Présentation

Inutile de faire long, puisque j'ai déjà abordé tous les détails techniques de ce Tarmac SL8 lors de sa présentation officielle que vous pouvez retrouver ici.

Esthétiquement, cela a déjà été dit, le Tarmac SL8 ne rompt pas totalement avec le SL7. Bonne nouvelle pour les possesseurs de ce dernier qui ne voient pas leur vélo démodé par l'arrivée d'un nouveau modèle.

Les différences sont subtiles et présentes surtout au niveau de la douille de direction et du point d'accroche des haubans sur le tube de selle.

Il faudra vraiment avoir l'oeil pour différencier les deux modèles. Pour cet essai, j'avais à ma disposition un Tarmac SL8 Pro, équipé en SRAM Force AXS et pesant 7.4 kg en taille 54.

Un cadre en carbone FACT 10r là où les modèles S-Works utilisent du FACT 12r. Mais grâce au travail sur tout le cadre, cette version en FACT 10r se montre aussi légère qu'un Tarmac SL7 en version S-Works. Alors oui, ça coûte 9000 €, mais oui, c'est un vélo haut de gamme, conçu à la base pour la compétition et les professionnels.

Equipement

On trouve donc le tout dernier groupe SRAM Force eTap AXS sur ce Tarmac SL8 Pro. Plateaux 48/35 et cassette 10-33, de quoi affronter la plupart des difficultés.

A côté de cela, Specialized n'a pas lésiné sur les périphériques, avec un cintre profilé Roval Rapide associé à une potence Tarmac, une tige de selle carbone et une selle Power Pro.

Les roues sont les excellentes Roval Rapide CL II montées avec les S-Works Turbo, 2BR, 700x26mm que j'ai déjà pu tester ici. Des roues hautes de 60 mm et larges de 30 mm en externe (21 mm interne), qui utilisent la même jante que les Rapide CLX II, mais associées ici à des moyeux DT Swiss 350 et de rayons droits Competition Race.

A 1590 grammes la paire avec fonds de jante et valve tubeless, on reste quand même dans une paire légère pour ce profil. En revanche, l'utilisation de pneus aussi "fins" que des 26 mm est toujours perturbant visuellement associé à ces jantes de 30 mm de large en externe. A mon avis, des pneus en 28 mm de section seront au moins aussi bons en termes de performances, peut-être un peu plus aéro avec moins de turbulences au niveau de la jonction pneu / jante, mais surtout moins dérangeant visuellement.

Sur la route

J'ai pu rouler environ 60 km avec ce vélo, 30 km sur les routes d'Ardèche et 30 autres kilomètres dans le Vercors. J'ai aussi eu l'occasion de mixer les roues, Roval Rapide et Roval Alpinist.

Avec 800 m de dénivelé sur 33 km, cela a tout de même permis d'avoir de premières impressions sur ce SL8, puisque la présentation presse du Tarmac SL7 avait eu lieu sur les mêmes routes.

Toujours aussi réactif et rigide au niveau de la douille de direction, le principal changement intervient sur le triangle arrière. Le vélo se montre de fait plus filtrant sur mauvaises routes, mais aussi moins exigeant dès que la route s'élève et ce, même avec des roues Roval Rapide qui ne sont pas spécialement prévues pour grimper un col de 7 km à près de 6% de moyenne sur un revêtement très granuleux. Sans se montrer aussi aérien qu'un Aethos, le Tarmac SL8 ne donne plus la sensation de butter dans la pente à 8% quand on ne sort plus que 200 watts. On arrive à conserver facilement un train régulier.

A la fois plus filtrant et se déformant sans doute un peu plus au niveau de l'arrière, le Tarmac SL8 se montre plus docile pour un cycliste moyen. Même avec les Roval Rapide, des roues prévues pour la vitesse, on se sent moins en "lutte" avec le vélo que sur la génération précédente.

Sur le plat, avec du braquet, le Tarmac SL8 est dans son élément, permettant de rouler vite. Dès que l'on se dresse sur les pédales, le vélo réagit, sans temps de latence, facilement. Et pourtant, il s'agit d'une version Pro, pas la plus haut de gamme donc.

En descente, la douille hyper rigide verrouille parfaitement le vélo, on le place de façon chirurgicale et même sur les mauvais revêtements, la filtration conférée par la triangle arrière permet de descendre de façon sereine, sans mauvaises surprises, là où un SL7 pouvait se montrer un peu plus vif dans ses réactions. Une douille plus rigide qui surprend les premières fois où on se met en danseuse.

En fait, le Tarmac SL8 propose quasiment deux visages pour que vous soyez assis sur la selle ou en danseuse. Très confortable et doux quand on est assis grâce au triangle arrière un peu plus "souple" que sur le Tarmac SL7, il se montre hyper dynamique, près à bondir dès qu'on se dresse sur les pédales.

J'ai profité des routes du Vercors pour troquer les roues Roval Rapide pour des Roval Alpinist de seulement 33 mm de haut. C'est sans doute pour moi la meilleure configuration étant donné mes aptitudes moyennes. Sans doute pas pour un coursier qui va rouler à 40 km/h de moyenne, mais pour un cyclosportif qui roule aux alentours de 30 de moyenne, on ne perd pas grand chose en aéro avec ce profil, par contre, on gagne en facilité dans les bosses.

Le Tarmac SL8 se rapproche ainsi d'un Aethos par sa facilité, mais en étant plus dynamique, plus explosif.

Des roues basses qui profitent aussi au confort et au côté facile du vélo sur de longues montées comme des cols. Si ça ne me transforme pas en grimpeur, loin de là, j'ai pu facilement trouver le bon rythme sans jamais avoir l'impression de lutter avec le vélo.

Et il ne perd rien de ces qualités en descente ou sur la plat. Certes, il perd en esthétique face à des Rapide, mais pour un cycliste moyen qui veut pouvoir affronter de longues montées, ce montage sera plus agréable, plus polyvalent. Si vous habitez dans une région venteuse et que vous êtes léger, elles se montreront moins exigeantes que les Rapide, même s'il faut bien avouer que les dernières Rapide CL offrent une grande stabilité pour des roues de 60 mm, plus proche de ce que l'on retrouve habituellement sur des roues de 50 mm.

Bilan

Si les changements esthétiques sont relativement mineurs sur ce SL8 par rapport au Tarmac SL7, il s'est clairement bonifié en termes de facilité d'utilisation, de confort, sans rien perdre de son côté nerveux, réactif, le tout avec une précision impressionnante dans les descentes abordées à très haute vitesse.

Un vélo à deux visages. Hyper vif quand on est en danseuse, près à toutes les accélérations, mais nettement plus tolérant quand on est assis. C'en est même assez étonnant.

Cela reste néanmoins un vélo conçu pour la performance et pour les professionnels.... mais désormais utilisable aisément par un cycliste qui roule entre 25 et 32 de moyenne et souhaite pouvoir profiter de son Tarmac SL8 dans les cols.

Crédit photos : Charlotte Lindet / Specialized