Essai du groupe Campagnolo Super Record S Wireless
Par Test matériel - Commentaires : 11 .
le mardi 1 avril 2025 07:47 -Présenté en septembre dernier, la transmission Campagnolo Super Record S est, pour moi, l'occasion de tester pour la première fois la transmission Super Record Wireless.
Cette déclinaison S se veut plus accessible, tant sur le plan tarifaire qu'au niveau de ses développements. Un groupe qui arbore une élégante finition noir mat. Ce groupe Super Record S Wireless bénéficie des même technologies que son grand frère Super Record Wireless, mais à un tarif bien moins élitiste, puisqu'il est proposé à 3990 € (contre 4950 € pour le Super Record WRL) pour un surpoids de seulement 150 grammes.
De quoi, pour beaucoup, pouvoir enfin renouer avec une transmission italienne légendaire, que j'ai pu tester sur plusieurs semaines, ici avec son capteur de puissance.
Présentation
Dans cette version équipée du capteur de puissance le groupe est facturé 5159 €. On reste donc sur un tarif très élevé, fidèle à la dénomination Super Record. En attendant l'arrivée d'une version Chorus, ce Super Record S est donc la transmission électronique sans fil la plus accessible de chez Campagnolo. Un groupe entièrement sans fil, à l'image de SRAM.
Un groupe qui vient s’ajouter au groupe Super Record WRL, offre les mêmes technologies et les mêmes performances que ce dernier, mais dans un style différent. C’est la finition mate particulière qui en fait une édition unique en son genre.
Si le prix public est de 3990 €, il faut noter qu'on peut le trouver à un peu moins de 2600 € en ligne, ce qui se montre assez intéressant.
Le noir mat avec lettrage brillant est conçu pour être discret. De plus, Campagnolo a apporté des modifications subtiles qui le rendent plus compétitif en termes de prix, de sorte que le nouveau groupe puisse rivaliser avec n’importe quel autre groupe haut de gamme du marché.
Bien que le Super Record S utilise exactement la même technologie de changement de vitesse sans fil et le même système de freinage que le groupe phare Super Record Wireless, certains de ses matériaux les plus nobles ont été remplacés, avec à la clé, une légère pénalité de poids minimale mais avec une économie de coût substantielle.
Par exemple, le pédalier tourne sur un axe en acier au lieu du titane et les manivelles ne sont plus creuses. Les roulements sont en céramique, mais pas du type CULT (Ceramic Ultimate Level Technology), le haut de gamme réservé au groupe phare. Le dérailleur arrière mêle carbone et aluminium là où le haut de gamme Super Record propose un dérailleur entièrement en carbone.
Outre cette baisse de prix, le Super Record S offre un plus grand nombre développements. Les pédaliers sont désormais proposés en six configurations : en plus des 45x29, 48x32 et 50x34 du Super Record Wireless d'origine, la version « S » ajoute les 52x36, 53x39 et 54x39. Il existe trois cassettes : 10-27, 10-29 et une nouvelle 11-32.
Je suis ici équipé de plateaux 48x32 et d'une cassette 10-29. Si l'on compare à une transmission 50x34 avec cassette 11-34 (en bas sur le schéma), on constate que l'on a un plus long développement, mais on reste un peu plus long aussi sur le plus petit développement.
Il faut passer sur la cassette 11-32 pour arriver à un développement montagne aussi court, mais en perdant quelques centimètres à haute vitesse. On perd environ 2 km/h à 95 tr/mn, le 48x11 permettant tout de même de rouler à 54 km/h environ.
Avantage à la cassette Campagnolo 10-29 pour la progressivité, avec du dent par dent sur les 7 premiers pignons : 10-11-12-13-14-15-16-18-20-23-26-29
Le plus gros changement sur les transmission Wireless de Campagnolo (Super Record et Super Record S) intervient au niveau des leviers, dont la forme a totalement été revue. Oubliée la fameuse gâchette propre à Campagnolo depuis des décennies, à laquelle certains n'arrivaient pas à se faire quand d'autres ne juraient que par ce principe.
De l'aveu même de Campagnolo, cette gâchette était difficilement utilisable par certaines personnes, ils ont donc profité du saut technologique de ce Super Record Wireless pour passer sur cette nouvelle ergonomie. Ce sont désormais deux boutons placés en parallèle du levier de freins, comme chez Shimano et SRAM, qui permettent la montée et la descente des vitesses.
Les nouvelles formes augmentent la surface de contact avec la paume et permettent différentes positions d’appui qui garantissent une sécurité maximale dans toutes les positions de conduite. La position des leviers de passage de vitesse a été améliorée afin de faciliter le changement de braquet en descente, lors d’un sprint ou d’une brusque accélération.
Sans doute aussi un passage obligé pour affiner le corps des cocottes tout en améliorant l'ergonomie Campagnolo. Car aussi bien au niveau des cocottes que des leviers, les formes ont été revues. Ces poignées sont équipées de batteries dont la durée de vie annoncée est de 2 ans et la communication avec les dérailleurs se fait via Bluetooth. On trouve à l'intérieur des cocottes une LED qui permettra de vérifier le niveau des batteries.
Les cocottes sont plus hautes que chez Shimano ou SRAM, on aime (pour une position de plus) ou pas. Le levier offre une belle ergonomie. On peut bien sûr régler la garde des leviers via une vis présente sur le haut des leviers.
Le bouton M présent sur l'intérieur de la cocotte remplace l'ancien "MODE" mais peut aussi être paramétré pour, par exemple, changer les pages sur son compteur.
Côté batteries, Campagnolo a adopté deux batteries différenciées, non par choix, mais en raison d'un brevet qui l'empêche d'utiliser la même batterie pour le dérailleur avant et arrière. Des batteries qui se retirent facilement, mais il n'est pas indispensable de les ôter pour les charger, puisque des ports magnétiques "quick-snap" sont présents, permettant à la fois de charger les deux batteries, mais aussi le capteur de puissance.
Avec le chargeur fournit, muni de 3 connecteurs, on peut donc charger les 3 batteries avec une seule prise murale.
Les dérailleurs sont assez massifs, notamment en raison de ces grosses batteries. C'est d'ailleurs bien souvent la première remarque qui m'était faite de mes compagnons de route. Cet aspect relativement massif tranche avec les anciennes productions de la marque Italienne.
Campagnolo annonce une autonomie 750 et 1000 km environ, mais bien sûr, tout dépendra surtout de l'utilisation que vous en faites.
Le dérailleur avant bénéficie de la technologie Auto Repositionning, il reconnaît à tout moment la position du dérailleur arrière et le pignon sélectionné et décale la fourchette pour la position optimale évitant que la chaine ne frotte. Les batteries se charge à 100% en 60 minutes à peine, mais on arrive déjà à 90% au bout de seulement 45 mn.
Terminons pas le capteur de puissance. J'ai fait quelques essais en le comparant à mes pédales Assioma, que ce soit sur des efforts longs ou des pics de puissance, les valeurs sont très proches, on est à 2% d'écart maximum, sans savoir quel capteur donne la meilleure valeur. Mais au fil des sorties, cet écart était toujours identique.
Sur la route
Cette transmission permet de monter un vélo léger, à n'en pas doute. Campagnolo m'a fait parvenir un S-Works Aethos équipé de roues Bora Ultra WTO 45, le vélo pèse, sans pédales, seulement 6.6 kg en taille 54.
Le fonctionnement de la transmission est plutôt doux. Oubliés les changements plutôt rudes et très francs des anciennes générations. Le silence et la douceur sont de rigueur, mais ce qui saute aux yeux, c'est la rapidité des changements. Que ce soit au niveau des pignons ou des passages de plateaux, c'est extrêmement réactif, très rapide.
La marque transalpine semble avoir fait un gros travail sur l'usinage des dents des pignons mais aussi des plateaux, pour obtenir ce mélange de fluidité et de rapidité. Même en force, les dérailleurs ne vacillent pas et montent ou descendent à la demande, comme si de rien n'était.
En revanche, je trouve le toucher des boutons assez "paresseux", trop mou à mon goût. On ne sent pas clairement de "clic" quand on appuie sur le bouton. C'est vrai en gants courts, ça l'est encore plus en hiver avec des gants longs. Associé à la rapidité du changement des pignons, on peut vite arriver à changer 2 ou 3 pignons d'un coup.
Autre grief à faire au niveau des leviers, les plastiques sous la cocotte ont des arêtes très coupantes, qui peuvent gêner voire blesser à la longue quand on monte par exemple une bosse mains sur les cocottes. C'est à cet endroit que je pose mon index en général. A ce niveau de gamme, une finition plus arrondie des plastiques ne serait pas du luxe pour un confort optimal.
Enfin, certains aimeront, moi j'ai moins apprécié la cocotte très haute. Quand on est en position aéro, mains sur ces cocottes, les mains sont un peu trop hautes à mon goût. On pourra jouer un peu sur l'inclinaison des leviers, mais dans ce cas, la partie horizontale de la cocotte ne sera justement plus parfaitement horizontale.
Le freinage est de son côté toujours aussi agréable chez Campagnolo, une réussite depuis leurs premiers freins à disques. Puissant, facilement dosable et surtout, jamais un bruit parasite. Même sur de longs freinages ou sous la pluie, les disques n'émettent aucun bruit désagréable. Je le situerai entre Shimano et SRAM, la dernière génération du SRAM Red AXS n'étant peut-être pas plus puissante, mais plus agréable à moduler, demandant un peu moins de force au niveau des leviers.
Du côté des développements, j'étais équipé de plateaux 48/32 et cassette 11-29 et franchement, on est pas loin de la combinaison parfaite. Si chez SRAM, je suis toujours hésitant entre un 46x33 ou un 48x35 associé à une cassette 10-33, ici, Campagnolo propose une excellente combinaison.... même si j'aurai aimé par exemple une cassette 10-32 ou 10-33 pour que tout soit parfait. La cassette 11-32 pourrait sauver la face et être le complément parfait pour un cycliste de puissance moyenne qui veut pouvoir aller à la montagne sans se poser de questions.
Car même si le 48x11 peut paraître "court", c'est l'équivalent d'un 52x12, déjà pas si mal pour bien des cyclistes amateurs.
Contrairement à ce qui avait été ressenti chez SRAM sur les précédentes générations de groupes équipés d'une cassette avec départ 10, à savoir, une transmission qui fait beaucoup de bruit, ici, Campagnolo semble avoir bien étudié la chose, puisque quel que soit le pignon sur laquelle se trouve la chaine, c'est silencieux, fluide.
L'application MyCampy 3.0
La nouvelle application MyCampy 3.0 a fait son arrivée avec le groupe Super Record Wireless.
Elle permet de paramétrer le fonctionnement de sa transmission, mais aussi d'avoir une vue d'ensemble des batteries, de leur niveau. C'est aussi via cette application que vous pourrez faire les mises à jour de tous les composants.
Vous avez aussi le décompte du nombre de changements de plateaux et de pignons. Ca s'arrête là, mais c'est, à mon avis, amplement suffisant, même si les applications Shimano et surtout SRAM sont un peu plus complètes. On ne peut pas, par exemple, faire de micro ajustements au niveau des dérailleurs comme c'est le cas dans l'application Shimano E-Tube.
Seul l'appairage via la saisie d'un code écrit en tout petit et en anthracite sur le dérailleur (noir) demande une bonne vue. Vous pouvez les voir sur la photo ci-dessous, les chiffres sont difficilement visibles et surtout situés à un emplacement pas spécialement très en vue quand on veut réaliser l'appairage un soir dans son garage..
Les marques concurrentes ne demandent pas la saisie d'un code situé sur un des composants.
Je regrette toujours, mais c'est valable aussi chez Shimano et SRAM, que ce type d'application ne permette pas d'enregistrer un réglage de l'ajustement du dérailleur arrière pour plusieurs paires de roues, évitant une laborieuse phase de re réglage à chaque changement de roues.
Bilan
Le gap par rapport aux précédents groupes électroniques Campagnolo EPS est gigantesque, ce qui permet à Campagnolo de revenir quasiment au niveau de la concurrence.
Quasiment seulement. S'il fait quasi aussi bien, il est en léger retrait selon moi sur le plan de l'ergonomie des leviers, où Shimano et surtout SRAM font désormais mieux.
Car si je n'ai pas de reproche particulier à faire à cette transmission du côté de son fonctionnement, à la fois rapide et précis en toutes circonstances, le manque de "retour" au niveau des boutons des changements de vitesses, les parties acérées sous la cocotte et la hauteur de cette dernière sont gênants pour un groupe à ce tarif. Même si ce dernier tient compte d'une production en Italie.
A noter qu'on peut d'ores et déjà le trouver à 2600 € environ, ce qui s'avère bien plus séduisant.
En revanche, le couple de plateaux 48/32 est une excellente surprise qui permet d'avoir une large gamme de développements. A mon avis, ne manque qu'une cassette 10-32 (quitte à perdre un peu sur la progressivité) pour être quasi parfait pour ceux qui veulent un vélo capable d'aller partout.
Photos : Sonam.cc et Matos Vélo
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