Présentation

Je vais faire bref pour cette présentation, puisque j'ai déjà quasiment tout écrit au sujet de ces roues dans la présentation officielle que vous pouvez lire ici.

En ayant les roues sous les yeux, on retrouve tout le savoir-faire de Campagnolo et le soin apporté à la construction. Très sincèrement, il est difficile de trouver quelque-chose à redire.

Il n'y a peut-être que la finition C-Lux, brillante, qui me plaît un peu moins que le côté mat d'une Cosmic Ultimate de Mavic, mais tout est affaire ici de goût personnel, ce n'est donc pas un défaut.

Pour rappel, la finition C-Lux n'est ni de la peinture, ni un vernis, mais une fine couche de résine, qui en plus de participer à l'esthétique du produit, participe aussi à sa durabilité. Ce n'est pas une couche rajoutée, la jante sort telle quelle du moule.

La construction de la jante ne présente qu'une seule jonction au niveau des feuilles de carbone, ce qui réduit le nombre de points faibles grâce à un seul point de fusion contre les quatre points généralement utilisés dans le secteur.

Une jante compatible tubeless ready. Campagnolo avance que sa technologie C-Lux permet une excellente précision, gage de maintien et la facilité de montage et de démontage, tout en réduisant le risque d’endommager les talons des pneus.

Beaucoup, lors de la présentation officielle de ces Hyperon Ultra, ont regretté l'absence du rayonnage G3. Mais la première génération d'Hyperon n'était pas dotée de ce rayonnage G3 et Campagnolo a indiqué que ce rayonnage était un peu plus lourd et le réserve donc aux gammes Bora. Pour ces Hyperon Ultra, priorité à la légèreté.

Un rayonnage plus "traditionnel", encore qu'il faille le dire vite, puisque Campagnolo a là-aussi innové, avec une technologie Head-2-Bay, créée pour obtenir un accouplement de haute précision entre la tête du rayon et le moyeu.

On trouve 21 rayons affinés en acier de section ronde avec croisement des rayons par deux à l’avant (14 rayons côté disque, 7 côté opposé). Pour la roue arrière, 24 rayons identiques de section ronde avec croisement par deux. A noter que la jante arrière est asymétrique, pour pouvoir tenir compte des forces exercées par la transmission et le disque... tout en permettant  de compenser la contrainte d'un parapluie assez peu prononcé.

Les rayons sont fixés sur la jante grâce à la technologie Aero Mo-Mag. Les logements internes des écrous, en polymère renforcé de fibre de verre, assurent un alignement parfait avec les rayons, et réduisent ainsi les contraintes sur les composants du système. La construction innovante permet d’alléger les roues et d’optimiser leur aérodynamisme.

On retrouve sur cette version un corps de roue-libre au standard N3W, mais dans une version allégée, d'où la couleur rouge. C'est le même corps que sur les autres roues avec corps N3W, mais celui-ci a été usiné au maximum pour aller gagner encore quelques grammes.

Un corps de roue libre monté lui aussi sur des roulements céramique USB, rien n'a été laissé au hasard.

Les moyeux sont en aluminium monobloc et sont dotés des roulements céramiques CULT. Les billes en céramique, caractérisées par une rondeur et une résistance optimales, tournent à l’intérieur de cages en polymère sur des pistes en acier inoxydable résistantes à l’usure, qui maximisent l’efficacité et la durée des roulements et ne nécessitent qu’un nettoyage périodique et une légère lubrification avec de l’huile synthétique.

Relativement sobres, ces Hyperon Ultra ne marquent leur différence et leur luxe que par le marquage Ultra couleur bronze métallisé du plus bel effet sur un ensemble noir.

Côté poids, annoncées à 1240 grammes, j'ai pesé cette paire à 1252 grammes, une belle performance pour des roues tubeless de 37 mm de haut, 21 mm en interne et jusqu'à 26.7 mm en externe.

Reste le prix ! 3650 euros ! Oui, c'est cher, pour beaucoup, inaccessible. Mais c'est du fait main en Italie, on est plus proche de l'artisanat que de la production en grande série.

Bien sûr, beaucoup diront que c'est prohibitif, inutile. Mais qu'importe, on n'est pas obligé de s'acheter des Hyperon Ultra pour rouler... ni même pour performer. Un plaisir que certains pourront s'offrir, pour les adeptes de beaux produits rares.

Sur la route

Bien que Campagnolo m'ait fait parvenir un vélo complet (Pinarello Dogma F équipé d'une transmission Super Record EPS), j'ai réalisé la majeure partie de mes essais avec mon Origine Fraxion.

Cela me permettait surtout d'avoir une comparaison nette avec celles que je juge comme concurrentes, les Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc, que j'ai aussi testées sur ce même vélo.

J'avais au début un léger doute sur le fait qu'une cassette Campagnolo 12 soit parfaitement adaptée avec une transmission Shimano 12 vitesses, il s'est avéré que ça fonctionne parfaitement bien. Tant mieux pour le comparatif !

Clairement, ces Campagnolo Hyperon Ultra n'usurpent ni leur nom, ni leur rang de roues haut de gamme. On a affaire à des roues qui se classent parmi ce qui se fait de mieux sur la planète. Venant des Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc, je peux dire que ces roues ne jouent pas dans la même cours, avec pourtant des poids très proches.

Mais le profil de 37 mm des Campagnolo et le rayonnage avec des rayons ronds en acier permet aux Hyperon Ultra d'être ultra confortables, avec une sensation que je qualifierai de tapis roulant. Une sensation exacerbée en plus par une roue-libre totalement silencieuse. Cela peut paraître bizarre d'écrire cela, mais oui, les sons jouent aussi leur rôle dans le ressenti, même si c'est totalement du ressort du psychologique.

Même en arrêtant de pédaler, aucun son ne se fait entendre du côté de la roue-libre. Etonnant. Si vous aimez les roue-libre bruyantes, passez votre chemin. Que ce soit sur mauvais revêtement ou enrobé parfait, les Hyperon Ultra restent discrètes.

Et du côté dynamique, ça donne quoi ? C'est clairement moins pointu que les Mavic, moins extrême. Les Hyperon la jouent efficaces, mais de façon docile, douce. Elles sont d'une facilité déconcertante, à l'aise partout, que ce soit dans des rampes de 12% et plus ou sur le plat à 50 km/h.

On a toujours l'impression qu'elles sont réactives, même si on est planté à 10km/h sur une pente à 15%, il suffit de se dresser sur les pédales pour avoir ce petit plus. Ce n'est pas seulement la légèreté de l'ensemble qui procure cela, mais sans aucun doute le rayonnage bien pensé, pas trop raide.

Leur profil que l'on pourrait penser trop faible pour être efficace à haute vitesse se montre pourtant très efficace, et surtout, très stable. J'ai réalisé plusieurs sorties avec pas mal de vent (jusqu'à 80km/h), et dans ces conditions, on est bien content d'avoir un profil "moyen" qui se montre nettement plus stable avec le vent.

Une stabilité qui s'apprécie aussi dans les descentes rapides, où on n'est jamais surpris par une rafale et où les roues se balancent facilement et rapidement de gauche à droite dans les enfilages de virages.

J'ai roulé sur une sortie de plus de 6h et 1600 m de D+ avec ces roues sans jamais avoir la sensation de les subir ou de ne pas avoir assez de puissance pour en tirer parti, avec pourtant une sortie "casse pattes" où se sont succédé des bosses de 1 à 1.5 km sur tout le parcours. Un régal de bout en bout.

Alors oui, je ne taris pas d'éloges sur ces roues et il m'est difficile de leur trouver un défaut, si ce n'est leur tarif. Vivement une version "non Ultra", pourquoi pas, pour les rendre un peu plus abordables.

L'avis de Jérôme

Jérôme est un habitué des roues haut de gamme, puisqu'il en possède plusieurs, dont des Princeton CarbonWorks ou encore des Mont Chasseral de DT Swiss pour ne citer qu'elles.

Il ne "boxe" pas dans la même catégorie que moi, puisqu'il affiche un poids d'à peine 61 kg pour une PMA à 380W (340W pour 75 kg de mon côté=, autant vous dire qu'il n'amuse pas la galerie ! Et forcément, son ressenti s'en trouve impacté.

Il a donc testé aussi ces roues sur son Colnago V3RS et voici son avis. Tout d'abord, la finition est impeccable, même si, comme moi, il préfère une finition matte du carbone plutôt que ce brillant du C-Lux. Mais rien à dire, tout est parfait sur cette roue au niveau du rendu.

Il a en revanche moins aimé le système de réglage des roulements des moyeux qui fait un peu "old school" selon lui, à l'heure où beaucoup de marques proposent des systèmes qui se règlent seuls.

Sur la route, on a affaire à des roues rigides, sans atteindre les sommets des Mavic Cosmic Ultimate 45 Disc, mais largement suffisant pour la majorité des cyclistes, avec une plus grande tolérance et polyvalence en montagne notamment, où elles seront un peu moins exigeantes grâce à cette légère souplesse qui offre à la fois du confort mais aussi de la facilité à faible vitesse.

Des roues polyvalentes donc, très rigides sans l'être trop, qui seront un régal sur tous les terrains.

Bilan

Très clairement, Campagnolo prouve avec ces Hyperon Ultra sa maîtrise du sujet sur les roues.... des roues que l'on peut mettre entre les jambes de tout le monde, pour peu que le compte en banque soit suffisamment fourni.

Bien sûr, nombreux seront ceux qui crieront au scandale, que ces roues sont à un tarif abusif, extravagant, que sais-je encore. On peut faire du vélo avec des roues à 300 €, encore heureux.

Mais comme pour l'automobile, les montres, les chaussures, il en faut pour tout le monde. De l'accessible au plus démesuré pour que ceux qui le peuvent, puissent aussi se faire plaisir. C'est aussi sur des produits exclusifs comme ces Hyperon Ultra que des entreprises comme Campagnolo arrivent à être rentables pour proposer des produits plus accessibles à tous avec des technologies amorties sur le haut de gamme.

Et les heureux qui pourront s'offrir ces Hyperon Ultra ne seront pas déçus !

Pour le même prix, les fans de légèreté pourront jeter leur dévolu sur la version boyaux à 1160 grammes.