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Présentation

Concevoir un capteur de puissance n'est pas chose aisée, encore moins intégré au pédalier. Même Shimano se heurte à quelques soucis de fiabilité sur un produit qu'il conçoit pourtant de A à Z.

En raison de la forme des nouvelles manivelles Shimano, Stages a dû tout revoir pour l'intégration des jauges de contraintes et tous les algorithmes qui servent à donner des données de puissance précises.

A part pour des yeux avertis, difficile de faire la différence entre un pédalier Ultegra R8200 dépourvu de capteur de puissance et cette version Stages Cycling, hormis le logo de la marque placé sur la manivelle gauche, qui est bien l'élément le plus visible.

Du côté des plateaux, il n'y a que le petit boîtier situé entre deux branches qui est visible, ce dernier contenant une pile CR2032 pour l'alimentation. En raison de la présence des plateaux, il n'était pas judicieux de placer la batterie sur la face interne.

On note aussi deux petits bouts de plastique qui dépassent légèrement sur la manivelle du pédalier, mais cela reste très discret.

Une même pile est présente sur la manivelle gauche, mais sur la face interne, plus accessible. Stages annonce une durée de vie de 175 heures environ des batteries dans le cas d'une utilisation gauche / droite comme ici. Si vous optez pour une version gauche ou droite uniquement, l'autonomie est portée à 200 heures.

J'ai pesé la manivelle gauche en 172.5 mm à 206 grammes, et le pédalier (50x34 et 172.5 mm) à 532 grammes, soit un total de 738 grammes. Shimano annonce son pédalier seul à 700 grammes, on est donc bien à moins de 40 grammes de plus !

Au niveau des spécifications, ce pédalier Stages Cycling reçoit tout ce que l'on est en droit d'attendre d'un capteur de puissance aujourd'hui. Compensation de température active (Stages fut d'ailleurs la première marque à implémenter cette technologie dans ses capteurs), calibrage individuel pour garantir un niveau de précision de +/- 1,5%, mesure de la cadence par accéléromètre ou possibilité d'utiliser un système à effet Hall avec aimant, indicateur LED pour l'affichage visuel du niveau de charge de la batterie et la confirmation de réinitialisation du zéro, compatibilité avec les protocoles BLE et ANT+.

Le firmware est assez régulièrement mis à jour et pour cela, il vous suffira d'utiliser l'application Stages sur votre smartphone et d'appairer les deux manivelles.

Vous pouvez bien sûr opter pour des plateaux 50/34 ou 52/36 et des longueurs de manivelles allant de 160 à 175 mm. La version Dura-Ace propose en plus les dentures 54/40.

Stages annonce une imperméabilité IPX7 (le point faible des premiers capteurs de la marque), une plage de puissance allant de 0 à 2500 watts et une plage de cadence de 20 à 220 tr/mn.

A noter que la marque propose une installation sur votre pédalier si vous possédez déjà un modèle Shimano. Dans ce cas, il vous en coûtera 599 €, que vous ayez un pédalier Ultegra ou Dura-Ace par exemple. Vous expédiez le pédalier complet chez Stages aux Etats-Unis et les techniciens de la marque installent le capteur sur votre pédalier. De quoi obtenir un capteur de puissance à moindre coût.

Montage

Le montage ne requiert aucune compétence technique et tout cycliste disposant d'une clé hexagonale de 5 mm et de l'outil démonte-manivelles Shimano TL-FC16 pour boitiers Hollowtech II y arrivera sans peine en moins de 10 minutes.

Si vous n'avez jamais fait, je vous invite à vous reporter à ce document Shimano qui, à partir de la page 21, vous indiquera comment procéder et avec quels couples de serrage.

Bref, c'est bête comme chou et il n'y aura qu'à faire une procédure de calibrage avant le départ pour s'assurer de mesures les plus précises et fidèles possibles.

Les mesures

Comme à chaque essai de capteur de puissance, j'ai fait appel à Alban Lorenzini pour m'aider. Spécialiste dans le domaine, il m'a concocté un protocole précis à réaliser et après chaque sortie, il me demandait de réaliser quelques autres tests plus spécifiques en fonction des résultats, afin de voir où sont les points forts et les points faibles.

Une analyse qui demande beaucoup de rigueur et de connaissances sur le fonctionnement des capteurs et des éléments qui peuvent faire dériver les mesures.

Comme toujours, je me suis appuyé sur mes Assioma Shi-Duo comme capteur étalon, ces dernières étant associées à un Garmin Edge 1040, le pédalier Stages étant lui associé à un Garmin Edge 530. Au moment de ce test, le dernier firmware était le 1.8.2.

Car on ne peut pas "tester" un capteur de puissance sans étalon et en se fiant simplement aux données affichées sur le compteur en jugeant au doigt mouillé "que ça semble correct". Ceux qui possèdent un capteur le savent, impossible de savoir, sans compteur, si on développe 200 à 220 watts à un moment T.

Donc, aller mesurer des écarts inférieurs à 2% demande de la rigueur. Voici donc les résultats obtenus sur plusieurs sorties différentes, avec une calibration de chaque capteur avant départ.

Au niveau des pics de puissance.

Enfin, lors d'une sortie montagne, voici les données.

On observe donc des différences allant de 0.7 à 9%. Ce n'est pas un résultat qui correspond aux attentes et aux promesses.

Mais une des explications peut venir d'une capture faite ci-dessous, au même moment, alors que mon vélo était dans le garage fermé. 18.9°C pour une manivelle, 15.4°C pour l'autre. Possible que la compensation de température soit perfectible et influe sur les données. Car une analyse approfondie montre en revanche une bonne mesure de l'équilibre gauche / droite, avec 45/55 Assioma pour 46/54 Stages et ce, aussi bien sur les cadences hautes à 250 W que des cadences basses à 300W. C'est plutôt un bon correctif chez Stages, car ce n'est pas le cas des capteurs de puissance Shimano avec des 47/53 vs 50/50 pour Assioma.

Pour avoir pu en discuter avec d'autres personnes (dont des coureurs pros) possédant ce capteur Stages, tous ont le même souci d'écart de température entre manivelle gauche et droite, des écart pouvant aller jusqu'à 10 degrés et qui semblent influer sur le calcul de la puissance.

Bilan

Même s'il fait mieux que le modèle Shimano pour nettement moins cher, ce capteur n'est pourtant pas infaillible et montre des écarts qui peuvent être assez élevés et gêneront ceux qui recherchent un produit précis et surtout stable.

Dommage, car le capteur de puissance Stages est remarquablement bien placé en terme de prix, idéal pour ceux qui veulent conserver un pédalier Shimano avec des passages de plateaux nets et précis. Et ce, d'autant plus si vous possédez déjà un pédalier Shimano 12V, puisque pour 599 €, vous pourrez faire installer un capteur de puissance Stages, même s'il faut compter 4-5 semaines de livraison à partir de la réception de votre manivelle.