Des débuts dans le mobilier, l'automobile et l'aviation

Columbus a été fondée en 1919 sous le nom « A.L. Columbo » par Angelo Luigi Colombo. A la sortie de la guerre, la production initiale était très éloignée du cyclisme puisque la marque A.L. Columbo produisait surtout des tubes pour du mobilier (chaises, armoires, ...).

La marque conserve d'ailleurs précieusement des exemplaires de chaises et autres productions à ses débuts. Rapidement, il se mit à travailler avec des fabricants de cycles italiens réputés comme Bianchi, Umberto Dei, Atala ou encore Giovanni Maino.

Mais l'activité de A.L. Colombo n'était pas encore entièrement tournée vers le cyclisme, loin de là, puisque ses compétences ont aussi servi à la conception des châssis tubulaires pour hydravions ou des voitures. En 1927, Angelo Luigi Columbo franchit un nouveau cap puisque ses tubes en acier serviront à construire des avions transatlantiques (Balbo et De Pineido), avec les mêmes tubes que ceux qui ont servi à la construction des cadres des motos de compétition Moto Guzzi.

Afin d'accroître la résistance des aciers et de les alléger, Angelo Luigi commence à travailler sur les premiers tubes "butted", avec des épaisseurs différenciées.

Ce n'est qu'en 1930 que la marque devient officiellement Columbus, un nom qui n'était au départ uniquement associé aux tubes en acier chromé. Ce n'est que plus tard dans cette année 1930 que deux séries de tubes spécifiques pour la construction de cadres vélos voient le jour, Aelle et Tenax. Des aciers mélangés au chrome et molybdène.

Toujours en quête d'améliorations, Angelo Luigi conçoit ses propres machines pour créer des tubes avec des épaisseurs différenciées de plus en plus fines. La qualité des tubes Columbus est reconnue dans le monde de l'automobile puisque des marques comme Lancia, Maserati ou Ferrari font appel à ces tubes pour leurs voitures. Ainsi, des pilotes comme Fangio ou Ascari ont remporté leurs plus belles courses grâce à des tubes Columbus.

Ce n'est qu'en 1977 que Colombus devient spécialiste des tubes acier pour le cyclisme. Le plus jeune fils d'Angelo Luigi, Antonio, quitte son poste de Président de AL Colombo pour se dévouer entièrement à Colombus. Il est encore aujourd'hui le patron de Columbus (et Cinelli) au sein de l'entreprise Gruppo. L'entreprise ne compte au total que 35 employés à ce jours (Columbus + Cinelli), loin de la grandeur des années 90. Mais il faut dire que l'avènement du carbone et le "loupé" dû par les Spinacci de Cinelli n'a pas aidé les deux marques.

Ce qui prédomine, chez Columbus, c'est encore et toujours le progrès technologique, pour proposer des tubes conciliant légèreté, rigidité et confort. Cela a toujours été la volonté d'Antonio Colombo pour une entreprise qui aura permis à des coureurs comme Coppi, Anquetil, Baldini, Rivière, Bracke, Ritter, Merckx, Moser, Gimondi, Hinault ou Lemond, de toujours bénéficier des cadre les plus aboutis.

Jusque dans les années 90, les innovations sont nombreuses : douille de direction conique, puis vient l'acier Cyclex, le Nivacrom avec des cadres comme le AIR (1980), le MAX (1987) ou encore la série GENIUS (1991) qui fut un must en termes de finesse à l'époque. Triple butted 0,7/0,4/0,7mm. Oui oui, vous avez bien lu, moins de 1mm d'épaisseur.

Les plus anciens comme moi se souviendront avec nostalgie des séries SL, SLX (0,9/0,6/0,9mm), Gara, Thron ou encore Neuron.

C'est en 2003 que Columbus s'est lancé dans la fabrication de cadres en carbone, avec son modèle XLR8R, un cadre route compétition.

Un travail encore largement artisanal

Sur la photo ci-dessus, vous avez l'intégralité de l'usine Columbus située à Caleppio di Settala. Une usine qui jouxte celle de Cinelli.

Très sincèrement, même si depuis la fin des années 90, l'acier et l'aluminium ont été en perte de vitesse, je m'attendais à plus grand. Malgré le regain d'intérêt pour les cadres en acier via des constructeurs artisanaux, la production reste nettement plus faible qu'à la grande époque.

Tant et si bien que l'automatisation et la robotisation n'a pas été nécessaire chez la marque à la colombe.

Le travail reste donc largement manuel, effectué par des passionnés. On dirait presque que le temps s'est arrêté ici. Seuls les tubes acier sont fabriqués ici. Tout ce qui est carbone est produit en Asie.

Les tubes y sont étirés à froid pour augmenter leurs propriétés mécaniques. Grâce à de nombreuses améliorations, on est passé en quelques années de tubes double butted à des tubes possédant 3 épaisseurs différenciées. Les tubes, bien souvent d'origine italienne, arrivent dans des longueurs de 10mètres environ. Ce n'est qu'après de nombreux passages dans les machines pour les étirer que l'on arrive aux tubes finaux. Environ 4 passages pour les tubes Spirit, jusqu'à 15 passages pour le haut de gamme Inox XCR.

L'inox, qui a redonné ses lettres de noblesses à l'acier ces dernières années, comme en témoignent les quelques essais de vélos inox que j'ai pu réaliser tel le Cinelli XCR. Un matériau qui allie légèreté et rigidité. S'il n'égale pas la légèreté des cadres carbone, il se montre très rigide tout en offrant bien souvent plus de confort.

Etant donné que les traitements thermiques visant améliorer les caractéristiques des tubes ont été réalisés en amont, une fois la forme et les épaisseurs voulues obtenues, il n'y a plus qu'à les nettoyer puis les stocker avant livraison. Pour éviter tout problème de corrosion, ils sont légèrement huilés.

La conception des tubes ne consiste pas simplement à les passer dans une machine, il faut toute l'expérience et les compétences des artisans de Columbus pour arriver à un résultat parfait.

Même si aujourd'hui, la plus grande partie des cadres et fourches signés Columbus sont en carbone, l'acier n'est pas pour autant délaissé. En témoigne la toute nouvelle série Cento (voir ci-dessous) imaginée pour fêter ce centenaire. Le tube supérieur mais aussi le tube diagonal atteignent des épaisseurs minimes, 0,6/0,4/0,6mm. Les mêmes épaisseurs que ce que l'on retrouve sur la série inox XCR.

Une série Cento exclusive pour cet anniversaire

Un centenaire, ça se fête. Pour l'occasion, Columbus a concocté une édition limitée de tubes. Cette série s'appelle Cento.

Une série qui utilise les technologies les plus abouties de la marque sans renier son extraordinaire passé. Une série basée sur l'alliage Omnicrom, mais qui a encore été amélioré.

Les travaux sur l'Omnicom ont début il y a plus de 30 ans lorsque Columbus s'est associé à l'Institut de Soudure de Paris. Tout commence avec les derniers alliages d'acier au chrome-molybdène à faible teneur en carbone utilisés aujourd'hui dans l'industrie aérospatiale, associé aux avantages du vanadium.

L'Omnicrom est un alliage raffiné, qui demande une haute technicité pour sa soudure mais assure une haute prédictibilité du domportement final durant la construction. Cette série de tube se classe juste derrière la série XCR (inox) en termes de caractéristiques mécaniques.

Les tubes sont étirés à froid et sont vendus dans un kit complet comprenant trois tubes principaux ronds, des haubans biconiques et de nouveaux haubans coniques. Le kit comprend également un boîtier de pédalier, un jeu de pattes, un tube de direction moderne allant de 1" 1/8 à 1" 1/25 pour une utilisation avec des roulements internes.

L'expérience centenaire de Columbus dans le travail à froid des alliages permet d'améliorer encore la série OMNICROM et ses propriétés mécaniques avec une limite d'élasticité et une résilience accrues, pour une expérience de conduite améliorée et durable.

Vous pouvez retrouver toutes les caractéristiques techniques de cette série dans ce document.