion de celle-ci engendre de légers bruits de transmission. De même, le réglage des butées devra être pointu. Mais une fois ceci fait, l'ensemble est silencieux, même en cas de croisements extrêmes, comme sur un 52x30 par exemple sur une cassette 11-34.

Réglages aisés via l'application e-tube

Vous pouvez faire bien des réglages et paramétrages via l'application e-tube de Shimano. Une application qui n'est malheureusement, pour l'heure, disponible que sur PC Windows et smartphones Android ainsi que iOS, cette dernière version étant de nouveau disponible depuis quelques semaines après une longue absence.

Une application qui vous permet de faire les mises à jour (sauf pour les leviers qui demandent à passer par un câble) sans fil, vérifier le niveau de batterie, mais aussi procéder aux paramétrages semi-synchronized ou synchronized pour avoir à gérer moins de choses que le mode 100% manuel.

Vous pouvez aussi modifier à loisirs le fonctionnement de chaque bouton des leviers. E-tube propose aussi de vous détailler l'utilisation de chaque plateau et pignon.

Si la procédure de réglage via l'application e-tube est hyper pratique et intuitive, elle gagnerait par contre à pouvoir "enregistrer" des réglages pour chaque roue. On pourrait ainsi rapidement passer d'une paire de roues à l'autre sans avoir à refaire toute la procédure. Une fonctionnalité qui ne demanderait en plus, à mon avis, pas beaucoup de travail côté développement et qui faciliterait la vie de ceux qui possèdent plusieurs paires de roues.

Autonomie

Donnée par Shimano pour 1000 km environ, la batterie interne atteint quasiment les 1500 kilomètres si vous êtes sur des parcours ne nécessitant pas d'incessants changements de plateaux, le dérailleur avant étant le plus gourmand.

En montagne par exemple, où on reste longtemps sur un même braquet, permet d'accroître encore cette autonomie. La recharge se fait rapidement, mais dommage que Shimano n'ait pas proposé une prise standard USB-C par exemple - sans doute pour des raisons d'étanchéité - car pour un long séjour, il faudra penser à prendre le câble spécifique avec vous.

Du côté des leviers, les piles boutons sont à changer tous les deux ans environ. Des piles CR1632, pas les plus courantes, je vous conseille donc d'en faire l'acquisition au bout d'un an et demi d'utilisation environ pour ne pas être pris de cours ! Compter moins de 5 € la paire de piles CR1632.

Usure de la chaine

Plus le nombre de pignons augmente, plus les potentiels acheteurs sont inquiets de la vitesse d'usure de la chaîne.

Que ce soit avec une chaîne Ultegra M7100 vendue 39.99 € ou le modèle Dura-Ace M9100 vendu 73.99 €, même constat, on ne remarque pas d'usure plus significative que sur les transmissions 11 vitesses d'ancienne génération.

Si la chaîne tend à rapidement atteindre 0.75% d'allongement après 3000 km, ce dernier reste stable et permet sans aucun problème d'utiliser la chaîne jusqu'à 5000/6000 kilomètres, kilométrage auquel la chaîne commence à atteindre les 1% d'allongement.

Bien sûr, cela dépendra des conditions d'utilisation (pluie fréquente, courses ?) et du bon entretien de ce maillon indispensable pour le bon fonctionnement du groupe. Pour avoir discuté avec plusieurs mécaniciens professionnels, ces derniers ne changent bien souvent plus la chaine sur un Grand Tour contrairement aux générations précédentes.

A noter que la chaine Dura-Ace est un tout petit peu plus silencieuse que la version Ultegra. A vous de voir si la différence de tarif est justifiée.

De même, le changement de vitesses sur les plateaux est très rapide, avec toujours ce micro-ajustement de la fourchette qui permet d'utiliser la cassette entièrement sans que la chaîne ne touche.

Alors que l'ancien groupe demandait parfois l'installation d'une patte de dérailleur pour éviter que la chaine ne tombe du petit plateau, le recours à cet accessoire est devenu inutile sur cette transmission 12 vitesses. Un constat confirmé par plusieurs mécaniciens d'équipes professionnelles qui ne montent plus de pattes anti-déraillement sur les vélos avec ce Dura-Ace 12 vitesses.

De mon expérience, je n'ai déraillé qu'une fois, la faute à une butée mal réglée !

Cassette durable

Même constats au niveau de la cassette. Si vous changez la chaîne régulièrement, à savoir tous les 5000 kilomètres environ, vous pourrez remplacer cette cassette tous les 20000 kilomètres environ.

Une bonne nouvelle quand on voit le prix de ces dernières :

Là encore, pas de différences entre les deux modèles en termes de fonctionnement, que ce soit la précision ou le bruit de fonctionnement. La cassette Dura-Ace se montre en revanche plus légère avec ses pignons en titane.

Dommage par contre que le choix ne soit pas plus important, 11-30 et 11-34. Une cassette 11-32 voire 12-34 aurait été idéale pour beaucoup avec moins de trous !

Plateaux increvables mais combinaisons restreintes

Les plateaux sont eux-aussi "increvables" avec des dents parfaites après plus de 17000 kilomètres.

On regrette par contre le choix limité de combinaisons conseillées par Shimano, 50x34, 52x36 et 54x40.

J'ai débuté sur 50x34, un 50x36 m'aurait été plus utile, mais cela m'a obligé de passer sur 52x36 pour respecter l'usinage spécifique du grand plateau, réalisé pour chaque petit plateau. Le plateau de 52 est usiné de façon spécifique pour un petit plateau de 36 dents, celui de 50 pour celui de 34....

Si cela peut passer avec un 50x36, Shimano le déconseille fortement, la chaîne pourrait se coincer entre les deux plateaux ou tomber sur la boîte de pédalier. C'est cet usinage qui participe à la rapidité des changements de plateaux à la montée.

D'un autre côté, il est possible de largement croiser la chaîne, en roulant par exemple sur le plus grand plateau et le plus grand pignon sans que cela ne génère trop de bruit. Bien sûr, cela est déconseillé en termes de rendement et d'usure de la chaine, mais cela permet souvent d'éviter de repasser sur le petit plateau.

Des leviers ergonomiques mais des cocottes glissantes

C'est peut-être le plus grand changement sur cette transmission, la forme des leviers et des boutons de changements de vitesses.

L'ancienne génération était déjà très compacte, cette nouvelle se veut en plus très ergonomique, avec une inclinaisons des cocottes et des leviers revus mais aussi des palettes de changements de vitesses modifiés pour avoir une meilleure préhension, notamment l'hiver quand on porte des gants longs.

Cette nouvelle forme est une réussite, mais si elle n'empêche pas certains cyclistes (comme moi), d'accentuer encore l'inclinaison vers l'intérieur du cintre pour plus de confort, mais ça, c'est un paramètre très personnel. A l'usage, j'apprécie cette forme ainsi que la présence des boutons supplémentaires (présents aussi sur les leviers Ultegra) qui permettent par exemple de changer les pages sur le compteur sans lâcher son cintre.

En revanche, quelques bruits parasites engendrés par des vibrations se font parfois entendre sur mauvais revêtements. Un bruit faible, mais qui n'existait pas sur les versions 11 vitesses.

Le caoutchouc des cocottes est de très bonne qualité et ne se déforme pas même quand on le manipule très souvent. Par contre, même s'il présente une texture en relief, si on ne porte pas de gants, il devient assez glissant quand on transpire beaucoup ou qu'il pleut.

De même, son usure semble assez rapide et il semble qu'une durée de vie de 30000 km soit un maximum.

La nouvelle forme des palettes permet de ne plus hésiter entre bouton de descente ou de montée des pignons ou plateaux, même avec des gants longs.

Des commandes satellites auxquelles on prend goût

J'ai utilisé les commandes satellites en complément des palettes des cocottes. Tout d'abord installées en version "sprinteurs", au creux du cintre, mais j'ai rapidement bougé ces commandes en haut. En effet, mains en bas du cintre, on atteint aisément les palettes sur les leviers..... et les sprints ne sont pas légion quand on ne fait pas de compétition.

Placées en haut, ces commandes sont très pratiques en montagne où on peut changer de pignons tout en restant les mains rivées sur la partie haute du cintre. C'est du confort, rien d'indispensable, mais on y prend vite goût.

Du côté du freinage

Impossible dans ce cas de parler de durée de vie tant les disques et plaquettes sont soumis à des utilisations différentes en fonction du lieu où vous roulez, de vos aptitudes en descentes, ....

Vous pourrez aussi bien conserver vos plaquettes 15000 km si vous roulez dans le nord ou sur des parcours vallonnés... que 5000 km si vous ne faites que des cols alpins ou pyrénéens descendus tambour battant. Les plaquettes résine L05A coûtent moins de 28.99 € la paire.

Il en est de même, logiquement, pour les disques. Mais ces derniers sont néanmoins résistants et peu soumis au phénomène de voile. On trouve la nouvelle génération Dura Ace RT-CL900 à 81.99 €.

En revanche, le point positif, c'est l'amélioration amenée côté bruits parasites, ces derniers ayant quasi complètements disparus. Il n'y a vraiment que sur de très gros freinages appuyés et répétés que l'on peut avoir encore droit à des frottements... sur 30 m maxi.

Bref, plus rien à voir avec le système de freinage 11 vitesses qui était pénible sur ce point. Le freinage reste en toutes circonstances puissant et silencieux.

Une finition très fragile, notamment sur le pédalier

Terminons par la finition. Rien à redire, c'est beau, c'est parfaitement fini... mais le pédalier reste sans doute l'élément le plus fragile.

L'anodisation noire, du plus bel effet quand tout est neuf, est très sensible aux rayures. Le moindre saut de chaîne se traduit par des marques que vous ne pourrez pas récupérer. Sur mon unique saut de chaîne, je me suis retrouvé avec ces rayures. J'ai tenté de rattraper cela avec une polisseuse et des produits identiques à ce que l'on utilise en carrosserie automobile.

Erreur, car ce n'est pas de la peinture avec un vernis, mais une fine anodisation. Les traces ne sont pas donc pas récupérables. Les plateaux souffrent du même problème, tout comme les leviers et le dérailleur arrière, mais qui sont eux moins soumis à frottements, sauf chutes.

Si vous le pouvez, protégez votre pédalier avec un film invisible !

Sur ce point, la finition de l'Ultegra semble un peu moins sensible.

Bilan

Oui, le groupe Dura-Ace Di2 12 vitesses est cher (1500 € de plus qu'un Ultegra), mais la durabilité de l'ensemble, les matériaux employés sont d'excellente qualité et cette transmission est conçue pour résister aux pires utilisations.

Bien sûr, à vous de juger si les 1500 € supplémentaires demandés par rapport à son petit frère justifient les quelque 200 grammes de gain. Reste l'image et le plaisir du beau matériel. Seule la finition du pédalier, très légère, est trop fragile pour un produit de ce niveau de gamme.

Pour le reste, vous ne serez pas déçus, avec des consommables (chaîne, disques et plaquettes) pas plus onéreux que sur de l'Ultegra. Seule la cassette Dura-Ace, deux fois plus chère, méritera réflexion lors de son remplacement. Mais en dehors de cela, ce groupe Shimano Dura-Ace Di2 R9270 se montre fiable et hyper précis en toutes circonstances et même avec une utilisation intensive, cette précision reste de mise.