Présentation

Le Granturismo dispose d'une géométrie et d'une position de conduite qui, bien que sportive, n'est pas trop basse ni trop longue.

Le cadre, en carbone monocoque est fabriqué à partir de la même fibre de carbone haut module que le Filante SLR, utilisé par la Groupama-FDJ et Astana Qazaqstan, mais avec un layup différent, le tout en intégrant l’Actiflex 2.0, le système d'amortissement des vibrations maison.

L'élastomère qui prend place entre le tube supérieur, les haubans et le tube de selle permet à la roue arrière d'avoir jusqu'à 5 mm de débattement vertical. La version 2.0 est l'évolution de l'Actiflex utilisé sur le Cento10 NDR. Cet élastomère est associé à 4 roulements à billes.

Si sur le plan vertical, Actiflex 2.0 rend Granturismo SLR fluide et confortable, la rigidité à la torsion et la réactivité sont garanties avec des valeurs très proches de celles des vélos de compétitions par Wilier ; cela grâce au "pont" sur les haubans arrière et au nouveau positionnement d'Actiflex près de l'intersection tube de selle/tube horizontal.

Le "débattement" de la roue arrière est géré par un élastomère en matériau viscoélastique. Sur les modèles équipés de Shimano Dura Ace Di2 12V, Sram Red AXS et Campagnolo Super Record WRL (ce qui est le cas sur ces photos), l'élastomère est remplacé par une version en matériau adaptatif imprimé en 3D ; cette solution permet de gagner 20 grammes sur le poids total du cadre.

Un élastomère imprimé en 3D proposé en après vente au tarif de 120 €, en version Hard ou Soft. La version soft est installée sur les vélos en tailles XS, S et M, la version hard sur les plus grandes tailles.

Un des principaux objectifs a été la recherche d'une intégration maximale dans le cadre, non seulement pour un facteur esthétique mais aussi fonctionnel. Dans cette nouvelle position, Actiflex est protégé des impuretés, de la boue, du sable et de la pluie ; une solution idéale pour permettre un parfait fonctionnement aux quatre roulements et réduire la maintenance. Si nécessaire, les opérations de démontage d'Actiflex 2.0 sont facilitées par le système de verrouillage par double vis.

La dénomination Gran Turismo est empruntée au monde automobile (GT). Un terme qui est utilisé pour les voitures sportives, luxueuses et confortables.

Le confort d'un vélo n'est pas déterminé uniquement par sa géométrie ou le travail sur son layup de carbone. Wilier a conçu le GranTurismo en lui autorisant une mon pneumatique allant jusqu'à 32 mm. Avec une pression adaptée, voilà de quoi filtrer bien des aspérités sur la route.

D'origine, le GranTurismo est livré avec des pneus de 30 mm de section, de quoi déjà absorber beaucoup d'impacts avec, sur de longues distances, un effet positif aussi bien sur les muscles que les articulations.

La géométrie est clairement moins agressive que sur les modèles 0SLR ou Filante SLR, avec un stack et un reach plus courts et plus hauts. Un GranTurismo SLR qui reprend la géométrie du Cento10 NDR. Il est ici essayé en taille M.

Bien sûr, on retrouve une intégration complète de la câblerie et un cockpit maison Zero Bar. Le serrage de la tige de selle en forme de D s'effectue via un dispositif dissimulé sous un cache caoutchouc sur le tube supérieur.

7.42 kg sur la balance, c'est donc le poids de ce vélo endurance. Bien sûr, il est ici testé dans une version haut de gamme avec transmission Shimano Dura-Ace Di2 et roues WILIER SLR38KC, un modèle facturé tout de même 10300 €.

Le cadre peint pèse 1100 grammes en la taille M, incluant le système d'absorption des chocs Actiflex 2.0. Disponible en 3 coloris, vous pouvez retrouver toutes les configurations proposées et leurs tarifs ici.

Equipement

Le vélo m'a été livré en Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses, la dernière génération. Ce GranTurismo SLR est livré uniquement avec des transmissions électroniques.

Le pédalier 50/34 est associé à une cassette 11-30, un mariage qui devrait convenir à la plupart des cyclistes longues distances, même si de plus en plus de vélos sont plutôt équipés d'une cassette 11-32 ou 11-34 en fonction des transmissions.

Si vous optez pour SRAM, vous pouvez choisir entre du FORCE AXS ou RED AXS, chez Shimano, vous aurez le choix entre ce Dura-Ace Di2 et l'Ultegra Di2 et enfin, les amateurs de transmissions italiennes pourront opter pour le tout dernier Campagnolo Super Record WRL.

Le poste de pilotage est un cockpit Zero Bar donné pour un poids de 360 grammes environ.

Un cockpit qui ne se la joue pas trop aéro à l'extrême comme le confirme son profil en partie haute qui n'est pas trop large. Ici, on a presque une forme ronde... mais très fine. C'est même assez surprenant même quand on a pas de grandes mains.

Autant les petites mains seront ravies de cette forme ultra compacte sur le haut, autant les grands gabarits pourraient bien être gênés. Wilier livre le vélo avec un support compteur.

Terminions par les roues, des WILIER SLR38KC qui, comme leur nom l'indique, offrent un profil de 38 mm de haut et 19 mm interne pour un poids de 1530 grammes la paire. Elles sont ici montées avec des pneus Vittoria Corsa N.EXT en 700x30. Des pneus qui mesurent à peine moins de 30 mm sur cette jante "étroite" à l'heure actuelle où les 21 mm entre crochets sont de plus en plus généralisées.

Sur la route

Alors que bien des vélos dits endurance en arrivent à marcher sur les plates bandes des vélos gravel, ce GranTurismo reste quant à lui solidement ancré comme un vélo de compétition.  Sa filiation avec les vélos de route tels que le 0 SLR ou le Filante SLR sont évidents... mais pas uniquement en raison de formes de tubes empruntés ça et là.

Non, côté comportement, même si la géométrie est moins couchée et basse, on a clairement entre les jambes un vélo réactif et ce, malgré des pneus de 30 mm qui ne sont pas les plus souples qui soient. A 355 grammes pièce, ils pénalisent quelque peu le dynamisme du vélo lors des accélérations franches. Mais en contrepartie, ils participent au confort général du vélo.

Sur les revêtements granuleux ou sur les chaussées très abîmées où manquent parfois des morceaux de bitume, la filtration du GranTurismo est impressionnante. Le système Actiflex 2.0 y participe activement et même si le déplacement vertical permis par ce système n'est que de 5 mm, c'est largement suffisant pour le ressentir. Et certains de mes collègues de route ont parfaitement vu sur les mauvais revêtement l'élastomère se déformer sous les contraintes, preuve que la partie arrière se déforme effectivement.

Mais n'en concluez pas que le GranTurismo SLR est un vélo "mou". Non, Wilier a réussi à conserver une excellente rigidité de l'ensemble. En se levant de la selle, le vélo se montre vif et réagit directement. La partie avant, dénuée de tout système de filtration est rigide à souhait, en tous cas, largement suffisant pour un cyclosportif de bon niveau. Même les pneus de 30 mm de section ne donnent pas de sensation de pompage quand on est en danseuse.

En montant, le vélo se montre agréable sans le sentiment de buter. Par contre, j'ai peu apprécié la partie supérieure du cockpit Zero Bar, trop fine à mon goût. Je n'ai pas de très grandes mains (gants de taille L), mais j'ai trouvé le haut du cintre trop petit pour être confortable. Est-ce parce-que je suis maintenant habitué aux cintres plus larges ? En tous cas, il mériterait une couche de ruban de cintre jusqu'au bout... voire une seconde couche !

A très haute vitesse sur le plat, quand on dépasse les 40 km/h, la position légèrement plus relevée et moins allongée en raison de la géométrie du vélo devient pénalisante, il faut conserver des watts pour maintenir un rythme élevé.

Les roues se montrent très rigides et ont bien évolué même si une plus grande largeur interne aurait été appréciable. Mais elles sont stables en cas de rafales de vent latérales et lors des sprints, elles ne montrent aucun signe de flexion.

Le GranTurismo est sans conteste un excellent vélo créé pour aligner les heures de selle en maximisant le confort mais sans perdre de vue la recherche de performance.

Bilan

Wilier a fait un excellent travail avec un vélo très confortable mais en conservant le facteur plaisir grâce à un vélo tout de même rigide, notamment sur sa partie avant. Malgré son pédigrée endurance.... on a aucunement l'impression d'être sur un vélo mou ou pataud.

Wilier a su rester fidèle a l'ADN route et sportif de son vélo, ne faisant pas comme certaines marques d'énormes compromis en créant des vélos endurance permettant de monter des pneus de 38 mm ou des vélos de gravel basés sur des cadres route.

Photos : Sonam.cc et Matos Vélo